Trump s’est-il trumpé de camp? : les forces spéciales américaines combattent avec la Syrie, le Hezbollah et l’armée libanaise à la frontière du Liban
Israël proteste discrètement contre le rôle des Forces Spéciales américaines dans les opérations libano-syro-Hezbollahies contre l’ex-Front Al Nusra, actuel Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) sur la frontière libano-syrienne. La frontière syro-israélienne est leur prochaine cible. 

 

Les diplomates ont déposé une démarche de recours en toute discrétion, auprès de Washington, à propos de la participation des forces spéciales américaines dans le cadre d’une opération conjointe avec les armées syrienne, libanaise et la milice terroriste du Hezbollah, visant à nettoyer la région de la frontière libano-sqyrienne de toute présence du bras armé d’Al Qaïda, l’ex-Front Al Nusra, actuel Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), qui combat dans ce secteurs avec des éléments de Daesh. Selon les renseignements militaires, cette opération contre le groupe djihadiste combattant sous le commandement d’Abu Mohammad al-Jawlani (le « Golani »), s’est subdivisée en trois parties.

La troisième partie qui va bientôt être lancée est conçue pour amener cette « coalition » de circonstance jusqu’à la frontière israélienne.

La première partie a consisté dans une offensive du Hezbollah contre les forces de l’Hayat Tahir al Sham (HTS) tenant la région d’Arsal des deux côtés de la frontière à sa pointe nord. Le Hezbollah a prétendu avoir combattu l’ennemi seul à seul. Mais comme toutes les déclarations émanant de Washington et Moscou à propos des événements en Syrie, celle-ci aussi nécessite de regarder les « faits » de plus près. Cela transpire tellement que le Hezbollah était appuyé par l’artillerie syrienne, alors que l’armée libanaise avait pour rôle de couper les routes d’évasion du champ de bataille pour les rebelles djihadistes.

Les combattants rebelles voyant qu’ils étaient encerclés de tous côtés, se sont rendus et ont donné leur accord pour se retirer. Au cours du week-end, par conséquent, 7.000 djihadistes,la plupart d’entre eux appartenant à Al Nusra-HTS, ainsi que leurs familles, ont été évacués de la région de la frontière vers la province syrienne du nord, dans la région d’Idlib sur la frontière turque.

Il s’avère aussi qiue l’opération trilatérale d’Arsal avait une dimension américaine. Le Premier Ministre libanais Saad Hariri s’est rendu en visite à Washington la semaine dernière et a eu des discussions avec le Président Donald Trump à la Maison Blanche. Juste après cette rencontre, le Président américain a employé des mots très durs pour le Hezbollah, qu’il a désigné comme une menace pour la paix mondiale. Mais lors de son entretien à huis-clos avec Hariri, Trump a été gagné par la conviction que l’armée libanaise est parfaitement incapable de défendre ses propres frontières sans aide extérieure et il n’a pas eu d’autre option que de travailler avec le Hezbollah et l’armée syrienne.

Hariri a aussi réussi à convaincre le Président américain qu’il fallait qu’il déclare le Front Al nusra et toutes ses branches en tant qu’organisation terroriste, de la même façon que l’Etat Islamique, ce qui fait aussi partie des conventions américano-russes à l’origine des zones de déconfliction.

A ce moment, Israël n’a opposé aucun argumentaire, bien qu’il s’agisse du premier exemple d’une opération conjointe entre les forces de Bachar el Assad, le Hezbollah soutenu par l’Iran et l’armée libanaise, qui a fait sortir le drapeau rouge et sonner l’alarme à Jérusalem comme signalant le premier feu vert donné à l’extension du Hezbollah jusqu’au-delà la frontière libanaise.

Israël, dont le premier ministre Binyamin Netanyahu est assiégé par ses propres problèmes en politique intérieure (retour d’enquêtes sur abus de biens sociaux, abus de confiance…), n’a pas plus cherché à démentir ou donner son point de vue, quand les Américains ont déclaré que le réseau HTS-al Nusra est aussi la cible de la guerre anti-terroriste de l’Amérique, même si à Jérusalem on observe quelques nuances sur ce point.

Israël soutient que les groupes rebelles qui détiennent les zones de la frontière syrienne en face du Golan sont surtout constitués de défenseurs indigènes (locaux) de leurs villages dans les régions de Quneitra et du Mont Hermon. Bien qu’un petit nombre peut aussi entretenir des relations avec Al Nusra, ils demeurent numériquement insignifiants, contrairement à ce que répand la propagande syrienne et du Hezbollah. L’acceptation de ce fait vérifié permet de concéder une étroite bande de sécurité, qui agit à la façon d’une zone-tampon contre l’incursion des forces hostiles de l’armée syrienne,du Hezbollah et de la Syrie jusque sur la frontière nord.

Washington fermait les yeux sur cette tolérance israélienne quand à la subsistance de groupes d’Al Nusra parmi d’autres groupes rebelles à la frontière -jusqu’à ce que l’intervention d’Hariri fasse en sorte que la Maison Blanche change de position. Les conséquences de ce changement d’optique n’ont pas tardé à devenir visibles.

Jeudi 3 août, le porte-parole du Pentagone, Eric Pahon a annoncé : « Nis forces spéciales apportent un entraînement et un soutien aux forces armées libanaises ». Afin de clarifier ce qu’il entendait par « soutien », il a ajouté : « Cette action n’est pas seulement concentrée sur des mission de soutien aux opérations, mais aussi des missions tactiques et stratégiques. Nous avons aussi une présence auprès des Forces Spéciales Libanaises dans tous les aspects de l’entraînement et des opérations des forces spéciales ».

Le porte-parole du Pentagone n’aurait pu que très difficilement opérer ce dévoilement important sans qu’une autorité de haut-rang – au moins le Secrétaire à la Défense James Mattis, si ce n’est pas le Président Trump en personne- ne lui en donne l’autorisation.

Ses paroles se sont très rapidement transformées en actions concrètes.

Dimanche 6 août, la seconde partie de l’offensive conjointe syro-libano-hezbollahie était lancée contre les forces d’Al Nusra-Daesh détenant des positons dans les villes libanaises de Ras Baalbek et d’Al-Fakiya dans le nord de la vallée de la Beqaa. Cette fois, les Forces Spéciales Libanaises sont entrées en combat actif, aux côtés des Forces Spéciales américaines – une nouvelle évolution démontrant l’impact hautement stratégique de ces opérations – non seulement pour Israël,mais dans le contexte du Moyen-Orient, bien plus largement. Les troupes des forces spéciales américaines prennent part, pour la première fois, à une opération militaire conjointe avec le Hezbollah et le gouvernement libanais de leur allié Michel Aoun.

On pourrait tenter d’arguer que l’armée américaine ne travaille directement qu’avec l’armée de ce gouvernement libanais (inféodé à l’Iran). Cependant, les plans opérationnels doivent avoir été conçus ensemble avec le haut commandement syrien à Damas et les chefs du Hezbollah à Beyrouth -et,étant donné le rôle de ce dernier en tant que supplétif de l’Iran, des officiers iraniens font sans nulle doute, partie du tour de table de cette conférence de planification.

Le déploiement sur toute la région de la frontière libano-syrienne représente, par conséquent, bien plus qu’une simple opération de nettoyage contre une filiale d’Al Qaïda ; c’est le lancement d’un nouvel alignement militaire, qui est prêt à donner lieu à des combats lors de la troisième phase de cette opération, qui se focalisera sur les frontières syro-jordaniennes et syro-israéliennes.

Cette combinaison est le résultat de l’accord américano-russe pour la coopération en Syrie. Ces deux super-puissances sobnt déterminées à imposer leurs zones de cessez-le-feu conclues jusqu’à la frontière du Golan que cela plaise ou non à Israël et que cela lui coûte réellement.

 

DEBKAfile  Reportage Exclusif, 7 août 2017, 10:26 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Soliloque

après tout, cet accord militaire américano-russe est peut-être une bonne chose. Il apparaît difficile d’imaginer que l’Amérique fera des bavures qui coûteront à Israël: il ne faut pas exagérer non plus, même si l’avis d’Israël n’a pas été demandé.
Peut-être que cela peut modérer ) moyen terme au moins, les élans du Hezbollah vis à vis d’Israël

Raphael

Comment s’étonner que Netanyahu ne soit occupé que par ses problèmes personnels, ceux qui l’attaquent peut-être avec raison, ne pensent pas que le moment est difficile pour Israël, et s’acharnent contre le premier ministre sans considérations pour les conséquences.
Il faut imiter la France quant à l’immunité des ministres pendant leurs mandats, après leurs mandats, il n’est pas trop tard de leurs demander comptes.