Un rocher de six kilomètres carrés planté à l’extrémité méridionale de la péninsule ibérique en face du Maroc. Quelque trente mille habitants vivent là, sur ce territoire britannique depuis le traité d’Utrecht de 1713 qui a suivi la conquête du lieu par les Anglais sur les Espagnols en 1704. Gibraltar tire son nom d’un chef berbère, Tariq Ibn Ziyad, et la montagne de Tarik, Djebel Tarik, est devenue Gibraltar.

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C’est là que se dressent les fameuses « Colonnes d’Hercule » situées de chaque côté du détroit de Gibraltar. C’est là aussi, que depuis des millénaires vit une petite mais dynamique communauté juive.

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Certains chercheurs font remonter la présence de Juifs à Gibraltar à la période des Wisigoths au 4ème siècle.

Mais les premières traces avérées de la présence des Juifs à Gibraltar datent de 1356, lorsque la communauté demande de l’aide pour payer la rançon d’un groupe de Juifs prisonniers de pirates. Un autre document indique que certains Juifs fuyant Cordoue ont cherché refuge à Gibraltar en 1473

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Ils durent quitter le rocher pendant l’Inquisition (ou se convertir), mais ils purent s’y installer à nouveau quand la Grande-Bretagne en pris le contrôle en 1713.

En 1492, les Juifs sont expulsés de la péninsule Ibérique par le décret de l’Alhambra. Ils doivent choisir entre l’expulsion et la conversion forcée, certains maintiennent secrètement des coutumes et pratiques juives (crypto-judaïsme).

Après la signature du traité d’Utrecht (1713), Gibraltar passe sous contrôle du Royaume de Grande-Bretagne et devient un territoire britannique.

Dans le traité, l’Espagne a ajouté la clause interdisant la ville aux Juifs et aux Maures :

« Sa Majesté britannique, sur instance du Roi Catholique, consent et convient qu’il n’est permis pour aucun motif que des Juifs ou des Maures habitent ou aient un domicile dans ladite ville de Gibraltar ni qu’on laisse entrer ou qu’on accueille les navires de guerre maures dans le port de ladite Ville, la communication entre l’Espagne et Ceuta pouvant en être coupée ou les côtes espagnoles être infestées de corsaires maures. Et des traités d’amitié, de liberté et de fréquence commerciale existant entre les Anglais et quelques régions de la côte d’Afrique, il faut toujours comprendre qu’on ne peut pas refuser l’entrée dans le port de Gibraltar aux Maures et à leurs navires qui viennent seulement commercer. »

Cependant, les Britanniques ne respectent pas ledit accord : des Juifs s’installent dans la ville. Cette tolérance britannique fut considérée comme un manquement au traité d’Utrecht. Les Espagnols utilisèrent cet argument pour remettre en cause le traité et assiéger la ville en 1727, mais sans succès. Les autres arguments avancés concernaient l’admission des « Maures », l’extension des fortifications et la fraude à partir de Gibraltar.

En 1729, un accord a été conclu entre les Britanniques et le sultan du Maroc, en vertu duquel les sujets juifs du sultan ont l’autorisation de résider à Gibraltar afin d’approvisionner la garnison britannique.

Les Juifs ont eu le droit d’établissement permanent en 1749, lorsque Isaac Nieto, le premier rabbin de la nouvelle communauté, est venu de Londres et a créé la Congrégation Sha’ar HaShamayim, la plus ancienne synagogue de Gibraltar, connue sous le nom de la Grande Synagogue.

À cette époque, il y avait 600 Juifs à Gibraltar, soit près du tiers de la population civile.

Trois autres synagogues, qui fonctionnent encore pour le Shabbat et les jours de fête, ont été construites au fil des ans : Nefutsot Yehuda et Ets Hayim en 1781 et la Synagogue Abudarham en 1820.

Interior of Abudarham Synagogue

Intérieur de la Synagogue Aboudarham 
Crédit : Communauté juive de Gibraltar

La population juive a continué de croître, atteignant son apogée au milieu du XIXe siècle.

