Colin Greer Imagines Rabbi Abraham Joshua Heschel — Jewish Plays Project

L’oeuvre capitale « Les Bâtisseurs du Temps » d’Abraham Joshua Heschel sera rééditée dans les prochaines semaines, grâce à Monsieur Claude Sarfati. Une réédition très attendue.

Pour plus de précisions vous pouvez contacter Monsieur Sarfati (La Torah-Oblong-sarfati. /sarfati.claude@orange.fr ou par téléphone : 06 80 42 26 08).

En attendant, nous avons le plaisir de pouvoir découvrir dès à présent l’introduction à cette rédition écrite par  Maurice-Ruben HAYOUN.

Abraham Joshua Heschel, figure emblématique de la pensée juive contemporaine

L’homme juif n’est jamais seul en ce monde : la Tora est constamment à ses côtés… (A.J. Heschel)

Le Juif doit se surpasser pour être normal. Pour être un homme il doit être plus qu’un homme. Pour être un peuple, les Juifs doivent être plus qu’un peuple… (Les Bâtisseurs du temps, p.53.)

Melting pot dans tous les sens du terme, les USA nous ont habitués à ce brassage des cultures et à ce métissage des hommes. Le cas que nous allons évoquer dans les pages suivantes en est une belle illustration : il montre comment un Juif européen, Abraham Joshua Heschel a incarné dans cette société aux valeurs si différentes des nôtres, un modèle, une vision du monde, qui avait surgi dans ce que le romancier judéo-autrichien Stefan Zweig a nommé le monde d’hier, un univers englouti, perdu, et presque oublié à tout jamais.

Cette lutte contre l’amnésie, la disparition, l’extermination, ce philosophe-théologien aux accents prophétiques l’a menée, et, dans une certaine mesure, l’a même gagnée.

Dans ce livre, réédité grâce à la passion et à la ténacité de Monsieur Claude Sarfati, Heschel montre que ce qui relève de l’espace peut disparaître, mais pas ce qui relève du temps et lui appartient.

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Né en 1907 à Varsovie, ce qui  fait d’Emmanuel Levinas son aîné d’une petite année,  venu au monde dans une contrée bien plus reculée d’Europe orientale, la Lituanie, Abraham Joshua Heschel connut, à peu de choses près, le même destin que son alter ego parisien : comme son coreligionnaire lituanien, il dut partir, quitter sa Varsovie natale, son milieu naturel, emportant avec lui cet univers peuplé de hassidim qui, contrairement à leurs frères «d’Occident» n’avaient pas relégué à l’arrière-plan leur attachement aux pratiques religieuses ancestrales.

Refusant de troquer leur identité juive proprement dite contre le plat de lentilles d’une culture européenne broyant tout sur son passage, comme la totalisation et le savoir absolu de Hegel, Ils continuaient de vivre conformément aux directives des dynasties hassidiques de leur époque.

Comme chacun sait, chaque secte hassidique portait à sa tête un tsaddiq (un Juste), qui réglait pour tous ses membres jusqu’aux plus infimes détails de la vie quotidienne.

Mais de substantielles différences subsistent entre ces deux coryphées de la pensée philosophique du judaïsme au cours du XXe siècle.

Sous l’angle de l’attachement au hassidisme et à la kabbale(1), ces deux penseurs juifs, Levinas et Heschel suivaient des orientations presque opposées. Alors que Levinas(2) ne cessera jamais de manifester une certaine retenue, pour ne pas dire une réserve(3) teintée d’hostilité, à l’égard du hassidisme et de  la mystique en général, ce même ésotérisme juif, cette kabbale(4) qui offrait l’indispensable fondement théologique aux doctrines des adeptes du Baalshemtov,  Heschel restera, sa vie durant, attaché à ce courant de pensée qu’il incarnait, au vrai sens du terme, dans un judaïsme américain oublieux de ses racines et de cette vieille, mais Ô combien authentique piété, à l’abri de toute contamination des idéaux de l’Emancipation, pire, des tentations d’une assimilation délétère.

De ce point de vue, un monde séparait les deux hommes : Levinas est né dans la place forte, le bastion du talmud, la Lituanie du Gaon de Vilna(5) qui avait mené une lutte acharnée contre ces hassidim dans le comportement desquels il subodorait presque de l’hérésie… Pour Heschel, ce hassidisme était la saveur exquise du judaïsme, dans lequel il avait baigné  dans sa jeunesse, un véritable élixir de jouvence, la garantie d’un culte jeune, vivant et plein de force. Mais il n’a jamais négligé les études talmudiques, comme l’attestent les multiples renvois aux sources juives anciennes, au midrash et au talmud.

Donc, ce rapprochement entre ces deux penseurs issus d’Europe orientale, c’est-à-dire des Ostjuden, ne va guère plus loin, même si tous deux ont dû s’adapter, chacun à sa façon, à leur nouveau mode de vie, l’un en France, donc en Occident (comme le dit Levinas si souvent en parlant de Juifs occidentaux par opposition à sa propre provenance), et l’autre aux Etats-Unis après un bref passage à Londres, où il tenta de créer un centre d’études juives.

