Réactualisé 2 mai 2017

Une armée des Emirats Arabes Unis aguerrie en pleine expansion aux confins de l’Afrique et du Moyen-Orient

Ce petit pays, que l’ex Secrétaire américain à la Défense Mattis appelle « la Petite Sparte », est de plus en plus souvent disposée à montrer ses muscles, alors qu’il s’inquiète des soupçons d’expansion de l’Iran

 

DUBAI, Emirats Arabes Unis (AP) — Les Emirats Arabes Unis sont plus connus pour leurs gratte-ciel et leur luxe chatoyant, mais leur petite taille trompe son monde en masquant une expansion tranquille de son armée aguerrie, en Afrique et ailleurs au Moyen-Orient.

Cette petite fédération de sept Etats est appréciée comme l’un des alliés arabes les plus importants, dans le combat contre le groupe Etat Islamique, en hébergeant quelques 5.000 membres du personnel militaire américain, des avions de combat et des drones. Mais la pratique fréquente de coups de feu faisant écho à travers les déserts proches des bases, à l’extérieur de Dubaï et les récentes manifestations militaires dans la capitale d’Abu Dhabi font la démonstration d’un pays qui souhaite de plus en plus souvent faire fonctionner ses  propres muscles et sait répondre aux menaces d’expansion iranienne dans la région.

Déjà, les EAU ont lancé des forces expéditionnaires en Afghanistan et au Yémen. Leurs nouvelles bases installées à l’étranger sur le continent africain, démontrent que ce pays, que l’ex Secrétaire américain à la Défense James Mattis appelait « La Petite Sparte », a même des ambitions encore plus vastes.

Du protectorat au protecteur

Les EAU, une fédération de sept Emirats, n’est devenu un pays en tant que tel qu’en 1971. C’était alors, durant des décennies, un ancien protectorat britannique et plusieurs de ces émirats disposaient de leurs propres forces de sécurité. Ces forces ont fusionné en une force armée nationale qui a pris part à la Guerre du Golfe de 1991, menée par les Etats-Unis d’Amérique, qui a chassé les forces irakiennes occupant son voisin le Koweit.

In this Nov. 7, 2015 file photo, made available by the Emirates News Agency, WAM, a convoy of UAE military vehicles and personnel travels from Al Hamra Military Base to Zayed Military City, marking the return of the first batch of UAE Armed Forces military personnel from Yemen, in Abu Dhabi, United Arab Emirates. (Ryan Carter-Crown Prince Court - Abu Dhabi/WAM via AP)

Dans cette photo du 7 Nov. 2015 mise à disposition par l’Agence d’Actualité Emiratie, WAM,un convoi de véhicules de l’armée des EAU circulent entre la base militaire d’Al Hamra vers la ville militaire de Zayed,marquant ainsi le premier retour de troupes émiraties se battant au Yémen à Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis. (Ryan Carter-Crown Prince Court – Abu Dhabi/WAM via AP)

Les EAU ont envoyé des troupes au Kosovo, dans le cadre de la mission de maintien de la Paix dirigée par l’OTAN qui a débuté en 1999, ce qui a donné à ses forces l’occasion de construire une expérience de grande valeur, en travaillant main dans la main avec ses alliés occidentaux sur le terrain. A la suite des attentats du 11 Septembre 2001, ils ont déployé des troupes des forces spéciales en Afghanistan pour appuyer la guerre conduite par les Etats-Unis contre les Talibans. Le personnel militaire émirati y a conjugué l’aide et l’hospitalité arabe, en travaillant sur des projets d’infrastructure dans les villages et en rencontrant les anciens locaux.

Aujourd’hui, les EAU abritent des forces occidentales sur ses bases militaires, en particulier des troupes américaines et françaises. Le port de Jebel Ali à Dubaï sert de plus grand port d’appel pour la Marin,e américaine naviguant hors des Etats-Unis.

Les rangs s’étoffent

Les EAU ont décidé, au cours de ces dernières années d’augmenter ses forces armées, en partie à cause des inquiétudes quant à la résurgence de l’Iran dans la région, à la suite de l’accord nucléaire avec les puissances mondiales et de l’implication de la République Islamique dans les guerres de Syrie et du Yémen.

