L’État islamique a revendiqué l‘attaque perpétrée hier dans une église dans la petite ville de Saint-Étienne-du-Rouvray en France. C’est la cinquième fois que l’EI revendique une attaque sur le territoire français en moins de 18 mois. Les cibles, bien que toutes extrêmement symboliques, sont à chaque fois différentes : les juifs, le 8 janvier 2015, avec l’attentat de l’Hyper Casher (Paris) au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo (revendiqué par el-Qaëda dans la péninsule Arabique – Aqpa); les jeunes en train de faire la fête avec les attentats du 13 novembre dernier à Paris ; la police, donc l’autorité, avec les attentats de Magnanville le 13 juin 2016 ; le symbole de la République avec l’attentat de Nice le 14 juillet 2016 ; les chrétiens avec l’attentat d’hier.

Le chrétien, en tant que tel, n’était pourtant pas considéré, jusqu’à maintenant, comme un ennemi prioritaire dans l’idéologie de l’EI. Comme le rappelle Jean-Pierre Filiu, professeur d’histoire du Moyen-Orient à Sciences Po Paris, dans une tribune intitulée « Une radicalisation très rapide, cela s’appelle une conversion », publiée dans le journal Le Monde le 17 juillet 2016, l’EI « divise le monde en cinq catégories : les « musulmans », terme réservé aux seuls membres de la secte, les « apostats », soit tout le reste des sunnites, les « hérétiques », soit les chiites et autres familles de l’islam, et enfin « les juifs et les croisés » ».

 À propos des chrétiens, l’EI tient le discours classique de l’islam vis-à-vis des autres gens du Livre », estime Gérald Arboit, directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement. En théorie, le chrétien a le droit de vivre dans les territoires contrôlés par l’EI à condition qu’il paye un impôt, la jizia. S’il ne le fait pas, il ne lui reste que trois choix : la conversion, la fuite ou la mort.

En juin 2014, les chrétiens de Mossoul ont décidé de fuir après la prise de la ville par l’EI. À Raqqa, certains ont décidé de rester et se sont vu imposer de règles très strictes comme l’interdiction de construire de nouvelles églises ou d’entretenir celles existantes, de prier ou de réciter la Bible en public. Le statut des chrétiens ne les protège pas pour autant d’être la cible d’attaques en fonction du contexte politique. Ce statut de dhimmi n’est donc valable qu’en temps de paix et uniquement pour les chrétiens d’Orient.

Coalition des croisés

« Le discours de l’EI sur la chrétienté prévaut pour le Moyen-Orient, pas pour l’Occident », rappelle ainsi M. Arboit. Dans la logique jihadiste, les chrétiens occidentaux sont associés aux croisés et aux politiques impérialistes vis-à-vis de l’Orient. Le croisé, parce qu’il combat en terre d’islam, devient un ennemi prioritaire. Dans son communiqué de revendication, l’EI considère que l’attaque contre l’église en Normandie est « une réponse à l’appel à cibler des pays de la coalition des croisés ».

La chrétienté d’Occident n’a pas été épargnée dans la propagande du groupe jihadiste. L’Église de France avait été notamment menacée en avril 2015, après qu’une attaque contre une paroisse de Villejuif, en banlieue parisienne, a été déjouée. Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien de 24 ans, est soupçonné d’avoir voulu prendre pour cible cette église. D’autres lieux de culte catholiques en région parisienne auraient peut-être figuré sur une liste retrouvée lors de l’arrestation du jihadiste.

Quelques mois plus tard, le 20 juillet 2015, dans le cinquième numéro de son magazine en français Dar al-Islam mis en ligne par le groupe de médias officiel de l’EI, al-Hayat, un article appelait les partisans du groupe à viser, notamment, les églises. « Il faut toujours viser les endroits fréquentés, tels que les lieux touristiques, les grandes surfaces, les synagogues, les églises, les loges maçonniques, les permanences politiques, les lieux de prêche des apostats, le but étant d’installer la peur dans leur cœur. » Pour Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes, les jihadistes n’ont fait que donner des directives générales. Le numéro huit de Dar al-Islam comprenait notamment les testaments des trois kamikazes des attentats du 13 novembre à Paris, dont l’un appelant à « viser un lieu de culte en Occident ». « Cela pouvait être aussi bien une église qu’une synagogue », rappelle Romain Caillet. Or l’église n’était pas ciblée en tant que telle, mais davantage en tant que lieu fréquenté par des croisés.

