La Tsédaka avant Pessa’h

 « Kim’ha dé-Pis’ha »

Pessa’h tsédaka (justice) et réparation du monde (tikoun olam)

Halakha du 2 Nissan 5775

La bonté, la générosité envers les plus démunis, telle est la définition de la tsédaka. Les pauvres sont accueillis à la table pour fêter le Séder. Dieu a aidé les Juifs gratuitement, sans rien attendre d’eux en retour : il leur a tendu la main alors que ces derniers étaient au plus mal. Aussi est-il de coutume de tendre la main vers les plus malheureux et malchanceux de ce monde pendant la fête de Pessah, afin de ne jamais oublier.

C’est une sainte obligation qui incombe à chaque juif que de donner de la Tsédaka aux nécessiteux avant la fête de Pessa’h, afin qu’ils aient de quoi acheter le nécessaire pour Pessa’h. comme il est écrit : « Tu ouvriras certainement ta main pour lui ».

La générosité est un critère de la descendance d’Avraham, notre père.

Il existe – grâce à D. – des organismes de Tsédaka dignes de confiance, et il est possible de leur confier l’argent de « Kimh’a Dé-Pis’ha » (Tsédaka avant Pessa’h) qu’ils redistribueront aux nécessiteux.

De même, il existe des lieux dans lesquels les administrateurs des synagogues collectent des fonds auprès des fidèles, et sont responsables de la redistribution de cet argent aux nécessiteux. Il faut veiller à ne confier l’argent qu’à des organismes dignes de confiance.

Le mois de Nissan, qui vient après Adar est le mois propice à la Rédemption finale du peuple d’Israël, comme l’enseignent nos maîtres dans la Guémara Rosh Ha-Shana (11b) :

« C’est à Nissan que nos ancêtres ont été délivrés, et c’est encore à Nissan que le peuple d’Israël est appelé à être délivré.»

Le judaïsme enseigne que Hachem est l’ultime propriétaire, l’homme n’étant qu’un locataire temporaire ou un serviteur sur le sol qui lui est alloué. Les biens que ce sol produit sont redevables à l’Éternel, qui décide de partager les ressources entre riches et pauvres. De plus dans un passage du Lévitique, la nourriture est laissée à l’abandon, de sorte que le pauvre puisse conserver sa dignité en récoltant ce que Hachem veut lui donner, plutôt que d’être contraint à mendier auprès des riches ce qu’ils veulent bien lui laisser.

Le concept juif de la tsédaka diffère de la charité au sens commun, car celle-ci est le fait de la décision et de l’humeur des philanthropes, alors que la tsédaka est une obligation donnée par Dieu à tous les Juifs indépendamment de leur statut financier ou de leur volonté de donner (bien qu’il soit préférable de vouloir donner, cf. infra). (Source : Wikipédia)

La tsédaka est, avec la teshouva (retour vers Hachem) et la tefilah (prière), l’un des trois actes permettant d’obtenir le pardon des péchés.

La Parnassa, est fixée par Hachem à Roch Hachana pour l’année qui démarre. De là découle le fait que nous ne sommes pas maîtres d’une certaine façon, de notre richesse, puisque c’est Hachem qui en décide.

Le moyen le plus efficace pour hâter la Guéoula (Rédemption finale) est la Tsédaka, comme l’enseigne le Midrash Tana Débé Eliyahou (Seder Eliyahou Rabba chap.23) :

« Nos ancêtres n’ont été délivrés d’Egypte que lorsqu’ils établirent par un pacte de se prodiguer du bien mutuellement, comme il est dit dans la Shira (Az Yashir Moshé) : « Tu guides par ta bonté ce peuple que tu viens de délivrer…» (Chemot 15-13)

La bonté (Hessed) entraîne la délivrance.

Il est également dit au sujet de la Rédemption finale :

« Observez la justice et pratiquez la bonté, car ma délivrance est sur le point d’arriver, et ma justice va se dévoiler» (Isha’ya 56-1).

Le Rama écrit dans l’une des ses notes sur le Choul’hane Aroukh (O.H 420-1) au début des Halakhot relatives à Pessa’h:

 Il est d’usage d’acheter du blé afin de le distribuer aux nécessiteux pour les besoins de la fête (pour la fabrication des Matsot).

 Il écrit dans la Torah dans un verset au sujet de la fête de Pessa’h :

 « …Tu te réjouiras devant Hachem ton D., toi, ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, ainsi que le Levi qui habite parmi toi, et l’étranger ainsi que l’orphelin et la veuve qui sont au milieu de toi, à l’endroit qu’Hachem ton D. choisira pour y faire résider son Nom » (Devarim chap.16)

 Rashi explique ce verset au nom du Midrash :

 Le Levi, l’étranger, l’orphelin et la veuve, ces 4 sont à moi, comme les 4 qui sont à toi et qui sont ton fils, ta fille, ton serviteur et ta servante. Si tu réjouis les 4 qui sont à moi, je réjouirais les 4 qui sont à toi.