Levinas, que je sache, s’est très vite mis au français ; sa première année à Strasbourg fut consacrée à l’apprentissage du latin à l’université locale, ce qui facilitait grandement l’acquisition de la langue de Voltaire. Il a  toujours recouru à cette grande langue de culture tandis que Heschel, en raison de ses origines varsoviennes, a dû parler le yiddish et le polonais et a écrit ses œuvres dans au moins quatre langues : en yiddish, en allemand, en hébreu et enfin en anglais.

Dans ce contexte, on doit citer le cas de Martin Buber, né à Vienne mais ayant passé son enfance dans le lycée de Lvov (Lemberg), la capitale de la Galicie autrichienne, chez ses grands parents paternels, et qui maîtrisait à la fois le polonais et l’allemand, sans même parler de l’hébreu biblique et rabbinique, sous la férule bienveillante de son grand père, le célèbre érudit Salomon Buber, éditeur de  maints midrachim.

Depuis l’imposant ouvrage de Edward K. Kaplan(6) et son adaptation française, la vie et l’œuvre de Heschel sont mieux connues.  Et sa réputation avait dépassé les limites de son pays d’adoption, le continent nord-américain.

Ayant baigné dans ce milieu entièrement imprégné de culture traditionnelle où le lernen était de tradition depuis des décennies, voire des siècles, le jeune Heschel était déjà ordonné rabbin hassidique au sortir de l’adolescence. Il obtint donc dans son milieu d’origine l’ordination, mais cela ne lui a pas suffi.

Comme Léo Baeck qui fut son maître avec Ismar Elbogen et Julius Gutmann à Berlin, dans le cadre de la Hochschule für die Wissenschaft des Judentums, berceau de la réforme et du libéralisme, il quittera le judaïsme d’Europe de l’est pour soutenir une thèse de doctorat à l’université sur le thème de La conscience prophétique.

Parallèlement à cette formation purement universitaire, le jeune homme qui vivait modestement dans la capitale du IIIème Reich, suivait les cours à la Hochschule, une scolarité sanctionnée par l’octroi d’une nouvelle ordination rabbinique, frappée, celle-ci, du sceau libéral.

On sent déjà chez lui les efforts en vue d’un rassemblement des deux partis de la culture religieuse, les traditionnalistes et les libéraux. Cela ne manquera pas de peser lorsque Heschel exercera son magistère aux USA où les libéraux et les réformés s’étaient taillé la part du lion. Il voulait parler à tous les juifs, sans exclusive aucune.

On peut s’interroger sur cette tension polaire qui fit d’un jeune émigré d’Europe orientale un être un peu hybride, car affilié à deux approches contrastées d’une même et unique tradition.

Pourtant, les choses semblent s’être plutôt bien passées, puisque Léo Baeck le prendra sous sa protection et lui confiera une charge de conférence en matière talmudique. Il est vrai qu’il était parfaitement qualifié pour ce type d’enseignement qui avait bercé son adolescence et même sa prime enfance. Il suffit de feuilleter l’autobiographie d’un Salomon Maimon (1750/52-1800) pour se faire une idée de la place occupée par la littérature talmudique dans l’ancien système éducatif juif.…(7)

L’Allemagne, le judaïsme allemand et la science du judaïsme (la Wissenschaft des Judentums) ont donc joué un grand rôle dans le développement et la maturation de Heschel qui soutient sa thèse de doctorat sur place à Berlin sur La conscience prophétique.(8)

Maître de conférences, toujours à Berlin, Heschel finit par attirer l’attention d’un autre grand penseur juif de l’époque, Martin Buber, qui s’était fait connaître par ses ouvrages sur le hassidisme et aussi par ses publications sionistes, sans même parler de son maître-livre (1923) Je et tu qui le rendit célèbre dans le monde entier.

En 1937, Buber (9) qui avait pris la relève de Rosenzweig dès 1929 pour devenir le spiritus rector du Lehrhaus de Francfort-sur-le-Main, recruta le jeune Heschel comme successeur, car lui-même finit par se rendre à l’Université Hébraïque de Jérusalem où l’attendait une chaire de professeur de sociologie.

Les gouverneurs de la jeune institution refusèrent de lui confier une chaire d’études juives en raison de ses idées religieuses peu orthodoxes. Heschel s’opposa courtoisement à Buber au sujet de la place des commandements dans la religion juive.

Buber ne pouvait pas admettre que le contenu de la Révélation fût une pléthore de commandements positifs et négatifs. De même, sa conception du message prophétique était autre que celle de Heschel ; pour Buber, la prophétie ne serait qu’une manière symbolique de transmettre un message moral.. Alors que Heschel, contrairement au talmud selon lequel depuis la destruction du temple la prophétie n’était plus que l’apanage des enfants et des fous, tenait que la prophétie se poursuivait encore de notre temps et qu’un savant comme Maimonide avait, d’une certaine façon, atteint ce stade ultime de la connaissance.

