Les attaques de mardi dans la capitale belge ne sont qu’un nouvel et tragique épisode d’un conflit global et de longue durée, dont personne ne voit l’issue.

 

Bruxelles, un jour dans la guerre

Bruxelles a été frappée par deux attentats à la bombe mardi matin, l’un – sans doute une attaque suicide, selon le parquet fédéral belge – à l’aéroport de Zaventem, l’autre dans la station de métro de Maelbeek, à deux pas des institutions européennes. Le bilan s’élevait en début de soirée à une trentaine de morts. Ces actions, revendiquées par Daech, interviennent quatre jours après l’arrestation en Belgique de Salah Abdeslam, un des responsables présumés des attentats de Paris, le 13 novembre. La police belge a lancé un avis de recherche contre un homme soupçonné d’avoir participé à l’attaque de l’aéroport. Les mesures de sécurité ont été renforcées dans plusieurs pays européens.

La terreur est donc de retour sur le sol européen, cent trente jours après les attentats de Paris. Ce qui s’est passé mardi matin à Bruxelles n’est – chacun le sent bien – qu’un épisode d’une guerre longue et globale dont personne n’entrevoit la fin. Ce conflit est global, en ceci que tous les continents sont touchés. Depuis le 13 novembre, pas moins d’une cinquantaine d’attaques terroristes ont été recensées hors d’Europe, la quasi-totalité commise par des groupes djihadistes, dont Daech. Au niveau mondial, c’est plus d’un attentat tous les trois jours. Durant les douze derniers mois, une trentaine de pays ont ainsi été frappés.

Certains attentats choquent moins les opinions occidentales que d’autres, parce qu’ils se déroulent au fond de l’Afrique, notamment dans la région du lac Tchad où opère le groupe islamiste Boko Haram. C’est pourtant là qu’ils sont le plus nombreux, avec une quinzaine d’attaques et plus de 300 morts depuis le 13 novembre. Plus près de nous, la Turquie a subi pas moins de sept attentats depuis l’été dernier, provoquant la mort de plus de 200 personnes et des centaines de blessés. De l’Indonésie au Mali, le monde musulman concentre l’essentiel des attaques et des pertes humaines.

Mais les pays occidentaux ne sont pas épargnés, en particulier en Europe : outre la France et la Belgique, le Danemark, la Suède ou la Grande-Bretagne l’ont constaté récemment. Comme l’Australie ou le Canada, les États-Unis connaissent eux aussi le terrorisme, sous sa forme djihadiste, avec deux attaques en 2015 à Chattanooga et San Bernadino. La Russie l’affronte tant sur le front intérieur, dans le nord du Caucase, qu’à l’extérieur avec la destruction en vol d’un avion de ligne abattu dans le Sinaï en octobre 2015.

Temps long. Ce conflit s’inscrit non seulement sur un vaste espace géographique, mais dans un temps long. La mort de Ben Laden, il y aura cinq ans le 2 mai prochain, et l’affaiblissement d’al-Qaïda n’ont mis fin qu’à un cycle de terreur, marqué par les attentats de New York, Londres et Madrid. Depuis le terrorisme a muté, Daech n’étant que son dernier avatar. Il y en aura d’autres. Que l’État islamique soit contenu, affaibli, voire finalement démantelé ne fera pas disparaître le terrorisme pour autant.

Peut-on espérer le vaincre ? À cet égard, les réflexions d’un général français ne manquent pas d’intérêt. Chef d’état-major de l’armée de terre, Jean-Pierre Bosser a été auparavant à la tête d’un service de renseignement engagé dans l’antiterrorisme, la DPSD (direction de la protection et de la sécurité de la Défense). Dans une tribune pour Le Figaro, il constate que « le mot victoire est curieusement absent alors que le terme de guerre est désormais largement usité ». Encore faut-il s’entendre sur ce que serait une « victoire » contre le terrorisme. C’est « plus un processus dynamique cumulatif qu’un événement unique », répond l’officier. Critiquant « l’ambition irréaliste et improductive d’une destruction totale de l’adversaire », il préfère considérer que « vaincre suppose de prendre durablement l’ascendant » sur l’ennemi, « à la fois en l’affaiblissant et en nous renforçant ».

Ces analyses n’incitent pas à un optimisme échevelé. Partout, les gouvernements s’inscrivent dans une logique que les Israéliens connaissent bien, celle de contenir le terrorisme au niveau le plus bas possible. Pour décrire cette stratégie, ils utilisent l’image de la tondeuse à gazon : puisqu’il est impossible d’éradiquer les mauvaises herbes, il faut faucher régulièrement pour les empêcher de croître. Pour l’État juif, le « pré » est à Gaza, alors que pour la France et la Belgique, il se situe à Molenbeek, à Saint-Denis ou à… Raqqa, la capitale de Daech en Syrie.

