Ein Hatina est l’endroit incontournable pour tout promeneur qui se rend à la frontière des Monts du Golan et de la Haute Galilée.

C’est le point de départ, dans la longue pente que dévale le Jourdain, de tous ceux qui vont de la Galilée au Golan. Ein Hatina attire, non seulement pour sa flore exceptionnelle et rare, mais parce que c’est là que les eaux du Jourdain montraient, il y a encore peu de temps, toute leur puissance.

C’est un endroit calme loin de la foule des touristes classiques, où les familles orthodoxes aiment se retrouver et profiter des doux courants du fleuve.

Mais cela paraît bien loin aujourd’hui. Le fleuve si puissant il y a quelques années n’est plus qu’un cours d’eau qui semble bientôt devoir disparaître.

Les habitants du mochav voisin, Yessod Hamaala, qui ont utilisé les eaux du Jourdain durant des années pour irriguer leurs terres, se désolent devant ce spectacle, et confirment que toutes les grandes rivières de la région, sont elles aussi, presque à sec.

Il y a encore trois ans, le Jourdain arrosait généreusement toute la région, aujourd’hui, on ne peut rester insensible devant ce spectacle désolant où l’eau ne coule même plus par certains endroits.

Le Na’hal Dan ou encore les sources de Banias, les deux plus grandes rivières du Golan, dépérissent elles aussi.

L’autorité de l’eau en Israël a commencé des campagnes de sensibilisation pour faire des économies face à la sécheresse qui touche le pays. On a toujours tendance à penser que ces campagnes exagèrent la situation, mais un seul regard sur ces paysages de désolation vaut toutes les campagnes du monde.

Israël est vraiment en train de se dessécher, après cinq années consécutive sans précipitations suffisantes, les sources naturelles du pays enregistrent un manque de 2,5 milliards de mètres cubes. Le Nord est particulièrement touché.

Le Kinneret s’évapore plus vite qu’il ne s’approvisionne des eaux de pluie, du Jourdain et de ses rivières. Son niveau est à un degré jamais atteint, alors que les sources naturelles sont elles aussi à un niveau de sécheresse jamais égalé.

Les phénomènes d’inondations que nous connaissons ces dernières années laissent à penser que le pays a beaucoup d’eau, mais en réalité, elles contribuent à peine à freiner l’évaporation et permettent d’irriguer un peu les champs.

Israël est au premier rang concernant le dessalement de l’eau avec cinq usines créées en dix ans, mais ces centrales ne sont pas suffisantes pour mettre le pays à l’abri.

Les robinets des maisons coulent encore, les usines fournissent 70 % des besoins domestiques. Selon les autorités, quelle que soit la quantité d’eau que nous pourrons dessaler, cela ne suffira jamais à combler les ressources naturelles, ni à remplir le Kinneret ou le Jourdain.

Ce manque d’eau entraîne un autre phénomène : la disparition des roseaux qui poussent aux bords des rivières. C’est toute une partie de la flore et de la végétation qui est en train de disparaître de cette région à cause de la sécheresse.

Les roseaux ne peuvent pousser qu’à quelques mètres des sources d’eau. Ils semblent avoir disparu complètement, mais en fait ils suivent la baisse des eaux et s’éloignent de plus en plus de là où ils se trouvaient encore il y a quelques années.

Les coupeurs de roseaux viennent au même endroit depuis des années mais cette année, ils vont de mauvaise surprise en mauvaise surprise. La végétation habituelle a quasiment disparu et il ne reste plus un arbuste de joncs dans les environs.

Tous les kibboutzim de la région sont touchés par le manque d’eau. En se promenant dans la région, on tombe sur des panneaux indiquant aux agriculteurs des localités proches la création d’un réservoir d’eaux usées.

Pour eux, c’est une très mauvaise nouvelle. Les dizaines de localités situées le long du Jourdain n’ont jamais eu besoin de tels réservoirs. Ils ont toujours pu utiliser les eaux du Jourdain en quantité soit pour remplir leurs réserves, soit directement en pompant les eaux du fleuve.