En 2011, les EAU ont reconnu travailler avec des contractants militaires privés, dont une société réputée pour travailler avec le fondateur de Blackwater, Erik Prince, afin de renforcer leur armée. L’Associated Press mentionne aussi que Prince est impliqué dans un programme de plusieurs millions de $ afin d’entraîner les troupes à combattre les pirates en Somalie, un programme bâti par plusieurs pays arabes, dont les EAU.

 In this Feb. 22, 2015, file photo, United Arab Emirates armed forces demonstrate during a military show at the opening ceremony of the International Defence Exhibition and Conference, IDEX, in Abu Dhabi, United Arab Emirates. (AP Photo/Kamran Jebreili)

Sur cette photo du 22 février 2015, les forces armées des EAU font une démonstration au cours d’une exposition de matériel militaire à la cérémonie d’ouverture de l’Exposition et le Conférence Internationale de Défense, l’IDEX, à Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis. (AP Photo/Kamran Jebreili)

« Comme on pourrait s’y attendre, de la part, d’un membre proactif de la communauté internationale, tous les engagements des entités commerciales signés par les forces armées des EAU se conforment aux lois internationales et aux conventions qui y sont attachées », affirme dans un communiqué de l’Agence de Presse WAM, le Général Juma Ali Khalaf al-Hamiri, un responsable important dans l’armée des EAU.

Les médias colombiens ont aussi fait des reportages sur des citoyens colombiens travaillant comme mercenaires dans l’armée des EAU.

En 2014, les EAU ont introduits un service militaire obligatoire pour tous les hommes des Emirats ayant entre 18 et 30 ans. L’entraînement n’est qu’optionnel pour les femmes émiraties.

Femmes guerrières des forces armées émiraties

« Notre message au monde est un messager de paix ; plus forts nous sommes, plus fort sera notre message », avait écrit, à l’époque, sur Twitter, le dirigeant de Dubaï est Premier Ministre des EAU, le Cheikh Mohammed bin Rashid Al Maktoum.

La Guerre au Yémen

Au Yémen, les troupes émiraties combattent aux côtés des forces dirigées par l’Arabie Saoudite contre les rebelles chiites qui tiennent la capitale de ce pays arabe paupérisé, Sanaa. Les zones où sont déployées les forces émiraties concernent Mukalla, la capitale provinciale d’Hadramawt, et le port de la ville d’Aden, où est stationné le gouvernement internationalement reconnu du Président Abed Rabbo Mansour Hadi.

En supplément, les Emirats apparaissent avoir construit une piste d’atterrissage à Perim ou sur l’île Mayun, une île volcanique en territoire yéménite qui se situe sur une voie maritime entre l’Erythrée et Djibouti, sur le Détroit stratégique du Bab al-Mandeb, selon l’hebdomadaire de la Défense, l’IHS Jane’s. Ce détroit, d’une largeur de 16 kms à son point ouest le plus étroit, relie la Mer Rouge et le Canal de Suez au Golfe d’Aden et, finalement, l’Océan Indien. Des dizaines de bateaux commerciaux transitent par cette route chaque jour.

Déjà, on a assisté dans ces eaux à des tirs suspects provenant des Chiites rebelles du Yémen, les Houtis contre des navires émiratis et saoudiens. En octobre, des navires de la Marine américaine ont, dfe la même façon, été la cible de tirs, déclenchant des tirs de missiles de la part des forces américaines, contre des zones du Yémen, dans leur première attaque contre des cibles des Houtis, dans cette guerre qui dure depuis plusieurs années.

« D’autres incidents maritimes, en particulier, s’ils impliquaient la navigation civile, pourraient internationaliser encore plus ce conflit et entraîner de nouveaux acteurs dans l’intervention », prévenait alors le Washington Institute (WINEP), en mars dernier.

Les forces des EAU et des organisations d’aide ont aussi mis pied à terre sur l’île yéménite de Socotra, qui se situe près de l’embouchure du Golfe d’Aden, après qu’un cyclone meurtrier ne l’ait frappé. Elle représente aussi un point de contact crucial, témoin de récentes attaques de pirates somaliens.

