Les Kurdes, meilleurs alliés de l’Amérique (et d’Israël) en Syrie

 

ARA News

Commentaire : Que cette alliance soit explicite, avant la prise de fonction de l’Administration Trump, prend l’allure d’une déclaration d’intentions claires et d’une reformulation de stratégie en Syrie (et en Irak). Rex Tillerson, qui n’a pas hésité à extraire du pétrole directement au Kurdistan d’Irak, dès 2011, semble sans complexe à l’égard des pouvoirs régionaux, qu’il s’agisse de la Turquie, de la Syrie ou de Bagdad (simple succursale de Téhéran). Ankara et Damas devront s’y faire : le Kurdistan occidental, ou Rojava de Syrie devient une réalité sur le terrain, prise en compte comme telle par Washington et Moscou, du fait de sa puissance de rempart militaire contre Daesh. 

L’ancien PDG d’Exxon Mobil et nouveau Secrétaire d’Etat désigné par le Président-élu, Donald Trump, Rex Tillerson a déclaré que les Kurdes sont les meilleurs alliés de l’Amérique en Syrie. Quoi qu’il en soit, il a aussi dit qu’ils devraient tenter une nouvelle phase de conciliation avec la Turquie, en dépit des efforts entrepris par les Turcs pour saper leurs forces dans les bastions Kurdes syriens [NDLR : essentiellement autour d’Al Bab : or, après divers tentatives, la percée turque sur Al Bab reste un échec, après deux mois d’offensive, ainsi que l’appui aérien russe : les forces turques ont encore dû abandonner le village de Suflania, qu’ils venaient de conquérir, à l’est d’Al Bab le 13 janvier… Pendant ce temps, les Forces Démocratiques Syriennes continuent de progresser autour de Raqqa, avec l’assistance aérienne américaine]

Le prochain Secrétaire d’Etat américain a désigné Daesh comme la menace la plus immédiate, en réaffirmant que les Etats-Unis doivent travailler avec les Kurdes syriens.

 « Cela signifie qu’il faut projeter la force de notre puissance militaire américaine, mais, en espérant ne pas avoir à l’utiliser », a-t-il déclaré devant la Commission des Relations Extérieures du Sénat. « Mais, au cas où Daesh, la menace la plus immédiate, se manifeste – cela implique que nous puissions construire une coalition renouvelée qui emploie les forces déjà présentes sur le terrain, dont les Kurdes Syriens, qui sont nos meilleurs alliés », a-t-il affirmé.

Les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) menées par les Kurdes, ont lancé le 6 novembre une opération visant à isoler la capitale de facto de Daesh en Syrie.

 « Ce que nous nous engageons à (continuer d’)apporter aux Kurdes syriens, c’est que nous avons bien l’intention de les soutenir et de leur fournir la capacité de poursuivre la percée vers Raqqa et ensuite de bâtir une coalition qui puisse contenir Daesh, s’il tente de se transformer, même sous une autre forme d’idéologie et de légitimité, (parce qu’actuellement affaibli). Nous trouverons comment y parvenir et améliorer la coordination mise au point par les Etats-Unis », a déclaré le Secrétaire nominé.

 « La défaite de Daesh représente, globalement, un défi extrême, parce qu’il ne s’agit de vaincre un pays », a-t-il conclu.

Néanmoins, la Turquie est fortement opposée à tout soutien apporté aux forces des FDS, puisqu’elle perçoit les Unités de Protection du Peuple Kurde (YPG) et, par extension, les FDS comme une couverture du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Les rebelles soutenus par la Turquie et l’armée turque bombardent et attaquent les forces YPG et FDS, dans le Nord de la Syrie, en pleine campagne visant à prendre la ville d’al-Bab, entreprise qui vise à empêcher les Kurdes d’opérer la liaison entre les cantons de Kobané et Afrin et de créer ainsi un territoire contigu et contrôlé par les Kurdes à la frontière turque.

Les forces FDS ont publié un communiqué mardi, qui a été retweeté par le Commandement Central américain, jeudi, réaffirmant ne pas avoir de lien avec le PKK. « Les FDS confirment ne pas avoir affiliation ni de liens avec le PKK », déclarait le CENTCOM. Le Sénateur Républicain Rob Portman a aussi manifesté son accord, lors de l’audition du Secrétaire nominé, lorsque celui-ci désigne les Kurdes de Syrie comme les meilleurs alliés de l’Amérique en Syrie [ce qui dit sans le dire, que les Turcs ne le sont pas et que le terrain diplomatique russe n’a pas encore été suffisamment exploré].

Le Secrétaire nominé à la Défense, le Général James Mattis n’a pas directement mentionné les Kurdes au cours de son audition de confirmation, mais il a déclaré que la coalition dirigée par les Etats-Unis devrait revoir sa stratégie sur Raqqa. « Je pense que cette stratégie a besoin d’être révisée et vraisemblablement redynamisée par un agenda plus agressif », a-t-il dit.

Ernie Audino, un Général de Brigade à la retraite dans l’armée des Etats-Unis, a déclaré à ARA News que la nouvelle Administration Trump reconnaîtrait très probablement l’efficacité kurde dans le combat contre Daesh en Syrie.

Reportage de : Wladimir van Wilgenburg | Source: ARA News

Adaptation : Marc Brzustowski

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La Turquie s’en prend au Centcom américain pour un tweet sur les Kurdes syriens

Istanbul, 12 jan 2017 (AFP) — Le Commandement central américain (Centcom) s’est attiré les foudres de la Turquie jeudi en publiant sur son compte Twitter un communiqué d’une coalition armée syrienne démentant tout lien avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) comme l’en accuse Ankara.

Washington soutient en Syrie la coalition arabo-kurde des forces démocratiques syriennes (FDS), son alliée la plus efficace sur le terrain dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Ce soutien suscite des frictions régulières avec Ankara qui considère comme une façade la composante arabe de cette force, dominée par les Unités de protection du peuple kurde (YPG) liées au PKK, classé comme un groupe terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne.

Au moment où les critiques turques envers Washington s’amplifient au sujet de ce soutien, le Centcom a publié sur son compte Twitter officiel un communiqué des FDS démentant tout lien avec le PKK.

« Les FDS confirment qu’elles n’ont aucune affiliation ou lien avec le PKK », a écrit mercredi soir le Centcom dans son tweet en y joignant une copie du communiqué des FDS.

« C’est une blague ou @Centcom a-t-il perdu la tête? », a réagi jeudi matin, également sur Twitter, Ibrahim Kalin, le porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan.

« Vous pensez que quiconque va gober ça? Les Etats-Unis doivent cesser d’essayer de légitimer un groupe terroriste », a-t-il ajouté.

Pour exprimer son étonnement, l’ambassadeur turc à Washington a usé de l’ironie, écrivant dans un tweet que le compte du Centcom « doit avoir été piraté par le PKK ».

La coopération de Washington avec les milices kurdes syriennes a sérieusement plombé ces derniers mois les relations entre les Etats-Unis et la Turquie, tous les deux membres de la Coalition internationale qui lutte contre l’EI.

Dans un tribune publiée mercredi par le Washington Post, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a regretté « l’insistance des Etats-Unis à travailler en Syrie avec une organisation terroriste, le YPG/PYD », qualifiant cette coopération de « moralement corrompue ».

La Turquie a lancé en août une intervention militaire dans le nord de la Syrie visant l’EI mais aussi les YPG qu’Ankara cherche à tout prix à empêcher de faire la jonction à sa frontière entre les « cantons » d’Afrine et Kobane qu’elles contrôlent dans le nord de la Syrie.

AFP

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