Le soulèvement du ghetto de Varsovie (Crédit : Musée du mémorial de l’Holocauste aux Etats-Unis, Wikimedia Commons)

Selon de nouvelles recherches effectuées en Pologne, les deux tiers des Juifs locaux qui se cachaient dans le pays pour échapper aux nazis ont perdu la vie à cause de leurs voisins non-juifs.

Ce chiffre provient d’un rapport en deux volumes de 1 600 pages que les historiens du Centre de recherche sur l’Holocauste des Juifs, basé à Varsovie, ont compilé au cours des cinq dernières années. Elle couvre neuf des 13 régions de Pologne, a rapporté dimanche la station de radio Tok FM.

Dans le contexte d’un débat polémique en Pologne sur une loi qui limite le discours sur la complicité polonaise dans l’Holocauste, l’étude suggère que les Polonais sont partiellement responsables de centaines de milliers de morts de Juifs dans l’Holocauste – un chiffre qui est nettement plus élevé que les estimations précédentes.

Les résultats de la recherche ont été publiés en début d’année dans un livre en polonais intitulé « The Fate of the Jews in Selected Regions of Occupied Poland » [Le sort des Juifs dans certaines régions de la Pologne occupée].

Une délégation de la Marche des vivants sur le site d’Auschwitz-Birkenau en Pologne le 5 mai 2016 (Crédit : Yossi Zeliger / FLASH90)

Ils concernent le sort de plus d’un million de Juifs qui sont entrés dans la clandestinité pour éviter d’être assassinés dans le cadre de l’opération Reinhard – la campagne d’extermination de 3,3 millions de Juifs en Pologne occupée par l’Allemagne nazie.

Michael Schudrich, grand rabbin de Pologne, récite une prière pour les victimes du massacre de Jedwabne au cimetière juif de la ville, le 10 juillet 2016. (Crédit : JTA/Cnaan Liphshiz)

Selon les affirmations antérieures du grand rabbin polonais Michael Schudrich, guère plus de 2 500 Juifs sont morts à cause des Polonais pendant ou immédiatement après l’Holocauste. Efraim Zuroff, directeur Europe de l’Est pour le Centre Simon Wiesenthal a contesté le chiffre de Schudrich : Il estime que le chiffre exact est de « plusieurs milliers » de personnes, en incluant au moins 15 villes de l’est de la Pologne, où des non-juifs ont massacré leurs voisins juifs.

Mais si la nouvelle étude en Pologne est correcte, alors ces estimations ne sont qu’une fraction d’un décompte de plus d’un demi-million de victimes juives de l’Holocauste qui sont mortes à la suite des actions de Polonais non-juifs.

La question de la complicité polonaise dans l’Holocauste est très controversée en Pologne, où les nazis ont tué trois millions de non-juifs en plus d’environ quatre millions de Juifs.

En janvier, le gouvernement de droite a adopté une loi criminalisant le fait de rendre la Pologne responsable des crimes nazis. Les protestations d’Israël, des États-Unis et des organisations juives au sujet de cette loi ont provoqué ce que les observateurs qualifient de vague de haine antisémite d’une intensité sans précédent depuis la chute du communisme en Pologne.

A LIRE : Texte intégral de la loi polonaise controversée sur la Shoah

Le gouvernement polonais mène également une campagne qui rend hommage aux actions des Polonais qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs. Le musée de l’Holocauste de Yad Vashem a distingué plus de 6 000 Polonais pour de telles actions – soit le nombre le plus élevé parmi toutes les nations.

Selon les historiens Barbara Engelking et Jan Grabowski, deux des neuf chercheurs qui ont mené l’étude, les petites villes polonaises étaient particulièrement dangereuses pour les Juifs cachés. Ils les ont qualifiés de « pièges de la mort », a rapporté TOK FM.

Le Professeur Jan Grabowski, auteur de « Hunt for the Jews : « Betrayal and Murder in German-Occupied Poland. » [« Chasse aux Juifs : Trahison et meurtre en Pologne occupée par les Allemands. »(Capture d’écran YouTube)

M. Grabowski est professeur d’histoire à l’Université d’Ottawa au Canada et doyen des historiens de l’Holocauste, surtout en ce qui concerne les comportements des témoins. Son livre de 2014, Hunt for the Jews : Betrayal and Murder in German-Occupied Poland, a été le lauréat du Prix international du livre Yad Vashem pour la même année. Il a également été membre du US Holocaust Memorial Museum.

Les dernières recherches ont consisté à identifier, interviewer ou revoir les entretiens avec le plus grand nombre possible de survivants afin de déterminer le sort d’autres Juifs cachés qui n’ont pas survécu, selon le rapport. On y trouve également des archives récemment découvertes dans des régions éloignées de la Pologne à l’époque de l’occupation nazie et après.

Dans une de ces régions, Miechów, plus de 10 % des Juifs cachés ont été assassinés directement par des partisans membres de la résistance polonaise, selon l’étude.

JTA

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