Nous sommes en 1937/38, la vie juive s’était pratiquement à l’arrêt en Allemagne où les Nazis avaient mis en place d’abominables législations racistes et antisémites.

Les juifs avaient été chassés des emplois publics, de l’administration, de l’armée, de l’édition, des hôpitaux, des écoles et des universités… Ils n’avaient même plus le droit de fréquenter les jardins publics ! Courageusement, le jeune trentenaire accepta de quitter Berlin pour Francfort-sur-le-Main afin d’y entretenir la flamme si vacillante d’un judaïsme déclaré hors la loi.

Il tenta d’organiser quelques enseignements destinés aux adultes (jüdische Erwachsenenbildung) mais la Gestapo surveillait tous ses faits et gestes. Et un soir d’automne 1938, Heschel fut arrêté dans la modeste chambre qu’il louait chez une famille juive de Francfort avec d’autres compagnons d’infortune : tous furent renvoyés en Pologne dont ils étaient originaires.

On se souvient que le jeune juif polonais, le fameux Herschel Grynszpan qui assassina le conseiller d’ambassade à Paris vom Rath, reconnut avoir perpétré son acte en raison des conditions inhumaines faites à ses parents, bloqués avec des milliers d’autres coreligionnaires,  dans un no man’s land, à la frontière entre la Pologne et le Reich, chacune de ces deux puissances exigeant de l’autre qu’elle la débarrasse de ses juifs indésirables…


Expulsé vers la Pologne, Heschel tenta de faire sur place ce qu’on lui avait interdit à Francfort : maintenir le judaïsme en vie, porter aide et assistance à une population démunie et privée de tout. 

Expulsé vers la Pologne, Heschel tenta de faire sur place ce qu’on lui avait interdit à Francfort : maintenir le judaïsme en vie, porter aide et assistance à une population démunie et privée de tout.

Il demeura sur place environ dix mois et réussit à s’envoler pour l’Angleterre d’où le professeur Julian Morgenstern de Cincinnati, chargé de faciliter le rapatriement des savants juifs de l’Allemagne nazie, et lui aussi spécialiste du prophétisme et dirigeant du Hebrew Union College de Cincinnati (Ohio), réussit à le faire venir aux USA.

On notera, en passant, que les premiers travaux d’André Néher, titulaire de la première chaire d’études hébraïques et juives à l’Université de Strasbourg, portaient aussi sur l’essence du prophétisme (10) ; une influence de Heschel sur les collègues juifs de France n’est donc pas à exclure.

Installé dès 1940 aux USA, le jeune universitaire trouve tout de même le temps de se marier le 10 décembre 1946 à Los Angeles avec une pianiste.

Au plan professionnel, il est tout naturellement embauché par le séminaire rabbinique du judaïsme libéral (HUC, Cincinnati) où il enseignera environ cinq années.

Là aussi surgit un paradoxe : certes, il avait fait comme son maître Léo Baeck, issu d’un milieu très orthodoxe, ayant entamé des études rabbiniques sous l’égide des orthodoxes mais qui finit par trouver refuge chez les libéraux.

On se rappelle que Heschel avait obtenu l’ordination des deux bords mais dans quel sens penchait son cœur ? Tout son être le poussait en direction de la mystique, du hassidisme, vers une foi non conceptualisée mais intelligente et éclairée, bref vers un judaïsme plus traditionnel, appelé aux USA conservative… Et dès que l’ occasion se présenta, il alla rejoindre le collegium des professeurs du Jewish Theological Seminary de New York (JTS). Sur place, Heschel n’eut pas que des amis car lui-même avait affirmé avec force ses orientations religieuses qui paraissaient très personnelles à certains collègues.

« Quand je défilais à Selma, je sentais que mes jambes priaient. »

Abraham Heschel avec Martin Luther King, le 7 décembre 1965
Une profonde amitié unissant le rabbin-prophète au militant noir des droits civiques, le pasteur Martin Luther King : Heschel effectua la célèbre marche aux côtés du pasteur qui allait être assassiné.

Surtout, ce comportement de prophète en indisposait plus d’un qui ne jouissait pas de la même exposition médiatique. Dans ce contexte, rappelons la profonde amitié unissant le rabbin-prophète au militant noir des droits civiques, le pasteur Martin Luther King.

Heschel effectua la célèbre marche aux côtés du pasteur qui allait être assassiné.  Il y eut donc aussi certaines rivalités, voire même des animosités avec des collègues dispensant à peu près le même enseignement que Heschel, le talmud, la philosophie médiévale, la mystique, etc… Mais l’enthousiasme hassidique de ce professeur, cette hitlahavout, vint à bout de tous les obstacles d’un milieu universitaire borné.

