Reportage sur la nouvelle base iranienne : un message délivré aux puissances mondiales
Analyse: Quiconque a fourni à Fox News les images satellite publiées mardi soir, cherche à encourager le président américain Trump à renoncer à l’accord nucléaire et à rétablir les sanctions contre l’Iran, ainsi qu’à signaler au président russe Poutine que s’il échouait à restreindre l’expansion iranienne et à l’empêcher de s’y installer durablement, cela nuirait directement à ses actifs en Syrie.

Le reportage de Fox News sur la nouvelle base iranienne construite en Syrie n’est pas une coïncidence. C’est un geste stratégique visant, en tout premier lieu, à inciter les grandes puissances mondiales – les États-Unis et la Russie – à agir.

Cette exposition de la base presque achevée à Jabal ash Sharqi, au nord-ouest de Damas, a été faite pour des raisons tactiques : pour indiquer aux Iraniens qu’ils sont surveillés et qu’ils ne peuvent pas construire impunément des bases qui pourraient servir au stockage et au lancement de missiles sol-sol menaçant, le front militaire et civil israélien.

Nouvelle base iranienne rapportée en Syrie (Photo: Fox News)

Nouvelle base iranienne dont il est fait mention en Syrie (Photo: Fox News)

 

Jabal ash Sharqi est situé sur la route de Damas à la frontière de la Beqaa, où se trouvent la plupart des bastions du Hezbollah, ainsi que les missiles lourds de longue portée et les roquettes que l’organisation libanaise a reçus de l’Iran et de la Syrie. Il est possible que la nouvelle base soit censée servir comme une sorte d’entrepôt destiné à l’inventaire des missiles qui seront transférés au Liban en cas de guerre avec Israël [un stock de réserve, sachant que le Hezbollah peut tirer du Liban ou de Syrie directement, donc pas d’intérêt spécifique à prendre le risque d’un déplacement, sauf si expressément, ni Russes ni Syriens ne souhaitent être impliqués].

Photo: Fox News (Photo: Fox News)

Photo: Fox News (Photo: Fox News)

 

A en juger par les images des hangars, publiées par Fox News, il s’agit de missiles et de roquettes avec des charges lourdes pesant des centaines de kilogrammes, et d’une portée de plusieurs centaines de kilomètres. Nous savons déjà que les Iraniens ont des missiles en Syrie qui peuvent couvrir l’ensemble de l’Etat d’Israël.

Selon des reportages étrangers, Israël a attaqué de tels dépôts dans le passé. La nouvelle base peut également être utilisée pour améliorer les missiles à moyenne portée et les missiles produits en Syrie en missiles à guidage de précision. La taille des hangars indique une intention, non seulement, de stocker de grandes quantités d’armes, mais aussi de les entretenir et peut-être même de les améliorer.

Des sources américaines ont déclaré au New York Times la semaine dernière que l’Iran tentait de stocker les missiles et les armes guidées de précision dans des bunkers souterrains en Syrie pour minimiser les risques de destruction des armes par les bombardements de l’armée de l’air israélienne avant et pendant une guerre. L’établissement de hangars au-dessus du sol vise donc à travailler sur les missiles.

La base iranienne en Syrie qui aurait été attaquée par Israël en décembre (Photo: Digital Globe, McKenze intelligence Services, BBC)

La base iranienne en Syrie qui aurait été attaquée par Israël en décembre (Photo: Digital Globe, McKenze intelligence Services, BBC)

Les images aériennes de la base iranienne présentées dans l’article ont été prises par le satellite civil EROS. La source qui a transmis ces images fait très probablement partie des renseignements occidentaux actifs au Moyen-Orient. La publication sur Fox News en Amérique est similaire aux révélations de la BBC en novembre, à propos de la base de la milice soutenue par l’Iran, construite au sud de Damas, qui, selon des sources étrangères, a été bombardée, un peu plus tard, par l’IAF (Forces aériennes israéliennes).

Le reportage de novembre sur la base iranienne près de la ville d’Al-Kiswah a été publié par la British Broadcasting Corporation (BBC). Il est donc raisonnable de supposer que quiconque a donné à Fox News les informations sur la nouvelle base cherchait à sortir le carton rouge contre les Iraniens et la Syrie. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré publiquement à la conférence de Munich sur la sécurité, il y a deux semaines, qu’Israël ne tolérerait pas l’installation de bases iraniennes menaçant Israël, en Syrie et que Tsahal agirait pour les éliminer.

Faire la Démonstration de la menace iranienne

Mais le message le plus important du reportage de mardi soir est celui transmis aux deux grandes puissances mondiales, principalement les États-Unis (via Fox News).

Le président Donald Trump a annoncé qu’il déciderait en mai s’il se retirait de laccord nucléaire avec l’Iran. Une décision de quitter l’accord signifie que les sanctions «rigoureuses» contre l’Iran, qui ont été suspendues (mais pas annulées) lors de la signature de l’accord nucléaire en juin 2015, seront de nouveau imposées.

Si Trump décide de se retirer de l’accord nucléaire, les sanctions seront automatiquement rétablies et l’Iran fera face à une nouvelle situation économique dévastatrice, même si l’Union européenne, la Russie et la Chine refusent de coopérer avec les Américains et les Européens.