 A partir de là, nous prenons conscience de l’importance de se soucier des nécessiteux durant Pessa’h et de les réjouir.

Celui qui se préoccupe du Levi (qui ne possédait pas d’argent durant Pessa’h car les Leviim ne possédaient aucun terrain en Erets Israël), de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve, desquels Hachem se souci et les considère même comme étant « à lui» – Hachem le récompensera et réjouira les 4 qui sont à lui, son fils, sa fille, son serviteur et sa servante.

Si par contre, l’homme ne réjouit pas les 4 qui appartiennent à Hachem, Hachem ne se souciera pas de réjouir les 4 qui sont à lui !

Il semble approprié de relater un fait qui s’est produit il y a environ 30 ans.

Lorsque notre grand maître le Rav Ovadia Yossef, ztsl, habitait la ville de Tel Aviv où il occupait les fonctions de Grand Rabbin, la situation financière était très difficile pour de nombreux habitants de la ville, en particulier pour les Talmidé ‘Ha’hamim (érudits dans la Torah) qui étudient la Torah, qui voyaient leurs situations financières au plus mal, et qui n’avaient pas suffisamment d’argent pour acheter – pour eux comme pour leurs familles – tout le nécessaire pour la fête.

Ces Talmidé ‘Ha’hamim étudiaient à la Yéshiva Torah Vé-Horaa qui était dirigée par le Gaon Rav Eliyahou Sarim z.ts.l. Celui-ci, voyant la situation difficile que traversaient les Avré’him (chefs de familles étudiants) de sa Yéshiva, il consulta notre maître le Rav Shalita, afin qu’il joue de son influence auprès des notables de la ville pour qu’ils offrent de l’argent aux étudiants de la Yéshiva.

Notre maître le Rav Shalita convoqua les notables de la ville en les persuadant de donner pour le prestige de la Torah. En effet, plusieurs des notables de la ville offrirent de l’argent, pour que l’on puisse acheter tout le nécessaire pour Pessa’h.

Mais voici qu’un habitant de la ville – un commerçant qui possédait un très grand magasin rue Alenbi en ville, un endroit central et propice aux affaires à cette époque – avait lui aussi été convoqué par notre maître le Rav Shalita. L’homme arriva au bureau de notre maître le Rav Shalita, et notre maître le Rav tenta de le persuader comme il avait persuadé les autres notables de la ville, en lui expliquant la situation très difficile des étudiants de la Yéshiva, ainsi que la vie qui était chère. Le Rav lui précisa que les étudiants n’avaient même pas de quoi s’acheter le nécessaire pour la fête, et c’est pourquoi, il le sollicitait lui aussi dans cet objectif.

L’homme répondit immédiatement au Rav que sa situation n’était plus aussi bonne qu’elle ne l’était auparavant, et qu’il avait de nombreux engagements dans différentes affaires, et de ce fait il lui était très difficile de donner pour les étudiants de la Yeshiva. Notre maître le Rav Shalita savait que la situation de cet homme était excellente, et qu’il ne cherchait qu’un prétexte pour se dérober à son devoir sacré. Notre maître lui dit : «Regarde, nos maîtres enseignent dans le Midrash : si tu réjouis les 4 qui sont à moi, je réjouirais les 4 qui sont à toi. Mais si tu ne réjouis pas les 4 qui sont à moi, je ne réjouirais pas les 4 qui sont à toi. C’est pourquoi, j’insiste une nouvelle fois auprès de toi, afin que tu réjouisses ces nécessiteux pour lesquels Hashem recherche le bien. Par le mérite de cette Mitsva, tu auras toi aussi le mérite de te réjouir durant la fête de Pessa’h. »

Mais ces paroles restèrent inefficaces et ce riche resta dans sa position et continua à prétexter que sa situation était présentement difficile et qu’il n’était pas disposé à aider le Rav d’une quelconque façon. Le Rav – voyant que ses propos tombaient dans des oreilles sourdes – libéra le riche en lui souhaitant« Hatslah’a Ve-Kol Touv ».