Au cours de ces années là, un autre grand savant, un éminent talmudiste, enseignait aussi au JTS, Saül Libermann ; c’était un érudit (11) hors pair qui alliait les méthodes scientifiques modernes à une stricte observance de la tradition..

C’est avec lui que Gershom Scholem décida de collaborer pour déterminer les rapports entre la mystique de la Merkaba (la vision du char divin du prophète Ezéchiel) et la tradition talmudique(12). Il est vrai que Heschel n’aurait certainement pas suivi les mêmes méthodes utilisées par Scholem dans son approche des grands textes mystiques(13). Mais on constatera en lisant ces Bâtisseurs du temps que Heschel renvoie très souvent au Zohar et à son exégèse ésotérique.

Selon son excellent biographe, Edward Kaplan(14) (dans A. Heschel : la sainteté en paroles, piété, poétique, action), la vie et l’œuvre de  l’auteur se diviserait en trois grandes parties : a) de 1940 à 1950, la première et très fructueuse décennie passée aux USA, l’auteur se livre à un approfondissement des valeurs philosophico-théologiques du judaïsme américain ; b) de 1951 à 1962 il adopte une approche plus critique de la pratique juive sur place, tant chez les conservative que chez les libéraux ; c) de 1962 à 1972 on assiste à ce que le biographe nomme «l’activisme prophétique».

Le père Pierre-Maurice Bogaert avait rédigé une excellent compte-rendu du livre de Kaplan dans la Revue théologique de Louvain (15) dans lequel il relevait la «théologie des profondeurs» de Heschel et ce qu’il nommait «l’absentéisme spirituel» de ses coreligionnaires américains.

En parcourant les écrits de Heschel, on remarque quelques affinités avec l’Essence du judaïsme de Léo Baeck (Paris, PUF, 1992) : on y parle de l’élection d’Israël, de la Révélation ainsi d’une application des mitzwot, raisonnée et empreinte de spiritualité.

Heschel évite les anthropomorphismes, mais préconise l’anthropopathie, c’est-à-dire qu’il prêté à Dieu ce qui ressemble fort à des sentiments humains. On sent percer le théologien sous le philosophe : Dieu, et l’homme, dans son sillage, sont toujours traités dans leur irréductibilité aux choses du monde. Cela rappelle Rosenzweig mais cela rappelle aussi Levinas et ses notions de visage et d’infini…

Quelques citations qui parlent d’elles-mêmes :

La conscience de Dieu est aussi proche de l’homme pieux que le battement de son cœur, souvent calme, profonde, mais parfois aussi débordante, enivrante, mettant le feu à l’âme…

L’autobiographie de Heschel n’a paru qu’à titre posthume, intitulée Le tourment de la vérité et présentée par sa fille Susannah Heschel.

Micha Brumlik, notre collègue allemand, a réuni trois penseurs juifs, Buber, Heschel et Levinas, dans un essai (16)paru outre-Rhin. Il évoque la publication par la veuve du penseur, Sylvia Heschel, tout juste un an après la mort de son époux, d’une étude de ce dernier sur un célèbre maître hassidique, Rabbi Menahem Mendel de Kotz.

Et c’est la remarque placée par Heschel en exergue qui retient toute notre attention : Voici pourquoi je devais absolument rédiger ce livre… Outre quelques détails autobiographiques, rappelant sa naissance à Varsovie, Heschel relate qu’il passa une partie de sa prime enfance en Ukraine, dans la localité de Metsbih, une bourgade où le fondateur de la secte, le Baalshemtob a passé les dernières années de sa vie. On comprend mieux que rien n’a pu déraciner les convictions profondes de Heschel.

C’est qu’il descendait lui-même de grandes dynasties hassidiques, tant du côté paternel que maternel. Parlant du paysage de son enfance, Heschel affirme avec une pointe de nostalgie que chaque pas fait sur le chemin évoquait une prière et chaque pierre rappelait un miracle… Il ajoutait qu’il n’avait que neuf ans lorsqu’il entendit parler pour la première fois du rabbi de Kotz.

C’est à ce guide spirituel qu’il devait une meilleure maîtrise de soi, une conduite plus équilibrée, loin des effusions qui transforment souvent en enfer une vie qui promettait pourtant d’être paisible. Brumlik souligne que contrairement à Buber qui avait quelque peu transfiguré les dévots qu’il décrivait dans ses ouvrages, Heschel, lui, en était le produit, le descendant et le continuateur naturel. D’où son côté prophétique que presque tous ceux qui l’on côtoyé, connu ou simplement lu, mettent en avant. Cet homme qui se dépensait sans compter pour ses idées n’a vécu que soixante-cinq ans sur cette terre, dont plus de la moitié dans des cercles d’Europe de l’est (Ostjuden), que ce fût à Berlin, Francfort, Varsovie, Vilna et  Mezbih, autant de centres culturels juifs où, au total, on dénombrait pas moins de dix-neuf journaux ou publications communautaires…


Cette religiosité simple mais profonde a donc accompagné Heschel toute sa vie et même quand on a pu croire qu’il ralliait la science du judaïsme dans sa version typiquement germanique, éradiquant ainsi son héritage hassidique, il a fini par revenir à lui-même et à retrouver ses propres racines.

