Crise au Venezuela: pourquoi il y a comme un malaise chez les Insoumis

Des députés de la France insoumise, dont Eric Coquerel et Jean-Luc Mélenchon, le 5 juillet 2017 à l'Assemblée nationale à Paris

Des députés de la France insoumise, dont Eric Coquerel et Jean-Luc Mélenchon, le 5 juillet 2017 à l’Assemblée nationale à Paris

afp.com/Martin BUREAU

Alors que la situation vénézuelienne empire de manière accélérée, les lieutenants de Jean-Luc Mélenchon s’obstinent à trouver des circonstances atténuantes à Nicolas Maduro.

Plus le temps passe, plus Jean-Luc Mélenchon est hanté par son tropisme bolivarien. Ou, à tout le moins, le leader de la France insoumise en a-t-il assez de voir ses lieutenants systématiquement sommés de renier le président vénézuélien, Nicolas Maduro, dont le pays sombre peu à peu dans une crise politique sans issue apparente.

Pourtant, avant de partir en vacances, le député des Bouches-du-Rhône s’en est remis, via son blog, à ses « amis » pour nuancer la version « officielle » des événements qui minent aujourd’hui Caracas. Le chef, lui, a décidé de prendre du champ après plus d’un an de campagne présidentielle suivie d’âpres joutes parlementaires. Le « bashing » dont son parti ferait l’objet, très peu pour lui.

Un air de déjà vu après l’Alliance bolivarienne

Le problème, c’est que les porte-flingue de Jean-Luc Mélenchon peinent à convaincre. A minima, leur obstination à nuancer le chaos vénézuélien pollue et brouille -à nouveau- le discours de la France insoumise, récemment revigoré par la session extraordinaire de l’Assemblée nationale.

Députée de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain en a fait les frais sur FranceInfo. Invitée de la matinale du 10 août, l’élue francilienne a tenté d’expliquer que « le scénario qu’on nous propose est celui qui consiste à dire, ‘il y a un méchant dictateur’ (…) et en face on aurait des gentils opposants épris de liberté et qui veulent juste que le pays aille mieux ».

Et la membre du mouvement Ensemble! de préciser que ce scénario ne correspond « pas tout à fait à la situation ». Même si elle assure bien voir « les dérives » et « la fuite en avant » du successeur d’Hugo Chavez, elle entend mettre en lumière les circonstances économiques -notamment la chute de la valeur du baril de pétrole- qui ont généré l’actuel bourbier.

Quoi qu’il en soit, ce malaise rappelle celui du printemps, lorsque la même Clémentine Autain a tentait de justifier l’un des points du programme de son patron sur l’Alliance bolivarienne.

Les anti-Maduro, une opposition « d’extrême droite »

Adrien Quatennens, étoile montante de cette nouvelle gauche radicale qui s’implante au palais Bourbon grâce à des interventions ciselées, a produit le même son de cloche que sa collègue une semaine auparavant sur RTL. Le jeune député du Nord a tenu à prévenir que les médias, sans les nommer, étaient en train « de faire croire que c’est Maduro qui est responsable de la crise (…) et bientôt vous verrez [Donald] Trump intronisé comme sauveur, y compris économique, de ce pays ».

Dans un cas comme dans l’autre, distinction est faite entre deux camps politiques. L’opposition à Nicolas Maduro est décrite par les ténors de la France insoumise comme allant « de la droite à l’extrême droite » et ayant pour objectif de mettre à bas le système redistributif mis en place par feu Hugo Chavez, dont Jean-Luc Mélenchon avait pleuré la disparition en 2013.

Sur RTL, Adrien Quatennens pointe notamment du doigt le soutien accordé par les Etats-Unis à cette opposition politique, tel une réminiscence des coups fomentés par la CIA en Amérique latine dans les années 70 et 80.

La main invisible de l’impérialisme américain

Dans les colonnes de Libération, le député de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel recourt à la même mise en garde. « Dans un contexte où les Etats-Unis sont à la manoeuvre pour déstabiliser ce pays et où la droite libérale est à l’offensive, on n’a pas envie d’exprimer de réserve sur Maduro », explique le coordinateur du Parti de Gauche, fondé par Jean-Luc Mélenchon en 2008.