Immédiatement après la fête de Pessa’h, le téléphone sonna au domicile de notre maître le Rav Shalita. A l’autre bout du fil, l’homme riche qui avait refusé d’aider la Yeshiva avant Pessah’. Le Rav lui demanda ce qu’il désira, et l’autre lui répondit qu’il désirait rencontrer le Rav de toute urgence. Le Rav accepta et lui fixa immédiatement un rendez vous à son bureau. L’homme arriva au bureau du Rav et l’on pouvait reconnaître à travers son visage qu’il était en état de choc et de déprime. Le Rav lui demanda :

 « Qu’est-il arrivé pour que tu désires me rencontrer si rapidement ? »

 Immédiatement, le riche commença à raconter au Rav en pleurant :

 « Le Rav se souvient sûrement que quelques jours avant la fête, il m’a convoqué et m’a sollicité afin de donner de la Tsedaka pour les étudiants de la Yeshiva. »

 Le Rav répondit : « Je m’en souviens. »

 L’homme dit :

 « Le Rav se souvient-il aussi qu’il m’a cité l’enseignement du Midrash : Si tu réjouis les 4 qui sont à moi, je réjouis les 4 qui sont à toi, mais sinon, je ne réjouirais pas les 4 qui sont à toi ? »

Le Rav lui répondit :

 « Je m’en souviens. »

 Le riche dit :

 « Au moment où le Rav m’a dit ces propos, j’ai ri en moi et je me suis dis : je possède une grosse fortune et je mène une vie paisible. Mes enfants me respectent énormément. Ma femme vit en paix avec moi. C’est pourquoi il me semble évident que ma joie ne fera qu’augmenter durant la fête qui approche. Que peut vouloir le Rav en me disant : si tu ne réjouis pas les 4 qui sont à moi, je ne réjouirais pas les 4 qui sont à toi ?!

 Ainsi, je suis rentré chez moi heureux de tout le bien que je possède et pour le fait d’avoir réussi à me dérober à ce que le Rav voulait m’imposer.

 Mais voici que le soir du Seder, lorsque je suis rentré de la synagogue, mes 2 grands enfants étaient assis dans le salon. Lorsque je suis rentré, je leur fis une petite remarque. Mes 2 enfants se sont levés immédiatement contre moi et m’ont attrapé des 2 côtés. Ils me dirent : « Ça suffit ! On en a assez de toi et de tes sottises ! » Ils m’ont ensuite jeté de la maison et la refermèrent.J’ai passé toute la nuit du Seder dans la cour de la maison, à pleurer pour le mal que m’avaient fait mes 2 enfants à qui j’avais prodigué tant de bien. Je réfléchissais et me demandais pourquoi Hachem m’avait infligé cela. Et soudain je me suis souvenu des propos du Rav qui m’avait dit : « Si tu ne réjouis pas les 4 qui sont à moi, je ne réjouirais pas les 4 qui sont à toi. » J’ai honteusement compris à ce moment-là ce qui m’était arrivé. C’est pourquoi je suis venu rencontrer le Rav afin de l’informer que je fais Teshouva et je demande pardon pour mes fautes. De grâce Rav, pardonne-moi toi aussi pour t’avoir menti, et bénis moi afin qu’Hachem me réjouisse et que mes enfants marchent dans le droit chemin.»

Fin de l’histoire.

 
 
Un grand nombre d’associations ont pour mitsva de collecter la Tsedaka et de la distribuer aux plus démunis. Nous ne pouvons pas toutes les nommer et là n’est pas notre objectif.
Nous mentionnerons 2 associations qui nous ont demandé « un coup de pouce » : 
VETAHER, une association en France qui fournit un travail remarquable et
Tsidkat-Eliaou une association basée à Jérusalem.
 
 
 
Vetaher Pessah 5sens 2015
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Le don de la tsédaka, mitvsa de la Torah, est un acte religieux.

La Halakha rapporte qu’il vaut mieux manger Chabbat comme en semaine plutôt que de prendre de la Tsédaka. Seulement si le niveau de pauvreté est tel que l’on n’a pas de quoi vivre, il est obligatoire d’accepter de la Tsédaka. 

Il été fixé par les Rabbins, c’est un minhag (une coutume) que la tsédaka doit équivaloir au minimum à 10% des revenus (c’est ce qu’on appelle le maasser: le dixième, la dîme) et ne doit pas dépasser 20-25% de ses revenus, car on ne doit pas non-plus se ruiner soi-même en donnant de la tsédaka.

La préservation de la dignité du bénéficiaire est essentielle dans la tsédaka.

Le don idéal est celui qui permet au bénéficiaire de devenir autonome.

Le Talmud contient de nombreuses citations forgées par les Sages:

« La tsédaka équivaut à tous les autres commandements réunis »

« Celui qui accomplit la tsédaka anonymement est plus grand que notre Maître Moïse »

« Grande est la tsédaka car elle rapproche des temps messianiques »

Un non Juif a le droit de donner de l’argent a une œuvre juive, et inversement aussi.