Cette religiosité simple mais profonde a donc accompagné Heschel toute sa vie et même quand on a pu croire qu’il ralliait la science du judaïsme dans sa version typiquement germanique, éradiquant ainsi son héritage hassidique, il a fini par revenir à lui-même et à retrouver ses propres racines. Quand il se préparait à soutenir son doctoral à l’université de Berlin, il avait publié non seulement des ouvrages (sur Maimonide, 1935),  (sur Isaac Abrabanel, 1937) mais aussi des articles dans la célèbre revue d’érudition de l’époque (MGWJ) (17) dont l’esprit était imprégné d’historicisme. C’est-à-dire qu’on s’y livrait un peu à l’archéologie de la philosophie juive, comme des épigraphistes qui déchiffrent les inscriptions de vieilles pierres tombales, au lieu d’œuvrer à l’émergence d’une pensée juive vivante, en accord avec son temps, voire même en avance sur lui.

En fait, et toute sa production philosophico-théologique le prouve, Heschel en Amérique s’est voulu l’apôtre d’un néo-hassidisme destiné à rappeler aux juifs de ce continent leurs origines, notamment est-européennes..

Mais il critiquait aussi ce qu’il nommait le pan-halakhisme de certains rabbins ultra-orthodoxes. Brumlik montre bien qu’une faille béait dans l’âme de ces êtres, ces juifs américains, écartelés entre un passé irrattrapable et un avenir insaisissable parce qu’imprévisible.

Il relate une anecdote significative consignée par écrit par Heschel en personne. Au milieu des années cinquante, un de ses étudiants lui pose des questions sur le déroulement d’un chabbat chez les hassidim de Williamsburg à New York. Heschel lui demande pour quelles raisons il n’effectue pas le déplacement pour s’en rendre compte par lui-même. Et voici la réponse de l’étudiant : je ne peux pas le faire. Car après avoir quitté ma Pologne natale, je suis devenu un Occidental moderne. Et je ne peux plus revenir en arrière…


Aller de l’avant tout en tenant compte du passé, sans retour en arrière, sans régression : tel fut le défi que Heschel tenta de relever dans une œuvre riche et très personnelle.

Aller de l’avant tout en tenant compte du passé, sans retour en arrière, sans régression : tel fut le défi que Heschel tenta de relever dans une œuvre riche et très personnelle.

Il faut dire un mot de ce que pensait Heschel de la Shoah au cours de laquelle plusieurs membres de sa famille furent tués. Cette catastrophe est comparable à la destruction du temple de Jérusalem, elle laissa le judaïsme d’Europe et du reste du monde dans un état de sidération profonde. Le premier point est que Heschel refuse toute théologie de la Shoah. Il va même jusqu’à écrire que tenter de répondre à cette catastrophe revient à commettre un blasphème.

Un blasphème suprême: Israël nous permet de supporter le supplice d’Auschwitz sans désespoir radical, de percevoir un rayon de l’éclat divin dans les jungles de l’Histoire. Cela nous rappelle aussi le beau roman d’André Schwarz-Bart, Le dernier des Justes qui fut aussi traduit en anglais aux USA : The last of the Just… et qui se vendit à près d’un demi million d’exemplaires(18).

Avant de se concentrer sur Les Bâtisseurs du temps, passons brièvement en revue les grandes articulations de la pensée de ce rabbin-prophète qui n’hésita pas à s’engager aussi bien auprès du pape Paul VI lors du concile Vatican II que de la lutte des afro-américains en faveur des droits civiques, déjà évoquée plus haut.. Ou contre la guerre au Vietnam. Avoir des idées racistes, disait-il, c’était blasphémer, commettre une profanation du Nom divin (hillul ha-Shem). Heschel n’établissait pas de séparation entre les grands drames de son temps : Auschwitz et Hiroshima sont toujours présents à ma pensée…

Le respect de la solennité et du repos du chabbat, avec un autre ouvrage, déjà mentionné, La terre est à Dieu, et où Heschel rend hommage au judaïsme hassidique d’Europe de l’est qui l’a vu naître : tous deux devenus sous la plume heureuse de Georges Levitte Les Bâtisseurs du temps. On trouve ensuite d’autres ouvrages : Man is not alone (1951) () ; God in search of man. A philosophy of religion (1955) ; Le tourment de la vérité (1976). ; L’homme n’est pas seul ( 1989) ; Tora min ha-shamayim be-ispaklarya shel ha dorot (La Tora divine au fil des générations ; texte en hébreu traduit en anglais par le rabbin Gordon Tucker ; Die Prophetie (1936) ; Man’s quest for God : studies in prayer and symbolism (1954)


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Herbert D. Katz Center for Advanced Judaic Studies. Abraham Joshua Heschel’s .
Heschel ne s’est pas intéressé exclusivement au judaïsme, il a appréhendé le phénomène religieux en général et n’hésitait pas à dire que les adeptes des différentes religions devaient échanger entre eux car aucune religion n’est une île lointaine, isolée du reste du monde.
Ce qui explique que Heschel favorisera le dialogue interreligieux, non seulement avec les chrétiens mais aussi, quoique plus timidement, avec l’islam.