Will Trump fera-t-il du bien sur sa menace de se retirer de l'accord nucléaire? (Photo: Reuters)

Trump s’en tiendra t-il à sa menace de se retirer de l’accord nucléaire? (Photo: Reuters)

La mise en évidence de ce qu’on considère comme une nouvelle base de missiles iraniens en Syrie vise à illustrer l’ampleur des menaces iraniennes à l’opinion publique américaine, et surtout la menace posée par son programme de missiles. Contrairement aux affirmations du régime de l’ayatollah, le programme de missiles n’est pas construit à des fins défensives, mais plutôt à des fins offensives, mettant non seulement Israël en danger, mais aussi la plupart des pays du Moyen-Orient et de l’Europe.

Les représentants de l’Union européenne devraient rencontrer des représentants de la Maison Blanche à Berlin la semaine prochaine pour discuter d’un ajout à l’accord nucléaire avec l’Iran, dans le but d’empêcher les Etats-Unis de quitter l’accord tel que rédigé à origine. Cet ajout, appelé «accord de suivi», portera sur la limitation du développement et de la production de missiles balistiques iraniens et l’évaluation du délai durant lequel l’Iran aura interdiction de produire des matières fissiles utilisées pour la production de bombes atomiques.

Les Européens pensent que l’Iran aura finalement intérêt à signer un tel accord, qui ne change pas l’accord nucléaire initial mais qui est considéré comme un nouvel accord.

Les Iraniens ont déclaré qu’ils n’accepteraient pas de modifier l’accord nucléaire initial ou de limiter le programme de développement et de production de missiles balistiques de longue portée, dont certains pourraient aussi menacer l’Europe. Ils vont probablement reconsidérer leur position, cependant, s’ils croient que Trump est susceptible d’agir conformément à sa menace de se retirer et qu’en revanche, les Européens pourraient coopérer avec eux.

La Russie et la Chine, qui soutiennent l’Iran, auront du mal à minimiser les dégâts qui seront causés à l’Iran, si les Etats-Unis et l’UE s’en tiennent à leurs demandes et à leur volonté de rétablir les sanctions. C’est probablement la principale raison pour laquelle le rapport sur la nouvelle base iranienne a été publié par un réseau d’information américain. L’Arabie saoudite, Israël et même le Pentagone ont un intérêt évident à faire circuler un tel reportage, ce qui encouragera Trump à quitter l’accord et à préparer l’opinion publique américaine à un tel changement de cap.

Le message envoyé à la Russie

La publication des images satellite, mardi soir, a également été dirigée vers le Kremlin pour le mettre en garde. Les « sources de renseignement occidentales » qui ont fourni l’information sont probablement intéressées à montrer au président russe Vladimir Poutine qu’on épuise toutes les mesures diplomatiques et non-violentes avant d’attaquer la base iranienne qui menace directement Israël.

 

Poutine. Le message contient également une menace cachée pour la Russie (Photo: EPA)

Poutine. Le message contient également une menace cachée envers la Russie (Photo: EPA)

 

Après la dernière frappe attribuée à Israël, Moscou exigeait que Jérusalem honore et respecte « la souveraineté de la Syrie ». Cette demande était étrange car la Turquie n’a pas honoré ni respecté la souveraineté de la Syrie et les Iraniens ont violé la souveraineté de la Syrie dans leurs actions contre Israël, qui semblent ne plus être liées à, ni avoir cure de l’intégrité du régime de Damas.

Mais celui qui a donné l’information à Fox News est probablement intéressé à prouver aux Russes qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir avant de prendre des mesures militaires.

Le message vise également à indiquer que les «sources de renseignement occidentales» en savent beaucoup plus sur ce qui se passe en Syrie qu’elles ne le laissent penser, ce qui vise à dissuader les Iraniens et à pousser les Russes à freiner les aspirations d’expansion et de retranchement sur des bases dans ce pays, de Qassem Soleimani, le commandant de la Force Qods des Gardiens de la Révolution iranienne.

Ce message contient également une menace cachée adressé à la Russie elle-même, qui pourrait perdre ses bastions en Syrie en cas de guerre totale à cause des Iraniens dans le nord, ainsi qu’un message d’Israël au Hezbollah, aux Syriens et aux Iraniens. Israël veut que les Russes sachent que l’Etat Hébreu fait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une telle guerre, qui met en péril les intérêts du Kremlin et que Tsahal n’est pas du genre à avoir la gâchette facile [Mais n’agit que lorsqu’elle y est contrainte].

Par Ron Ben Ichaï

Première publication le: 03.01.18, 23:44

ynetnews.com

Adaptation : Marc Brzustowski : cependant, il semble que la Russie ait déjà implicitement répondu à ces menaces en affirmant que ce sont les 20 bases américaines présentes dans le nord de la Syrie, en territoire kurde qui constitueraient la principale menace pour « la paix mondiale et en Syrie », ni les bombes chimiques d’Assad ni les bases de missiles iraniennes… Il n’y a pas grand-chose, voire rien du tout à attendre d’une pondération russe des ambitions iraniennes : tant que la Russie n’aura pas le poids et les capacités de l’Amérique, elle utilisera l’Iran pour faire avancer ses propres pions, en termes de « rééquilibrage des forces »… 

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Elie de Saint Cloud

Never ever saw sutch a message…