Le regretté Président Wahid a multiplié les liens avec Israël et les Juifs 

 

 

Interview de C. Holland Taylor

 

« Son Excellence Kyai Haji Abdurahhaman Wahid a occupé le poste de Président d’Indonésie entre 1999 et 2001. Il est le seul président indonésien à s’être rendu en visite en Israël et il l’a fait un certain nombre de fois. Le Président Wahid était profondément conscient des dimensions culturelles, historiques, intellectuelles et spirituelles du Judaïsme, ainsi que des interactions religieuses et linguistiques intimes entre le Judaïsme/ l’Islam et l’Hébreu/l’Arabe.

« Le Président Wahid – très populaire sous le nom de « Gus Dur » – avait un grand penchant humanitaire et percevait les autres sous le prisme de l’amour, de la compassion et du respect. Il portait son regard sur les Juifs et le Judaïsme comme représentant une tendance intégralement et profondément légitime, dans tout ce qu’a produit l’existence humaine, dont les contribution à l’humanité ont été, sont et seront immenses. C’est pourquoi il a accepté de parrainer la Conférence de Bali sur la Shoah avec nos amis du Centre Simon Wiesenthal et qu’il a reçu la Médaille d’Excellence de cette organisation, lors d’une cérémonie de remise de récompenses , l’année suivante, à Los Angeles.

 

Holland Taylor est un homme d’affaires américain à la retraite, qui a vécu en Indonésie depuis 1999 et qui était un ami proche du Président Wahid.

« Gus Dur avait un grand nombre d’mis juifs. L’un d’entre eux était un Juif Irakien appelé Ramin, avec lequel il a travaillé dans le cadre d’une affaire d’importe-export dans le centre-ville de Bagdad, au cours des années 1960. Gus Dur a étudié la Kabbale avec Ramin avec une certaine profondeur. Il a aussi étudié avec un Cheikh Soufi sunnite, qui, lus tard, a été torturé et assassiné par le régime baathiste de Bagdad. Avec Ramin, Gus Dur a assisté à l’exécution publique  de neuf Juifs irakiens qui avaient été accusé mensongèrement d’être des espions d’Israël.

« Du point de Gus Dur, le traitement des neufs Juifs d’Irak et celui du Cheikh Soufi étaient identiques. Ils étaient tous victimes d »extrême brutalité et d’injustice. Dans ce contexte, l’ethnicité et la religion n’avaient aucune importance pour Gus Dur, excepté en ce que cela faisaient du Cheikh Souffi et des Juifs d’Irak les cibles d’un régime cruel. Pour Gus Dur, leur humanité et leur souffrance étaient équivalentes.

« Après son séjour en Irak au cours des années 1960, le prochain engagement intensif de Gus Dur envers les Juifs et le Judaïsme – au-delà de sa lecture insatiable de la littérature juive –  -dont la plus grande partie s’est probablement réalisée au cours de son mandat en tant que président du Bureau Exécutif de Nahdlatul Ulama (NU) entre 1984 et 1999. Cette organisation caritative indonésienne représente le plus vaste mouvement musulman, avec plus de 50 millions de membres.

« Au cours de sa présidence de Nahdlatul Ulama (NU), Gus Dur a voyagé énormément et a développé de nombreux contacts internationaux, avec notamment le Comité Juif Américain. A  la suite de son mandat  en tant que 4ème Président d’Indonésie, Gus Dur a maintenu ces contacts et a continué à se rendre en visite autant aux Etats-Unis qu’en Israël.

 » Il considérait qu’Israël avait un droit tout-à-fait légitime à exister et il pensait que les Juifs avaient un droit de vivre sur leur patrie historique. Gus Dur, une fois, m’a confié : « Vous savez pourquoi le conflit entre Israël et ses voisins n’a jamais trouvé de résolution pacifique? C’est par ce que les Arabes refusent d’acceptent le droit à l’existence d’Israël ».

« Au cours de sa première semaine au poste de Président d’Indonésie, Gus Dur a appelé publiquement à l’établissement de relations diplomatiques avec Israël. Il a déclaré :  » L’Indonésie a des relations diplomatiques avec la Chine, un pays communiste et -de fait, athée – . Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir de relations normales avec Israël, dont le peuple et le gouvernement croient en D.ieu, tout comme nous? »

« Gus Dur pensait que la diabolisation des Juifs, du Judaïsme et d’Israël était une manifestation d’une maladie psychologique et émotionnelle profonde qui afflige un vaste pourcentage parmi les êtres humains et qui travaille au détriment de l’humanité dans son ensemble. Il souhaitait normaliser les relations avec Israël grâce à son style simple et directe de paroles et d’actions.

« Je ne connais vraiment pas la gamme entière des contacts de Gus Dur en Israël, cela dit je peut dire qu’elle était allongée. Par exemple, il a reçu une récompense honoraire de la part du Collège de Netanya, où il a servi dans un bureau de conseil pour Michaël Gorbatchev et des personnalités israéliennes prédominantes. Il a aussi eu une relation étroite avec le Prince Hassan bin Talal, le plus jeune frère du Roi Hussein de Jordanie. Cette relation était en lien avec une certaine dynamique plutôt positive entre Israël et la Jordanie.

« Avant sa mort, Gus Dur m’a déclaré : « Le fait que nous soyons amis avec les Juifs et Israël ne signifie pas que nous souhaitions prendre le parti d’Israël contre ses voisins. Nous sommes aussi amis avec les Palestiniens et les Arabes. Et le fait que nous soyons amis avec Shimon Peres ne signifie pas que nous devions être également proches de n’importe quels hommes politiques israéliens. Nous défendons Israël et les Juifs parce que c’est une question de principes, sur la base de notre humanité partagée,mais ne devrions jamais nous permettre d’être utilisés de façon inappropriée par quiconque en Israël qui serait tenté de le faire ».

« Le Président Wahid était une personnalité imposante, largement perçu comme un saint (Tzadik). Cela a fortement imprégné la perception de la majorité des Indonésiens et leur acceptation de sa conduite concernant les Juifs et Israël. De nos jours, l’aile spirituelle de Nahdlatul Ulama (NU) et du parti politique, le PKB, qui lui est lié, accueille généralement et accepte les attitudes du Président Wahid envers Israël. Un certain nombre de personnalités dominantes partagent consciemment cette attitude.

Ils perçoivent les peuples d’autres religions à la lumière de notre commune humanité ; ils n’éprouvent pas d’animosité particulière envers les Juifs ; et ils perçoivent le conflit entre Israël et ses voisins comme étant à l’origine territorial, sans lien avec les enseignements fondamentaux de la religion, excepté dans le cas où un camp, quel qu’il soit, choisisse d’ignorer ces principes universels, que toutes les religions partagent en commun ».

 

Interview de C. Holland Taylor, réalisée par

Manfred Gerstenfeld. 

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

 

 

 

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