Nouveaux sujets de préoccupation pour l’Union européenne

Nouveaux sujets de préoccupation pour l’Union européenne

45 Palestiniens ont été tués hier. Des réfugiés. Un déluge de fer et de feu s’est abattu sur leur dernier abri. Ils n’avaient pourtant rien fait, n’avaient pas cherché à manifester. Depuis que les combattants de l’Etat islamique s’étaient emparés de l’immense camp de réfugiés où ils vivaient depuis des décennies – depuis 1957 précisément – ils avaient été pris au piège d’un âpres conflit qui opposait les Jihadistes aux forces régulières du président Assad cherchant à chasser les envahisseurs et à rétablir son autorité. Ni les uns ni les autres ne s’intéressaient aux populations civiles ou ne cherchaient à cibler leurs frappes pour les éviter. Pris entre deux feux, premières victimes du blocus imposé par Damas, les Palestiniens terrorisés et affamés se terraient.

C’est en vain que pendant des mois, ils ont envoyé des appels désespérés aux pays arabes « frères » qui ont fait la sourde oreille. La communauté internationale ne s’est pas autrement émue ; ce sont les hasards de la guerre pensait-elle sans doute.  L’UNRWA avait pourtant lancé un cri d’alarme et son porte-parole avait même dit qu’une nouvelle entrée était apparue à la chronique de l’inhumanité de l’homme envers l’homme – Yarmouk. Parce qu’évidemment il s’agit du camp Yarmouk et cette triste histoire se passe en Syrie. Alors elle n’intéresse pas grand monde.

D’autant que la très grande majorité des plus de cent soixante mille réfugiés qui vivaient là avaient déjà fui les combats. On ne sait d’ailleurs pas où leur fuite les a conduits et quelle réception les attendait au bout du chemin.

Les 45 morts civils d’hier s’ajoutant aux milliers de morts et de blessés depuis le début des combats ne feront donc pas la Une de la presse mondiale, qui s’est contentée de rapporter qu’un accord avait été atteint et que l’armée syrienne avait laissé partir en autocars, climatisés peut-être, les derniers Jihadistes avec femmes et enfants. Une mansuétude probablement due au désir  de limiter les pertes pour ladite armée.

Quant aux réfugiés qui sont restés et qui ont survécu, on les laissera tenter de reprendre le cours de leur existence au milieu des ruines du camp. Et l’Union européenne direz-vous ?

Elle a d’autres et autrement plus graves préoccupations. Jafar Farah, arabe israélien qui dirige un centre de défense des droits palestiniens, a été arrêté lors d’une confrontation avec la police pendant une manifestation pour protester contre les victimes de Gaza.  Il se plaint d’une blessure au genou qui lui aurait été infligée délibérément par un policier. Remis en liberté moins de 24 heures plus tard, il est rentré chez lui le genou bandé, la blessure ne nécessitant apparemment pas l’hospitalisation. Saisie, la police des polices a ouvert une enquête pour éclaircir les conditions dans lesquelles Farah a été arrêté et l’origine de sa blessure. Le ministre de l’a sécurité intérieure, Gilad Erdan assure suivre de près le dossier.

Une assurance qui ne réassure pas l’Union européenne laquelle a éprouvé le besoin d’affirmer  qu’il était indispensable de procéder à une enquête rapide sur cette affaire.  On s’en voudrait de leur demander de quoi elle se mêle, bien qu’à priori, il s’agisse d’un incident opposant un citoyen israélien à la police israélienne. D’un autre côté, pourquoi se priver du plaisir d’épingler une nouvelle fois l’Etat juif ?

On aurait quand même voulu entendre l’opinion éclairée de l’Europe sur les images du président Abou Mazen à l’hôpital, diffusées par la télévision palestinienne. On pouvait y voir le rais lisant un quotidien palestinien dont la dernière page, bien en vue, était consacrée à une caricature montrant un soldat israélien arrachant le biberon d’un bébé palestinien et le remplaçant par un autre rempli de poison.

Par ©Michèle Mazel