Une synergie naturelle entre la notion d’Etat Palestinien et la fabrication de bombes nucléaires par l’Iran

Afin de maximiser les bénéfices de leurs analyses et évaluations planifiées en matière de sécurité, les stratèges israéliens doivent considérer les deux menaces, qu’on présume distinctes, de la déclaration d’un Etat Palestinien et de la nucléarisation iranienne comme deux périls interactifs et croisés. 

Mahmoud Abbas adresse son discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU (Photo: AP)

« Le renard sait bien des choses, mais le hérisson ne sait qu’une seule et grande chose » ( Archilochus, poète grec antique, Fragments)

Les stratèges israéliens traitent toujours le projet d’Etat Israélien et la nucléarisation de l’Iran comme des périls distincts. C’est potentiellement une grave erreur, cependant, parce que ces deux menaces évidentes, en réalité, se recoupent, voire même, ont ensemble une « force démultiplicatrice » dans leurs conséquences calculables en matière de sécurité. Un Iran nucléaire, même involontairement, peut élargir les coûts, pour Israël, en matière de stabilité régionale de tout Etat Palestinien. Réciproquement, au moins dans l’avenir prévisible, un Etat Palestinien peut démultiplier certains risques pour Israël, d’une attaque nucléaire opportuniste de la part de l’Iran.

On peut même être plus précis, ici. La relation entre ces deux menaces apparemment discrètes ou sans commune mesure est apte à devenir expressément synergétiques. Par sa nature, par conséquent, le « tout »‘ de ses effets dommageables contre Israêl peut s’avérer parfois bien plus important que la simple somme de ses parties.

Depuis 2012, l’Autorité Palestinienne est reconnue (grâce à Lula et Sarkozy) par les Nations-Unies comme un « Etat non-membre Observateur ». En regardant au-delà, si l’Autorité Palestinienne et le Hamas étaient, à un moment donné, en mesure de restaurer un niveau au moins fonctionnel de coopération et d’unité, un Palestine complètement souveraine pourrait en surgir. A très court terme, ce 23 ème Etat arabe pourrait rapidement devenir un tremplin optimal pour étendre la guerre et le terrorisme contre Israël et également contre d’autres alliés des Etats-Unis de la même zone.

Toujours, il en découle qu’Israël et les Etats-Unis doivent demeurer tout-à-fait conscients des « démultiplicateurs de forces » pertinents. Parmi les conséquences régionales auxquelles on peut s’attendre, des synergies virulentes entre la nucléarisation iranienne et le projet d’Etat Palestinien sont susceptibles de créer une menace authentiquement existentielle pour l’Etat Juif. Etrangement, peut-être, ces effets interactifs, meurtriers et démultiplicateurs, s’ils demeurent non-dissimulés, restent pourtant peu, mal ou non-reconnus comme tels.

Dans leurs répliques, Jérusalem et Washington doivent considérer, de manière plus systématique, les questions vitales de contexte géostratégique. Dans le Moyen-Orient chaotique, certains modèles contradictoires fondamentaux demeurent inchangés.  De façon ostensible, la plupart du temps, Israël est sous le coup de pressions qui ne diminuent pas, pour 1) renoncer à ses forces nucléaires « ambigues », et 2) se joindre périodiquement à des plans réanimés en vue de constituer une « Zone débarrassée des Armes Nucléaires ».

Si jamais l’Iran et ses alliés en venaient à penser qu’Israël était suffisamment affaibli par des exigences coordonnées de « non-prolifération », une stratégie efficace d’anéantissement -qui n’a jamais fonctionné jusqu’à présent » – aurait une chance de fonctionner. Cette stratégie mortelle pourrait, comme on peut s’y attendre, avancer par phases, par de la terreur à du méga-terrorisme et ensuite, par des tranches ajoutées successivement les unes aux autres, du méga-terrorisme vers la guerre et la méga-guerre (balistique et nucléaire).

Pour de nombreuses raisons, la propriété d’armes nucléaires est encore observée à travers le monde comme déstabilisante. Quoi qu’il en soit, dans le cas spécifique d’Israël, la possession reconnaissable de telles armes peut parfois être, en réalité, perçu comme un moyen de véritablement protéger les populations civiles contre diverses agressions particulièrement catastrophiques. Maintenir une dissuasion nucléaire réussie – qu’elle soit encore ambiguë ou récemment dévoilée – s’avérera en définitive indispensable à la survie physique d’Israël.

Dans son Avis Consultatif faisant autorité du 8 juillet 1996, la Cour Pénale Internationale de La Haye a statué que : « Le Tribunal ne peut pas conclure définitivement si la menace ou l’usage d’armes nucléaires serait léou illégal dans des circonstances extrêmes d’auto-défense… « Dans le cas où la survie même d’un Etat serait en jeu… » poursuivait la Cour de Justice Internationale, et même si l’usage réel d’armes nucléaires pouvait, dans certaines circonstances être autorisé.

On doit faire des distinctions essentielles. Israël n’est pas l’Iran. Israël ne procède à aucune menace ni de guerre d’agression encore moins de génocide. Pour le moment, au moins, l’Etat Juif ne reconnaît pas officiellement ses capacités nucléaires avancées.