Les 8 niveaux de la Tsédaka

Maïmonide (le Rambam) définit dans sa codification de la Loi (le Michné Tora) huit situations qui correspondent aux huit degrés de l’acte de tsédaka, dans l’ordre décroissant, c’est-à-dire de l’acte optimal à sa forme minimale.

1)  Le niveau le plus élevé est lorsqu’on soutient un juif qui n’a pas d’argent pour subvenir à ses besoins, et qu’on lui donne ou qu’on lui prête de l’argent, ou bien lorsqu’on lui fournit une source de Parnassa en s’associant avec lui dans une affaire par exemple, afin qu’il n’est absolument pas recours à la Tsédaka. Sur une telle attitude, il est dit : « Tu le soutiendras…et il vivra avec toi. ». C’est-à-dire, soutiens-le jusqu’à qu’il n’est plus besoin des Tsédakot et des faveurs des autres.

 2)  Le niveau inférieur au précédent est lorsqu’on donne la Tsédaka à des nécessiteux sans savoir à qui on la donne, et sans que les bénéficiaires sachent qui est leur bienfaiteur. Dans ces conditions et avec la notion de discrétion, la Mitsva de Tsédaka est accomplie « Lichmah » (de façon totalement désintéressée), car personne ne connaît l’acte de Tsédaka que l’on a accompli, et on ne retire aucune satisfaction dans ce monde-ci d’un tel acte. Le Rambam écrit aussi que, lorsque l’on donne de son argent de cette façon-là, par exemple, lorsque l’on offre de l’argent à la caisse de Tsédaka, on doit veiller à vérifier que le gestionnaire soit une personne fiable et assez intelligente pour savoir gérer correctement, car sinon il n’est plus question de Mitsva de Tsédaka. On enseigne aussi dans la Guémara Bava Batra : quelle est la Tsédaka qui peut sauver la personne d’une mort violente ? C’est celle que l’on donne sans savoir à qui on la donne, et sans que le bénéficiaire ne connaisse son bienfaiteur.

 3)  Le niveau inférieur est lorsque le bienfaiteur connaît le bénéficiaire, mais que le bénéficiaire ne connaît pas son bienfaiteur. Par exemple, lorsque les Grands d’Israël allaient discrètement et jetaient la Tsédaka aux portes des nécessiteux. On inclut dans cela le fait de se soucier de confectionner des colis de provisions pour les foyers des nécessiteux, ou de leur envoyer des objets de valeurs.

 4)  Le niveau suivant est lorsque le bénéficiaire connaît le bienfaiteur, mais que le bienfaiteur ne connaît pas le bénéficiaire. Par exemple, lorsque les Grands Sages plaçaient de l’argent dans un drap qu’ils suspendaient dans leurs dos en marchant dans les quartiers pauvres, afin que prenne celui qui doit prendre.

 5)  Le niveau inférieur au précédent est lorsque l’on donne au nécessiteux dans sa main avant qu’il n’ait réclamé la Tsédaka.

 6)  Le niveau inférieur au précédent est lorsque l’on donne au nécessiteux après qu’ils aient réclamé la Tsédaka.

 7)  Le niveau inférieur au précédent est lorsqu’on donne moins que ce que l’on doit donner, mais qu’on le donne avec le sourire, un visage enthousiaste.

 8)  Le niveau inférieur au précédent est lorsque l’on donne en étant triste de donner son argent aux autres.

Il est une grande Mitsva – supérieure à tout – d’aider les Talmidé H’ah’amim (érudits dans la Torah) nécessiteux, par exemple les Avréh’im (kolelman) qui étudient la Torah avec une réelle assiduité, sans avoir de quoi vivre. Celui qui les aide verra résider le mérite de la Torah dans tout ce qu’il entreprend.

Ceci est le mérite de la Tsédaka, qui sauve de grandes pertes, comme il est dit : « l’acte de la Tsédaka sera symbole de paix ».

 

Le roi Salomon écrivit dans sa sagesse :

«Lorsque vous donnez à un pauvre, vous prêtez à D.ieu »

Ceci parce que D.ieu rembourse tous les dons charitables – avec de généreux dividendes – ici, dans ce monde.

Selon le prophète Malakhi, D.ieu nous met même à l’épreuve, disant « Essayez et constatez »…

Sources :

 « Un jour, une Halakha » de Rubben Salfati, halakha.over-blog.fr

cheela.org

torah-box.com

halachayomit.co.il

akadem.org/Tsedaka-VERBATIM.pdfTsédaka, la main invisible Par David Saada Texte du cours visible sur http://www.akadem.org/pour-commencer Décembre 2012

fr.chabad.org

alloj.fr

Recueil : Florence Cherki

 

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