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La stratégie iranienne sur deux fronts©

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Israël est sur le point de combattre deux fronts actifs à ses frontières : l’un à Gaza et l’autre sur les hauteurs du Golan. Alors que les factions de Gaza  tiraient des roquettes sur Israël, une offensive de l’alliance soutenant le régime d’Assad était en cours dans le sud de la Syrie, qui devrait bientôt atteindre le Golan. Bien que cela puisse apparaître comme une coïncidence aléatoire, c’est plutôt effectué à dessein : Les attaques croissantes de Gaza devraient être considérées comme faisant partie d’une stratégie iranienne coordonnée.

Après le déclenchement de la guerre syrienne, les Iraniens ont perçu leur établissement dans le sud de la Syrie comme la maîtrise d’un autre front actif sur les frontières d’Israël. Ceci est une ligne rouge pour Jérusalem. Par conséquent, au cours de l’année écoulée, l’armée de l’air israélienne a bombardé à volonté l’infrastructure militaire iranienne en Syrie. La présence de la Russie en Syrie ne s’est pas traduite par une protection de l’Iran et des forces qu’elle contrôle dans ce pays déchiré par la guerre. Et les Iraniens n’ont pas eu de réponse efficace à la domination du renseignement et à la supériorité militaire d’Israël en Syrie. La faiblesse de attaque à la roquette sur les hauteurs du Golan en mai (4 missiles sur 32 ont été interceptés au-dessus du Golan israélien, tous les autres ont explosé en Syrie) a souligné ce point.

Cela ne signifie pas pour autant que les Iraniens se replient. Téhéran semble ne pas être sur le point de sacrifier ses possessions au Liban en cherchant à ranimer le front libanais contre Israël, ce qui conduirait Jérusalem à dévaster la base du Hezbollah. Mais il existe une autre option, moins coûteuse, pour faire monter la pression sur Israël : Gaza.

La logique iranienne est assez simple. Même si le sud-ouest de la Syrie faisait partie de l’accord de désescalade que les Etats-Unis, la Russie et la Jordanie ont conclu l’été dernier, le camp du régime d’Assad, soutenu par la puissance aérienne russe, est maintenant au beau milieu d’une offensive dans la zone et le retour du régime Assad aux frontières avec la Jordanie et Israël. Bien sûr, la version rose formulée par les Russes promet que seul « l’Etat » syrien sera présent à la frontière. Les Iraniens et le Hezbollah, disent les Russes, ne seront pas déployés là-bas, ou, s’ils le sont, ils se retireront progressivement. Vladimir Poutine le garantit! Les Israéliens, de leur côté, espèrent que leur palmarès qui a largement dfait ses preuves, pourrait dissuader les Iraniens de se déplacer pour se positionner sur le Golan. Dans le même temps, les Iraniens maintiendront le front de Gaza en train de mijoter. Leur jeu, en d’autres termes, consiste à essayer de dissuader les Israéliens de prendre la moindre action décisive sur aucun de ces deux fronts et de laisser pourrir la situation.

Quiconque cherche des preuves supplémentaires à l’appui de cette observation devrait simplement étudier la direction que prend l’offensive du régime d’Assad dans le sud de la Syrie, qui s’est déroulée principalement dans la partie orientale de Daraa, jusqu’à la frontière jordanienne. C’est l’approche la plus sûre. La poussée vers la partie occidentale, Quneitra et le Golan, comporte le risque d’une action israélienne, d’autant plus que les milices dirigées par l’Iran sont intégrées à tout ce qui reste de l’armée d’Assad et que  leur  participation  à l’offensive est solidement renseignéée. Malgré des reportages publiés au cours du dernier mois, à propos d’un accord entre la Russie et Israël concernant le retour du régime dans la région, il n’y a pas eu d’accord sur la question de la présence de l’Iran.

Il y a eu beaucoup de spéculations sur ce à quoi mènera la conversation avec la Russie. Mais selon toute vraisemblance, les règles de n’importe quelque « deal » qui puisse être passé, le fait est que Moscou n’est pas responsable de ce que font les Iraniens ou les Israéliens. C’est-à-dire que la Russie ne fera rien contre l’Iran et qu’Israël continuera à cibler les Iraniens en Syrie à volonté. L’avantage que Poutine recherche est qu’il devienne le médiateur que tout le monde doit croiser sans qu’à aucun moment, ses systèmes d’armes avancés soient détruits au vu et au su de tous.

Une fois que la campagne militaire parviendra à la frontière d’Israël, l’Iran y sera aussi – que ce soit immédiatement ou que soit en bonne voie fait peu de différence. Israël devra agir, avec la zone tampon de facto disparue sur sa frontière.

Les atouts de l’Iran n’ont aucune chance contre Israël dans une guerre totale. Mais les conflits de faible intensité peuvent fonctionner à leur avantage. La stratégie des Iraniens, par conséquent, est d’essayer de dépouiller Israël de son avantage. Le but de toute l’activité à Gaza est donc d’attacher un fil à la patte et de distraire Israël, puis de diviser ses forces entre deux fronts actifs, dans l’espoir de les dissuader d’agir réellement sur l’un ou l’autre. S’il réussit, l’Iran aura mis en place une série de fronts aux frontières d’Israël avec Gaza, le Liban et la Syrie, sur lesquels pianoter à merci au cours des prochaines années.

Tant que l’Iran est capable d’éviter les conflits de haute intensité dans ces domaines, il peut aller de l’avant en poursuivant son plan. Comme mes collègues et moi-même l’expliquons dans un prochain document de la Fondation pour la défense des démocraties, les Israéliens ont clairement fait savoir qu’ils n’accepteraient pas que les conflits de faible intensité sur leurs frontières deviennent la norme et ils e permettront pas aux Iraniens de s’enraciner sur le Golan ni en Syrie plus largement, peu importe le coût.

Il y a un débat en Israël pour savoir si le moment est venu de frapper durement Gaza maintenant. Et, malgré tous les bavardages concernant un accord avec la Russie, Israël doit intensifier sa campagne visant à cibler les infrastructures, le personnel et les lignes logistiques de l’Iran en Syrie.

« Nous n’avons qu’une option, » m’a dit le Brig.-Gen. (retraité) Shimon Shapira, un spécialiste israélien du Hezbollah et de l’Iran. « Et c’est agir avec force, ouvertement et secrètement, contre la présence iranienne en Syrie. Consentir ou accepter la présence iranienne, qu’elle soit directe ou indirecte, conduira finalement à une guerre avec l’Iran en Syrie et au Liban. « 

Israël devra mener ses frappes en adoptant une posture indiquant qu’il est prêt à faire la guerre. La normalisation de la guerre prolongée de faible intensité, semblable à la situation au Liban entre 1996 et 2006, s’avérera être une erreur coûteuse. Comme l’a dit récemment le Premier ministre Benjamin Netanyahu  , «s’il doit y avoir un« conflit avec l’Iran », c’est mieux maintenant que plus tard.

9 juillet 2018 • 11h59
Adaptation : Marc Brzustowski

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