Le Hezbollah arme t-il le Hamas à Gaza?

Le chef du Hezbollah Nasrallah se vante d’avoir fait clandestinement acheminé des lance-missiles Kornet russes à Gaza, tirant la sonnette d’alarme à Jérusalem

Le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a fustigé le geste fait, cette semaine, par la Ligue Arabe, qui a désigné le groupe chiite libanais comme organisation terroriste, tout en accusant ce supplétif de l’Iran de livrer des armes à des pays de la région, comme le Yémen.

En faisant référence aux mouvement islamiste palestinien du Hamas autant qu’à des groupes chiites combattant aux côtés des forces fidèles à Bachar al Assad, Nasrallah a prétendu que : « Nous n’avons jamais transféré de missiles de longue portée à aucun état arabe (en l’occurrence le Yémen), mais nous avons bien envoyé des armes aux « forces de la résistance » [les organisations spécifiquement anti-israéliennes] dans la Bande de Gaza [dont des missiles Kornet, réputés être les missiles guidés anti-tank les plus meurtriers en usage actuellement] et aux combattants en Syrie.

Contact »é par Media Line, le Ministère de la Défense israélien a refusé de commenté cette assertion de Nasrallah arguant que le Hezbollah aurait fourni ce type d’armes à l’enclave palestinienne.

Le Dr Meir Elran, un chercheur principal à l’Institut pour les Etudes de Sécurité Nationale, a déclaré à Media Line qu’il ne serait pas surpris si le Hezbollah avait effectivement réussi à faire passer clandestinement des armes vers Gaza « Malgré les divergences entre les deux organisations, elles ont un solide dénominateur commun, qui est de combattre Israël par tous les moyens. Le Hamas reste un allié du Hezbollah dans le conflit contre Israël ».

« Alors que le Hamas est un des bras armés des Frères Musulmans sunnites », précise t-il, « ce qui n’est pas nécessairement la tassé de thé du Hezbollah, puisque c’est une organisation chiite, dès qu’il s’agit d’Israël, ils ont un intérêt commun ».

Le Dr. Nadim Shehadi, chercheury associé la Maison Chatham, est d’accord avec cette hypothèse de base. »Pour Nasrallah, apporter des armes au Hamas fait partie des actes ordinaires de « résistance » contre Israël », a t-il expliqué à Media Line. C’est de là dont il tire sa légitimité populaire. Ce qui, en revanche est plus surprenant est que Nasrallah dire envisager de mettre un terme à l’implication du Hezbollah en Irak », un geste qui peut être interprété comme une possible concession à l’Arabie Saoudite, au beau milieu de tensions croissantes.

Ala suite des déclarations de Nasrallah, le Président libanais Michel Aoun a réitéré son point de vue disant que le Hezbollah est une composante « légitime » du camp anti-israélien,ajoutant que cette organisation « complète » les efforts de l’armée libanaise pour se défendre contre les « menaces » de l’Etat Juif. A cette fin, Aoun a encore affirmé par un Tweet que « les violations israéliennes se poursuivent et qu’il relève du droit du peuple libanais de résister et de faire échouer ses plans par tous les moyens disponibles ».

Pour sa part, le chef de l’armée libanaise, le Général Joseph Aoun a augmenté le niveau de préparation le long des frontières conjointes avec Israël, jusqu’au stade de « préparation maximale » et il a exhorté ses soldats à être vigilants dans la « préservation de la stabilité ».

Cette posture survient à un moment où Riyad et Téhéran sont enfermés dans une lutte qui va en s’intensifiant, pour le contrôle de la région, où beaucoup ont perçu la démission du Premier Ministre libanais Saad Hariri comme un stratagème de la part de l’Arabie Saoudite, visant à réduire la domination de l’Iran sur le Liban.

Israël, également, se préoccupe de la présence grandissante de la République Islamique dans la Syrie voisine et travaille dur, sur le plan diplomatique, pour s’assurer que le Hezbollah, ni les milices combattantes chiites soutenues par l’Iran ne s’enracinent par des avant-postes permanents dans le pays.

En début de semaine, le Ministre de la Défense d’Israël, Avigdor Liberman a réclamé aux députés une augmentation du budget militaire de plus d’1,37 milliard de $, au cours des trois années à venir, dans le but de traiter avec une efficacité optimale les menaces qui s’accumulent au nord.

Israël perçoit le Hezbollah comme la force militaire et politique centrale au Liban et ainsi il ne peut plus être distingué du gouvernement libanais ni de ses forces armées. De ce point de vue, le Hezbollah a, par le passé, eu libre accès à des armes et des équipements fournis aux forces armées libanaises par les Etats-Unis. En outre, le groupe continue de piétiner la résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui interdit (théoriquement) tout déploiement du Hezbollah au sud du fleuve Litani (50km au nord de la frontière avec Israël).

Depuis que le soit-disant « Croissant Chiite » dessiné par l’Iran – un pont terrestre partant de Téhéran reliant la Mer Méditerranée, en traversant l’Irak, la Syrie, le Liban – s’est consolidé, la prétention de Nasrallah disant que le Hezbollah est capable de livrer clandestinement des quantités illimitées d’armes à travers tout le Moyen-Orient, est en train de modifier la réalité stratégique de la région.

Pour Israël, avec des séides de l’Iran enracinés le long de ses frontières nord et sud, Jérusalem doit se préparer à l’éventualité que, lors de toutes prochaines explosions de violence, Tsahal devra défendre simultanément deux fronts.

Par Ian May | The Media Line

22 novembre 2017

Adaptation : Marc Brzustowski

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