Que pouvons nous retirer de ces œuvres ?

Une certaine adaptation des valeurs hassidiques de chaleur humaine, de solidarité, de bonté et d’authenticité ; un souci de l’autre ou du prochain.

Heschel ne s’est pas intéressé exclusivement au judaïsme, il a appréhendé le phénomène religieux en général et n’hésitait pas à dire que les adeptes des différentes religions devaient échanger entre eux car aucune religion n’est une île lointaine, isolée du reste du monde.

Ce qui explique que Heschel favorisera le dialogue interreligieux, non seulement avec les chrétiens mais aussi, quoique plus timidement, avec l’islam(19).

Nourri des sources juives anciennes (même s’il n’aurait pas voulu avaliser cette expression trop historiciste), Heschel était bien conscient du rapport dialectique qu’entretenaient au sein du judaïsme rabbinique deux courants assez différents l’un de l’autre : l’aggada et la halakha.

La même dialectique est incarnée par de grandes figures de leurs générations respectives : rabbi Akiba tenait que la Tora était tissée de paroles, de mots de provenance divine, presque de mystères et d’obscures allégories qu’il convenait d’interpréter correctement. Rabbi Ismaël, l’auteur d’un système herméneutique connu, était d’avis, quant à lui, que la Tora s’exprimait dans le langage des hommes, donc favorisait une démarche logique et promouvait le sens obvie (pechat).

Tout étudiant de la littérature rabbinique sait qu’elle ne contient pas de théologie systématique digne de ce nom et qu’il faut soi-même rapprocher les textes les uns des autres pour pouvoir en extraire une théorie proche de la vérité.


Pour Heschel, Dieu est une réalité qui ne se réduit pas à une simple projection psychologique ni même à une abstraction philosophique.Quant à la pratique religieuse, Heschel a mis en valeur la notion traditionnelle de kawwanah, l’intention profonde.

Pour Heschel, Dieu est une réalité qui ne se réduit pas à une simple projection psychologique ni même à une abstraction philosophique.

Ce n’est pas le concept divin de Kant, tel qu’il fut étudié par Julius Gutmann, par exemple. Quant à la pratique religieuse, Heschel a mis en valeur la notion traditionnelle de kawwanah, l’intention profonde. Aucune heure ne ressemble à une autre, passée ou à venir. On a un peu l’impression de lire du Bergson ou du … Levinas. La voie est étroite entre le ritualisme, résultat d’une répétition mécanique, dépourvue d’âme, d’intention, et ce renouvellement constant qu’offre justement la kawwanah…

Aucun domaine n’est à négliger, l’homme qui croit doit s’investir en toute situation qui implique la réaffirmation des valeurs morales et religieuses : le statut divin de toutes les créatures constitue le trait fondamental de la philosophie religieuse de Heschel. Cet homme qui n’a eu qu’une vie très brève, en a retiré assez de sagesse pour dire ceci : Quand j’étais jeune, j’aimais les gens intelligents, maintenant que je suis vieux je préfère les gens qui sont bons et bienveillants…

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Il est temps de passer au contenu théologique des Bâtisseurs du temps.

Les premières pages de ce beau livre constituent un vibrant hommage à un univers ancien, celui des rabbins hassidiques qui étaient autant des pasteurs que des meneurs d’hommes.

Tout dans leurs actes et leurs paroles exhalaient la bonté, la foi naïve, l’abandon confiant à Dieu. Rien, nous dit Heschel, n’était laissé au hasard. Tout avait un sens, même les actes les plus anodins de la vie quotidienne.

Nous avons comparé plus ces quelques à l’esprit qui entoure les pages des Mémoires de Stefan Zweig, contraint lui aussi à l’exil par les Nazis qui mirent fin à cet univers des sectes hassidiques où Dieu était partout, présent à chaque instant du jour et de la nuit.

Heschel traduit du yiddish les paroles que le bedeau criait aux premières lueurs de l’aube pour réveiller les juifs du bourg et leur rappeler les devoirs religieux. En ce temps là, tout était naturel, tout semblait couler de source : les hassidim évoluaient dans leur univers, un univers scandé par les prières quotidiennes, les fêtes juives et l’étude de la Tora. Heschel parle même d’une réunion de cochers, délaissant leurs fiacres pour se réunir en équipe étudiant la Tora de Dieu dans leur langue yiddish, une langue dans laquelle même un érudit comme rabbi Nahman de Braslav préférait épancher son cœur.

