MBS est-il le vecteur d’un rapporchement Arabie Saoudite-Israël imminent?

“Beaucoup d’Israéliens perçoivent favorablement l’assertivité de Mohammed Bin Salman et comme quelque chose de positif -pour Israël- Mais je pense que sa conduite est téméraire »

 

Des reportages circulent disant que le Roi d’Arabie Saoudite Salman bin Abdelaziz aurait pour projet d’abdiquer dès cette semaine et de couronner son fils Mohamed Bin Salman (MBS). Ils ont provoqué l’incrédulité ou l’étonnement et on s’interroge pour savoir comment le jeune Prince a ainsi réussi à monter au pouvoir aussi rapidement.

Qui est donc  le jeune héritier du trône saoudien?

A 32 ans – MBS – surnommé M. Everything (l’Homme qui peut Tout ») –  est connu comme un réformiste et il détient une très longue liste de titres comprenant celui de Prince Héritier, Ministre de la Défense, Premier Ministre-adjoint, Président du Conseil des Affaires politiques et de la Sécurité et Président du Conseil des Affaires économiques et du Développement,ainsi que de la toute nouvelle Commission contre la Corruption, mise en place depuis la dernière vague de 208 arrestations de sommités qui couchent sur des matelas. Beaucoup perçoivent cette opération comme un moyen de consolider son pouvoir, en vue de sa montée prochaine sur le trône.

De ce point de vue, MBS a tranquillement orchestré les nominations d’une série de jeunes princes à des postes de pouvoir. Ils sont tous soit les petits-fils ou arrière petits-fils du fondateur du Royaume, Ibn Saoud.

En 2008, bin Salman a épousé la Princesse Sarah bint Mashhoor bin Abdulaziz Al Saud et ensemble, ils ont trois enfants.

Après avoir obtenu un Master en droit à l’Université du Roi Saoud, MBS a passé plusieurs années dans le secteur privé avant de devenir l’aide personnel de son père en 2009. =

En 2015, le Roi Salman a nommé son neveu, Muhammad bin Nayef, en tant que Prince héritier (futur Roi) ; cependant, à peine deux ans plus tard Salman l’a chassé de cette position au profit de MBS.

Refaçonner de fond en comble l’Arabie Saoudite

Bin Salman a fait clairement savoir qu’il est déterminé à réinventer l’image de l’Arabie Saoudite en promettant d’introduire une forme plus « modérée » d’Islam et en transformant les aspects rigoristes du royaume pour en faire une société ouverte avec des libertés civiles plus larges pour ses citoyens et s’attirant ainsi plus d’investissements.

Selon Ben Caspit, d’Al-Monitor, lui-même et le jeune Prince Mohammed Bin Zayed des Emirats Arabes Unis, sont en train de transformer radicalement les relations avec Israël, avec une exigence de résultats qui semble à court et moyen terme. Par l’entremise d’un journaliste druze israélien, Majdi Halabi et du site en ligne Elaph, appartenant à Othman al-Omeir, très proche de la couronne, ce sont eux qui ont sollicité, il y a plusieurs mois, l’Etat-Major israélien, en la personne du Brigadier-Général Ronen Manelis,afin d’obtenir un entretien direct avec Gadi Eisenkott. Quelques tremps plus tard, celui-ci a fini par accepter de répondre.

En avril 2016, MBS a introduit  Vision 2030, une initiative destinée à réformer le royaume, à privatiser l’économie et à la rendre moins dépendante du pétrole. Riyad travaille aussi à un plan de 500 milliards visant à créer une énorme zone économique se consacrant aux affaires industrielles et commerciales et s’étendant à la Jordanie et à l’Egypte.

La lutte pour le contrôle du Yémen et du Liban

L’Arabie Saoudite est actuellement engagée dans une confrontation majeure avec l’Iran et les tensions continuent à s’élever à travers des guerres par procuration, correspondant à des batailles diplomatiques pour l’influence politique dans la région, en particulier en Syrie, au Yémen, en Irak et, plus récemment, autour de la démission soudaine du Premier Ministre Saad Hariri, qui, de retour au Liban ce jour du mercredi 22 novembre, a, tout aussi « brusquement » suspendu cette démission.

