Macron, Brexit, Trump :

To deal or not to deal, that is the question!

Par Gilles Falavigna

Que chaque chose soit bien rangée à sa place permet d’y voir clair. Sans doute est-ce sur ce principe qu’un Juif ashkénaze sera défini pessimiste et qu’un Juif séfarade sera défini optimiste. La réalité est qu’un principe générique vient nuancer cette classification, celui de ne pas faire, justement, d’amalgame.

L’intérêt de cette introduction est d’axer la pensée sur le Judaïsme. Nous vivons dans une société judéo-chrétienne et si les mots ont un sens, alors les fondements de cette société sont issus du Judaïsme.

Or, les enseignants du Judaïsme insistent sur la mesure de toute chose. En hébreu, la morale est une déclinaison de la mesure. Œil pour œil et dent pour dent établissent la bonne mesure qui s’oppose à la demi-mesure comme à la mesure extrême.

Quand la société occidentale est dans la démesure, son chemin est contraire à la pensée juive. La subtilité du Judaïsme est justement dans l’intelligence de situer chaque chose à sa juste place. Aller au-delà de ses limites n’est pas sortir de la mesure. En ce sens, il n’y a pas plus juif que la formule de Camus selon laquelle mal nommer les choses ajoute au malheur du monde.

Par contre, si la parole est créatrice, les propos inconsidérés produisent des monstruosités.

Agnès Buzyn présente le Plan du gouvernement pour lutter contre la pauvreté. Si un « yaka  faucon » peut à la limite définir une intention, la formulation de la ministre :

 « Nous avons envie de lutter contre les inégalités de destin. » s’inscrit dans le fait du Prince. Gouverner est-il redevenu un moyen de répondre à ses envies ? Jusqu’à présent, l’absolutisme et l’arbitraire étaient représentés par la formule : « car tel est notre bon plaisir ». L’envie va encore plus loin. Elle est un caprice. Le plaisir, du latin placeo, se rapporte, lui, à la volonté.

Il y avait la lutte pour l’égalité des chances. Mais certains seront toujours plus égaux que d’autres. Comment peut-on oser sortir une telle énormité quand on est universitaire ? Lutter pour l’égalité des chances reste la régulation d’une tendance statistique, une question de causalité. S’attaquer au destin, c’est déterminer quelle sera la finalité. On est dans la démesure, l’absolu. Agnès Buzyn en oublie son Judaïsme – et sa bonne intelligence.

Il y a donc la mesure. Elle engendre la vérité. Vérité n’est pas vagabonde. Elle sait où elle va. Elle se déplace en phalange, cette troupe qui ne forme qu’un, en bloc. Elle avance avec Droiture, avec Loyauté, avec Bravoure. Elle avance avec toutes ses sœurs dont le cœur est le père.

La démesure est le mensonge. Hypocrisie est un de ses principaux compagnons.

Le discours est mercantile. Il convient de ne pas se laisser piéger par les fausses émotions, véritable poison.

La politique est le territoire du mensonge. Celui-ci est le « deal ». Il joue du compromis. L’apothéose du « deal » est la formule creuse du gagnant-gagnant. Elle se fait passer pour le tenant du Bien, pour le producteur de la modération. L’habit ne fait pas le moine. La modération n’est pas la bonne mesure. Elle est l’enfermement dans des limites, mizraïm en hébreu. Son habit est des plus confortables.

Le discours de politique intérieure d’Agnès Buzyn est du même ressort que le discours du gouvernement britannique en charge du Brexit. Le torchon est supposé brûler entre l’Europe et l’Angleterre. Nous sommes passés du « hard brexit » au « soft brexit », celui qui ne fixe aucune limite temporelle au Brexit, avec la possibilité de pouvoir réintégrer l’Europe dès que possible. Les Britanniques l’appellent le « no deal brexit ». Les négociateurs ont trouvé la solution. Le « hard brexit » signifiait une sortie non négociable. La solution du dilemme est dans le trilemme. Le négociateur britannique, Dominic Raab, propose de sortir de l’Europe sans aucun accord. En contrepartie, la politique britannique sera calquée sur la politique des institutions européennes. Tout change pour la forme, véritable Brexit. Rien ne change pour le fond. La mystification est totale.