Association symbolique

C’est la première fois qu’un attentat revendiqué par l’EI cible spécifiquement une église. Si, comme le précise Romain Caillet, les jihadistes français n’ont jamais mentionné les prêtres en particulier dans leurs discours, en faisant irruption à l’heure de la messe, dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, les deux assaillants armés ont assurément choisi de s’attaquer à un symbole plutôt que de commettre un crime de masse. Car l’attaque commise diffère des précédents attentats perpétrés sur le sol français. C’est l’association symbolique de trois éléments qui confère à l’acte une autre portée. Le lieu d’abord : un lieu de culte, où le croyant est supposé se sentir en sécurité. La méthode ensuite : l’égorgement, et tout l’impact historique qui lui est conféré. Et enfin la victime : un prêtre de 86 ans, un homme de Dieu, dont le message est de propager la paix. « L’EI s’inscrit dans une théorie de faire déborder le conflit dans une dimension religieuse, comme ce qui a été fait en Irak et en Syrie, où le groupe jhadiste a été mis en contact avec des zones chrétiennes », estime Gérald Arboit.

Le président François Hollande a rappelé que « ce sont les catholiques qui ont été frappés, mais ce sont tous les Français qui sont concernés ». Pour Romain Caillet, la gay pride aurait pu tout autant être attaquée que l’église. « L’idée de l’EI est de faire feu de tout bois et d’infliger un traumatisme de plus à la société française », conclut-il.

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André

« Le chrétien, en tant que tel, n’était pourtant pas considéré, jusqu’à maintenant, comme un ennemi prioritaire dans l’idéologie de l’EI. »
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Faux. Dès l’origine l’EI parle de guerre contre les « croisés » et appel les musulmans à les tuer chez eux. Et qu’est-ce qu’un croisé sinon un chrétien ?

J’en ai plus qu’assez de ces analyses d’experts à la con. Nous sommes en guerre ? alors arrêtons de « comprendre » et d’ « analyser » à longueur de journée pour agir contre l’ennemi désigné comme il se doit en temps de guerre : le tuer ou le faire prisonnier.

Mais c’est sûr que si nous considérons comme l’insignifiant « président » de la grotesque association « SOS racisme » (qui veut sauver les racistes comme SOS baleine veut sauver les baleines…) Dominique Sopo, que l’ennemi c’est « l’extrême droite », alors on est pas sorti de l’auberge islamique…

aval31

Les français seront assimilés aux terroristes avec raisons car ils ont encouragé leur meurtre de civils « pour des causes justes », ce sont eux les principaux vecteurs de la propagande terroristes. En occident la France est la principale productrice de l’idée de « la justesse du meurtre de civils pour une cause juste ».
Et les français d’en crever pour des fautes commises il y a plus de 40 ans.

Car on ne justifie pas l’assassinat ciblé de civils impunément. Si on le fait on change non seulement les lois de la guerre mais on s’expose soit même à l’autodestruction. Cette même autodestruction propre à l’islam.

Ainsi les français risquent de se laisser faire jusqu’au dernier car ils sont sous la stupeur de leur propre dialectique qu’ils ont intériorisé justifiant le meurtre de civils et donc le génocide. Cette stupeur risque donc de durer jusque au bout et d’autres raisons en sont la cause.

D’ailleurs une bonne partie des israéliens souffrent de ce même mal.
Les juifs ont été les premiers à s’être habitué de se faire massacrer, c’est devenu un credo chez nombres de religieux juifs, credo repris ensuite par les sois disant gauchistes.
Heureusement il est contre balancé par les restants du sionisme non religieux, le souffle puissant des prophètes, pères fondateurs.

Mais la France islamiste risque avant de disparaitre de s’en prendre à Israel or c’est une puissance nucléaire.

Les juifs qui la quittent en pensant se sauver ne doivent le faire que s’ils sont diminué physiquement ou mentalement(les enfant ne doivent pas rester), car il y a en galout un combat de très haut niveau à la fois terrible et discret à mener afin qu’une puissance nucléaire ne soit pas livrée clef en mains aux islamistes.

Pour mémoire la destruction des juifs d’Europe c’est aussi faite grâce aux victoires sur les russes portées par les camions renault , pendant que le peuple allemand était largement lui même ravitaillé par la razzia sur le blé français.

Le problème est que cette fois-ci ce n’est plus du tout une question de blé ni de camions mais bien de missiles atomiques dans des sous marins nucléaires.