Les renseignements des réseaux de résistants

Les réseaux résistants vont se former, s’organiser autour de deux pôles européens : Londres (dès juin 1940) et Moscou (après juin 1941). Parmi les missions fondamentales des résistants, il y a le renseignement pour favoriser les opérations des armées alliées et avertir les populations les plus menacées.

Les premières informations sur les massacres proviennent de la Résistance polonaise qui est en relation constante avec le gouvernement en exil à Londres. Les partisans et les ghettos juifs de Pologne sont en liaison avec une armée combattante polonaise à Londres. Tout ce qui concerne la Pologne converge vers la capitale anglaise, centre de la Résistance européenne.

Il faut accorder une place importante à la mission de Jan Karski (de son vrai nom Jan Kozielewski) au ghetto de Varsovie. Ce dernier est membre du Bureau d’information et de propagande de l’AK, l’Armée de l’intérieur, une composante de la Résistance polonaise nationale et anticommuniste.

Jan Karski s’est introduit plusieurs fois clandestinement dans le ghetto de Varsovie pour pouvoir témoigner (1). En octobre 1942, Il rencontre à Varsovie deux éminentes personnalités de la communauté juive, l’un est le dirigeant de l’organisation sioniste, l’autre du Bund. Le dirigeant du Bund, Léon Feiner, le charge de dire aux gouvernements polonais et alliés que les « trois millions de Juifs polonais étaient condamnés ». Jan Karski visite également clandestinement les centres d’extermination de Belzec et de Treblinka.

Il témoigne : « Je n’étais pas préparé à ce que j’ai vu, personne n’avait écrit sur une pareille réalité, je n’avais vu aucune pièce, aucun film…, je savais que des gens mouraient, mais ce n’était pour moi, que des statistiques. Ce n’était pas l’humanité, on me disait qu’ils étaient des êtres humains, mais ils ne ressemblaient pas à des être humains, ce n’était pas le monde, je n’appartenais pas à cela. C’était une sorte d’enfer, les rues étaient sales, crasseuses, et pleines de gens squelettiques, la puanteur vous suffoquait, il régnait de la tension, de la folie dans ce lieu. Des mères allaitaient leurs bébés dans la rue, alors qu’elles n’avaient pas de seins. Les dépouilles étaient déposées, nues, à même le sol, car les familles n’avaient pas les moyens de leur payer une sépulture, chaque haillon comptait dans ce lieu, tout s’échangeait, tout se vendait pour survivre, et de ce fait, les dépouilles étaient laissées sur le trottoir, en attendant d’être ramassées par un service spécial. Et, marchant à côté du responsable du Bund, qui avait changé d’allure dans sa façon de se mouvoir, le dos courbé, pour se fondre dans la masse et ne pas se faire remarquer, il m’arrivait de lui demander ce qu’il arrivait à tel ou tel juif, debout, immobile, les yeux hagards, il me répondait toujours, ils se meurent, souvenez-vous, ils se meurent, dites-leur là bas… »

Revenu en Grande-Bretagne, en novembre 1942, Karski demande une aide en faveur de la communauté juive de Pologne menacée d’extermination. En février 1943, il rencontre des membres du gouvernement britannique, dont lord Selbourne, ministre de l’économie de guerre.

En juillet 1943, il est reçu par Franklin Roosevelt, auquel il livre tous les détails connus de lui sur la Shoah. Il espère du président américain l’organisation de bombardements des camps et des lâchages de tracts pour avertir les populations.

Des Polonais au secours des juifs: l’histoire de Zegota

Zegota était le nom de code de la Commission d’Aide aux Juifs, une organisation clandestine, partie de la résistance polonaise, qui opérait en Pologne durant l’occupation allemande entre 1942 et 1945.

L’action de Zegota, qui s’inscrivit plus généralement dans le Sauvetage de juifs par des Polonais pendant la Shoah, a permis de cacher environ 100 000 Juifs dont de nombreux enfants.
L’idée d’unifier les efforts dispersés de la résistance viendra de deux femmes : Zofia Kossak et Wanda Krahelska. Kossak était un écrivain populaire en Pologne, une conservatrice catholique; Krahelska-Filipowicz était une activiste socialiste bien introduite auprès des officiers de la résistance (AK). 

L’action de Zegota a permis de sauver environ 100 000 Juifs polonais.
A Varsovie, la section de l’enfance de Zegota dirigée par Irena Sendlerowa, a réussi à placer environ 2 500 enfants juifs sortis du Ghetto dans des familles polonaises catholiques et des orphelinats.
En 1963, le comité Zegota a été honoré en tant qu’organisation par Yad Vashem : un arbre a été planté dans l’allée des justes.

Réflexions sur cette organisation:

D’abord, ses membres ont pris d’énormes risques pour sauver des juifs. En effet, les chrétiens polonais et les membres de leur famille étaient condamnés à mort si les autorités découvraient qu’ils avaient aidé des juifs. Les noms des Polonais exécutés étaient publiés pour dissuader d’autres volontaires.

L’action de Zergota montre également qu’il existait des Polonais qui n’étaient pas animés par la haine du juif. Bien que minoritaires au sein de la population, leur engagement n’autorise aucune généralisation sur l’antisémitisme meurtrier ou complice des polonais. Si quelques membres de Zergota étaient antisémites, l’impératif humanitaire primait sur leurs considérations personnelles.

Enfin, la volonté de sauver des vies humaines a transcendé les différences politiques et idéologiques dans une organisation dont les membres étaient issus d’horizons divers. Précisons que Kossack-Szczucka s’est retirée de Zergota car elle voulait qu’elle soit un modèle de charité chrétienne pure et parce que les Juifs avaient leurs propres organisations. Kossack-Szczucka a continué à agir dans l’organisation d’aide sociale en faisant le lien entre Zegota et les couvents et orphelinats catholiques.

Une histoire qui ne suffira pas à redorer le blason de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais qui insuffle un peu d’espoir en la nature humaine…

Sur la photo: Irena Sendlerowa et le mémorial de Zegota

zegota

Sources:

Wikipédia
Holocaust Education & Archive Research Team
Mémorial de la Shoah

( A suivre) Adaptation par JG

  1. Karski Jan, Mon témoignage devant le monde. Histoire d’un secret d’État, Paris, Éditions Self, 1948. Seconde édition française, annotée par Céline Gervais-francelle et Jean-Louis Panné, préface Jean-Louis Panné, « Tombeau pour Jan Karski, Éditions Point de Mire, 2004

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