Qui s’éloigne plus du chemin du conformisme, du politiquement correct que Donald Trump ? « Israël paiera très cher le prix de la reconnaissance de Jérusalem », dit-il, aujourd’hui.

Le Président américain affirme que la reconnaissance de Jérusalem, capitale éternelle d’Israël, ne fait pas partie des négociations. Il y a donc une contradiction notable à dire que cette reconnaissance sera payée au prix fort.

Toujours est-il que ce qui est pris n’est plus à prendre. Pour les négociations à venir, le prix à payer est toujours fixé par la loi du marché. Qu’est prêt à payer Israël pour la paix ? Le retour à la pensée juive authentique permet de discerner l’optimisme du pessimisme par la connaissance des réalités. Israël sait, seule, ce qu’elle est prête à payer, et qu’importe que les Etats-Unis soient le financeur. Tout est question de mesure et ce n’est pas négociable parce qu’Israël n’est pas une Nation comme les autres. Il ne peut pas y avoir de « deal ». Il ne peut y avoir que de la mesure et le prix à payer ne peut pas être cher. Il ne peut être que juste.

Peut-on être profondément ami d’Israël et ne pas ancrer sa pensée dans le Judaïsme ?

De toute évidence, des éléments de Judaïsme échappent au président Trump.

 

Par ©Gilles Falavigna

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Soliloque

« Le Président américain affirme que la reconnaissance de Jérusalem, capitale éternelle d’Israël, ne fait pas partie des négociations. Il y a donc une contradiction notable à dire que cette reconnaissance sera payée au prix fort. »
je suis tout à fait d’accord. On ne comprend pas pourquoi Israël devrait payer cher, ce que Trump pense devoir lui revenir de toute évidence.
Mais peut-être est-ce pour appâter les Palestiniens et leur faire entrevoir une possibilité de paix.
A mon avis, Trump n’est pas lui-même convaincu de devoir faire payer quelque chose à Israël, cher ou non. Il connaît très bien la situation et son gendre se charge de la lui faire comprendre en détail

habibi

Vous avez, semble-t-il une vision tristement rétrécie de l’accord gagnant-gagnant qui est le seul porteur de confiance et de respect, de sens, d’avenir, de satisfaction et de fidélité dans la durée pour les contractants. D’évidence cela implique nécessairement la totale liberté pour les deux parties concernées d ‘en convenir ou non, et de s’y engager sans contrainte.
La généralisation des accords gagnants-perdants imposés par les gouvernements mondiaux aux dépends de leurs populations, et entre eux-mêmes dans la contrainte expliquent en partie l’état déplorable et déliquescent de l’humanité contemporaine et de la planète.

Gilles Falavigna

Votre commentaire pourrait également résumer l’article. Il n’existe, pour vous, qu’un seul cheminement possible, un absolu. Il est porteur de ce que vous évoquez: sens, avenir, satisfaction, fidélité, etc…. préjugés et jugements de valeur qui ostracisent en absolu une pensée différente, c’est à dire jusqu’à l’éliminer. Vous pouvez, avec condescendance, juger que l’autre mode de pensée est « tristement rétréci » mais il existe. Pour lui, vous utilisez, par l’absolu qui guide la votre (le SEUL porteur…)ces abus de langage, de formule, l’amalgame qui témoigne de la fausseté. Car le gagnant-gagnant ne porte pas sur « l’accord » mais sur la « relation ».
Sur le fond, les lois de la biologie nous informent que la relation à l’autre repose sur un rapport Dominant/Dominé, loi établie par Henri Laborit.
Sur la forme, un accord est toujours gagnant-gagnant. Il n’y aurait pas d’accord autrement. « Malheur aux vaincus ». l’adage témoigne que les Romains gagnaient à cette paix avec Brennus, quand bien même n’avaient-ils pas le choix. C’est identique à l’Armistice de 1940. La France, semblait-il, gagnait à la paix, accord gagnant-gagnant. Sens, avenir, satisfaction, vraiment? C’est la démonstration par le contraire de la fausseté de votre pensée. L’accord gagnant-gagnant n’est pas le SEUL porteur puisque, déjà, il ne porte pas grand-chose.