Un agriculteur libanais témoigne sur le site The Daily Beast.
« Le mois dernier, on a vendu une tonne de cannabis à l’EI », confie Imad, un agriculteur chiite de la Plaine de Bekaa au Liban qui a refusé de donner son vrai nom aux journalistes de Daily Beast. Pourtant, il déteste profondément les djihadistes. Il jure d’ailleurs de retrouver ceux qui ont massacré un membre de sa famille à Arsal et de se venger, mais en attendant, « les affaires sont les affaires ».
Selon Imad, les membres de l’État islamique utilisent la drogue pour leur consommation personnelle mais aussi pour financer leurs atrocités. « On en vend aussi à l’armée syrienne, à plus petite échelle, un ou deux kilos à la fois. »
La guerre en Syrie a bloqué les routes traditionnelles vers les marchés en Jordanie et en Turquie. « Vendre de la drogue aux combattants est l’un des seuls moyens de continuer à faire du profit », explique Imad, père de six enfants. « Avant la guerre, on pouvait traverser les montagnes avec 200 kilos chacun, aller au marché et revenir avec le cash. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. »
Mais les agriculteurs de Bekaa doivent faire face à une nouvelle concurrence dans le commerce du cannabis: l’État islamique tente de développer sa propre économie, ainsi que certains villages sunnites.
Imad préférerait faire pousser des pommes de terre, mais il a déjà essayé, et perdu environ 60.000 dollars. « Si le gouvernement nous soutenait, on ne ferait pas ça. » Pour Walid Jumblatt, président du parti socialiste progressiste, il est grand temps que le cannabis soit légalisé. « C’est un marché qui existe depuis longtemps et qui sera encore là dans de nombreuses années, légalement ou illégalement. »
 |
 |