A cette époque, le professeur d’université n’avait pas encore détrôné le talmid-hakham, le disciple des sages. C’était le magguid, le récitant inspiré qui menait la communauté, il était le lien vivant tissé entre les puissances d’en-haut et les créatures d’en-bas. Ce vibrant hommage rendu au judaïsme d’Europe de l’Est éradiqué par la barbarie nazie se retrouve aussi chez un grand romancier juif né en Galicie autrichienne, Joseph Roth, et notamment dans son bel ouvrage, Le poids de la grâce

Avec leurs chétifs moyens, ces hassidim savaient faire face à l’adversité. La foi et la prière étaient leur unique panoplie, leur seule stratégie de survie dans un environnement hostile et parfois même meurtrier. Mais Heschel n’oublie jamais l’autre grande branche du judaïsme : aux côtés des ashkénazes il y a les séfarades et à ce sujet nous avons repensé à une belle phrase écrite par Léo Baeck dans son Essence du judaïsme : les ashkénazes avaient la culture de la piété et les séfarades la piété de la culture…

Le chabbat est la pièce maîtresse de l’existence juive. C’est le jour que tous les hommes, soucieux de se retrouver, de renouer avec la spiritualité, attendent  avec impatience. On a dit plus haut que même les êtres les plus simples s’adonnaient à l’étude de la Tora de Dieu, sans que cela ne les conduise jamais à se détacher du monde. Ils sont la nostalgie d’un monde éternel, figé, celui du chabbat, mais ne souhaitent pas sombrer dans un ascétisme de mauvais aloi ni dans je ne sais quelle contemption du corps.

Heschel cite de très nombreux passages de la littérature traditionnelle tressant des couronnes au chabbat, à son harmonie, à ses joies ineffables, à ses plaisirs mêmes, au soulagement de l’homme qui peut enfin s’arrêter, se regarder et regarder tout autour de lui… Le chabbat relève du monde futur, c’est une parcelle d’éternité dans notre vie. Ha-chabbat ma’én olam ha ba : c’est un parfum du monde futur. Citons cette belle formule :  le monde se sustente de ce qui le dépasse (p. 44 in fine)

La possibilité nous est offerte de consacrer au moins un septième de notre vie à l’amour désintéressé de Dieu : c’est le présente que nous fait le chabbat, ce septième jour qui nous associé à l’œuvre de la création. Le respect du chabbat est consigné dans le Décalogue, mais, nous dit le Talmud, il n’est pas exclusivement réservé aux Juifs. Car ils ne sont pas les seuls à bénéficier des bienfaits de la création, toute l’humanité y prend part. C’est le chabbat de la création (chabbat de-beri’a) : l’humanité dans son intégralité devrait respecter le chabbat puisqu’elle bénéficie de toute l’économie universelle de la création.

Grâce au chabbat, l’homme réussit à transcender les limites du monde visible. Il entre alors en relation avec des puissances occultes, invisibles mais agissantes. Nous n’avons pas la place pour évoquer toutes les prières du chabbat commentées par l’auteur ; comment, par exemple, Israël devient l’époux de la fiancée, de la princesse chabbat, comme dans le fameux poème de Heinrich Heine.Résultat de recherche d'images pour "Abraham Joshua Heschel"

Le chabbat a sauvé Israël de la disparition physique et de l’assimilation religieuse. Lisons ce passage tiré de ce livre :

Dans la confusion spirituelle de ces cent dernières années, la plupart d’entre nous n’ont jeté qu’un regard de mépris sur l’incomparable beauté de nos pauvres vieilles familles. Nous comparions nos pères et nos grands-pères, nos savants et nos rabbins aux intellectuels russes ou allemands. Nous prêchions au nom du «XXe siècle», nous mesurions les mérites de Berditchev et de Guer selon les canons de Paris et de Heidelberg. Aveuglés par les lumières des grandes capitales, nous avions perdu le regard intérieur(20).

Mais Heschel ne désespère pas ; il poursuit en ces termes et on connaît peu de critiques aussi acérées contre l’american way of life :

Petit à petit, la vie d’autrefois a révélé sa beauté intérieure, la civilisation d’aujourd’hui, son vide…. Nous avons troqué la sainteté pour l’utilité, la loyauté pour la réussite, la sagesse pour l’information, les prières pour des discours, la tradition pour la mode.

