L’Iran exige la garantie d’un soutien russo-syrien contre l’offensive américano-israélienne en Syrie

 

Le ministre iranien de la Défense, Amir Hatami, est arrivé à Damas dimanche 26 août, exigeant que les Russes et les Syriens s’engagent à se maintenir derrière Al Qods, attaqué par les Etats-Unis et Israël. Telle était la réponse de l’Iran au plan américano-israélien, finalisé la semaine dernière à Jérusalem par le conseiller américain John Bolton, en visite auprès du Premier ministre Benyamin Netanyahu, pour une offensive conjointe contre les Brigades Al Qods et les milices chiites en Syrie.

Hatami est arrivé en Syrie avec, dans sa poche, des projets de textes pour obtenir ces garanties. À ce stade, le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a poussé les quatre principaux acteurs de la Syrie à définir leurs positions sans délai.

Le ministre est arrivé juste quatre jours après que les États-Unis et Israël ont mené leur première opération conjointe contre les Brigades Al Qods des Gardiens de la Révolution iraniens et leurs milices chiites alliées. Il visait la milice chiite irakienne du Khataib Hezballah, près d’Abu Kamal, sur la route entre la Syrie et l’Irak. Tandis qu’Israël, la Syrie et l’Iran prétendaient que l’attaque n’avait jamais eu lieu, le président russe Vladimir Poutine s’est rendu compte qu’un dilemme inquiétant se mettait en place. Comme l’attaque avait été programmée pour coïncider avec la réunion à Genève des conseillers de la sécurité nationale des États-Unis et de la Russie, John Bolton et Nikolai Patrushov, jeudi dernier, leurs entretiens ont été un échec. Ils ont seulement élargi le fossé entre Moscou et Washington sur la Syrie.

Vendredi, le Kremlin a indiqué dans quelle direction il  avait l’intention de sauter : le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, a mis en garde l’Amérique contre des mesures imprudentes en Syrie, et les députés russes ont appelé au déploiement d’armes nucléaires tactiques dans ce pays. Les cinq navires de guerre russes détachés de la flotte de la mer Noire et destinés au port syrien de Tartous sont décrits par Moscou comme répondant à la montée des forces navales américaines, britanniques et françaises dans la région.

De toute évidence, les accords sur la Syrie établis par les présidents Trump et Poutine lors de leur sommet d’Helsinki le 16 juillet, qui ont entraîné l’acceptation tacite par les États-Unis des forces syriennes et iraniennes jusqu’à la frontière israélienne, ont complètement fondu au soleil. Un accord américano-israélien visant à frapper l’Iran en Syrie a pris sa place. L’Administration Trump considère maintenant la Syrie comme la principale arène américaine pour frapper directement les éléments les plus extrêmes des Gardiens de la révolution iraniens, les Brigades Al Qods. Leurs dirigeants, Qassam Soleimani et d’autres commandants de la guerre d’Iran au Moyen-Orient, sont également à l’avant-garde du camp, à Téhéran, qui s’oppose au dialogue avec Washington sur un accord nucléaire modifié.

Poutine, pour sa part, perçoit le revirement de Trump comme mettant en péril les intérêts russes en Syrie et en Iran et une menace possible pour le régime Assad, dont le sauvetage d’une insurrection sanglante est le couronnement de sa politique régionale.

Alors que les partenaires changeaient de position, les dirigeants iraniens ont décidé de ne pas faire confiance à Poutine en tant qu’architecte de haute voltige de la scène syrienne – et encore moins à Bachar Assad -, face à l’offensive américano-israélienne contre leurs forces en Syrie. Téhéran veut une garantie ferme que, contre cette offensive, Assad restera aux côtés de Téhéran, par ses forces militaires et laissera libre cours aux tirs de barrage de ses batteries de missiles antiaériens, plutôt que de suivre la façon Russe de fermer les yeux sur les bombardements américains et israéliens.

Les Iraniens pressent donc Poutine et Assad de prendre position à un moment délicat pour eux. S’ils ne parviennent pas à obtenir des garanties solides pour défendre les forces et les supplétifs iraniens contre les attaques américano-israéliennes, l’Iran retiendra des troupes au sol et ne les lancera pas dans la capture du fief rebelle d’Idlib, dans le nord de la Syrie. Téhéran a donc rédigé par écrit un nouveau pacte de défense entre l’Iran et la Syrie pour que Hatami le présente à Assad lors de sa visite de deux jours. Le dirigeant syrien a été informé que s’il souhaitait récupérer cette grande et importante province, il ferait mieux de signer sur la ligne pointillée et de faire signer le document par Moscou.

Vu d’Israël, la visite du ministre iranien de la Défense à Damas est une complication indésirable que ni Washington ni Jérusalem n’ont prévue, la semaine dernière, lorsqu’ils ont finalisé leurs plans pour écraser les forces iraniennes en Syrie.

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Adaptation : Marc Brzustowski

Iran demands guaranteed Russian/Syrian backing against US-Israeli offensive in Syria

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