Examen rétrospectif sur 3 ans de commandement d’Eisenkot à l’Etat-Major

Analyse : Il est encore trop tôt pour évaluer complètement la performance d’Eisenkot en tant que chef d’Etat-Major ; le test grandeur réelle se passera lorsqu’on verra à quel point l’armée qu’il dirige se comporte sur le champ de bataille ; cependant, on peut déjà dire qu’Eisenkot est un chef militaire exceptionnel, du fait de la quantité d’objectifs qu’il s’est fixé au début de son mandat et qui sont d’ores et déjà atteint.

 

Dans l’ombre des derniers événements qui viennent de se dérouler dans le nord, le Lieutenant-Général Gadi Eisenkot termine sa troisième année en tant que Chef d’Etat-Major de l’armée. Cependant, comme c’est souvent le cas, le Ministre de la Défense Avigdor Lieberman va prolonger son mandat d’une année supplémentaire. Eisenkot a, cependant, annoncé qu’il terminerait son service à la fin de 2018, et qu’il n’attendrait pas février 2019.

Eisenkot pense que son remplaçant devrait commencer son mandat  dès le premier jour du calendrier et de l’année fiscale pour Tsahal.

Personne ne sait ce que les dix mois à venir réservent pour le Moyen-Orient, un endroit où tout mauvais calcul peut déclencher une guerre. Il est encore trop tôt pour évaluer la performance d’Einsenkot en tant que Chef d’Etat-Major de Tsahal ; le véritable test aura lieu quand l’armée qu’il dirige sera lancée sur le champ de bataille.

IDF Chief of Staff Eisenkot (Photo: Avi Moalem)

Le chef d’Etat-Major de Tsahal, Gadi Eisenkot (Photo: Avi Moalem)

 

Cependant, on peut d’ores et déjà dire qu’Eisenkot est un meneur militaire exceptionnel, en raison de la quantité impressionnante d’objectifs qu’il s’est fixé au début de son mandat et qu’il a atteint ; non seulement en matière de préparatifs militaires, de réorganisation et d’efficacité des mesures en termes de ressources humaines, mais aussi en termes opérationnels.

Presque tous les objectifs militaires qui ont porté leurs fruits ont été initié par les efforts et prises de risques des commandants et ministres de la défense qui l’ont précédé. Quoi qu’il en soit, un tel éventail de réalisations impressionnantes sous le commandement d’un seul Chef d’Etat-Major met en relief ce qu’il faut retenir de son commandement.

Mis en échec de la stratégie des tunnels ; les transferts d’armes sophistiquées déjoués

Au début de son mandat, Eisenkot a mis la priorité sur la mise en échec des tunnels d’attaque terroriste et de trafics clandestins du Hamas. Aujourd’hui, trois ans plus tard, il semble que Tsahal ait réussi dans une très large mesure. Les tunnels creusés sous le territoire israélien sont découverts l’un après l’autre.

Eisenkot n’a pas inventé la solution, mais il a su comment diriger les évolutions dans ce domaine et a consacré les ressources nécessaires pour atteindre ce but.

Eisenkot gives US Mid-East envoy Jason Greenblatt a tour in an uncovered terror tunnel (Photo: COGAT)

Eisenkot fait faire à envoyé spécial américain au Moyen-Orient, Jason Greenblatt la tournée des tunnels terroristes découverts (Photo: COGAT)

 

Une autre réalisation déterminante résulte du fait que ni le Hezbollah, ni le Hamas, ni le Djihad Islamique ne dispose encore de la technologie suffisamment précise en matière de missiles, pour poser une menace suffisamment importante à Israël ; ceci en dépit du fait que l’Iran a investi énormément d’efforts dans le but d’armer ses supplétifs de telles armes destructrices.

Au cours du mandat du précédent chef d’Etat-Major, Benny Gantz, Tsahal a aussi mené des dizaines (ou sans doute des centaines) de missions secrètes au cours des périodes de clame relatif, pour déjouer les transferts de roquettes à technologies de précision en Syrie, au Liban et à Gaza. Cependant, à l’époque, les Russes n’étaient pas présents et la liberté d’action et de mouvement de Tsahal était absolue, sans avoir à s’en faire de risquer d’entrer en conflit avec une superpuissance.

L’Iran, également, n’avait pas encore essayé de construire des usines d’armements au Liban ni en Syrie, afin d’améliorer l’arsenal de ses séides, pas plus qu’il n’essayait de bâtir des bases aériennes, maritimes et terrestres en Syrie.

Sans même entrer dans les détails exacts pour expliquer comment s’est arrivé, Eisenkot a augmenté les capacités de Tsahal et, avec célérité, il a, en grande partie, empêché l’Iran de s’établir en Syrie. De plus, les Syriens ont perdu entre un tiers et la moitié de leurs batteries de missiles anti-aériennes et, au cours des descentes des Forces Aériennes Israéliennes, des dizaines de combattants ennemis ont été tués et blessés.

Tout cela a été entrepris posément, sans qu’Israël ait à en revendiqué la responsabilité et souvent sans que les médias locaux et mondiaux n’en ait seulement connaissance.

L’incident du samedi 10 février n’a levé qu’un coin du voile sur la bataille clandestine que Tsahal mène et qui réussit à créer une dissuasion militaire sans se laisser entraîner dans une escalade débouchant sur la guerre ouverte.

