Des fichiers sensibles ont été trouvés sur la clé USB d’une jeune femme, actuellement entendue dans l’enquête sur l’attentat djihadiste de Magnanville.

L’information est connue des autorités depuis un an mais était traitée avec la plus stricte confidentialité. En avril 2017, une jeune femme, Mina B., fichée S, est entendue dans le cadre d’une enquête judiciaire portant sur ses liens avec la mouvance radicale. Lors de son audition, Mina s’épanche. La police va alors découvrir des informations si sensibles qu’elles feront l’objet d’une seconde enquête préliminaire…

Interrogée par les policiers, la jeune femme, placée depuis en détention provisoire, reconnaît en effet avoir aidé financièrement et hébergé en septembre 2016 Sana O., une connaissance. Cette dernière, très radicalisée, est privée de son passeport après avoir tenté à deux reprises de rejoindre la Syrie. Selon nos informations, Mina B. aurait participé aux projets de son amie en l’accompagnant au moins une fois à la gare.

Des contacts avec des djihadistes

Les policiers vont perquisitionner son domicile et y découvrir un téléphone portable, dont Mina B. se servait pour effectuer des recherches sur un terroriste belge de la cellule de Verviers, aujourd’hui démantelée. Cette cellule, qui projetait des attentats contre des policiers et des commissariats, avait été visée par un coup de filet antiterroriste le 15 janvier 2015, une semaine après l’attentat contre Charlie Hebdo.

Deux djihadistes avaient été tués lors de l’opération, un troisième blessé. Un quatrième homme, considéré comme le cerveau de la cellule, avait pris la fuite et quitté le pays. Son nom est devenu tristement célèbre : il s’agit d’Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et mort dans l’assaut de Saint-Denis cinq jours plus tard.

Clé USB

Les enquêteurs vont poursuivre leurs recherches et trouver sur l’ordinateur de Mina B. un certain nombre de photographies et de discussions sous pseudonyme, montrant que la jeune femme est en contact avec plusieurs djihadistes sur zone. Surtout, ils vont mettre la main sur une clé USB remplie de documents et fichiers de police sensibles, comprenant notamment une liste… de 2 626 agents du renseignement.

Cette liste, qui avait été effacée de la clé USB, mais que les enquêteurs ont réussi à restaurer, date de 2008. Elle contient les noms, matricules et affectations de l’ensemble des agents du corps des gradés et gardiens nommés lors de la Commission administrative paritaire nationale (CAPN) du 19 juin 2008. Il s’agit des personnels issus de la DCRG (Direction centrale des renseignements généraux) et de la DST (Direction de la surveillance du territoire), deux services partiellement fusionnés pour créer la DCRI. Ces données, pourtant sensibles, ont été transmises à l’ensemble des agents des administrations concernées, ainsi qu’à toutes les personnes présentes lors de la CAPN, syndicats compris.

Rebondissement

La découverte de ce document va conduire le parquet de Paris à ouvrir une seconde enquête préliminaire, et à mettre Mina B. en examen en octobre 2017. Avec cette principale question, terrifiante à l’heure où des policiers sont pris pour cible : comment Mina B. s’est-elle procuré ces fichiers ? La réponse pourrait bien être connue dans les prochaines heures.

Car ce lundi 9 avril 2018 s’est produit un incroyable rebondissement. La jeune femme a été extraite de sa cellule de Fresnes pour être interrogée par la sous-direction antiterroriste (Sdat) sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de l’enquête ouverte sur l’attentat de Magnanville. En juin 2016, un policier Jean-Baptiste Salvaing et sa compagne Jessica Schneider ont été assassinés dans leur propre maison par Larossi Aballa. Toutefois, selon nos informations, ces deux noms n’apparaissent pas dans la liste.

Une policière des Yvelines entendue

Cinq autres personnes sont actuellement entendues par la Sdat, dont une policière, ancienne déléguée départementale du syndicat Alliance dans les Yvelines. Selon L’Express, Mina était une amie de la fille de la policière et aurait été hébergée à leur domicile, courant 2016. Le magazine ajoute : « Mina fait partie des suspects entendus par les policiers de la Sdat, au même titre que son frère, décrit comme un proche de Larossi Aballa. »

La jeune femme a-t-elle profité de son incursion dans l’entourage de la policière pour obtenir cette liste confidentielle d’agents du renseignement ? Contacté, le parquet n’a pas souhaité commenté. Selon plusieurs sources au sein des services de renseignements, c’est la policière qui aurait transmis la clé USB à sa fille, après en avoir effacé les données. Un scénario qui reste à vérifier.

En 2016, la fonctionnaire de police avait déjà fait l’objet d’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour avoir hébergé Mina, fichée S. Mais les investigations, précise L’Express, avaient conclu à l’absence d’infractions.

Quant à l’avocat de Mina B., il s’indigne de ces « énormes fuites qui ne sont pas du fait de la défense et qui comportent un certain nombre d’erreurs ». Il ajoute : « Ma cliente nie avec véhémence avoir été en contact avec Larossi Abballa ».

Par Marc Leplongeon et Stéphane Sellami et Zemouri

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