Quand la réalité dépasse (de loin) la fiction

Par Michèle Mazel

 

Sans artistes hollywoodiens ou fastueux décors, la saga politico-juridique en Israël continue à faire exploser les pourcentages d’audience tous médias confondus. Il est vrai qu’on assiste à une série de rebondissements qui ferait pâlir les séries télévision les plus audacieuses. Coups de théâtre et révélations spectaculaires se succèdent, écoutes et enregistrements clandestins, espionnite généralisée tandis que des fuites savamment distillées entretiennent le suspense. Une jolie blonde est clouée au pilori pour un message imprudent envoyé par l’intermédiaire d’un téléphone pourtant supposé intelligent, message obtenu on ne sait comment par un journaliste ; des criminels au col blanc accusés de lourds crimes économiques sont prêts à charger l’ami ou le confident d’hier pour obtenir une remise de peine. La femme, les enfants ne sont pas épargnés. Selon une déclaration fracassante qui a fait la Une des journaux, le premier ministre aurait écouté les conseils de sa femme et de son fils avant de prendre une décision importante ! D’une chaîne à l’autre c’est un même concert d’indignation. Pas de doute, la cause est entendue. Au diable la présomption d’innocence !  Le public, lui, se divise entre ceux qui veulent une démission immédiate et ceux qui continuent à faire confiance à la cible de toute cette agitation.  Curieusement, et malgré ladite agitation, il n’y a toujours pas eu de mise en examen, d’acte d’accusation, de procès et encore moins de verdict.  Ce qui ne veut certes pas dire qu’il n’y en aura pas. Là n’est pas la question.  La justice est aveugle ou censée l’être. En Israël elle l’a démontré plus d’une fois. Une dizaine de ministres ont connu la prison ; certains ont pu y côtoyer un président dont le mandat a été interrompu à mi-parcours ou encore un premier ministre.  Seulement cette justice est lente, c’est bien connu ; il lui faut prendre son temps. Une attente insupportable pour certains qui manifestent leur mécontentement par des rassemblements sur la place publique et des pressions inacceptables sur la justice justement.

Il y a là un problème qui ne concerne pas uniquement Israël. De plus en plus dans les démocraties occidentales et particulièrement outre Atlantique, on oublie parfois que ce sont les élections qui départagent les partis et les hommes politiques et on en arrive à dénier la légitimité de celui ou de celle auquel les urnes ont donné la victoire et à appeler à sa chute par tous les moyens.  On ne juge plus les dirigeants sur la façon dont ils conduisent le pays mais sur la façon dont ils se conduisent. C’est une dangereuse dérive.   Qu’importe la réussite internationale, les succès économiques, la baisse spectaculaire du nombre de chômeurs !  Tout cela est passé sous silence au profit du sensationnel. Il est vrai que la surexposition médiatique moderne arrive parfois à mettre en évidence des traits peu recommandables.  Un ancien adage ne dit-il pas qu’il n’y a pas de grand homme pour son majordome ?  Les hommes ou les femmes qui ont réussi à monter les marches du pouvoir n’ont pas forcément toujours eu une conduite irréprochable en tous points. Des pays comme la France ou les Etats Unis ont eu et ont peut-être encore des hommes politiques et même des présidents dont la vie privée n’était pas toujours édifiante. Tant qu’ils restent dans la légalité, faut-il les montrer du doigt et exposer leur intimité au grand jour ? L’homme n’est ni homme, ni bête, disait Blaise Pascal, ajoutant que qui veut faire l’ange fait la bête. Pas facile de trouver le juste milieu.

 

Par ©Michèle Mazel

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