Scene of the downed Israeli F-16 (Photo: AFP)

Scène de la chute d’un F-16 israélien abattu (Photo: AFP)

 

Alors qu’en Israël, les gens sont préoccupés par le fait qu’un avion de combat ait été abattu par les tirs de la défense anti-aérienne syrienne, de l’autre côté de la frontière, les conclusions  sont tirées concernant les capacités des renseignements et la puissance de feu aussi précise que destructrice de Tsahal.

Tout au long de sa carrière, Eisenkot a toujours accordé beaucoup d’importance à la guerre des consciences – une campagne s’appuyant sur des armes morales, juridiques et diplomatiques, qui est menée, non seulement pour affaiblir les composantes du  » soft power » de l’ennemi, mais aussi pour renforcer la force de l’esprit national de la société israélienne et la légitimité qu’Israël et Tsahal reçoivent de la part de la communauté internationale.

Sur ce point, il a consacré des ressources à la branche des opérations psychologiques, de la diplomatie publique et des activités sur les réseaux sociaux.

Préserver des millions en réduisant le corps des officiers et soldats de réserve

Sous l’égide d’Eisenkot, Tsahal a entrepris une réorganisation qui exprime une claire préférence pour l’armement avancé, blindé et l’équipement informatique de l’avant-garde de l’infanterie, des renseignements, des forces aériennes et des unités de cyberguerre. La réduction du corps des officiers de l’armée et des unités de réserve a permis d’économiser des millions de shekels qui ont été répartis à des usages plus efficaces.

Les opérations concernant les ressources humaines sont l’un des aspects représentant un véritable défi pour l’armée et ce département mène des initiatives pour réduire la durée de service et les journées annuelles de service de réserve (millouim). Ces défis exigeront du Chef du Département des Ressources Humaines, le Major-Général Mordechaï (Motti) Amloz, de  développer une nouvelle stratégie pour s’y attaquer.

Number of women in combat roles reached record high

Le Nombre de femmes occupant des postes de combat a atteint un chiffre record 

 

« Je préfère avoir un général qui a de la chance, plutôt qu’un bon général », disait Napoléon Bonaparte. Sur ce point également, Eisenkot a bien réussi. Sous la férule des deux derniers ministres de la défense, Moshe Ya’alon et Avigdor Lieberman, il est parvenu à obtenir leur confiance et ils lui ont laissé les rênes pour diriger sa sphère d’intervention.

Ya’alon a offert à Eisenkot cinq années de tranquillité sur le front budgétaire. Le plan pluri-annuel qu’il a instauré est encore en place zt bien appliqué. Eisenkot a été en mesure d’atteindre un haut niveau de préparation et de réserves de munitions et les dépôts de pièces détachées sont pleins à craquer, alors que les unités sur le terrain sont entraînées plus qu’elles ne l’ont été  depuis plus de dix ans. Les unités sont revenues au modèle de 17 semaines d’entraînement suivies par 17 semaines de déploiement opérationnel.

En dépit des divergences, le gouvernement demeure cooperatif

Le Ministre de la Défense Lieberman, qui n’était qu’un simple intendant au cours de son service militaire, n’a pas seulement appuyé totalement Eisenkot, mais a apporté énormément sa contribution dans des domaines auxquels ses prédécesseurs n’ont pas suffisamment consacré d’attention ; en particulier, le domaine des techniques de guerre concernant les missiles et les armements de précision dans la marine.

Ce que l’ancien Ministre de la Défense Amir Peretz a réalisé dans le domaine des missiles de défense active (Le Dôme de Fer), Lieberman le fait actuellement dans le champ des techniques de guerre offensives et il va même développer « le corps de lancement de missiles »comme il l’espérait.

Eisenkot bénéficie de la coopération des hommes politiques, en dépit d’une lettre de 2010 s’opposant à une frappe en Iran, à laquelle Netanyahu et Barak étaient favorables. Sa vision morale du monde, en particulier dans le dossier d’Elor Azaria, s’oppose aussi à celle d’Avigdor Lieberman. Des hommes politiques ont aussi pleinement adopté la doctrine stratégique d’Eisenkot, quand il a exposé ce qu’il attend de l’échelon politique en cas de guerre.

Elor Azaria (Photo: Reuters)

Elor Azaria (Photo: Reuters)

 

De nombreuses fois au cours de son mandat, Eisenkot a exprimé ses idées sur le plan opérationnel ou posé les normes qui départagent les lignes entre la société civile et l’armée, contrairement à la vision du monde la coalition actuelle.

Concernant la conception opérationnelle qui sépare le combat contre le terrorisme de l’effort pour maintenir une routine normale et permettre les conditions de vie ordinaire parmi la population palestinienne non-impliquée ; mais aussi l’effort de Tsahal, conduit par le Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, afin d’empêcher un désastre humanitaire à Gaza.

Il s’est montré d’une approche inflexible face à l’opinion publique la plus répandue, dans l’affaire Elor Azaria, alors qu’il a, par ailleurs procédé une  intégration perspicace et efficace des femmes dans le plus possible d’unités de Tsahal.

 Les hommes politiques et même les rabbins sionistes-religieux les plus fervents, continuent de maintenir un dialogue respectueux avec Eisenkot, et certaines fois, acceptent ses points de vue, probablement à cause de son manque d’ego et de la reconnaissance que la seule chose qui ait une valeur à ses yeux, reste la sécurité nationale. Très important est aussi le sentiment qu’il s’abstienne de toute manœuvre manipulatoire et politique, et qu’il ne demande rien pour lui-même, actuellement et pour son avenir politique éventuel.
ynetnews.com

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