En 1859, l’Espagne déclare la guerre au Maroc. Aussitôt, beaucoup de Juifs de Tétouan et d’autres ports marocains se réfugient à Gibraltar, où ils apprennent le saccage de la « judéria » (quartier juif) de Tétouan peu avant que les Espagnols s’emparent de la ville.

Le gouvernement de Gibraltar, avec l’accord des autorités françaises, organise l’immigration de ces Juifs vers Oran : souvent aidés par des compatriotes déjà établis dans la ville, les Tétouanais s’installent à Oran et dans toute la région : Sidi-bel-Abbès, Mascara, Mostaganem…

Il convient de noter que certaines coutumes anciennes ont été conservées par les Juifs de Gibraltar.

Par exemple, en 1777, Issac Aboab, un Gibraltarien juif né à Tétouan, est enregistré comme ayant deux épouses, Hannah Aboab et Simah Aboab. La bigamie était alors illégale dans le Royaume de Grande-Bretagne, mais, à l’époque, la loi ne semble pas avoir été pleinement appliquée à Gibraltar.

Même si les Juifs avaient alors abandonné la polygamie, ceci montre qu’il y avait des exceptions, en particulier chez certains séfarades et groupes de Juifs mizrahim…

La plupart des Juifs de Gibraltar sont évacués vers le Royaume-Uni, au cours de la Seconde Guerre mondiale, lorsque Gibraltar est utilisée comme base d’opérations des forces alliées.

Après la guerre, certains ont choisi de rester au Royaume-Uni, mais la plupart sont retournés à Gibraltar, malgré un ralentissement dans certaines de leurs pratiques religieuses. Cette tendance a été inversée, au moins en bonne partie, par les efforts du rabbin Josef Pacifici qui, outre le rabbinat, a assuré le développement de l’éducation juive à Gibraltar.

Plusieurs Gibraltariens juifs ont servi dans des postes importants dans le gouvernement, en particulier au XXe siècle, dont Sir Joshua Hassan qui a assumé deux mandats de Premier Ministre de Gibraltar. Le maire de Gibraltar, Salomon Levy, a commencé ses fonctions le 1er août 2008.

Témoignage de David Koskas

gibraltar

 

Dans ce petit territoire britannique au sud de l’Espagne, les juifs parlent fréquemment parlent le llanito, mélange de castillan, d’anglais et d’hébreu.

Aujourd’hui, ils sont près de 750 personnes, bien que l’organisation de la communauté permette surement à 2000 Juifs de s’y sentir à l’aise: on y trouve 4 synagogues, un mikve, un lycée religieux où les garçons et les filles sont séparés et un café casher.

La communauté s’aggrandit, avec 25% de membres en plus au cours des trois dernières années, et l’école primaire juive compte 140 élèves.

Bien installés dans la société, parfois même à des postes gouvernementaux, les Juifs de Gibraltar auraient pourtant tendance, ces dernières années, à se fermer au monde extérieur et à se recentrer sur une pratique plus orthodoxe de judaïsme.

« Il y a des Juifs qui n’ont absolument aucun contact avec les non-Juifs », déplore Jo Abergel, une anglaise originaire de Leicester qui a épousé un natif de Gibraltar.« Ils ne participeront à aucune activité – ballets, leçons de natation, etc. – si ce n’est pas la communauté juive qui l’organise ».

« La vie sociale tourne essentiellement autour du Chabbat », continue-t-elle.

« C’est complètement différent de ma vie en Angleterre, vraiment. Là-bas, on pouvait être juif culturellement. Il y avait des danses, des événements de bienfaisance, il y avait beaucoup de choses dans lesquelles on pouvait s’impliquer, quel que soit son niveau ».

Mais tous les Juifs de Gibraltar ne s’en plaignent pas: « Dans la communauté, on a vraiment l’impression de faire partie de la même famille », témoigne l’un d’entre eux.

Majoritairement orthodoxe et séfarade, la communauté de Gibraltar est en pleine croissance. Elle a vu ses effectifs augmenter de 25% depuis 2008, année où elle s’est mise à proposer des prêts immobiliers pour encourager les immigrants juifs potentiels à s’installer sur « le Rocher ».

Sources :

rol-benzaken.centerblog.ne

le site: http://www.terrepromise.fr

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