Le cours des matières premières est de nature cyclique, avec un déséquilibre quasi-permanent entre l’offre et la demande, avec pour conséquence une volatilité des prix.  
Par Dov ZERAH
Lorsque l’offre n’est pas en mesure de satisfaire la demande, soit parce que celle-ci s’emballe, soit parce que l’offre est contrariée pour des raisons naturelles ou par faute d’investissement, l’ajustement se fait par une hausse des prix.
Cela incite les producteurs à augmenter leur offre, mais les délais de réaction sont différents selon qu’il s’agisse de matières premières agricoles relevant d’un cycle annuel, ou de minerais nécessitant de lourds investissements. En l’absence de toute coordination entre producteurs, l’offre finit par redevenir tôt ou tard supérieure à la demande et un nouveau cycle baissier prend le pas.
Ce déséquilibre entre l’offre et la demande de matières premières explique la fluctuation des prix, voire leur volatilité. Le niveau des prix détermine la réalité de la croissance mondiale ; les matières premières constituent ainsi une boussole de l’activité économique mondiale.
Le baril de pétrole est particulièrement caractéristique de ces mouvements. Dans les années 2 000, la demande chinoise a fait exploser les prix à plus de 100 $/bl. Certains envisageaient un baril à 200 $. Cela a conduit à un accroissement des investissements qui devenaient plus rentables à ce niveau de prix. La hausse de l’offre est intervenue alors que la demande diminuait consécutivement à la crise de 2008-2009. Les prix ont alors baissé, et certains voyaient le baril à 20 $. Cela a entrainé une baisse de la production car certains puits étaient fermés, car ils n’étaient plus rentables à ce niveau.
Ce raisonnement s’applique particulièrement pour la production américaine de pétrole ou de gaz ; alors que le seuil de rentabilité se situait à 55-60 $/bl, les innovations technologiques le placeraient maintenant à 35-40 $/bl. Cela a entrainé d’importants investissements, avec un endettement élevé du secteur, et cela devrait peser sur le prix aujourd’hui autour de 50 $/bl, sauf si la demande mondiale était soutenue.
L’orientation à la baisse s’explique par la pression d’une offre américaine en constante progression, mais également par un respect limité des quotas mis en place par l’OPEP, en liaison avec la Russie. Elle est évoquée pour expliquer la remise en cause du méga projet saoudien d’introduction de l’ARAMCO à la Bourse. Il s’agirait maintenant d’une ouverture du capital avec des placements privés pour 1 000 à 2 000 Md$. Cela s’expliquerait aussi par la difficulté de concilier l’exigence de transparence des marchés boursiers avec la gouvernance de cette entreprise étatique.
D’une manière générale, le niveau de l’économie a conduit la Banque mondiale à pronostiquer pour 2017 une hausse des cours des matières premières qui devrait se poursuivre en 2018.
Après une baisse de 10 % en 2016, l’indice Cyclope du prix des matières premières progresserait de 11 % en 2017, grâce au pétrole, au gaz, et au charbon à coke. En revanche, les prix des matières premières agricoles, comme le blé, le cacao, le café, l’huile de palme, le soja ou le thé sont orientées à la baisse à cause de récoltes abondantes.
Selon la FAO, la production mondiale de céréales atteindrait un nouveau record en 2017 à 2,612 Mdt, en augmentation de 0,3 % par rapport au précédent record de 2016. Ce résultat serait notamment atteint grâce une hausse de la production mondiale de blé de 750 Mt en 2017, et malgré une production de riz maintenue à 500 Mt à cause des inondations et la sécheresse en Extrême Orient.
Même si elle supérieure de 26 Mt par rapport à 2016 2017, la demande mondiale de céréales en 2017-2018 devrait diminuer, selon la FAO, à 2,589 Mdt, Il en résulterait une augmentation des stocks mondiaux de céréales qui, en 2018, devraient atteindre le niveau record de 720 Mt ; le rapport stock/demande de céréales se situerait alors à 27 %, niveau voisin de celui 2016-2017 mais bien supérieur au plus bas de 20 % en 2007 2008.
Dans le même temps, les échanges mondiaux de céréales en 2017 2018 devraient s’établir à un nouveau record historique de près de 400 Mt.
Dans ce commerce international, le maïs tient une place particulière. Après avoir été longtemps exportatrice, la Chine en importe de plus en plus pour fabriquer l’éthanol, carburant que le pays s’est engagé à utiliser à partir de 2020.
Alors qu’il est difficile d’avoir une idée précise de la croissance chinoise, la conjugaison de tous ces indicateurs permet de considérer qu’elle est encore soutenue.
Après cinq années de baisse, 2017 enregistre une hausse de plus de 15 % des prix des métaux grâce à une forte demande chinoise, et à une offre liées sujette à de nombreuses perturbations dans des sites miniers du chiliens, indonésiens ou péruviens. Tel est particulièrement le cas du cuivre, quatrième métal le plus extrait. Le prix a augmenté de 60 % en 2016, de 25 % depuis janvier, et est au plus haut depuis une décennie à 3 000 $/t ; certains prédisent 3 500 $ dans les six à douze mois.
L’or aussi est à des niveaux élevés au-dessus de 1 100 €/once, mais en-deçà de son niveau du premier trimestre lorsqu’il avoisinait les 1 200, ou de ses plus hauts de 2012 lorsqu’il dépassait à la fin de l’année les 1 300. Une des caractéristiques de ce marché est l’explosion de la demande allemande depuis la crise ; la peur de la politique accommodante de la Banque centrale européenne et le souvenir de l’hyper inflation de 1923-1924 conduisent 57 % des Allemands à se tourner vers l’or.
L’attrait de placements refuge s’est dernièrement traduit par la création par la Singapore Diamond Mint d’un Diamond Bullion, produit fongible et négociable en Bourse à l’image d’un lingot d’or, alors que jusqu’à présent c’est un produit qui ne s’échangeait qu’entre professionnels ou particuliers.
 

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