Parmi les principaux changements initiés par MBS dans le royaume, c’est une politique étrangère plus agressive envers Téhéran qu’on relève, qui,dit-on, aurait même eu pour objectif d’embrigader rapidement l’aide d’Israël pour vaincre le Hezbollah. Le groupe terroriste chiite libanais, qui est au centre de l’actuelle crise libanaise, demeure embourbé dans le conflit syrien, en soutien au Président Bachar El Assad et ses combattants sont dispatchés entre le Yémen, l’Irak (et bien sûr la Syrie).

 

Yoël Guzanski

Le Dr Yoël Guzanski, de l’Institut des Etudes en Sécurité Nationale refroidit sérieusement les ardeurs, quant à l’idée d’une amitié israélo-saoudienne bourgeonnante. « Il y a en cela beaucoup d’exagérations », a t-il certifié au Media Line.

« Beaucoup d’Israéliens perçoivent favorablement l’assertivité de MBS, comme une chose positive. Mais je pense que sa conduite est téméraire et qu’elle porte déjà préjudice aux intérêts américains (à travers la crise ud Qatar?) et éventuellement les intérêts israéliens dans la région.

« Les intérêts israéliens et saoudiens ne se chevauchent pas entièrement, concernant l’Iran et le Liban », poursuit-il, « Tout comme les deux pays ont des points de vue très différents concernant la méthode qui convient pour traiter ces menaces ».

MBS dirige en ce moment l’Opération Tempête Décisive, à la tête d’une coalition sunnite controversée contre les milices chiites Houties appuyées par l’Iran, qui ont renversé le gouvernement internationalement reconnu, en 2015. La dévastation du pays a mi plus de 80% de la population dans le besoin d’une aide humanitaire et MBS est sous le feu roulant des critiques pour sa mauvaise gestion du conflit.

Le Dr. Andreas Krieg, professeur-assistant au King College de Londres et analyste du Moyen-Orient, a fustigé MBS comme étant un « Autocrate autoritaire qui semble mépriser toute forme de gouvernance un tant soit peu consensuelle, même au sein de sa propre famille royale ». Krieg critique aussi les politiques lancées par le Prince couronné. « MBS a, jusqu’à présent échoué sur tous les fronts en politique étrangère et sécuritaire. Essentiellement parce qu’il manque d’une stratégie construite. C’est unre tête brûlée, un paranoïaque et il manque principalement de patience stratégique », a t-il écrit en guise de réponse au Media Line.

MBS est aussi critiqué pour son rôle de pressurisateur dans la démission d’Hariri et il semble actuellement rétropédaler dans ses façons de défier l’Iran afin d’éviter un conflit régional majeur d’éclater dans la minute…

Par IAN MAY/THE MEDIA LINE

 

22 novembre 2017 09:47
Adaptation : Marc Brzustowski

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DANY83270

Peut-être que Le très éminent Dr Yoël Guzanski se trompe dans son analyse qui est une construction purement théorique tandis que de son côté le futur Roi d’Arabie (MBS) agit d’une façon très concrète en écartant des allées du pouvoir tous les princes du royaume susceptibles d’entraver sa politique de rapprochement avec Israël dont nous voyons les prémisses avec la visite bien réelle d’une délégation Saoudienne à la Grande synagogue de la Victoire à Paris.
Certes, l’Arabie Saoudite est animée par la défense de ses intérêts stratégiques face aux visées hégémoniques de l’Iran; mais comme Israël partage les mêmes inquiétudes alors pourquoi ne pas croire à un rapprochement qui repose sur une réelle menace qui pèse à la fois sur les 2 pays ?

stevenl

Escaping the 7th century!!!

Tamara

Qui donnera le plus à l autre? ???!!!!!! La comparaison avec Sadate dit tout. Israel devra il encore céder des territoires?!!!!!!!!!!!