Photo de John Bolton en compagnie de Caroline Glick, réalsatrice de l’entretien, au King David Hotel.

UNE CONVERSATION AVEC JOHN BOLTON

Si Israël a un dossier à exposer, la Maison Blanche de Trump est prête à écouter.

Une conversation avec John Bolton

John Bolton, conseiller national à la sécurité, ancien ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies. (Crédit photo: REUTERS / JOSHUA ROBERTS)

La décision du président Donald Trump de nommer l’Ambassadeur John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale a clairement indiqué que Trump présentait une stratégie de sécurité nationale très différente de celle de ses prédécesseurs.

Pendant des décennies, Bolton a occupé certaines des fonctions les plus importantes en matière de politique étrangère au sein du gouvernement américain. Et tout au long de sa longue carrière en politique étrangère, Bolton a été la bête noire des élites de la politique étrangère. Cela tient en partie à ses extraordinaires succès. Après 15 ans d’efforts infructueux, et souvent peu enthousiastes des Etats-Unis, pour abroger la résolution 3379 de 1975 de l’Assemblée générale des Nations Unies qui qualifiait le sionisme de racisme, en tant que secrétaire d’Etat adjoint, Bolton a réalisé cette mission en 1991.

En tant que sous-secrétaire d’État chargé du contrôle des armements et de la sécurité internationale au sein de l’administration George W. Bush, Bolton a créé et mis en œuvre l’Initiative de sécurité contre la prolifération. L’ISP a été le programme de lutte contre la prolifération le plus réussi entrepris par les États-Unis, ces dernières années.

En tant qu’ambassadeur de l’ONU en 2005 et 2006, Bolton a démantelé la Commission des droits de l’homme des Nations Unies. Il s’est opposé à la formation de son successeur, le Comité des droits de l’homme tout aussi corrompu, en disant : « Nous voulons un papillon sortant de sa chrysalide [un panel complètement renouvelé, dénué de parti-pris]. Nous n’avons pas l’intention de mettre du rouge à lèvres sur une chenille et de prétendre que ce serait un succès.  »

Les succès de Bolton ont suscité la jalousie chez de nombreux membres de la classe politique de Washington. Mais ils étaient encore plus irrités par son refus de faire des concessions. L’insistance obstinée de Bolton à fonder la politique américaine sur la réalité plutôt que sur l’idéologie ou la mode en a fait la bête noire de la politique étrangère.

La décision de Trump de nommer un homme qui insiste pour opérer sur la base des réalités sur le terrain – même si elles sont incommodes et fâchent ou rendent nerveux les professionnels de la politique étrangère et les alliés malheureux – en dit long sur son administration.

Longtemps considéré à juste titre comme l’un des meilleurs amis d’Israël à Washington, Bolton s’est distingué au fil des années par sa conviction qu’Israël est l’allié le plus puissant et le seul vital des États-Unis au Moyen-Orient. Il n’est donc pas surprenant qu’au cours de sa visite en Israël cette semaine, l’une de ses citations les plus marquantes a été celle où il semblait rejeter l’espoir de l’Etat Juif de voir assurée la reconnaissance par les États-Unis de sa souveraineté sur les hauteurs du Golan.

Prenant la parole devant le reporter de Reuters mardi, Bolton a déclaré, « J’ai entendu suggérer l’idée [de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan], mais il n’y a aucune discussion à ce sujet , aucune décision n’est prise au sein du gouvernement des États-Unis. »

Il a ajouté: « Il est évident que nous comprenons la revendication israélienne selon laquelle il a annexé les hauteurs du Golan – nous comprenons leur position – mais la position des États-Unis n’a pas changé pour le moment.  »

Dans une conversation avec cette auteure (Caroline Glick herself) mercredi matin à l’hôtel King David de Jérusalem, Bolton a souligné « Pour le moment« ,

« J’ai dit : la reconnaissance par les Etats-Unis de l’annexion du Golan par Israël n’est pas sur la table pour le moment ».  »

Sa clarification n’était pas une ruse diplomatique.

Il existe deux aspects de la relation de la Maison Blanche de Trump avec Israël qui la distinguent de ses prédécesseurs. Contrairement à ses prédécesseurs, mais à l’instar de Bolton, Trump se relie à Israël en tant que principal allié et partenaire des États-Unis. Les prédécesseurs de Trump considéraient généralement Israël comme un Etat qui supplie, la main tendue, pour obtenir une aide.

Trump et ses conseillers sont prêts à écouter objectivement les positions d’Israël. Ils ne supposent pas, comme nombre de leurs prédécesseurs, que leurs homologues israéliens les pressent comme des citrons.

Lorsque Bolton affirme que l’administration n’a pas modifié sa politique concernant la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan, il invite Israël à défendre sa cause :  Pourquoi est-il si important que les États-Unis modifient leur politique? Comment une telle démarche améliorerait-elle l’équilibre stratégique des forces sur le terrain? Pourquoi les États-Unis ont-ils intérêt à agir de la sorte?