La vérité géostratégique peut parfois être contre-intuitive. Tous les Etats dotés d’armes nucléaires ne sopas créés égaux. Tous ces Etats ne représentent pas automatiquement une menace. Certains peuvent même offrir un bénéfice authentique pour la paix mondiale.

Telles que les choses se présentent, la petite taille d’Israël exclut par avance la moindre tolérance à une telle attaque nucléaire. Cette question a même été soulevée par un responsable iranien important, qui a déclaré de façon sinistre : « Israël est un Etat contre lequel une seule bombe suffit ».

D’un point de vue de la sécurité nationale, les armes nucléaires d’Israël ne constituent pas un problème. Au Moyen-Orient, la source la plus persistante et indéracinable de guerre ou de terrorisme demeure engagement Arabe/Islamiste à « éradiquer le cancer juif ». Confronté à cette menace explicitement génocidaire, Israël et ses rares alliés devront finalement comprendre que le « Processus de Paix » n’est qu’une opportunité ennemie de plus. Pour en témoigner, sur les cartes officielles palestiniennes – toutes décrivant Israël comme « La Palestine occupée » – ‘Etat Juif a déjà été géographiquement éliminé.

Avec ces cartes exterminatrices, un génocide cartographique est déjà imposé de fait.

Qu’en est-il de l’Iran? Avec une posture plus ouverte et déclarée de possession d’armes nucléaires, Israël pourrait dissuader de manière plus fiable les attaques non-conventionnelles d’un ennemi iranien rationnel et aussi, la plupart des ses nombreuses agressions conventionnelles. Avec une telle posture convenablement mise à jour, Israêl, si nécessaire, pourrait lancer, de manière appropriée, des frappes préventives non-nucléaires contre des cibles dures iraniennes et contre les capacités de réaction associées.

Ces atouts pourraient sinon menacer impunément la survie physique d’Israël. En l’absence de reconnaissance de sa possession de certaines armes nucléaires de survie et « capables de pénétration », par conséquent, les actes d’anticipation et d’auto-défense d’Israël représenteraient probablement le déclenchement d’une guerre bien plus vaste. La raison en est simple : il ne resterait alors plus de menace convaincante et adaptée d’une contre-réplique israélienne.

La décision de sortir sa bombe du « sous-sol » (du secret) ne devrait pas être aussi facile que cela pour Iël. Quoi qu’il en soit, les réalités qui consistent, non seulement à faire face à un Iran à capacité nucléaire, mais aussi à d’autres aspirants nucléaires dans la région – dans des synergies impérieuses avec des terroristes anti-israéliens – oblige à ré-envisager sérieusement cette politique « d’ambiguité délibérée ». Comme corrolaire, Jérusalem aurait besoin de clarifier que ses défenses actives à niveaux multiples opéreront toujours en tandem avec des représailles nucléaires décisives.

Qu’en est-il alors de la « Palestine », l’autre moitié d’une synergie corrosive mise en perspective? Bientôt, il peut devenir évident que Daesh et certains autres djihadistes associés prévoient de se lancer contre certains Etats et ennemisnon-étatiques. Déjà, en fait, Daesh défie le contrôle de Gaza par le Hamas et il prépare probablement de marcher vers l’ouest, à travers le pays de Jordanie, incroyablement vulnérable.

En temps voulu, les forces de Daesh, même après avoir subi diverses défaites opérationnelles à la fois en Irak et en Syrie, pourraient se retrouver « aux portes » des territoires de  la Bande occidentale de Judée-Samarie/ « Cisjordanie », qu’on s’attend encore largement à ce qu’ils deviennent l’Etat dit de « Palestine ». Si, quand Daesh y parvenait effectivement, un Etat Palestinien n’a pas encore été créé, ces forces pourraient effectivement occuper ces territoires stratégiques par eux-mêmes. Si un Etat Palestinien a déjà été formellement fondé, ces djihadistes pourraient alors ne faire qu’une bouchée de la fragile armée de cette nouvelle souveraineté et, par conséquent, s’installer comme le gouvernement « de facto » de cette « Palestine ».

Pour qu’Israël aille de l’avant, tout cela suggère que les évaluations significatives en matière de sécurité, à la fois du processus d’étatisation palestinien et de nucléarisation iranienne doivent être entrepris à juste titre et à bonne échelle, compte tenu de leurs intersections complexes et de leurs synergies conséquentes.

Pour Israël, après tout, l’impact cumulatif de ces deux principales menaces pourrait être presque certainement  bien plus vaste que la simple somme de ses parties identifiables.

***

Louis René Beres | 9/11/2016

Louis René Beres est Professeur Emérite de Droit International à Purdue. Il livre des Conférences et il publie largement dans les domaines de la Sécurité et la Stratégie Nucléaire Israélienne.

israeldefense.co.il

Adaptation : Marc Brzustowski

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Ratfucker

Une frappe nucléaire sur Jérusalem vitrifierait simultanément 1 million d’Arabes vivant dans un rayon de 15km. Avec des amis iraniens, ils n’ont plus besoin d’ennemis.