Manifestation contre les pières de rue organisée par des élus avec le maire de Clichy Rémi Muzeau et Valérie Pécresse à Clichy la Garenne le 10/11/2017 Photo Jean-Christophe Marmara / Le Figaro

Source : Le Figaro

«À deux jours d’une réunion de médiation sous l’égide du préfet, ils essaient de faire pression!», assure l’avocat de la mairie de Clichy (Hauts-de-Seine). Après le rassemblement d’élus contre les prières de rue, vendredi dernier, l’Union des associations musulmanes de Clichy-la-Garenne (UAMC) a déposé deux plaintes distinctes, ce mardi, auprès du parquet de Nanterre: l’une contre X pour «violence aggravée», «participation à un groupement formé en vue de la préparation d’actes de violences», «manifestation illicite» et l’autre contre le maire, Rémi Muzeau (LR), pour «diffamation et incitation à la haine raciale».

«Il y a une totale sérénité du côté de la ville de Clichy et de ses élus, réplique Me Rémi-Pierre Drai. Toute plainte abusive sera poursuivie comme telle». Si les deux parties viendront bien, jeudi après-midi, à la réunion convoquée par le préfet des Hauts-de-Seine, ce sera accompagnées de leurs avocats.

«Il est patent que les élus (…) ont commis des actes de violence à l’encontre des personnes de confession musulmane»

                        Me Arié Alimi, conseil de l’UAMC

Si, à l’appel de l’UAMC, des centaines de fidèles prient chaque vendredi depuis huit mois aux abords de l’hôtel de ville, c’est parce qu’ils ont été expulsés de leur ancien lieu de culte. Un autre centre culturel et cultuel leur a été proposé, mais l’UAMC le juge «trop excentré, trop exigu et pas aux normes de sécurité», ce qui est démenti par le maire.

Vendredi dernier, s’avançant derrière une banderole «Stop aux prières de rues illégales», une soixantaine d’élus en écharpe tricolore ont tenté, en reprenant en chœur La Marseillaise, de les empêcher de prier. «Il est patent que les élus (…) ont commis des actes de violence à l’encontre des personnes de confession musulmane, avec pour unique raison leur appartenance vraie ou supposée à cette religion», peut-on lire dans la plainte déposée par Me Arié Alimi, conseil de l’UAMC.

«Si les gendarmes mobiles n’étaient pas intervenus, des personnes auraient fini écrasées contre les murs, assure-t-il au Figaro. Nous en avons la preuve sur des vidéos inédites. Sur un des films, il y a une personne au sol; nous essayons de l’identifier». Des accusations de violences balayées par Me Drai: «Cela ne dépassait pas une agitation liée la tension palpable ce jour-là», affirme-t-il.

Une soixantaine d'élus en écharpe tricolore ont manifesté contre les prières de rue.
Une soixantaine d’élus en écharpe tricolore ont manifesté contre les prières de rue. – Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

«La police l’a emmené»

«Ce qui s’est passé n’est pas admissible en République!, s’insurge Me Alimi. Il y a une instrumentalisation de cette revendication normale (d’avoir un nouveau lieu de culte) par la droite et l’extrême droite». L’association musulmane reproche également à Rémi Muzeau d’avoir porté «des accusations graves» à leur encontre. «Il y a eu des prêches en arabe, avec des appels au meurtre», avait-il indiqué à la télévision. «Il y a eu aussi des documents qui ont été mis dans la rue, qu’on a récupérés, avec des phrases terribles où on disait ‘si vous rencontrez un juif, tuez-le’. J’ai les documents», avait-il poursuivi. «Si on en parle comme ça, on insinue que ce sont les gens qui prient qui ont laissé ces documents…, s’émeut Me Alimi. Par ces propos, M. Muzeau a éveillé un sentiment de haine et de crainte envers la communauté musulmane».

La distribution de tracts «crée un trouble à l’ordre public, une incitation à la haine raciale dans un sens ou dans l’autre, et une exacerbation des tensions»

             Me Rémi-Pierre Drai, avocat de la mairie de Clichy

Au Figaro, Rémi Muzeau avait précisé, avant la manifestation de vendredi, qu’un «tract» avait été retrouvé, le 13 octobre, sur les lieux où les musulmans venaient de prier. On pouvait y lire notamment, sous le sous-titre «Mécréants»: «vous les mettrez à mort ou vous leur ferez subir le supplice de la croix (…) Vous les chasserez de leur pays».

A l’évocation de ces phrases, Hamid Kazed, président de l’UAMC, se souvient d’un «document assez artisanal de quatre pages» qui avait été distribué pendant la prière par «un sexagénaire portant une barbe blanche». «Il est venu deux fois, dont l’une il y a un mois à peu près: tout le monde l’a vu!, s’exclame Hamid Kazed. Il a donné ses tracts aux gens qui priaient, sans parler. La police l’a emmené». Au commissariat de Clichy, l’adjoint au chef de service n’en pas le souvenir. «A priori, ça ne me dit rien, indique-t-il. Il y a toujours des énergumènes qu’on évince, mais ils ne sont pas forcément conduits au commissariat…».

Un mystérieux correspondant

Joint par Le Figaro, via le mail figurant au bas du tract, un correspondant – anonyme – évoque «une activité militante antifasciste» et indique vouloir «dénoncer le caractère multicriminel du Coran». Mais ne répond plus lorsqu’on lui propose une conversation téléphonique ou une rencontre. «La rédaction et la distribution de ces tracts n’ont jamais été imputées à l’association musulmane!, s’exclame Me Drai. Mais que ce soit un islamiste ou un extrémiste anti-musulman qui les ait distribués, cela crée un trouble à l’ordre public, une incitation à la haine raciale dans un sens ou dans l’autre, et une exacerbation des tensions. Tout cela justifie que le préfet mette un terme à ces prières de rue et trouve une alternative». Quant à la ville de Clichy, conclut-il, elle «saisit sans tarder le parquet de Nanterre de ce tract, pour qu’on en retrouve l’auteur».

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