Si Israël a un dossier à soutenir, la Maison Blanche de Trump est prête à écouter.

Prenez en compte l’attention que la Maison Blanche porte à l’Iran en Syrie.

Bolton a déclaré: « La Syrie a été le principal sujet de discussion lors de la réunion du président Trump avec le président [Vladimir] Poutine à Helsinki [le 16 juillet]. Ce fut le cas, à la fois au cours de leur rencontre avec leurs conseillers respectifs et au cours de leur  rencontre en tête-à-tête. »

Il a ajouté que l’importance que les deux dirigeants ont attribué à la question n’est pas sortie gratuitement du chapeau.

« La discussion qu’a eu Premier ministre Netanyahu au cours de son entretien téléphonique avec le président au début de la semaine et lors de sa visite avec Poutine pendant le tournoi de la FIFA a contribué à faire de la Syrie un problème aussi important », a-t-il expliqué.

En d’autres termes, lorsque Netanyahu a exprimé ses préoccupations à propos de la Syrie, Trump l’a écouté.

Jusqu’à récemment, la position de l’administration Trump sur la Syrie était la même que celle de l’administration Obama. C’est-à-dire que les États-Unis sont impliqués en Syrie pour lutter contre l’État islamique. La prise de contrôle de l’Iran par le pays n’est pas son problème.

Aujourd’hui, l’administration Trump partage la position d’Israël selon laquelle toutes les forces iraniennes doivent se retirer de Syrie.

La décision (la prise de conscience) de Trump n’est pas la preuve qu’il en soit redevable à Israël. C’est plutôt une démonstration de sa détermination à fonder la politique étrangère américaine sur la réalité du terrain.

Cette détermination marque également la politique de la Maison Blanche à l’égard du Hezbollah.

À première vue, la demande américano-israélienne selon laquelle l’Iran doit retirer ses forces de la Syrie semble ignorer l’éléphant au milieu du magasin de porcelaine : le Hezbollah est la deuxième force militaire la plus puissante du Moyen-Orient – juste derrière Tsahal (les Forces de défense israéliennes), et la menace la plus redoutable pour Israël. Cette semaine, l’armée israélienne a mené des manœuvres militaires massives sur les hauteurs du Golan pour préparer ses forces à une guerre avec le Hezbollah.

Alors que les forces du régime syrien se sont emparées de la zone frontalière avec Israël, les forces du Hezbollah – portant souvent des uniformes militaires syriens – se sont déployées directement en face d’Israël. Ils représentent une menace évidente et sérieuse pour la sécurité israélienne. Pourtant, Israël et les États-Unis n’exigent pas explicitement leur retrait.

Bolton a assuré que le Hezbollah n’avait pas reçu de laissez-passer les yeux fermés. C’est simplement que les États-Unis considèrent les forces du Hezbollah comme une milice parfaitement intégrée aux (et fer de lance des) forces iraniennes.

« Les forces du Hezbollah en Syrie doivent retourner au Liban », a-t-il déclaré.

Il a ajouté : « Ils font officiellement partie de la force Qods [bras terroriste extérieur des gardiens de la révolution islamique] ». Compte tenu de cet état de faits, il est inutile de faire une demande séparée pour leur départ.

Ce point de vue clair au sein de la Maison-Blanche sur le Hezbollah n’est pas partagé par toute l’administration. Par exemple, le Pentagone maintient obstinément – contre des montagnes de preuves – que le Hezbollah ne contrôle pas le gouvernement et les forces armées libanaises (LAF). La position du Pentagone permet aux États-Unis de continuer à armer les forces armées libanaises avec des systèmes d’armement avancés et une formation militaire.

Au cours des dix dernières années, les États-Unis ont fourni plus de 1,5 milliard de dollars en systèmes militaires aux F.A.L et ont formé 32 000 soldats de ces Forces armées libanaises.

En mai, le Hezbollah a renforcé son contrôle sur le gouvernement libanais lors des élections législatives. En juin, les États-Unis ont expédié six avions de combat A-29 Super Tucano à la LAF (FAL). Lors d’une cérémonie marquant la livraison des armes, l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Elizabeth Richard, a salué l’assistance de l’armée américaine aux forces armées libanaises.

« L’acquisition de l’A-29 Super Tucano … transformera des capacités de puissance aérienne déjà fortes qui ont été un élément clé de la capacité de l’armée libanaise à défendre ce pays », a-t-elle déclaré.

«L’A-29 fournit à l’armée libanaise des missiles et munitions à guidage de précision et une capacité de frappe de précision avancée. Il s’agit d’une acquisition révolutionnaire qui portera la capacité de combat des FAL à un niveau supérieur. » Elizabeth Richard a ajouté :« Nous compléterons la puissance de l’A-29 avec six hélicoptères de reconnaissance d’attaque légers MD-530G. force aérienne que nous construisons ensemble.  »

Tout en évitant la question du soutien militaire américain pour le Liban, Bolton a noté que les Israéliens ne sont pas les seuls préoccupés par la prise de contrôle du Liban par l’unité du Corps des gardiens de la révolution islamique.

