Israël est un pays étonnant où les minorités sont en majorité. Ainsi, Arabes, chrétiens, druzes, bédouins constituent plus de 20% de la mosaïque ethnique nationale.  La majorité de ces israéliens se déclarant satisfaits et fiers de leur citoyenneté. Toutes ces minorités apportent  un acquis multi-séculaire de cultures, traditions et langues pour rendre la société israélienne encore plus vivante et foisonnante.

Nous avons pris récemment en exemple celui des Druzes (L’intégration à l’israélienne : l’exemple des Druzes© Vidéos). Aujourd’hui, nous allons parler des Bédouins.

La spécificité de cette communauté nous interdit de dire que leur intégration est acquise à 100% et se passe sans vicissitudes, ne serait-ce qu’en raison de leur caractère de nomades.

Toutefois, et malgré ces difficultés que nous avons en partie évoquées il y a quelques temps (Les bédouins : nouvel outil de propagande contre Israël©), le sentiment d’appartenance à l’Etat d’Israël- voire la fierté d’en faire partie – est incontestable.

La contribution à l’armée de ces Bédouins en est un exemple significatif(cf. Les bédouins : nouvel outil de propagande contre Israël©)

Pour reprendre les mots d’IsraelandYoo, on peut parler d' »originalité et exemplarité d’une fierté communautaire qui ajoute à l’identité nationale. »

On dit des bédouins qu’ils sont les lointains descendants d’Ismaël et d’une lignée de personnages bibliques tels que Adnan ou Qahtan. Ils vivent surtout au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Ils sont Arabes. Au cours du 20ème siècle, le découpage de la région en vertu des accords Sykes-Picot  a considérablement limité leur statut de nomade. 170.000 d’entre eux se sont installés dans le Sud d’Israel, dans le désert du Negev. Leur activité principale reste l’élevage des chameaux, des chèvres et des moutons jusqu’à très récemment où le mode de vie traditionnel a laissé peu à peu place à la modernité.

Pour avoir une idée de comment se fait l’intégration de cette communauté si spécifique, nous allons prendre trois exemples d’intégration réussie. Trois exemples qui en disent bien plus sur les autres aspects de la société israélienne – au niveau économique, notamment -, sur lesquels nous reviendrons un autre jour.

Pour l’heure, donnons d’abord la parole à ces trois femmes, interrogées par l’association IsraelandYoo, car en plus le statut de ces femmes devenues indépendantes dans une communauté somme toute patriarcale est très appréciable.

Les conditions très difficiles de la vie nomade dans le désert ont incité ces tribus à se sédentariser pour permettre à leurs enfants d’être scolarisés et suivis au niveau de leur santé. Au cours de leur vie de nomades,  elles ont noué des liens entre elles et se sont constituées en association pour gagner leur vie en offrant des travaux de broderies et de décoration des tentes. Orna Goren, dont le père archéologue l’a initiée à côtoyer les tribus bédouines s’est énormément investie dans le projet de l’émancipation des femmes bédouines par le travail. Depuis elles ont pris leur autonomie et sont aujourd’hui à la tête de projets spéciaux dans le Negev.

Kamle est l’une d’entre elles.

Elle fait partie de la société bédouine du Negev. Comme dans la plupart des sociétés patriarcales et jusqu’à très récemment, les femmes bédouines tiennent le rôle majeur dans leurs foyers, y compris l’éducation des enfants, souvent entre cinq et huit enfants par famille.

Mère de huit enfants avec un mari gravement malade, incapable de travailler, elle se fait engager comme aide cuisinière dans la cantine sociale Al Sanabel, créée par Itzik Swidan. Mais elle souhaitait étudier pour devenir chef de cuisine. Ce qu’elle fit avec beaucoup de succès à l’université de Beer Sheva, entre 2008 et 2010.puis en suivant une formation spécifique. Elle dit: Travailler à Al Sanabel où je cuisine comme pour les propres enfants, a largement contribué à l’épanouissement de ma personne, et à entretenir ma famille pour que mes enfants puissent étudier et avoir un futur projeté dans  le monde moderne.

C’est ce qui a été possible en étant israélienne.

« J’ai participé à ce projet de cantine scolaire en 2006 et pris part à plusieurs formations pendant deux ans.

J’ai été très heureuse d’avoir été sélectionnée pour ce travail qui consiste à superviser et préparer des repas. Ce travail m’était très important car ma situation familiale était très difficile, mon mari ayant eu une maladie invalidante et ne pouvant travailler.

Quand j’ai commencé à travailler en 2008, nous étions 6 femmes…

Aujourd’hui nous livrons des repas à des milliers d’enfants de toute la région. Nous avons engagé d’autres jeunes filles à temps plein…

J’ai pris des cours à Beersheva et lorsqu’un chef a décédé je l’ai remplacé.

Mon mari était tout à fait d’accord pour que je travaille à l’extérieur. D’ailleurs, il m’a beaucoup aidée pendant mes études en m’accompagnant à mes cours et prenant en charge l’intendance du foyer parce qu’il était heureux de ma réussite.

Pour moi, être israélienne, c’est d’avoir eu la possibilité d’étudier, d’élever ma famille, d’assurer un futur à mes enfants, filles et garçons, et qu’ils deviennent l’honneur de ma famille. »

Parlons de Naama Al Sana, ensuite.

« Auparavant les bédouines vivaient sous la tente de façon traditionnelle. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Elles travaillent dans le social, elles sont médecins, infirmières, avocates, tout en s’occupant de leurs foyers. Les projets de notre association s’intéressent aux jeunes filles et aux jeunes gens pour les aider à avancer dans la vie, à bénéficier de bourses, de subventions, en cela aidées par nos amies juives.

Il nous faut impulser les changements à notre communauté avec la difficulté de ne pas le faire trop vite. Nos liens avec la communauté juive nous aident à avancer la main dans la main… »

Enfin, écoutons Elham Al Kamlat, femme au foyer de la communauté bédouine de la ville de Rahat, au sud d’Israël.

Elham y dirige un centre d’aide sociale, dont l’un des programmes s’intitule « les femmes parlent du travail », « destiné aux femmes bédouines qui veulent avancer dans la vie et être indépendantes financièrement. » Il leur permet d’exploiter notamment les travaux qu’elles faisaient d’ordinaire pour le cercle familial, telles des décorations de tente, pour en faire une source de revenus.

Elham est fière de cette initiative et n’imagine pas habiter ailleurs qu’en Israël.

« Je pense que j’ai beaucoup de chance d’être née en Israël, car je sais que dans beaucoup de pays autour de nous, les femmes n’ont aucune des opportunités que j’ai. Pour moi, être israélienne, c’est pouvoir dispenser mon  savoir et aider les autres femmes à devenir indépendantes financièrement, et leur faire comprendre que chacune a en elle les ressources nécessaires pour vivre en harmonie dans la société israélienne. ».(http://www.israelandyoo.com/video/bedouins-elham-al-kamlat/)

Nous l’avons dit : l’intégration des Bédouins dans l’Etat d’Israëln’est pas un long fleuve tranquille.

Cependant, ce deuxième volet sur l’intégration des communautés dans cet Etat juif qui s’est constitué il y a tout juste 70 ans, en dit long sur cette capacité d’intéresser ces « minorités » à l’idée de respecter l’Etat.

Un modèle d’intégration sur lequel il faudra se pencher pour comprendre comment il fonctionne.

Ce sera l’objet d’un prochain article.

 

©Solange Hendi pour JFORUM

Vidéos et partie du texte repris d’IsraelandYoo, avec l’aimable autorisation de sa présidente Nicole Riahi

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

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