L’itinéraire des femmes terroristes-suicide palestiniennes

 

Manfred Gerstenfeld s’entretient avec Rachel Avraham

 

« La première femme-suicide palestinienne a été Wafa Idriss (photo de Une), qui s’est faite exploser à Jérusalem en 2002 au cours de la Deuxième Intifada. Elle a assassiné un vieil homme de 81 ans et blessé 100 personnes. Déjà bien avant cet épisode, plusieurs femmes palestiniennes se sont engagées das le terrorisme contre Israël. Leïla Khaled était membre d’un commando qui avait détourné un avion en 1969. Dalal Mughrabi a été l’une des terroristes qui a provoqué le massacre de 1978 sur la route côtière, où 38 civils israéliens ont trouvé la mort, dont 13 enfants.

« Après la deuxième Intifada qui s’est terminée en 2006, il y a eu deux attentats-suicide à la bombe commis par des femmes. Ce phénomène s’est interrompu quand les attentats-suicide en général se sont arrêtés. A partir de ce moment-là, les Palestiniens ont choisi d’autres tactiques de combat contre Israël ».

Rachel Avraham

 

Rachel Avraham est née à Washington DC et elle vit en Israël depuis 2009. Elle a obtenu une licence en Etudes Politiques et Gouvernementales de l’Université du Maryland. Rachel Abraham a développé sa thèse de Master en Etudes Moyen-Orientales de l’Université Ben Gurion, dans un livre intitulé : Women and Jihad. [femmes et Djihad]. Elle est analyste et chercheuse principale sur les médias au Centre de Recherche sur les Politiques au Moyen-Orient (WINEP) et correspondante de l’Agence de Presse Ressources Israéliennes.

« Dans la culture palestinienne et musulmane en général, les femmes sont perçues comme celles qui enfantent une vie nouvelle en ce monde. Elles sont supposées être femmes et mères, pas des combattantes. Dans la vision du monde islamiste, les femmes sont supposées soutenir les djihadistes en élevant les enfants au combat, afin qu’ils mènent le djihad et entretiennent la maison quand les hommes sont partis combattre. La charte du Hamas démontre clairement que la place des femmes est centrée sur le foyer et les enfants, et non pour s’adonner aux activités « masculines » destinées à combattre et se faire exploser.

« Malgré cela, les groupes terroristes islamistes ont commencé à accepter que des femmes deviennent des bombes humaines et se suicident, parce qu’ils ont compris que les femmes pouvaient les aider à surmonter certains obstacles stratégiques. Par conséquent, le Hamas a accepté que Reem Riyashi, une mère de deux petits enfants, devienne terroriste-suicide. Cette décision s’est avérée très controversée dans le monde arabe. Cependant, la majorité des femmes terroristes-suicide ont été des femmes célibataires.

Reem Riyashi faisant du baby-sitting-suicide

 

« Au cours de la Seconde Intifada, les huit femmes terroristes-suicide ont causé beaucoup de tués et de blessés. En 2003, une étudiante en droit, Hanadi Jaradat s’est faite exploser dans le Restaurant Maxim de Haïfa, appartenant partiellement à un Arabe. Vingt civils – parmi lesquels quatre enfants, ont été tués et 51 ont été blessés. Le garde de la sécurité, un Arabe Israélien, a été tué. 3 autres employés arabes du restaurant ont aussi été tués. Jaradat a obtenu l’essentiel de sa publicité positive du seul fait qu’Israël avait éliminé son frère et son fiancé, qui étaient tous deux des membres terroristes du Djihad Islamique. Dans une émission populaire de la télévision américaine, Nightline, les femmes palestiniennes prétendaient qu’elle était plus une victime [en tant que « veuve » et sœur éplorée] que tous les gens qu’elle a assassinés.

« Les études ont démontré que les femmes-terroristes suicide palestiniennes captent huit fois plus de publicité que leurs homologues masculins. En outre, cette publicité est généralement bien plus positive que si les terroristes-suicide avaient été des hommes. Les médias occidentaux transforment fréquemment leurs victimes israéliennes, y compris et surtout les enfants, dans le rôle du méchant, du bourreau.