Devons-nous, pour autant, baisser les bras ? Non point, car tout n’est pas perdu grâce à cette sacralisation typiquement juive du temps où le moindre acte se voit promu au rang de sanctification pour les prières et actions de grâce :

Un monde a disparu. Tout ce qui reste est un sanctuaire caché au royaume de l’esprit. Nous, les hommes de ma génération, en détenons encore les clés. Si nous oublions, si nous n’ouvrons pas les portes, la sainteté de tous ces siècles demeurera le secret de Dieu.. Nous, les hommes de ma génération, détenons la clé du sanctuaire où dort notre âme délaissée. Si nous la perdons, nous ne serons plus jamais les mêmes. (p 92)

Alors comment rester fidèle au message, comment rester juif dans cette désolation et cette confusion,

Être juif c’est conserver son âme pure, c’est ouvrir les vannes au flot infini de nos efforts, afin que Dieu n’ait pas à se repentir de sa Création. Le judaïsme n’est pas une qualité de l’âme, mais une vie spirituelle. L’âme nous été donnée à notre naissance, mais l’esprit nous devons l’acquérir. (p 93… Nous sommes l’enjeu de Dieu dans l’Histoire  humaine).

Maurice-Ruben HAYOUN

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Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève

 

 

1)M-R. Hayoun, La kabbale, Paris, Ellipses, 2011.

2)Dans la quasi-totalité de ses écrits, même purement philosophiques, Levinas marquera ce qui le sépare du hassidisme. Jusques et y compris dans un article sur La mort chez Ernst Bloch, publié dans De Dieu qui vient à l’idée, p 65, note 5. Levinas saisit cette opportunité pour dire :… les histoires hassidiques si appréciées en Occident

3)Voir notre Emmanuel Levinas, philosophe-herméneute. Universpoche, Agora, 2017, chapitre VI.

4)Ce penchant mystique a favorisé une certaine proximité entre Heschel et Henry Corbin qui traduisit quelques pages de son collègue américain. Rappelons nous que c’est ce même Corbin qui traduisit Sein und Zeit de M. Heidegger en 1937.

5)Mais Levinas a fini par modérer son hostilité au courant ésotérique juif grâce à un livret d’un disciple du Gaon, rabbi Haïm de Volozine, intitulé Sefer néfésh ha-Haïm où se trouvent reprises les idées fondamentales de la kabbale de Safed, dite lourianique, du nom de son fondateur Isaac Louria.

6)Spiritual radical. Abraham Joshua Heschel in America. Yale University, 2007. Et une adaptation française nettement moins volumineuse, Abraham Joshua Heschel (1907-1972) un prophète en son siècle, Paris, Albin Michel, Présence du judaïsme, 2008.

7)Histoire de ma vie. Traduit de l’allemand par Maurice-Ruben Hayoun, Berg International, 1983, Agora en 2011 dans une édition revue et augmentée.

8)Das prophetische Bewusstsein. Inauguraldissertation, Berlin, 1935

9)Voir Maurice-Ruben Hayoun, Martin Buber, Universpoche, Agora, 2014.

10)Cette œuvre maîtresse de Néher parut en 1955 aux PUF et fut reprise en 1972 chez Calmann-Lévy. Et Néher avait critiqué les thèse de J. Morgenstern sur le prophète Amos ( Amos Studies, 1941)

11)Greek in jewish Palestine (1942) et Hellenism in jewish Palestine (1950)

12)Le livre porte le titre suivant : Jewish gnosticism, Merkabaha mysticism and talmudic tradition (Paperback, 1965). Le chapitre sur le talmud fut rédigé par Lieberman.

13)Major trends in jewish mysticism paru en 1941, un ouvrage qui contribua à faire connaître Scholem en tant que autorité incontestée en matière de mystique juive. L’ouvrage est constamment réédité depuis sa première parution et a connu des traductions en allemand et en français.

14) Traduit en français par Paul Kessler en 1999 aux éditions du Cerf.

15)31 (2000) pp537-540.

16)Vom Obskurantismus zur Heiligkeit, 2008.

17)Au milieu des années trente, Heschel avait publié une solide contribution scientifique portant sur l’essence des choses dans la philosophie de Salomon ibn Gabirol (Das Wesen der Dinge in der Lehre des Salomo ibn Gabirol… Un tel travail se trouvait à une distance sidérale du chabbat (1951) et de sa signification pour l’homme moderne ou d’un autre écrit intitulé La terre est à Dieu (Psaume 24) : deux livres, nous nous répétons, fusionnés en un seul auquel Georges Levitte a donné ce superbe titre Les Bâtisseurs du temps…

18)L ‘écrivain remporta le prix Goncourt avec ce livre. Bien des années après sa mort, sa veuve, Simonne Schwarz-Bart publia un autre livre posthume intitulé L’étoile du matin. Nous en avons rendu compte dans le Huffington Post

19)Gérard Rabinobitch, Abraham Heschel, un tsaddiq dans la cité (2004).

20)Les Bâtisseurs du temps, pp 90-91.

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Penaguilla

Merci monsieur Hayoun de nous rappeler ce que fut A Heschel . Y a-t’il une réédition prévue de ses autres titres actuellement introuvables . Votre article en tout points excellent nous ravive le souvenir messieurs Neher nLévinas ,Buber et Rozeinweig bien délaissés ,hélas ,gardons vivace leur souvenir et leurs écrits ;Cordialement