Les Emirats ont subi, au Yémen, leurs pertes humaines les plus importantes de toute leur histoire. Le jour le plus meurtrier est survenu, lors d’une frappe de missile en Septembre 2015, contre une base de l’armée émiratie, où 50 soldats des Emirats, ainsi qu’au moins 10 soldats saoudiens et cinq soldats du Bahrein sont morts.

A Yemeni fighter loyal to the Saudi-backed Yemeni president carries a bottle of water during a patrol of a hill-top position northwest of the central city of Taiz, on April 20, 2017. ( AFP PHOTO / SALEH AL-OBEIDI)

Un combattant yéménite fidèle au Président soutenu par l’Arabie Saoudite, porte une bouteille d’eau au cours d’une patrouillesur une position en haut d’une colline au nord-ouest de la ville centrale de Taiz, le 20 avril 2017. ( AFP PHOTO / SALEH AL-OBEIDI

Pendant ce temps, les forces émiraties ont été impliquées dans le raid du 29 janvier, ordonné par le Président américain Donald Trump, où un NavySEAL américain a trouvé la mort et 30 autres personnes, dont des femmes, des enfants et, un groupe estimé à 14 djihadistes, ont été tués.

L’expansion vers l’Afrique

Hors du Yémen, les Emirats ont bâti une présence militaire en Erythrée, dans son port d’Assab, selon Stratfor, une société privée de collecte de Renseignements basée aux Etats-Unis. Des images satellites montre ces nouvelles constructions sur un ancien aérodrome abandonné que cette société privée relie à l’action des Emiratis, ainsi que le développement d’un port et le déploiement de tanks, d’avions de combat, d’hélicoptères et de drones.

 
 
Chinook helicopters, DH-6 Twin Otter aircraft, Bombardier Dash 8, Bell-407, UH-60 Blackhawk, C-130 Hercules

« L’échelle de cette entreprise suggère nettement que l’armée émiratie est en Erythrée pour bien plus longtemps qu’une mission logistique de court terme et appuyer des opérations à travers toute la Mer Rouge », soulignait Stratfor en décembre 2016.

Les responsables des Emirats n’ont pas répondu à des requêtes répétées les invitant à commenter leurs opérations militaires ou leurs mouvements d’expansion vers l’étranger, en particulier l’Afrique.

Au sud de l’Erythrée, le Somaliland, territoire séparatiste à l’égard du nord de la Somalie, les autorités ont donné leur accord en février autorisant les Emirats à ouvrir une base navale dans la ville portuaire de Berbera. Auparavant, l’opérateur DP World des ports internationaux émiratis, a scellé un accord afin de gérer le plus grand port proche du Somaliland.

Dans d’autres contributions du même genre, on soupçonne aussi les EAU de mener des frappes aériennes en Libye contre les rebelles islamistes et de gérer une petite base aérienne à l’Est de ce pays d’Afrique du Nord, près de la frontière égyptienne.

Parallèlement, la Somalie demeure un point chaud particulier pour les Emirats. Les Emiratis ont envoyé des forces dans ce pays la Corne de l’Afrique pour prendre part à une mission de maintien de la Paix dans le cadre de l’ONU, dans les années 1990 , alors que leur unité anti-terroriste s’est portée à la rescousse d’un bateau battant pavillon émirati et pris en otage par des pirates somaliens. Cette unité a aussi été prise pour cible dans des attaques récentes lancées par des djihadistes d’Al Sabaab, appartenant à Al Qaïda.

Une expansion militaire des Emirats Arabes Unis en Somalie est également possible, alors que Trump a récemment approuvé des actions militaires redoublées, dont des frappes aériennes plus agressives contre Al Shabaab, dans ce pays africain. Les Emirats ont récemment lancé une campagne majeure en quête de dons destinés à l’aide humanitaire pour cette région…

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 29 Avril 2017, 10:15 am, http://apne.ws/2galNpz .

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Les rédacteurs d’Associated Press : Adam Schreck à Dubai et Maggie Michael au Caire ont contribué à ce reportage.

Copyright 2017 The Associated Press

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Moshé

Merci pour cet excellent article. Du vrai journalisme.

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