Renseignement israélien : Les objectifs de la frappe occidentale en Syrie ne sont pas atteints
Les responsables israéliens ont déclaré que les stocks restants en armes chimiques chez Assad n’ont pas subi de coup fatal lors des frappes, et que le président syrien n’hésitera pas à les utiliser de nouveau ; « Seul un dommage partiel a été causé aux stocks d’armes chimiques et aux capacités de lancement », déclare un responsable.
L’attaque menée par les Etats-Unis sur les installations d’armes chimiques syriennes n’a pas atteint la plupart de ses objectifs et ne découragera pas le président Bashar Assad, selon les évaluations des services secrets israéliens.
« Si le président Trump avait ordonné la frappe seulement pour montrer que les Etats-Unis ont répliqué à l’utilisation d’armes chimiques par Assad, alors cet objectif a été atteint », selon un haut responsable de l’appareil de la défense. « Mais s’il y avait un autre objectif – comme paralyser la capacité de lancer des armes chimiques ou dissuader Assad de les utiliser à nouveau – il est douteux que tous ces objectifs aient été atteints. »
Un autre responsable du renseignement a ajouté que « la déclaration de ‘Mission Accomplie’ et (l’affirmation) que la capacité d’Assad à utiliser des armes chimiques a été touchée de manière déterminante et « fatale » n’a aucun fondement. »
Les responsables de la défense israélienne, y compris le Mossad, estiment qu’Assad a pu conserver 5 à 10% de ses stocks d’armes chimiques après la signature d’un accord pour désarmer la Syrie de ses armes chimiques en septembre 2013, et qu’il a fait des tentatives pour cacher ce qui reste.
Dès que le président américain Donald Trump a commencé à faire des menaces d’une frappe imminente, la semaine dernière, les Syriens ont fait des efforts supplémentaires pour éloigner, disperser et cacher des avions, les moyens (rampes) de lancement et les munitions, bombes et barils.
Selon les évaluations israéliennes, depuis la signature de l’accord de 2013, la Syrie a utilisé des armes chimiques dans environ 100 cas, avec 100 autres cas non concluants. Assad aurait utilisé le sarin et le gaz moutarde ;lors de ces attaques, mais pas de VX, la plus meurtrière des armes chimiques en sa possession, car il est censé sauver son régime, comme une «arme de la fin du monde». Le président syrien fait également un usage fréquent du chlore, que les États-Unis n’ont pas réussi à inclure dans l’accord original.
Sur la base des informations recueillies jusqu’à présent, seules quelques-unes des installations d’armes chimiques connues d’Israël ont été détruites lors de l’attaque menée par les États-Unis.
Cependant, un responsable israélien des renseignements souligne : « Même si tous les sites avaient été détruits, ils n’incluent pas forcément toutes les armes chimiques disponibles, dont certaines sont difficiles à dire où les Syriens les ont cachées. »
Le fait qu’il n’y ait pas eu de fuite de produits chimiques après les frappes ne sert qu’à renforcer les évaluations selon lesquelles les stocks importants n’ont pas été touchés.
En outre, l’armée de l’air syrienne n’a subi qu’un coup mineur, et la capacité syrienne de larguer ces armes chimiques sur leurs cibles n’a pratiquement pas été compromise.
La ligne de fond, ont déclaré les officiels, est qu’il n’y a eu « seulement qu’un dommage partiel causé aux stocks d’armes chimiques et aux capacités de lancement ».
En outre, les responsables israéliens du renseignement croient que « Assad n’a pas été dissuadé d’utiliser à nouveau des armes chimiques » en raison de la déclaration de Trump selon laquelle les forces américaines quitteraient bientôt la Syrie et des commentaires d’autres responsables américains.
« Si vous voulez vraiment dégainer, tirez dans le mille, mais ne parlez pas », a déclaré une source diplomatique, qui est citée. « Dans le cas américain, il s’agit surtout de discussions, qui, elles-mêmes montrent que les actions ne vont pas suivre », a critiqué cette source.
Les responsables israéliens croient que les Etats-Unis ont délibérément minimisé leur capacité à opérer contre la Syrie, alors qu’ils n’avaient pas à le faire, dans le cas présent. À plusieurs occasions, les responsables israéliens ont signalé à leurs homologues américains que les États-Unis avaient la capacité d’en faire plus pour le peuple syrien et ils ont été accueillis avec des haussements d’épaules et des affirmations bizarres, disant que cela n’était pas possible sur le plan opérationnel.
Ronen Bergman, écrivain pour le New York Times Magazine et correspondant principal pour les affaires militaires et de renseignement au Yedioth Ahronoth, est l’auteur, plus récemment, de « Rise and Kill First : l’histoire secrète des éliminations ciblées d’Israël».
Adaptation : Marc Brzustowski
Un article de Bergman qui collabore au New York Tmes et au TH…..
Et alors? C’est le contenu qui nous intéresse, ses sources, pas les étiquettes d’esprits étroits. Il est forcément sollicité, puisqu’il en connait un bout, fait de l’investigation. Fréquent que des journaux étrangers demandent un consultant sur les dossiers pointus. Il a l’oreille de certains services ou personnes-ressources dans les services, a publié, entre autres, les premières interviews d’agents des opérations spéciales du Mossad jamais réalisées, la guerre secrète Israël-Iran, les comptes secrets détournés d’Arafat, le dossier médical post-mortem de Rabin… et c’est toujours un plus.
« Bergman has written for The New York Times, the Wall Street Journal, Foreign Affairs, and Newsweek in the United States, and for The Times, The Guardian, the Frankfurter Allgemeine Zeitung, and the Sueddeutsche Zeitung in Europe. He is also interviewed frequently by the media in the United States and Europe, and his work is often quoted in Middle Eastern newspapers in Arabic and Persian ».
He has been a guest lecturer at academic forums at major universities in Israel and abroad, including Princeton, Yale, Columbia, New York University, Oxford, and Cambridge, and at military and intelligence forums in Israel, the United States and England.