L’IMPOT CONCU COMME UNE PUNITION ET UNE REVANCHE :

L’OBSESSION FRANCAISE©

Par Michel Rozenblum

Cet article aurait tout aussi bien pu s’intituler «au secours, Robespierre n’est pas mort» ou «Ça ira ça ira, les richards à la lanterne», tant le florilège de critiques qui fleurit à propos de la réforme de l’ISF – à défaut de sa totale suppression – est symptomatique du mal profond qui frappe la France et qui l’empêche d’être un leader dans l’économie mondiale.

Nous avions déjà évoqué dans deux précédents articles (L’ISF : un impôt créé par des idiots pour des crétins © et L’ISF : un impôt démagogique, néfaste et injuste©)ce syndrome de Robespierre, de la recherche de «pureté absolue», de l’ «égalitarisme» à outrance qui justifie de couper les têtes qui dépassent, pourvu que cela serve à se rapprocher de la pureté dont on rêve et qui nous apparaît à l’horizon.

Or l’horizon a une caractéristique fort particulière et fort ennuyeuse, ce qui est très contrariant pour ceux qui, idéalistes, continuent à se diriger à grands pas vers lui.

Ce mal profond, qui nous permet d’accepter de souffrir, de ne pas améliorer sa condition, pour peu que l’ « autre » souffre aussi, est présent dans toutes les classes sociales et dans tous les courants politiques, avec une prédilection dans les partis de gauche et d’extrême droite.

Cette obsession est le résultat d’un double héritage, l’éducation catholique, même en cette période de perte de valeurs religieuses traditionnelles des Français, d’une part, de l’esprit révolutionnaire de 1789 né de l’accaparement de la richesse par la noblesse

« Impôt des impôts », l’ISF a une valeur symbolique. On imagine le tableau : une foule de révolutionnaires, la tête couverte d’un bonnet phrygien, portant au bout de leurs piques la tête de « riches » (chacun estimant à partir de quel montant on est riche) tout en tirant des balles ISF sur un groupe de nantis, habillés eux de hauts-de-forme, comme il se doit.

On pourrait penser naïvement qu’un Président, un Premier Ministre, un Ministre des finances souhaite privilégier l’efficacité économique de la fiscalité par rapport à l’efficacité «électorale», ou à l’idéologie.

Et critiquer éventuellement les mesures proposées et mises en place par le Président pour leur inefficacité éventuelle ou leur moindre bénéfice coût/efficacité par rapport à d’autres mesures qui auraient pu être prises.

Avec pour objectif principal que la France soit plus forte, que le chômage soit moins élevé, que les comptes de la Sécurité sociale, des caisses d’assurance chômage et les caisses de l’Etat soient à l’équilibre ou légèrement excédentaire pour assurer la pérennité du système.

A l’heure où l’on débat sur la terre d’accueil des sociétés financières qui quitteront la City à l’heure du Brexit, cet impôt fait tâche, de même l’incertitude sur la fiscalité française et son évolution dans le temps.

Ne nous faisons pas d’illusions, les grands groupes cherchent les pays les plus favorables du point de vue fiscal ou social, sauf quand des circonstances propres au pays imposent une présence (proximité du marché quand le problème de la distance se pose, disponibilité de personnel compétent, aides à l’investissement et à la recherche…).

L’Irlande l’a bien compris, en attirant ces sociétés tout en se faisant financer par les autres pays de l’Europe qu’elle privait de ressources fiscales par des taux d’imposition bradés.

Le Luxembourg aussi avait compris comment profiter sans contrepartie des bienfaits de l’Europe.

Notre pays n’est pas dans le peloton des pays les plus accueillants et les cris d’orfraie des opposants à la diminution de l’impôt sur les sociétés et à la baisse de l’ISF servent de repoussoir.

Les opposants les moins agressifs réclament « seulement » la taxation des « signes ostentatoires de richesse » !

Ah ! Quelles belles âmes ! La taxation des « signes ostentatoires de richesse »…

Cela fait furieusement penser à une autre expression : « taxation d’après les signes extérieurs de richesse » visée à l’article du CGI (Code Général des Impôts) n°168 !

Cet article vise, ni plus ni moins, dans le cas où il y a une « disproportion marquée » entre les revenus déclarée et le train de vie, à remplacer, dans des conditions visées par la loi, le revenu déclaré par un barème appliqué par le train de vie du contribuable, tel que reconstitué par l’inspecteur des impôts.

Toutefois, cet article ne peut être mis en œuvre que dans certaines conditions :

  • La base forfaitaire résultant du barème doit être supérieure à 45 000 € environ
  • Il doit y avoir une disproportion marquée entre le revenu déclaré par le contribuable et son train de vie reconstitué par le service des impôts

De quel droit imposerait-on des personnes, qui déclarent normalement leurs revenus, qui paient leurs impôts, sous prétexte que ces revenus, ou leur héritage, qui a subi l’impôt sur les successions, est utilisé à l’acquisition de « yachts », d’avions, de voitures de luxe…

Certes, je conçois que nous éprouvions de la jalousie, voire de la rancune, lorsque l’on croise des personnes affichant une telle richesse… Et encore plus lorsque ce sont leurs enfants qui sont nés avec une cuillère en or dans la bouche et qui « claquent » leur argent comme s’il poussait naturellement, alors que nous-mêmes sommes obligés de « trimer » fort pour nous loger, nourrir notre famille et… surveiller notre budget.

C’est humain.

Mais prétexter de cette utilisation de leur richesse, qui d’ailleurs profite à l’économie française, lorsque ces biens sont acquis ou maintenus en France, me paraît tellement énorme que cela en deviendrait comique si ne n’était pas l’expression typique d’une « jalousie de classe ».

Ces remarques, dont leurs auteurs ne se rendent même pas compte de l’imbécilité et de l’inanité, montrent bien que par nature, l’ISF est non une contribution, mais une punition collective contre une catégorie de contribuables et que loin d’assurer l’égalité des citoyens, il revient à inciter les plus fortunés, c’est-à-dire les seuls qui en ont les moyens, à aller s’installer ailleurs qu’en France.

Sous prétexte d’égalité et de justice sociale des démagogues frustrés règlent leurs comptes avec une partie de leurs concitoyens qu’ils exècrent, quand ils ne souhaiteraient pas être à leur place !

Quand mettra-t-on en place une éducation économique de nos élèves qui les mette à l’abri des manipulations politiques en leur fournissant les connaissances indispensables sur le fonctionnement de l’économie ?

Notre société est imparfaite et inégalitaire mais les modèles proposés par les donneurs de leçon sont pires : ils découragent l’initiative, font fuir les investisseurs maintiennent le chômage à un des plus hauts niveaux d’Europe et appauvrissent la Nation.

Et cela, avec une parfaite bonne conscience.

Non, Robespierre n’est pas mort, car il b… encore !

Michel Rozenblum

Institut de Stratégie Internationale et de Simulation (I.S.I.S.)

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