La présence de Juifs à Marseille est attestée dès le 6éme siècle par Grégoire de Tours, mais il est probable qu’elle remonte à l’Empire romain.

Dès 1808, Marseille est « un microcosme du monde juif » dans lequel apparaît un cosmopolitisme évident. Un Juif sur cinq est étranger (12 % d’étrangers à Marseille); et selon une enquête de 1808, on compte dans la ville des Juifs provençaux, des Juifs du Pape, du bassin méditerranéen, et même de Nancy ou d’Amsterdam.

Dans la seconde moitié du xixe siècle, l’immigration juive vient surtout du Midi de la France, de l’Alsace-Lorraine (un migrant sur cinq après la Guerre de 1870) et du bassin méditerranéen. Parmi ces derniers, les Italiens sont les plus nombreux (ce qui n’a rien d’étonnant au regard de l’explosion de l’immigration transalpine à Marseille au même moment) ; suivis des Algériens (qui sont de nationalité française à partir du Décret Crémieux en 1870) ; et des « Levantins » (turques, palestiniens et syriens). Les étrangers forme à la fin du siècle la majorité de la population juive marseillaise et contribuent largement à sa croissance.

C’est grâce au premier Grand Rabbin appelé à exercer ses fonctions à Marseille, Mardochée Roquemartine, que fut acquis un immeuble sis au 70 de la rue Grignan.

En 1855, les locaux étant devenus trop exigus, la population juive ayant plus que doublé en l’espace de quarante ans, et l’immeuble menaçant de s’écrouler d’autre part, et après expertise, il fut décidé de fermer ce lieu qui fut remplacé par la location d’un immeuble situé à la fin du Cours Bonaparte (Cours Pierre-Puget).

Pendant ce temps d’immenses travaux furent entrepris afin de consolider l’immeuble de la rue Grignan. Par la suite, le Conseil Municipal vota une subvention de 35,000 Frs  destinée à la construction d’une synagogue ainsi qu’un projet d’aliénation de la rue Grignan. La vente rapporta 130,000 Francs.

La première pierre fut posée au 117 rue Breteuil le 15 juillet 1863. L’architecte désigné fut Salomon Nathan, qui veilla à la construction de la synagogue qui fut inaugurée le 22 septembre 1864.

La synagogue Breteuil est inaugurée en 1864

Le style byzantin et mauresque du bâtiment émerveilla les nombreuses personnalités civiles et militaires, consuls étrangers, les dames du consistoire et les œuvres de bienfaisance. Messieurs Adolphe Carcassonne, Membre du Consistoire, Valensi et Morpugo, Administrateurs du Temple, faisaient les honneurs.

Parmi les personnalités présentes,  l’assistance remarqua la présence de Mrs Allegri du Consistoire Central représentant la ville de Paris, Bery représentant la ville de Marseille, Mossé Grand Rabbin d’Avignon, Weill de Grand Rabbin de Nîmes, Nitter de Nice, entourant le Grand Rabbin de Marseille, et Mr Cahen présidait la cérémonie.

Après l’introduction des sifré Torah, un cortège de jeunes-filles vêtues de blanc et couronnées de fleurs entrèrent précédant les rabbins, les membres du Consistoire et les administrateurs de la synagogue. Une symphonie d’orgues fut interprétée et un chœur entonna : « Pithou li shaâré tsedek ».  La musique, composée par M° Castellan de Marseille.

Le ministre-officiant (hazan) récita « Baroukh hamakom » puis, le doyen de la communauté, Monsieur Abram, centenaire, ouvrit l’Arche Sainte et le chœur chanta le mizmor le David pendant qu’une petite troupe présenta les armes. Le ministre-officiant entonna le psaume d’inauguration MizmorHaBayit leDavid et le Grand Rabbin Cahen prononça un discours suivi d’un chant chorale.

Après l’allocution de Mr Valabrègues, le Grand Rabbin prononça une bénédiction pour l’Empereur. Puis, on fit passer des corbeilles parmi le public afin de procéder à une quête au profit des pauvres pendant que l’organiste déployait ses talents et, la cérémonie prit fin avec la bénédiction pour l’assemblée faite par le Grand Rabbin.

