Accueil International Le Hezbollah humilie rituellement la France et l’ONU©

Le Hezbollah humilie rituellement la France et l’ONU©

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Dans ce qui devient un rituel annuel, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à l’unanimité la  résolution 2433 fin août, prolongeant le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour une nouvelle année. Les acteurs habituels ont joué leurs rôles scénarisés familiers : le Hezbollah a réaffirmé ses lignes rouges à travers ses menaces habituelles. Le petit assistant du Hezbollah, «le gouvernement libanais», a demandé au monde de maintenir le statu quo et de se taire, et finalement, les Européens, à savoir la France, ont mené le Conseil de sécurité de l’ONU pour s’assurer que les Libanais obtiendraient ce qu’ils voulaient et bloqué toute tentative des États-Unis d’apporter des amendements de renfort à ce mandat.

Il y a toutefois eu un changement par rapport à  la  performance de l’année dernière. Alors qu’il y a un an, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley, a exprimé son optimisme sur les changements mineurs et entièrement cosmétiques que les États-Unis ont réussi à introduire, cette année, l’Ambassadrice Haley n’a même pas assisté à la session de vote et a refusé de publier une déclaration par la suite.

C’était une réaction appropriée, car la résolution 2433 du Conseil de sécurité des Nations unies, comme son prédécesseur la résolution 2373 du Conseil de sécurité des Nations Unies, est un échec abject. Ce qu’on a salué l’année dernière comme représentant une réelle amélioration, qui était censé renforcer la liberté de fonctionnement de la FINUL, bien sûr, toujours en coordination avec les Forces armées libanaises (LAF), s’est avéré sans fondement. En fait, le Hezbollah tenait absolument à souligner ce fait.

Le 4 août, après un modus operandi bien établi, le Hezbollah a orchestré une attaque contre une patrouille de la FINUL dans la ville de Majdal Zoun, au nord de Naqoura. «Les locaux» – un euphémisme ironique pour parler du Hezbollah – ont repéré l’unité slovaque en train de prendre des photos, l’ont encerclée pour obstruer son chemin. Lorsque la patrouille a tenté de s’échapper, les «locaux» du Hezbollah l’ont attaquée, endommageant ses véhicules. Alors que la patrouille avançait, des membres du Hezbollah dans les villages voisins l’ont à nouveau arrêtée, attaquée, confisqué certaines de ses armes, ses caméras et son équipement et mis le feu à leur véhicule près du quartier général du contingent italien. Plus tard, le Hezbollah a «négocié» le retour de l’équipement par l’entremise des forces armées libanaises, clarifiant précisément le rôle joué par les forces armées libanaises au Liban, celui des garçons de course du Hezbollah.

L’attaque s’inscrivait dans le cadre d’une campagne de communication concertée au Liban – elle-même désormais exécutée comme un rituel annuel fixe – avant le renouvellement du mandat de la FINUL. En particulier, les messages visaient le commandant de la force entrante de la FINUL ainsi que la France. Le message était le même : suivez les lignes rouges définies par le Hezbollah, ne pensez pas à modifier le mandat de la FINUL, ou autre.

Comme à son habitude, le journal pro-Hezbollah  al-Akhbar a été le canal privilégié pour ces menaces. S’adressant au nouveau commandant italien de la force, le major-général Stefano Del Col,  al-Akhbar a  conseillé  au nouveau commandant de la FINUL de comprendre que sa mission est de «maintenir la paix dans le sud et non de protéger la sécurité d’Israël». Par conséquent, a-t-il ajouté, « il ferait mieux d’abandonner tout-de-suite les expériences de l’OTAN et du chapitre 7 (actions militaires à mener en cas d’agression), qui sont impossibles à mettre en œuvre au Liban. »

Le porte-parole du Hezbollah s’est également  adressé  aux Français – conformément à la pratique de l’an dernier – en se dispensant du vernis de la subtilité : «les Français ont abordé la question du renouvellement du mandat de la force internationale, non pas comme un dossier qui protège Israël, mais bien comme protégeant la sécurité nationale française, compte tenu de la présence d’officiers et de soldats français au sud du Liban (environ 1 200 soldats). Ils ont donc répondu aux demandes des Américains en rejetant toute tentative visant à modifier la mission de la FINUL, par souci de la sécurité de leurs soldats dans le sud ».

Les Français semblent y avoir été obligé une fois de plus. Les Etats-Unis auraient apparemment appelé à la condamnation de l’activité armée du Hezbollah – de façon incroyable, une résolution sur les activités armées dans le sud du Liban ne mentionne jamais le groupe lui-même – ainsi que de l’organisation environnementale du Hezbollah  «Green Without Borders» (« Verts sans Frontières »), qui dispose de postes d’observation le long de la Ligne bleue, sous couvert de travail portant sur « l’environnement » (soit l’espionnage des forces de Tsahal alentour). Apparemment, cette condamnation américaine n’était pas acceptable pour les autres membres du Conseil de sécurité.

