L’Institut catholique de Paris et l’université catholique britannique St Mary’s de Twickenham ont réalisé une étude sur les jeunes et la religion dans 21 pays européens, plus Israël.

Si le déclin de l’affiliation et de la pratique religieuse est généralisé, l’étude fait apparaître de très fortes disparités entre les pays: ainsi plus d’un quart des  jeunes Israéliens, soit le deuxième rang après la Pologne, a une pratique hebdomadaire.

Les chiffres vont sans aucun doute interpeller les participants au pré-Synode, qui se tient jusqu’au samedi 24 mars à Rome pour préparer le Synode des évêques sur les jeunes, en octobre.

Selon l’étude conjointe de l’Institut catholique de Paris (ICP) et de l’université catholique londonienne St Mary’s sur la religiosité des 16-29 ans en Europe, dans 12 des 21 pays européens étudiés – auxquels s’ajoute Israël –, une majorité de jeunes déclarent être sans religion. En République tchèque, ils sont même 91 % !

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Ce déclin de l’affiliation religieuse, à ne pas confondre avec la croyance en Dieu qui peut être dissociée de l’appartenance à une religion, est l’une conclusions fortes de cette étude statistique.

Celle-ci s’appuie sur les données des deux dernières vagues de l’enquête European social survey, réalisées en 2014 et 2016. Les auteurs se sont basés sur des sous-échantillons, parfois restreints, ce qui invite à la prudence dans l’analyse, de plusieurs centaines de jeunes de 16-29 ans dans chaque pays pour analyser leurs croyances et pratiques religieuses.

Ainsi, en France, ils sont 64 % à se déclarer sans religion, contre 23 % de catholiques et 10 % de musulmans, à nuancer au regard d’un sondage OpinionWay pour La Croix publié en juillet 2016 sur un échantillon plus large et plus représentatif où 42 % des 18-30 ans se disaient catholiques et 47 % sans religion.

Toutefois, ces précisions n’empêchent pas de constater que selon l’étude la référence religieuse s’estompe fortement. « Le constat est celui d’une situation de déclin généralisé de la pratique religieuse », indique sans ambages le professeur Stephen Bullivant, théologien et sociologue des religions à l’université St Mary’s, co-auteur de l’étude.

La pratique hebdomadaire est extrêmement faible. Elle ne concerne plus de 10 % des jeunes que dans quatre des pays étudiés : la Pologne (39 %), Israël (26 %), le Portugal (20 %) et l’Irlande (15 %). À l’inverse, dans sept pays, plus de la moitié des personnes interrogées déclarent ne jamais assister à un office religieux (République tchèque, Pays-Bas, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, France et Hongrie).

Dynamisme enviable

Pour autant, l’enquête n’est pas uniforme. Les « bastions » catholiques résistent à la sécularisation, davantage d’ailleurs que les pays majoritairement luthériens ou anglicans. Outre l’exception polonaise (82 % de catholiques), le Portugal et l’Irlande – l’Italie ne fait pas partie de l’étude – affichent également un dynamisme enviable.

« On dit beaucoup de l’Irlande qu’elle est en pleine déchristianisation et que les jeunes ne vont plus à l’église, explique Stephen Bullivant. C’est vrai si vous regardez les chiffres dans le temps, mais aujourd’hui, par rapport au reste de l’Europe, les jeunes irlandais sont encore extraordinairement religieux. »

Par ailleurs, l’étude donne à voir des minorités chrétiennes peu nombreuses mais dont la religiosité apparaît plus vive et ne répondant quasi plus à une pression sociale ou une dimension identitaire.

L’exemple le plus frappant est celui de la République tchèque. Très peu nombreux (7 % de la population), les jeunes catholiques sont 24 % à se rendre à la messe au moins une fois par semaine et 48 % à prier sur la même période. « L’exemple de la République tchèque est symptomatique de ce que Benoît XVI appelait les “minorités créatives” », analyse Stephen Bullivant qui envisage que le scénario tchèque préfigure celui de la France ou de l’Espagne à moyen terme.

Christianisme culturel plus rare

Ce christianisme d’adhésion, par contraste avec le christianisme culturel qui est de moins en moins transmis, apparaît également à des degrés moindres au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou France.

« Les communautés catholiques sont plus petites mais, dans un réflexe de minorité, les individus y sont plus investis, assure François Moog, théologien et doyen de la faculté d’éducation de l’ICP. L’appartenance religieuse devient plus existentielle et engageante. La transmission familiale est plus forte comme le soutien entre les membres de la communauté. En revanche, ces minorités s’interrogent sur leur manière d’être chrétien aujourd’hui et de prendre la parole dans l’espace public. En France, plusieurs ouvrages ont d’ailleurs été publiés récemment sur ce thème. »

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Les chiffres du déclin du « catholicisme culturel »

Certains pays européens affichent encore une importante proportion de jeunes chrétiens mais la part des pratiquants y est très faible.

L’exemple le plus criant est celui de la Lituanie avec 71 % de catholiques mais seulement 5 % de pratiquants hebdomadaires.

La Slovénie, 55 % de catholiques pour 11 % de pratiquants réguliers et l’Autriche avec 44 % de catholiques mais seulement 3 % de « messalisants » sont dans la même veine.

L’Espagne est un cas intermédiaire. Le pays fortement imprégné par la culture catholique ne compte pourtant que 37 % de jeunes se revendiquant de cette religion. Et parmi eux, ils ne sont que 10 % à aller à la messe de manière hebdomadaire, contre 39 % qui n’y vont jamais.

En Belgique, 22 % des 16-29 ans se disent catholiques, dont une infime minorité (2 %) pratiquent régulièrement.

Arnaud Bevilacqua et Gauthier Vaillant

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eli

Je pense que le chiffre est beaucoup plus élevé. Ainsi, par exemple, 56% des femmes juives en Israël allument des bougies régulièrement et 21% allument de temps a autre. La plupart des Juifs croient en Dieu et participent aux grandes fêtes, même s’ils ne s’appellent pas religieux.