Sur le sol belge et français, nos « tondeuses à gazon » ont manifestement de sérieux défauts. Depuis 2012, les deux pays subissent une vague d’attentats unique en Europe : Merah, le Musée juif de Bruxelles, Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, le Bataclan et, mardi, les attaques de Bruxelles. Sans compter l’échec de l’attaque dans le Thalys. Cela fait beaucoup. Au-delà des réponses sur le mode « toujours plus », dont on a eu hier une nouvelle illustration avec l’annonce par Bernard Cazeneuve d’un renfort de 1 600 policiers et gendarmes, on voit mal se dessiner des réponses autour d’un « toujours mieux ».

Le constat avait déjà été fait au lendemain du 13 novembre et rien de fondamental n’a changé depuis lors. Certes, les services de renseignement et de police, ainsi que les armées sur les théâtres extérieurs, portent des coups sévères aux groupes terroristes et parviennent, comme ils l’expliquent volontiers, à éviter de nombreux attentats. Mais il n’aura fallu que quatre jours pour que les terroristes répliquent, à Bruxelles même, à l’arrestation de Salah Abdelslam, effaçant dans l’opinion publique, les bénéfices politiques de cette prise.

En France, comme en Belgique, l’équation quasiment impossible à résoudre est la même : alors que les services de sécurité travaillent à flux tendus et à la limite de leurs capacités, ils doivent changer leurs organisations et leurs méthodes, tant celles-ci montrent désormais cruellement leurs limites. Bruxelles n’en est qu’un nouveau témoignage. 

 

Jean-Dominique Merchet

L’Opinion

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teneze

Bruxelles n’est pas sur la frontière et Ougadougou n’est pas au Niger mais au Burkina. Génial l’expert!!!

JeanD

« Tous ceux qui aujourd’hui nous disent que ces actes barbares dénaturent l’islam,
étaient pourtant dans la délectation quand il s’agissait de tuer du juif. »
Et l’Islam est en guerre, et pas seulement contre les « vilains » Juifs…

L’ objectif de l’Islam est toujours un Califat globale, sur l’ensemble du monde…
Et donc, tous les non-musulmans par leur existence même
empêche la réalisation de cet objectif, les mécréants, les Juifs, les Chrétiens…
et les autres !!!

Il faut dire que des millions de Chrétiens sont persécutés, et certains même tués
dans les pays musulmans Pakistan, Afghanistan, Soudan…
Il y a des crimes contre l’humanité massif…

Mais tant que les Occidentaux ne sont pas concernés, touchés…
on ferme les yeux, c’est pas grave, ce sont des « Africains » ou autres…
c’est pas grave, ils massacrent leurs propres populations, civiles !

On couvre les agissement violents et sectaire de l’Islam dans le monde…
et qu’elles sont pays qui sont les représentants des droits de l’homme à l’ONU !
Ce qui les violent le plus…l’Arabie Saoudite, l’Iran, la Libye…

Les Occidentaux font 2 poids, 2 mesures !
Selon que ce qui arrivent les concerne directement…ou pas !!!
Ils font pareil vis à vis d’Israël…

Ils sont prêt à « vendre » Israël, et son droit,
pour des intérêts financiers, en reniant les valeurs…
sur lequel nos constitutions ont été construites…
C’est autant, si ce n’est plus valable pour les États Unis…
alors qu’Ils furent pendant longtemps un exemple pour le reste des Nations !

La grande prostitué de l’Apocalypse…qui se permet de vendre, les hommes,
les femmes et les enfants…corps et âmes !!!
OUI, l’ensemble de nos systèmes sont corrompus…
on essaye de tout tirer et prendre pour soi !
Moi, moi et moi…

Nous avons perdu notre humanité…
en ne voyant plus l’humanité de nos prochains !

richard

Oui Jean, la haine des juifs a toujours était un oiseau de mauvaise augure. Aussi, ce qui m’inquiète c’est que cette haine peut-être parfois supérieur à la compassion pour la perte d’un proche, à se rappeler le témoignage d’un rescapé du 13 Novembre qui soutient la méthode terroriste des islamistes de gaza ou de ramallah.
Mais comme les cons ça ne changent pas souvent d’avis, ils iront chanter leurs haines chez les mollahs, et cela nous promet, j’ai bien peur une bonne guerre civile en Europe.