Les États-Unis ont réussi à exprimer une «préoccupation» concernant les visites, rendues publiques l’année dernière, des  commandants  (dont Qais Khazali) des milices chiites dirigées par l’Iran jusqu’à la Ligne bleue. Inutile de dire que les Libanais n’étaient pas tenus de rendre des comptes. Au lieu de cela, la RCSNU 2433 poursuit la pratique consistant à demander plus de financement international pour les Forces armées libanaises (LAF) afin d’élargir «le contrôle du gouvernement libanais sur tout le territoire libanais».

Tout cela souligne pourquoi cette approche est une pure perte de temps. Ce n’est pas seulement parce qu’aucun pays européen n’accepterait des changements significatifs apportés à la mission de la FINUL, mais aussi parce que le mandat de la force repose sur la coordination avec le gouvernement libanais et les Forces armées libanaises. Ce sont, en fait, ces mêmes forces armées libanaises qui ont accompagné et chaperonné la tournée médiatique du Hezbollah et des milices irakiennes, le long de la Ligne bleue l’an dernier. Quant au gouvernement libanais, à quelques semaines du vote pour prolonger le mandat de la FINUL, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil a déclaré dans un entretien, qu’en 2006, «il y avait ceux qui pensaient profiter de l’agression israélienne pour se jeter sur la résistance et la dépouiller des armes du Hezbollah». Khalil a ensuite ajouté : «Aujourd’hui, il est interdit de faire une descente dans les dépôts d’armes de la résistance. Et toute idée de repousser ces armes au-delà du fleuve Litani, nous refusons même d’en discuter. » Autrement dit, ces points sont soulignés, de peur que quiconque ne se fasse la moindre illusion sur ce que signifie « coordonner » les actions avec la LAF et« étendre l’autorité du gouvernement » sur le sud du Liban.

Naturellement, Washington ignore cette réalité qui dérange. En même temps, les États-Unis ont réussi à faire ajouter aux obligations de déclaration du Secrétaire général de l’ONU une requête concernant « une annexe sur la mise en œuvre de l’embargo sur les armes. » Elle devrait permettre une lecture intéressante, étant donné que des avions de ligne iraniens transportent des armes directement à Beyrouth Aéroport. Cependant, il faut s’interroger pour savoir si les libanais ne sont pas tenus de rendre des comptes, mais si on va continuer débiter de inanités à propos du soit-disant «renforcement des institutions étatiques». S’il y a une chose encore plus inutile que la FINUL, c’est l’État libanais avec lequel il est nécessaire de se coordonner.

L’échec que reflète la résolution 2433 du Conseil de sécurité des Nations Unies est le résultat de l’échec et du caractère absurde de la politique américaine au Liban. En conséquence, toute tentative de modifier le cadre existant, imparfait, tourne à l’absurdité. Prenons par exemple le groupe de travail maritime de la FINUL. Dans leur tentative de réduire les dépenses, les États-Unis cherchent à réduire les activités du groupe de travail, ce qui mènera à son terme. L’inefficacité de la task-force est indéniable, car, à l’instar de la FINUL en général, elle ne peut ni interdire de prendre la mer à des navires, ni monter à bord pour les inspecter et elle doit les renvoyer aux forces armées libanaises. En plus d’une décennie, elle a renvoyé 10 500 navires suspects vers les forces armées libanaises, qui, sans surprise, n’ont jamais découvert qu’ils auraient pu transporter des armes. Les seules fois où ces cargos ont été empêchés dans leur mission secrète, c’est quand la marine israélienne l’a fait, comme ce fut le  cas  en 2009 avec le  MV  Francop, qui transportait des centaines de tonnes d’armes iraniennes pour le Hezbollah.

Mais la résolution 2433 du Conseil de sécurité des Nations Unies appelle le Liban à «élaborer un plan pour accroître ses capacités navales, y compris avec le soutien approprié de la communauté internationale» afin que les responsabilités du groupe de travail puissent être transférées. En d’autres termes, le remède proposé à l’inefficacité de la FINUL et à la complicité directe des forces armées libanaises, qui facilitent la contrebande d’armes vers le Hezbollah est de… donner plus d’argent aux forces armées libanaises. Je veux dire, quelle meilleure façon de dépenser l’argent que nous économiserions en finançant la FINUL?

Tant la LAF que la FINUL partagent le même objectif : celui de ne pas perturber le statu quo, c’est-à-dire de ne pas franchir les lignes rouges qui leur sont imposées par le Hezbollah. À son tour, cela soulève une question quant à l’intention de souscrire à cet arrangement, quand on prétend que la FINUL ferait quelque chose qu’elle ne peut et ne veut évidemment pas faire. Au lieu de cela, la FINUL est devenue plus proche d’un autre organisme d’aide des Nations Unies. Elle neutralise les champs de mines, et  travaille  « en collaboration avec les autorités libanaises, à créer les conditions propices à la population pour se construire un avenir. » Elle  a également  « travaillé en étroite collaboration avec de nombreuses municipalités et les autorités locales, afin de soutenir fermement leurs communautés. » Elle a même  embauché des  membres du Hezbollah et ses plus farouches partisans!