Une rhétorique consolidée par une récente déclaration du directeur de la CIA, Mike Pompeo, prononcée le 20 juillet lors d’un forum sur la sécurité à Aspen, dans le Colorado. « Quand vous avez un pays aussi grand et avec des capacités économiques qui sont celles du Venezuela, l’Amérique a toujours un grand intérêt à s’assurer que ce pays demeure aussi stable et démocratique que possible. (…) la CIA fait de son mieux pour comprendre la dynamique à l’oeuvre sur place », affirmait-il, tout en ajoutant quelques mots sur la collaboration des Etats-Unis avec les gouvernements mexicain et colombien. De quoi permettre à Nicolas Maduro d’accuser, à la télévision vénézuélienne, la CIA de vouloir « renverser » son gouvernement.

Le propos vague du patron de la puissante agence de renseignement américaine, ainsi que la récente évocation par Donald Trump d’une « option militaire pour le Venezuela« , permettent aussi aux dirigeants de la France insoumise de préserver leurs bémols sur la situation à Caracas.

Un enjeu symbolique majeur, que résume bien Clémentine Autain dans Libération: « On attend de nous une délégitimation totale de Maduro, de Chávez et, derrière cela, de toutes les expériences sociales en Amérique du Sud. » En d’autres termes, une condamnation sans ambages de l’actuel président vénézuélien équivaudrait à un renoncement sur le terrain idéologique. Une équation compliquée qui rappelle, toutes proportions gardées, celle du Parti communiste français, qui a attendu 1976 pour se distancer de l’Union soviétique et des crimes du régime stalinien.

lexpress.fr

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The White House says US President Donald Trump would only agree to speak with Venezuelan leader Nicolas Maduro « as soon as democracy is restored in that country »
FEDERICO PARRA, JIM WATSON (AFP/File)
« Nous avons de nombreuses options, y compris une possible option militaire si nécessaire » (Trump)

Le gouvernement vénézuélien a accusé samedi le président américain Donald Trump de vouloir mettre en péril la stabilité de l’Amérique latine avec sa « menace téméraire » d’une « option militaire » face à la crise qui secoue le pays.

« La menace téméraire du président Donald Trump vise à entraîner l’Amérique latine et les Caraïbes dans un conflit qui perturberait, de manière permanente, la stabilité, la paix et la sécurité de notre région », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jorge Arreaza, lisant un communiqué au nom du président socialiste Nicolas Maduro.

Le texte rejette « de la façon la plus catégorique et ferme les déclarations inamicales et hostiles » du dirigeant américain.

« Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire », a indiqué vendredi Donald Trump.

Lors d’une déclaration retransmise par la télévision d’Etat VTV, le ministre Jorge Arreaza a lancé un appel aux « membres de la communauté internationale (…) pour qu’ils expriment leur condamnation la plus claire et sans équivoque face à cette dangereuse atteinte à la paix et à la stabilité du continent ».

L’installation d’une Assemblée constituante, décriée par l’opposition comme une tentative d’instaurer une « dictature communiste », a augmenté la tension dans les relations entre Caracas et Washington, qui n’ont plus d’ambassadeurs respectifs depuis 2010.

Federico Parra (AFP)Manifestation pro-gouvernementale à Caracas, au Venezuela, le 7 août 2017
Federico Parra (AFP)

Le ministre vénézuélien de la Défense avait qualifié plus tôt dans la journée d »‘acte de folie » la déclaration du président américain.

Début août, les Etats-Unis ont infligé, des sanctions directes au président vénézuélien qu’ils ont qualifié de « dictateur », une mesure extrêmement rare contre un dirigeant en exercice.

M. Arreaza a souligné que les paroles de M. Trump étaient survenues « seulement un jour après » la demande par M. Maduro d’une « conversation personnelle » avec son homologue, par téléphone ou en personne lors de l’assemblée générale de l’ONU en septembre, à New York.

La Maison Blanche avait répondu dans un communiqué que « le président Trump parlera volontiers avec le dirigeant du Venezuela dès que la démocratie sera restaurée dans ce pays ».

Le Venezuela est secoué par sa pire crise politique depuis des décennies, avec des manifestations ayant fait 125 morts et des milliers de blessés en quatre mois, mais le président Nicolas Maduro, dont les manifestants exigent le départ, reste sourd aux pressions internationales.

i24news.tv

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