A la fin de la Parashat Noah, nous commençons à faire connaissance d’un être d’exception et de sa famille : Abram dont le lieu de naissance est très connu de l’humanité entière, y compris des cruciverbistes : Ur en Chaldée (Our Kasdim en hébreu).

Le lieu de naissance d’Abram porte un autre nom : ARAM NAHARAYIM ou Aram des deux fleuves car cette ancienne cité se situe dans cette vaste région entre les deux grands fleuves[1] : le Tigre et l’Euphrate.

Les deux mots lekh lekha qui ont donné son nom à cette sidra se ressemblent graphiquement mais l’un à une connotation de mouvement : « va » qui indique un mouvement d’extraversion tandis que le deuxième « lekha » pour toi donnerait plutôt une volonté d’introversion : « pour toi ».

Il y a une autre péricope où ce mot est employé : « shelah lekha » lorsqu’HaShem s’adresse à Moïse pour lui dire de mandater  des envoyés en Canaan pour voir le pays et ici le mot lekha signifie « quant à toi » dans le sens de tu es libre de le faire.

Dans ce chapitre de Bereshit, lorsqu’HaShem ordonne à Abram de quitter son pays, c’est pour lui faire comprendre que : certes Aram est un pays développé, fertile, où Abram et Sara sont nés et ont grandi, où ils ont toutes leurs familles, leurs relations, leurs repères, leurs racines, leurs ressources également mais….,   ils sont étrangers à cette terre. Tout se passe comme si D révèle à Abram : va, hors de ce pays où tu ne peux être toi-même, va où Je te mènerai et là-bas, tu te retrouveras toi-même……..

Aussi, lorsque toi, Abram tu atteindras ce pays de Canaan, tu te retrouveras et tu pourras te réaliser, et alors, tu verras s’accomplir toutes les promesses divines à ton égard et à ta descendance, jusqu’à aujourd’hui !

Abram  part avec sa femme et « ses gens » et il se dirige sans discuter מעבר de l’autre côté du fleuve[2] HaShem lui montre le pays : « c’est là »……. Et, au lieu de trouver un pays prospère il trouve la famine, une famine si sévère  qu’il est contraint avec tout ce qu’il possède de se rendre en Egypte.

Un autre se serait révolté ou aurait regretté d’être venu, il aurait peut-être même programmé de retourner sur ses pas.  Mais, là  réside la grandeur de ce futur patriarche et chef de nation : il ne se révolte pas, ne discute pas, accepte toutes les difficultés sans dramatiser, sans rien exiger.

D. promet à Abram qui n’a pas même un seul enfant : regarde les étoiles du ciel ! Les Sages s’interrogent : pourquoi à deux endroits différents HaShem bénit Abram en lui promettant une descendance aussi innombrable que « les étoiles du ciel » et par ailleurs, « comme la poussière » ?

La réponse est la suivante : bien qu’à sa naissance, le destin de l’homme ( sa destinée) soit « fixé » dans les grandes lignes, il n’en demeure pas moins que le Juif, avec les 613 mitsvoth qui lui ont été dédiées lors de la promulgation de la Torah, détient de par son comportement vis-à-vis de la Torah, la faculté d’opérer des changements qui peuvent être fondamentaux dans sa vie.

Ainsi, il pourra devenir tel une étoile, une planète, un être d’exception qui pourra illuminer le monde par ses actes ou un grain de poussière, sans éclat, ressemblant à des millions d’autres sa seule « force » résidant dans son « union » et son désir de ne faire plus qu’un avec tous les autres.

Chacun des êtres formant l’ensemble du peuple juif est aussi cher à D que n’importe quel autre être.

Il faut, cependant, tenter de devenir des « étoiles » dont le rôle est d’éclairer lorsque le soir descend et s’étend sur le monde.. Eclairer lorsque les ténèbres obscurcissent les esprits.

Abram devient Abraham, il est confronté à d’énormes épreuves. Loth, son neveu, refuse ces épreuves et tourne le dos à ce nouveau destin qui se fait jour, de « עברי » (hébreu)  qui se tourne vers l’avenir, il revient en arrière et se retourne vers son passé (עבר).

Abram devient Abraham et Saraï devient Sarah. Le youd de Saraï a une valeur de dix et cette lettre va se scinder en deux lettres ‘hé dont la valeur est 5. La lettre ‘hé est de plus un symbole de fertilité.

La Tradition confirme le fait qu’Abraham observait 612 mitsvoth sur 613 car il a voulu attendre qu’HaShem lui ordonne de procéder à la circoncision pour le faire pour que cet acte soit véritablement une alliance et un sceau apposé sur la chair de l’homme sur un membre caché mais important.

Le fait d’être caché met en évidence la chasteté mais marquera aussi l’humilité de l’homme. De grands penseurs tels que le Rambam (Maïmonide) ou Nahmanide qui étaient médecins ont mis l’accent dès leur époque[3] sur le caractère positif de la circoncision sur un plan hygiénique. Cependant, la finalité de la circoncision est d’accomplir un commandement divin.

Abraham se voit opposé à 4 rois différents au cours de sa vie, ceci permet au Maharal de Prague d’y voir la préfiguration des 4 empires qui, tout au long de l’Histoire soumettront ou persécuteront le peuple juif : Babel, la Perse, la Grèce et Rome.

Caroline Elishéva REBOUH

 

[1]Nahar en hébreu signifie fleuve.

[2]Ever mot qui signifie au-delà est l’origine du mot עבריîvri = hébreu

[3]Philon d’Alexandrie a également émis cette même opinion.

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IBO HERMANN

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