Un journaliste de l’époque publia à cette occasion : «…Les honneurs officiels rendus par tous les représentants du pouvoir à la foi hébraïque qui, naguère soulevait contre elle tant d’aversion et de mépris au sein du christianisme, et les armes que nos soldats présentent aux symboles d’un culte que nos pères soumirent à une humiliation si cruelle, que faut-il en penser ? Que faut-il en dire ? Les paroles de patriotisme, de concorde, de tolérance universelle et de fraternité humaine sont belles, vraies et justes, mais nouvelles…. ».

A Marseille, fonctionnaient à la même époque, une société de bienfaisance des Dames Israélites qui s’occupaient des jeunes-filles et des enfants, une Mutualité « les Enfants de Jacob », une société d’apprentissage des arts et métiers qui plaçait les jeunes gens et les surveillait pendant leur apprentissage, un orphelinat implanté à Salon, un Talmud Torah, une école juive subventionnée par la ville et un hôpital juif.

Le premier cimetière se trouvait Traverse des Juifs et avait été acheté le 15 octobre 1783 par Mr Salomon Da Silva et Mr Mardochée C. Darmon pour la somme de 2,400 livres, achat enregistré par M° Courbet. Ce cimetière fut géré par le Comité Israélite de Bienfaisance.

Ce lieu s’étant avéré trop petit,  et n’ayant, par la suite plus servi pendant trente ans, les plans et les actes ont été égarés. Ce terrain fut racheté en 1855 par la Sté des Forges et des Chantiers de la Méditerranée. Un deuxième cimetière de 1,585 m2 fut acheté le 15 Frimaire de l’An 13 (1806). Les acquéreurs en étaient Isaac Abraham Costa et Isaac Tama qui conclurent l’affaire pour 4,800 Francs. Le cimetière « St Pierre »  fut cédé à la communauté par la municipalité.

Le judaïsme du midi de la France a donné un des personnages fondateurs du judaïsme français actuel, Adolphe Crémieux, né à Nîmes en 1796, avocat qui obtient l’abolition du serment more judaico, un des créateurs de l’Alliance israélite universelle et ministre auteur du décret donnant la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie.

Les petites communautés d’Avignon et du Comtat se dépeuplent à la suite du mouvement général des Juifs de France vers les métropoles : il n’y a plus que 149 Juifs à Avignon en 1892. Tout au long du 19ème siècle, les Juifs marseillais contribuèrent activement au développement industriel et financier de la cité dont la croissance s’accrut grâce à l’ouverture du canal de Suez en 1869.

En 1929, un jeune rabbin, très érudit se vit confier le poste de Grand Rabbin de Marseille : il s’agissait  d’Israël  Salzer qui avait déjà exercé son office de rabbin à Dijon, un an auparavant.

A cette époque deux boucheries fonctionnaient l’une était située rue d’Aubagne et l’autre rue de la République. Un restaurant casher très connu et apprécié proposait ses spécialités rue Francis de Pressensé il était tenu par Mme Feuerlicht ; le second était place de l’Opéra.  Pour les matsot, il existait un four dans un immeuble situé au 160 Cours Lieutaud,  puis, par la suite il fut déplacé au sous-sol de la synagogue de la rue Breteuil. Des commandes parvenaient de plusieurs communautés dont des communautés marocaines.

Il n’existait pas de quartier juif à proprement parlé cependant, au XXème siècle après l’affaire Drumont, les Juifs qui avaient fui Oran ou Tlemcen s’installèrent plus volontiers dans le quartier de l’Opéra. Se dirigèrent vers Marseille aussi des familles fuyant la Russie ou la Pologne qui préférèrent se regrouper dans le quartier de la Joliette.

Avant la Seconde Guerre mondiale, la Société Marseillaise de secours aux réfugiés accueillit beaucoup de familles en provenance d’Allemagne,  d’Autriche, de Roumanie et de Bulgarie par exemple venant s’ajouter aux familles juives en provenance de Turquie puis par la suite aussi de Grèce.  Ces personnes déplacées étaient hébergées et nourries rue des Convalescents. Une fois de plus on déplora l’étroitesse des locaux il fallut donc louer des chambres d’hôtels. ( A suivre)

Adaptation par JG

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