« Les motivations des bombes humaines féminines palestiniennes de la Seconde Intifada varient et elles étaient parfois dues à un mélange de facteurs. 5 des 8 femmes terroristes-suicide sont marquées par leurs croyances ou idéaux nationalistes. D’autres femmes-suicide palestiniennes ont décidé de devenir terroristes-suicide au cours de la Seconde Intifada parce qu’elles étaient stériles ou divorcées, en relation avec des hommes suspectés de collaboration, entretenant une liaison extraconjugale, étaient traumatisées par un viol ou déshonorées pour avoir osé embrasser un homme en public. Cela vaut aussi la peine de souligner qu’au moins quatre femmes terroristes-suicide s’inscrivaient dans une histoire d’engagement dans le terrorisme ou avait un parent proche qui était actif dans des organisations terroristes.

« La Députée et Docteur(e) Anat Berko a interviewé de nombreuses femmes palestiniennes impliquées dans le terrorisme. Les résultats de son enquête sontpubliées dans son livre : The Path to Paradise. [La voie royale vers le Paradis]. Ses conclusions décrivent les principales motivations du terrorisme féminin comme étant religieuses et nationalistes. Elles se conjuguent pour produire un milieu fertile pour le terrorisme. D’autres facteurs comprennent le désir de vengeance pour la mort de proches, la haine des Juifs et un dégoût (une phobie) du monde occidental. Elle en déduit que ces attitudes résultent fréquemment de la sous-culture terroriste cultivée parmi les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes et que les déclarations faites par certaines de ces femmes terroristes dans les entretiens pourraient ne pas refléter à 100% la rélaité concernant leurs motivations.

« Les médias arabophones ont glorifié, magnifié les femmes palestiniennes devenues terroristes-suicide. Wafa Idriss a été comparée à Mona Lisa, à Jésus-Christ,à Khadija -la première femme du Prophète Mahomet – ent à Jeanne d’Arc. En 2002, certains médias américains ont justifié les actions des femmes terroristes-suicide au nom des griefs perçus des Palestiniens. Les médias ont aussi eu tendance à les décrire comme des « femmes libérées » plutôt que comme des terroristes. Il n’y a que dans de très rares cas que les médias se sont montrés critiques à l’égard de ces femmes terroristes.

« Les femmes qui ont participé à l’Intifada des Couteaux, plus récemment, imaginaient, généralement, qu’il était possible d’attaquer quelqu’un et de s’en sortir vivante. Cela découle déjà d’une dynamique assez différente de celle des femmes bombes humaines.

« Les femmes terroristes-suicide existent aussi dans d’autres sociétés comme en Syrie et en Irak, ainsi que parmi la branche extrémiste du mouvement kurde du PKK, les « Faucons de la Liberté du Kurdistan »(le TAK), et parmi les Tchétchènes. Les Tigres Tamoul du Sri Lanka ont aussi été tristement célèbres pour leur usage de femmes terroristes-suicide. En outre, Daesh a utilisé des femmes-suicide dans le but de contourner les mesures de sécurité, en dépit de l’opposition initiales des principes de décence ».

 

Rachel Avraham conclut : « Aucune femme qui ait recours au terrorisme n’est une personne entrant dans un cadre normatif, parce que ces femmes ne confirment pas les attentes que leur société ont pour elles. Au lieu de devenir des femmes et des mères, elles s’engagent dans une activité masculine consistant à combattre Israël. Elles interagissent avec des hommes dans le cadre de leur entraînement et elles brisent ainsi les codes de l’honneur Arabe. Et si elles échouent dans leur mission de terroriste-suicide, elles sont considérées comme la honte de leur société et de leur clan, parce qu’elles ont doublement échoué : en tant que femme ordinaire et en tant que Shahidas ».

Entretien par Manfred Gerstenfeld

 

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Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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