La création d’un réservoir d’eaux usées montre la situation tragique dans laquelle se trouvent les sources naturelles. Plus au nord, dans les kibboutzim Shamir, Gonen, Gadot et autres, les agriculteurs se souviennent du Jourdain dans ses beaux jours, alors que le fleuve menaçait presque de déborder et qu’il envahissait la route.

Aujourd’hui, l’écoulement est à peine audible. De nombreux appareils surveillent le niveau des eaux du Jourdain et l’on peut constater aujourd’hui que nous sommes très loin du niveau raisonnable du fleuve, plus de deux mètres en dessous du niveau acceptable.

Lorsque l’on poursuit la route encore plus au nord, on ne peut que se désoler devant les ruisseaux asséchés et la végétation, autrefois si luxuriante, et si typique de la région, qui disparaît sous nos yeux. La végétation abondante servait également de camouflage face aux tirs du côté syrien du Golan et protégeait les nombreux villages des regards ennemis.

Les grands eucalyptus qui ont été plantés là il y a plus de cent ans protègent les voitures qui circulent sur la route de cette partie du Golan, d’éventuels tirs de Syrie.

Cette « route des grottes » était jalonnée de dizaines de ruisseaux et de sources et donnaient à ce paysage un caractère unique et une beauté sans pareille, peu connue du public israélien qui reste généralement sur la route principale quand il vient visiter la région.

Il y a quelques années les champs étaient plus facilement irrigués par ces ruisseaux que par le pompage du Jourdain directement.

Aujourd’hui de nombreux champs ont disparu, faute de pouvoir être irrigués. Les feux ont dévasté des plantations de pommiers et de pruniers et autres arbres fruitiers qui ont été abandonnés, et de nombreux agriculteurs ont dû se reconvertir faute de travail.

Même dans des endroits où l’eau coule encore, elle s’écoule à peine entre les rochers et les cailloux, les torrents ont disparu, la puissance des courants qui emportaient tout sur son passage n’est plus qu’un vague souvenir. Ces constatations doivent alerter sur une situation des plus préoccupantes dans le nord du pays.

Les ruisseaux, en s’asséchant, révèlent des trésors anciens ou plus récents, des objets archéologiques sont régulièrement découverts, mais aussi des montres, des portefeuilles, toutes sortes d’objets qu’ont laissé tomber les promeneurs depuis des années.

Certains anciens panneaux interdisent l’usage de canoës et mettent en garde, de manière absurde, contre le danger des courants aujourd’hui disparus.

La nouvelle voie menant à Mettula, a été tracée il y a peu, à la demande des habitants de la ville se plaignant de la nouvelle barrière à la frontière qui ne leur permettait plus d’accéder à la ville depuis les champs et les cultures qui devaient être transportés après la cueillette.

Aujourd’hui, tout au long de cette route, on aperçoit les plantations d’arbres fruitiers à l’abandon depuis un ou deux ans et les champs brûlés par les agriculteurs qui destinent ces terres à d’autres objectifs.

Si des gens aussi idéalistes que l’étaient les habitants de Mettula ont eux aussi baissé les bras, c’est encore un signe que la situation est des plus critiques.

On ne compte plus les sources, les cascades et autres sites où les promeneurs venaient se rafraîchir, aujourd’hui fermés parce que totalement secs.

Impossible de reconnaître les sources de Banias ou encore le Dan où l’eau coulait à flots même quand dans d’autres régions le manque d’eau se faisait sentir.

La rivière de Banias brassait jusqu’à 125 millions de mètres cubes provenant du Jourdain, mais aujourd’hui, on est loin du compte.

Quant à la réserve du Dan, l’une des plus belles d’Israël, où se mêlaient l’eau, la végétation, les paysages et des vestiges archéologiques, l’eau se fait de plus en plus rare et met en danger la faune nombreuse qui vit ici.

Seules des années exceptionnelles de précipitations pourraient redonner espoir à cette région qui voit ses sources disparaître les unes après les autres.

Moshé Michaël Tzoren

haguesher.com

 

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