À côté de cela, la FINUL, comme l’ont démontré les menaces effectives du Hezbollah, fonctionne comme une sorte d’otage ou de bouclier humain. Comme l’a bien exprimé le journal pro-Hezbollah  Al-Akhbar, après avoir relayé les menaces du groupe terroristes, « les « internationaux »[FINUL] ont prouvé que ce qui compte le plus, pour eux, c’est de terminer leur mandat sans aucune agression israélienne. » C’est, effectuez votre période, maintenez la paix avec le Hezbollah et, surtout, ne faites pas tanguer le bateau.

En d’autres termes, la mission de la FINUL continuera de constituer une perte de temps et d’argent. Son mandat continuera d’être basé sur la coordination avec les forces armées libanaises, d’autant plus qu’aucun État contributeur ne voudra risquer la sécurité de ses soldats. Ce qui revient à dire que toute l’affaire est une fiction élaborée. Nous pensons que la FINUL fait son travail. Washington fait croire que la FAL est une véritable option pour promouvoir l’intérêt des États-Unis au Liban, qui est d’aboutir au désarmement du Hezbollah. Comme cela ne correspond absolument pas à la réalité, le gouvernement américain compense cet échec par des platitudes et de la poésie de style arabe sur la LAF en tant que «seul défenseur légitime» du Liban et sur la «réactivation des institutions publiques libanaises».

Peut-être devrions-nous commencer à envisager de faire tomber le rideau sur cette pitoyable pièce de théâtre.

16 septembre 2018 • 21h30
Adaptation : Marc Brzustowski

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Rania B.

Le Liban n’est plus. La mollesse incapable des Libanais (14 mars) face aux agents des mollahs et d’Assad (8 mars), combinée avec la naïveté criminelle de l’Occident, France en tête avec l’actuel ambassadeur Foucher, plus hezbolliste que nature, dessinent chaque jour davantage un Libanistan, simple colonie des mollahs, coiffée d’agents qui leur sont dévoués (Aoun et son gendre en tête) et qui choisissent, à leur tour et en excluant tout souverainiste, les chefs de l’armée (Joseph Aoun), du renseignement (Antoine Mansour), de la sécurité (Abbas Ibrahim), ainsi que les ambassadeurs et le reste des fonctionnaires. PEtit monde de collabos prêts à tout pour accumuler fonctions et dollars corrompus.
Touche pathétique : la chorale franco-ONU-US, qui continue d’ânonner la folklorique ritournelle de l’armée « seule dépositaires des armes », « garante de la sécurité », « efficace contre le terrorisme » et autres fables aussi hénormes les unes que les autres.

galil308

La France fantasme en tentant pathétiquement de prétendre jouer encore dans la cour des grands, alors que la crise de Suez en 1956 et les vrais grands l’ont remise à sa place !!
Ses postures, ses soutiens de pétain à macron aux ennemis de son peuple sont incompréhensibles, tant ils ressemblent à une danse avec le diable.
Si l’on y ajoute le déni, le refus de respecter le droit d’auto détermination, la liberté des peuples dans le maintien de son empire colonial, on est dans le vrai délire du faites ce que je dis, mais pas ce que je fais.. !
Quand à donner des leçons, le ridicule est largement dépassé !!
Bonne année quand même..

christopher.dee

Donc si j’ai un peu compris ce dont il s’agit, la FINUL est un brol diplomatique qui ressemble à un joujou obsolète. Pour une zone tampon internationale, on ne peut pas dire qu’Israël soit gâté…
Les apparences diplomatiques de la politique « volontariste » française semblent préservés.
Mais en fait c’est du vent ! Mais ça tout le monde le sait.
Ce doit être une forme de charme du Moyen-Orient.
Si le président Trump pouvait jeter un coup d’oeil à ce bidule, cela pourrait devenir croustillant.
Chaque chose en son temps.
Allo Washington. Je ne vois pas qui d’autre pourrait remettre un peu d’ordre dans ce balagan.

Marc A

FINUL: Force INUtile au Liban.
Je me rappelle qu’en 2006, on avait déploré la mort de casques bleus suite à l’attaque israélienne. On venait de se rendre compte qu’ils etaient là. Mais de leur action, nada.

Adam

Encore une belle oeuvre de la diplomatie française, du Quai d’Orsay, du représentant français à l’ONU, et du president de ce pays.
Un jour les historiens analyseront avec beaucoup de sévérité l’action de la France (de DeGaulle à Macron et au-delà) dans le monde où c’est un echec retentissant, qu’il s’agisse de l’Afrique, le Liban, la Syrie, les palestiniens ….

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