En français, les tefiline (le mot est d’origine araméenne et se trouve déjà au pluriel), sont désignés sous le nom de phylactères.

D’après le commandement de la Torah, les hommes à partir de l’âge de 13 ans (bar mitsva) doivent « porter » les tefiline une fois par jour, en général le matin pour les jours ordinaires mais pas le shabbat ou les jours de fête (Rosh Hashana, Kippour, Souccoth et Simhat Torah, Pessah et Shavouoth).

On met les tefiline aussi pour Hanouka et Pourim ainsi que pour les jours de jeûne sauf pour Tish’â Beav où l’on mettra les tefiline l’après-midi, tout  comme, dans certaines communautés, lors des jeûnes « courants »,  à l’office de Minha.

RASHI ET RABBENOU TAM  :

Avant d’aller plus loin, il est à signaler que Rashi de Troyes n’avait pas eu de fils mais trois filles[1] auxquelles il enseigna la Torah et les commentaires qu’il avait composés comme s’il ce fût agi de garçons.

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On dit que les trois filles de Rashi mettaient les tefiline et portaient le Talith. Il n’est pas courant, aujourd’hui de voir des femmes porter Talith ou tefiline sauf dans les communautés libérales, réformées ou progressistes.

Il existe deux sortes de Tefiline : les tefiline selon Rashi (les plus courants) et les Tefiline selon Rabbénou Tam.  Etant donné que jamais personne ne s’est prononcé sur ces usages, certaines personnes, de manière à être considéré comme ayant accompli son devoir, sans aucun doute possible, mettent deux paires de tefiline l’une au-dessus de l’autre ou l’une après l’autre.

Quelle est la différence ? De quoi sont faits  les tefiline ?

Les tefiline se composent de 2 boîtiers et de lanières en cuir. Un boîtier composé de 4 compartiments et sa lanière pour la tête et un boîtier et sa lanière pour le bras.

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Dans les 4 compartiments sont insérés 4 parchemins sur lesquels sont inscrits 4 passages de la Torah selon un certain ordre puis, dans le boîtier du bras, il n’y a qu’un seul parchemin sur lequel sont inscrits les 4 passages.

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Pour les Tefiline de Rashi, l’ordre des parashioth est le suivant : Kadesh (exode chapitre XIII versets 1 à 10) puis Ve’haya kiyéviakha (exode XIII 11à 15) puis, Shémâ (Deutéronome VI 4 à 9) et enfin Vé’haya im shamoâ (deutéronome XI 13 à 21).

Dans les tefiline de Rabénou Tam l’ordre est le suivant : Kadesh, Vé’haya kiyéviakha, Vé’haya im shamoâ et Shémâ.

D’autre part, il existe trois qualités de Tefiline : Tefiline be’héma gassa –fabriqués avec la peau d’un taureau –  Tefiline be’héma daka – fabriqués avec la peau d’un mouton – Tefiline ordinaires.

Les tefiline be’héma gassa ou be’héma daka sont faits avec la peau d’une seule bête. Les boîtiers sont façonnés avec la peau prise dans le cou de la bête puis, c’est dans le corps de la bête que sont taillées les lanières sans raccord de peau et donc sans risque de déchirure. Cependant il arrive que la peau d’un mouton ne suffise pas pour obtenir toute la longueur des lanières il se peut alors que soient faits des rajouts.

Les tefiline ordinaires sont fabriqués à partir de restants de peau et les parashioth au lieu d’être écrites par des scribes (soferim) confirmés, expérimentés et craignant D ils peuvent provenir d’étudiants en sofrout (en calligraphie).

Les prix sont très élevés car la fabrication d’une paire de tefiline dure plus d’un an. Les peaux doivent séjourner plusieurs mois dans des tonneaux de manière à être assouplies puis travaillées et formées.

La peau du cou est taillée en forme de « T » puis elle est emboutie sur une sorte de moule de manière à former les 4 compartiments dans lesquels seront insérés les parchemins enveloppés d’un fin tissu et liés avec des poils de veau. Ce procédé prend lui-même beaucoup de temps car la peau une fois emboutie doit sécher ce qui peut durer jusqu’à plusieurs mois. Les opérations visant au lissage, au polissage et au ponçage durent aussi un certain temps.

Lorsque les boîtiers sont prêts et secs, il faut coller les différentes couches de peau entre elles avec une sorte de colle obtenue par la cuisson de restants de peau jusqu’à produire une sorte de pâte presque coulante qui va coller les couches de peau entre elles. Les cubes façonnés seront cousus avec un « guid » ou tendon séché.

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Sur le boîtier de la tête où se trouvent deux fois la lettre « shine » seront « gravées » ces deux lettres dont l’une comporte trois branches en souvenir des trois patriarches et le second quatre branches en référence aux quatre mères du peuple d’Israël.

Les boîtiers tout comme les lanières sont teintées par de l’encre noire obtenue à partir de fiel et de vitriol.

Les lanières de la tête sont nouées par un nœud simulant la lettre Daleth et quant à la lanière du bras elle est nouée en simulant la lettre youd ce qui fait qu’avec le shine, le daleth et le youd, le nom Shaday est réuni sur le fidèle mettant ses tefiline.

Le fait qu’il y ait un boîtier pour la tête et un autre pour le bras signifie que toute action doit être effectuée avec une réflexion, ou une pensée mais aussi que nos actions générées par nos sentiments (le cœur) doivent être aussi dirigées par notre intelligence et notre foi.

D possède différents noms. Chacun de ces noms s’écrit de manière différente. L’un de ces noms est E-H-Y-E ce nom qu’IL énonce à Moïse (Shemoth/Exode III,14) :

אהי’ה אשר אהי’ה.

Ce nom se répète deux fois et il a une valeur numérique de 21×2 = 42 qui est le ShemHameforash. Il se fait donc que dans la tefila de la tête et dans la tefila du bras se trouvent les deux E-H-Y-E et si on inverse les lettres du mot tête = ראש on obtient le motאשר .ainsi cette partie de verset citée plus haut se retrouve entière : E-H-Y-E  ASHER  E-H-Y-E.   Ceci donne sa pleine signification au verset 1 du psaume 131 :

לא  גבה ליבי ולא רמו עיני  : Mon cœur n’est pas altier et mes yeux ne se sont pas élevés.

L’allusion est claire et forte avec les tefiline du bras (dont le boîtier est orienté vers le cœur) et de la tête (comme le dit le verset beyneyneikha : entre tes yeux).

Le Juif en posant ses tefiline sanctifie le nom de D.  chaque jour et, il ne faut pas non plus oublier que les tefiline – lorsque le Temple existait encore – terrorisaient les nations du monde.

Les tefiline doivent être vérifiés au moins deux fois tous les sept ans mais certains préfèrent le faire chaque année.

De même que nous embrassons les mezouzoth à chaque fois que l’on entre ou que l’on sort d’une pièce, pour signifier notre attachement à D, de nombreux fidèles embrassent leur tefiline avant et après s’en être servis et ils font de même avec les tsitsioth de leur Talith lorsqu’ils le plient.

Caroline Elisheva Rebouh

[1]– Les trois filles de Rashi étaient : Myriam, Yokhéved et Rahel. Myriam épousa un grand Sage : Rabbi Yéhouda Ben Nathan ou Riban ; Yokhéved épousa Rabbi Méïr ben Shmouel, ils furent les parents du Rashbam ou Rabbi Shmouel ben Méïr, du Rivam ou Rabbi Ytshak ben Méïr qui mourut assez jeune en laissant sept enfants et Rabbénou Tam. Rahel épousa Eliezer Weisselin qui la répudia peu après.

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