Photo d’illustration : Les demandeurs d’asile musulmans attendent leur enregistrement après leur arrivée dans un centre pour réfugiés de Giessen, en Allemagne, le 2 décembre 2015

Les Etats-Unis sont redevenus l’an dernier le premier pays de demandes d’asile dans l’OCDE, a annoncé mercredi l’organisation en critiquant la séparation des familles de migrants par l’administration Trump qui a provoqué un déluge de critiques.

Les demandes d’asile ont augmenté de 26 % aux Etats-Unis l’an dernier, à 330 000 au total, dépassant celles déposées en Allemagne qui était en tête depuis 2013, affirme dans un rapport l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Ses « Perspectives des migrations internationales » sont publiées alors que la crise migratoire en Europe déchire ses pays membres et au moment où Donald Trump assume une fermeté implacable aux frontières, provoquant un tollé sur la séparation tragique des familles de sans-papiers.

« La séparation n’est certainement pas dans le meilleur intérêt de l’enfant », a affirmé Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, lors d’une conférence de presse à Paris, siège de l’organisation. « La sécurité de l’Etat et l’humanité basique ne sont pas incompatibles », a-t-il ajouté.

Un petit garçon du Honduras emmené en détention par des agents d’une patrouille de la police des frontières américaine près de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, le 12 juin 2018 (Crédit : John Moore/Getty Images)

Ces demandeurs sont à 40 % des Salvadoriens, Vénézueliens et Guatemaltèques, donc des profils très différents de ce que connaît l’Europe (Syriens, Afghans et Irakiens notamment), souligne l’OCDE. Le président américain a cette semaine agité le spectre de la crise migratoire sur le Vieux continent pour affirmer que « les Etats-Unis ne deviendront pas un camp pour migrants ».

Dans le même temps, l’Allemagne a enregistré une chute de 73 % des demandes d’asile par rapport au record de 2016, à 198 000 au total. Viennent ensuite l’Italie (127 000 demandes), la Turquie (124 000) et la France (91 000).

Au total, la quarantaine de pays développés formant l’OCDE ont reçu 1,64 million de demandes en 2017, une « baisse sensible » par rapport à l’année précédente (1,23 million), selon l’organisation, qui précise qu’il faut ajouter à ces chiffres les 550 000 Syriens installés en Turquie sans avoir à demander l’asile.

« Nous nous éloignons du pic de la crise des réfugiés » où le défi était l’aide d’urgence, pour entrer dans une « phase complexe » où l’intégration est la priorité, affirme dans son introduction Stefano Scarpetta, directeur des affaires sociales à l’OCDE.

« Soutien de l’opinion »

Or, cela ne va pas sans « défis », note-t-il, car « la crise des réfugiés a accru les préoccupations de l’opinion publique quant aux avantages supposés des migrations », avec des inquiétudes sur « les salaires ou l’emploi ». D’autant que les flux sont intervenus alors que « de nombreux pays européens se remettaient de la crise financière » avec « des taux de chômage élevés ».

Pour la première fois, l’OCDE tente d’évaluer les conséquences sur l’emploi de ces arrivées de réfugiés, en rappelant que les études antérieures ont conclu à un effet « modeste » à long terme sur le marché du travail, qui « exclut probablement tout risque d’impact négatif ».

Mais, à court terme, la population active pourrait progresser « de 0,4% d’ici décembre 2020 ». Plus délicat: en Allemagne le nombre de chômeurs pourrait « augmenter d’environ 6% », et dans certains pays « où l’afflux de réfugiés est important » (Suède, Allemagne, Autriche) l’impact sur le marché de l’emploi sera « plus marqué » pour les catégories les plus en concurrence avec les réfugiés, notamment les hommes au faible niveau de formation.

Il faut donc « des mesures en faveur de ce groupe », et des politiques « maximisant l’accès à l’emploi » des réfugiés, gage de leur intégration, plaide l’OCDE.

Car « même si ce sous-groupe de population est relativement restreint, une nouvelle détérioration de ses résultats sur le marché de l’emploi, liée à la concurrence avec les réfugiés (…), pourrait entraîner une forte dégradation de l’opinion publique relative à l’impact moyen des réfugiés sur l’économie ».

Quoique préparé depuis des mois, le rapport vient éclairer les questionnements qui déchirent actuellement l’Europe, alors que les mouvements populistes multiplient les déclarations anti-migrants et que le refus de l’Italie d’accueillir le navire Aquarius et ses migrants a déclenché une grave crise européenne.

Signe de ce durcissement, les mesures prises l’an dernier pour « gérer les flux » de demandeurs d’asile et qu’égrène le rapport : « frein d’urgence » au Danemark permettant des refoulements, assignation à résidence possible en Finlande, raccourcissement de la protection des réfugiés en Suède, Autriche ou Hongrie…

AFP

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires