Les Etats-Unis représenteront 80 % de la croissance de la production d’or noir d’ici à 2025, prévoit l’Agence internationale de l’énergie. Jamais un seul pays producteur n’avait pris une place aussi prépondérante depuis l’Arabie saoudite dans les années 1970 et 1980.

C’est désormais incontestable : le boom du pétrole de schiste outre-Atlantique représente bel et bien une révolution pour le marché de l’énergie. Les Etats-Unis vont représenter à eux seuls 80 % de la croissance de la production mondiale de brut d’ici à 2025, estime l’Agence internationale de l’énergie dans son rapport annuel publié ce mardi. « Les USA deviennent le leader mondial incontesté du pétrole », estime Laura Cozzi, qui a piloté l’étude pour l’AIE, bras armé de l’OCDE pour l’énergie.

C’est historique. Jamais un pays producteur de brut n’avait connu à lui seul une telle montée en puissance depuis l’Arabie saoudite dans les années 1970 et 1980, si l’on se fie aux prévisions de l’AIE, qui défend les intérêts des pays consommateurs d’hydrocarbures. Cela s’explique essentiellement par le succès de l’industrie du pétrole de schiste. Quasiment inexistant il y a dix ans, le schiste représente déjà 5 % de la production mondiale. La production va doubler en moins de dix pour passer à plus de 9 % du total en 2025.

Retour sur investissement

Le pétrole conventionnel, lui, recule : la production devrait décliner de plus de 4 % sur la même période, pénalisée par la baisse des cours et les initiatives de l’Opep et de ses alliés pour limiter les exportations afin de les soutenir. Le conventionnel représentera toujours une part écrasante du total (les deux tiers environ), mais ce n’est plus lui qui tire la croissance.

 
 

Le succès du pétrole de schiste est d’autant plus étonnant qu’il se confirme malgré l’effondrement du prix du baril depuis trois ans. L’industrie pétrolière américaine  a su réduire ses coûts et devenir plus souple , relève l’AIE, ce qui lui permet d’arrêter ou de reprendre rapidement l’exploitation des gisements au gré de la demande. Le retour sur investissement est beaucoup plus rapide que pour les projets classiques comme les forages en eaux profondes.

Résistance aux prix bas

« Elle s’est montrée remarquablement résistante aux prix bas », observe le rapport. Les investissements ont repris cette année dans le secteur alors que les dépenses d’exploration et de production pour le pétrole conventionnel « sont toujours en plein marasme » : 440 milliards de dollars « seulement » cette année, presque moitié moins que lors du record historique de 2014.

Malgré ce boom, les Etats-Unis sont restés jusqu’à présent un gros importateur net de pétrole. Mais plus pour longtemps, prévient l’AIE. Ils pourraient devenir exportateurs nets à la fin de la prochaine décennie, aidés par un recul de la demande domestique. Une révolution qui « modifiera de façon spectaculaire la nature et la direction des flux de pétrole autour du monde » et « bouleversera l’ordre établi au cours des dix prochaines années ».

L’Inde, nouveau moteur de la demande

D’autres tendances sont en train de redessiner la carte de la planète pétrole. Le Moyen-Orient augmente ses capacités de raffinage et sa consommation domestique, ce qui limite la croissance de ses exportations. Et l’appétit de l’Asie pour le brut reste « tenace ». Le continent asiatique représentera 35 % de la demande en 2025 contre 25 % un quart de siècle plus tôt.

La croissance de la consommation de pétrole ralentit globalement : au cours des dix prochaines années, elle devrait être deux fois moins rapide que pendant les dix dernières. L’AIE voit néanmoins « peu de signes » d’un pic de la demande. La stagnation ou le recul annoncés en Europe et aux Etats-Unis sont plus que compensés dans le reste du monde. L’Inde, en particulier, détrônerait la Chine en tant que premier moteur de la demande d’ici à 2040. Une conséquence des  efforts de Pékin pour réduire la part des hydrocarbures dans le mix énergétique.

Vincent Collen
@VincentCollen

 

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