« Les Libanais américains sont très inquiets à ce sujet. Ils voient que [le président libanais Michel] Aoun est contrôlé par le Hezbollah « , a- t-il déclaré.

Les inquiétudes de la Maison Blanche situent le point focal de la puissance iranienne, à travers l’engagement de Trump à empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Pour y parvenir, en contraste frappant avec les deux administrations Obama et Bush, Trump axe ses politiques en les basant sur les réalités pleines et entières du programme nucléaire iranien.

Comparez, par exemple, la position adoptée par la Maison Blanche de Trump, à propos du réacteur nucléaire syrien de Deir ez-Zour qu’Israël a détruit en septembre 2007, par rapport à ses deux prédécesseurs.

Quand Israël a bombardé le réacteur nucléaire en Syrie, il a agi en défiant l’avis de la secrétaire d’État de l’époque, Condoleezza Rice. Rice souhaitait discuter du réacteur construit par la Corée du Nord au Conseil de sécurité des Nations Unies. Le gouvernement Olmert et d’autres hauts responsables de l’administration Bush se sont opposés à la position de Rice. L’ancien Premier ministre Ehud Olmert et le vice-président Dick Cheney ont réalisé que si les Etats-Unis soulevaient la question à l’ONU, toute chance de détruire le réacteur disparaîtrait dans la brume de débats prolongés et inefficaces sur les sanctions.

Après la destruction du réacteur par Israël, Rice a exigé qu’Israël ne dise rien de ce qu’il avait fait.

L’inquiétude de Rice n’était pas simplement une colère pour sauver les apparences, parce qu’on avait outrepassé son avis. Elle ne voulait pas que la vérité soit dévoilée, car elle rendait ses politiques de non-prolifération impossibles à justifier.

Les Nord-Coréens n’ont pas construit le réacteur Deir ez-Zour seuls. Alors que les responsables israéliens le murmuraient officieusement aux oreilles des journalistes, l’Iran était également partenaire du projet. L’Iran a payé pour le réacteur.

Mme Rice n’a pas voulu faire connaître le fait que l’Iran et la Corée du Nord étaient conjointement engagés dans des activités illicites de prolifération nucléaire en Syrie ,parce qu’elle tentait, en 2007, d’apaiser Pyongyang pour que la capitale nord-coréenne signe un accord nucléaire.

Mais la politique de Rice et sa détermination à ignorer la vérité se sont révélées encore très pâles, en comparaison aux politiques de l’administration Obama.

En 2013, le conseiller adjoint à la sécurité nationale du président Barack Obama, Ben Rhodes, a déclaré à ses partisans que la conclusion d’un accord nucléaire avec l’Iran était l’objectif central du deuxième mandat d’Obama. Fonder la politique américaine concernant le programme nucléaire iranien sur la réalité des intentions malveillantes du programme – comme l’a démontré le financement du réacteur syrien – risquait d’entraver les chances d’Obama de parvenir à l’accord qu’il souhaitait.

Il a donc ignoré la réalité et a insisté pour qu’Israël garde le silence à propos de l’opération sur Deir Ez Zor.

La reconnaissance publique par Israël de la destruction du réacteur a dû attendre l’arrivée de l’administration Trump.

Contrairement à ses prédécesseurs, l’administration Trump n’a pas fait de l’atteinte d’un accord nucléaire avec l’Iran ou la Corée du Nord son objectif principal. Son objectif est de démanteler l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord et de bloquer le chemin de l’Iran vers un arsenal nucléaire. Pour atteindre cet objectif, il est essentiel de reconnaître pleinement tous les aspects des opérations nucléaires des deux régimes.

Et ainsi, mercredi matin, Bolton a admis sans hésitation que « les officiers syriens qui ont fui vers les États-Unis nous ont dit avoir aidé à transférer les fonds iraniens qui ont financé le réacteur nucléaire construit par la Corée du Nord ».

Donnant son approbation à l’allié le plus puissant des États-Unis au Moyen-Orient et lui signalant, probablement, les considérations américaines au fur et à mesure de ses négociations nucléaires avec Pyongyang, Bolton a ajouté : «La leçon que l’Iran a tiré du bombardement du réacteur nucléaire d’Al-Kibar de 2007 est que si vous menez des opérations nucléaires illicites, faites-les aussi loin que possible d’Israël.  »

PAR CAROLINE B. GLICK
 23 AOÛT 2018 23H05

www.CarolineGlick.com

Et, en exclusivité pour : breitbart.com

Adaptation : Marc Brzustowski

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Amouyal

Reconaissance ou pas , tsahal est en haut et ne redescendra plus , les techniques modernes n ont pas fondamentalement changé depuis des siecles : celui qui tient la hauteur domine et garde l avantage

EMILE SITBON

Les situations (Israël vis à vis d’une annexion du Golan comparées à celle de la Crimée par Poutine que Trump ne veut pas reconnaître) ne sont pas du tout comparables, néanmoins, Trump ne peut reconnaître celle du Golan en prêtant le flanc à un double langage.