Raqqa : Les dernières heures comme « Capitale de Daesh »©

Les djihadistes syriens de l’Etat Islamique sont sur le point d’abandonner Raqqa lors d’un retrait accordé par les milices syriennes soutenues par les Américains, qui les encerclent de toutes parts, a déclaré un porte-parole samedi, alors que la défaite complète des djihadistes dans leur ancienne capitale est plus proche que jamais.

Des responsables ont établi des compte-rendus contradictoires pour savoir si les djihadistes étrangers quitteront aussi la ville, où les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) se battent pour vaincre l’Etat Islamique depuis juin.

Le porte-parole des FDS Talal Silo a déclaré que les djihadistes étrangers resteraient derrière pour « se rendre ou mourir », sans préciser quand l’évacuation des combattants syriens auraient lieu.

Mais Omar Alloush,un membre du Conseil Civil de Raqqa, a dit que l’évacuation inclurait aussi les combattants étrangers. Il a dit qu’elle se déroulerait durant la nuit de dimanche. Les djihadistes prendront 400 civils avec eux comme boucliers humains, a t-il dit. A midi,  dimanche, il semble que les premiers évacués se prépareraient à partir.

La défaite finale de Daesh à Raqqa représentera une étape importante pour les efforts afin d’écraser le « califat » théocratique, auto-proclamé en Syrie et en Irak depuis 2014, où il a, cette année, chassé de Mossoul, il y a quelques mois.

Daesh a utilisé Raqqa comme sa plaque tournante afin de planifier des attentats contre l’Occident.

La milice kurde des YPG, qui domine les rangs des FDS, a déclaré à Reuters , samedi, que l’Etat Islamique est sur le point de s’écrouler à Raqqa et que la ville sera en définitive nettoyée de toute présence djihadiste samedi ou dimanche.

La coalition dirigée part les Etats-Unis contre l’Etat Islamique a déclaré qu’un convoi devait quitter Raqqa, samedi, par le biais d’un arrangement passé entre les partis locaux. Ella a décrit cet arrangement comme « une évacuation civile » et dit qu’elle ne tolérerait aucun arrangement qui permette « aux terroristes de s’échapper de Raqqa et, du même coup, à la Justice ».

Le porte-parole de la coalition, le Colonel Ryan Dillon a affirmé que la position de la coalition reste que les djihadistes doivent se rendre sans condition, mais il a ajouté qu’il ne ferait pas de commentaire pour dire qui se trouvera finalement au sein du convoi. Il a aussi dit qu’on s’attend encore à des combats âpres dans les jours à venir, contre les dernières poches de résistance : environ 500 djihadistes prêts à continuer de combattre, enfermés à l’intérieur de l’hôpital.

Le communiqué de la coalition atteste que l’arrangement a été conclu par le Conseil Civil de Raqqa et les Anciens des Tribus Arabes Locales, le 12 octobre et qu’il a été conçu « pour minimiser les pertes civiles et qu’il exclut a priori les djihadistes étrangers [-souvent pistés pour être éliminés par des escouades de terminators-]

Les chefs des tribus, dont le Sheikh Hamid Abdulrahman Al Faraj, négociateurs des convois visant à sauver des vies humaines lors des derniers assauts

La coalition pense que l’arrangement devrait « sauver des vies innocentes et permettre aux Forces Démocratiques Syriennes, ainsi qu’à la Coalition de se focaliser sur la victoire contre les terroristes de Daesh à Raqqa en prenant moins de risques de tuer des civils par « dommages collatéraux », a t-il dit.

Les chefs tribaux autour de Raqqa disent que les FDS se sont mis d’accord pour autoriser un passage sécurisé hors de la ville pour les seuls combattants syriens de l’Etat Islamique encore présent à l’intérieur, et qu’elles avaient instauré un « mécanisme » pour partir.

Ce communiqué ne fait pas mention du sort réservé aux djihadistes étrangers, mais dit que les combattants restants dans la ville ne représentent « qu’un petit nombre assiégé dans une ou quelques positions encore tenues dans la ville, qui n’ont pas d’autre choix que de se rendre ou mourir ».

Ces derniers jours, plus d’une centaine de djihadistes de Daesh se sont rendus aux forces démocratiques syriennes. Le 15 octobre, ce sont 275 djihadistes qui ont rendu les armes :

Alloush a dit plus tôt à Reuters que les combattants de Daesh se dirigeront vers les territoires restant encore aux mains du groupe terroriste en Syrie, à savoir sur les rives de l’Euphrate encerclées par l’armée syrienne (les Forces du Tigre, soit une milice indépendante de l’armée syrienne, renforcée par le Hezbollah) viendrait de libérer Mayadin), le Hezbollah et un second contingent des Forces Démocratiques Syriennes, au Nord de Deir Ez Zor et Abu Kamal.

Les Bus Arrivent

Les retraits négociés de combattants confrontés à leur défaite imminente deviennent une illustration fréquente de l’issue trouvée aux combats dans cette guerre longue de six ans.

Un groupe de militants qui diffusent des reportages depuis l’intérieur de Raqqa, « Raqqa est massacrée en Silence », affirme sur sa page Facebook que des dizaines de bus sont entrés dans la ville de Raqqa durant la nuit de vendredi, venant du nord de l’arrière-pays.

L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme, organisation basée en Angleterre, affirme que les djihadistes de l’Etat Islamique et leurs familles ont déjà quitté la ville et que les bus sont arrivés pour évacuer les combattants étrangers et leurs familles.

L’armée syrienne, qui est appuyée par les milices sous les ordres de l’architerroriste iranien Qassem Soleimani et les forces aériennes russes, a déclaré qu’une autre victoire significative sur l’Etat Islamique a eu lieu samedi, en expliquant s’être emparé de la ville d’al-Mayadin dans la Province de Deir Ez Zor.

La province Est représente le dernier bastion important de Daesh en Syrie et elle est rise en étau, à la fois par les FDS d’un côté et les forces du régime syrien, soutenu par les milices pro-iraniennes considérées comme « terroristes » par Washington -puisque sous les ordres des Gardiens de la Révolution- et les forces aériennes russes, de l’autre côté.

Les djihadistes de l’Etat Islamique avaient, précédemment, donné leur accord à un tel projet d’évacuation en août dernier, avec le Hezbollah, à partir d’une zone située à la frontière libano-syrienne.

Mais, alors que ce convoi se dirigeait vers un territoire détenu par l’Etat Islamique à l’Est de la Syrie, les avions de la coalition lui ont bloqué la route en ouvrant des cratères pour empêcher ses déplacements, en détruisant des ponts  et en attaquant les véhicuels de l’Etat Islamique qui cherchaient à lui ouvrir la voie.