En appui de la polémique suscitée par le Pr. Mordekhai Kedar, remise à jour d’un texte rédigé en 2015, autour des zones d’ombre subsistantes : 

Les années précédentes, nous avions publié un texte qui tend à démontrer les manipulations partisanes qui continuent de se tisser autour de la mort de Rabin, « un assassinat politique ». L’an dernier encore, Binyamin Netanyahu a dû continuer de se défendre contre les allusions malsaines de ceux qui ne dirigent plus le pays depuis cette époque de leur fiasco radical. Voici pourquoi… 

Les faits récents (2016)

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Lors de cet événement, le chef de l’opposition Yitzhak Herzog avait pour sa part, déclaré exclure toute possibilité d’union gouvernementale, et s’en prenait au chef d’Etat, en l’accusant de ne pas condamner l’incitation à la haine contre les juges, les militaires et les journalistes, comme il ne l’avait pas non plus condamné avant l’assassinat de Rabin.

« Certains tentent, de manière récurrente, de déformer la vérité historique en m’accusant d’avoir incité à la violence avant son assassinat », s’est défendu Netanyahou, en diffusant la vidéo d’un rassemblement de campagne organisé en avril 1995, lors duquel la foule accusait Rabin d’être un traître, des mots explicitement condamnés alors par le Premier ministre.

« Non ce n’est pas un traître, il se trompe, et il se trompe largement mais ce n’est pas un traître », insistait Netanyahou lors de ce rassemblement, sept mois avant l’assassinat de Rabin.

Lors d’un entretien sur la 2ème chaîne israélienne en août 1995, Netanyahou dénonçait encore ces accusations.

« Ces accusations s’adressent au chef d’Etat, peu importe le parti auquel il appartient, il est chef d’Etat, c’est déplacé et inapproprié, c’est contre la morale et je demande à tous de cesser de proférer ces calomnies que nous condamnons« .

Près de 50.000 personnes selon les organisateurs, 20.000 selon les médias participaient samedi dernier au grand rassemblement annuel organisé à Tel Aviv à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de l’ex-Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, à l’endroit où il a été abattu il y a vingt et un ans, une place qui dorénavant porte son nom.

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L’heure des grandes processions d’autoflagellants approchant, comme chaque année, nous allons avoir droit aux discours inquisiteurs des bienpensants à propos des thèses en circulation autour des mystères mal élucidés ou « secrets d’Etat » qui entourent encore la mort par assassinat d’Itzhak Rabin… 

Un sondage du 31/07/1995 donne 7 points d’avance à Netanyahou. Celui-ci ne l’emportera qu’avec un maigre 0, 4% sur Peres, après le coup de tonnerre de novembre.

L’homme de droite a « eu chaud » : en février 1996, son concurrent bénéficiait de 15 à 20 points d’avance. A qui aurait profité un « complot politique » ? Le meurtre de Rabin sacralise les accords d’Oslo… et détourne de l’analyse rigoureuse. L’extrémisme affaiblit le Likoud, à cause du retentissement de l’évènement. Netanyahou, le « nationaliste » , ne sera, essentiellement, présenté, dans le « Rêve Brisé » d’Enderlin, que comme un bluffeur qui joue sur la peur pour faire reculer la paix. D’après « des éditorialistes » (non cités par le correspondant de Fr 2), « le Premier Ministre intérimaire- S. Peres- a sauvé la carrière de celui qui devait le battre » . C’est vraiment trop aimable de sa part. Mais disposait-il d’éléments crédibles pour l’accabler ?

L’opinion reste extrêmement volatile : alors qu’elle était d’accord avec Rabin avant la vague d’attentats de cette période, la majorité s’est retournée contre lui. La campagne suivante de terreur et l’erreur de Peres au Liban, en 1996 (pilonnage de Qana), mettront un terme aux espérances « progressistes ».

Avant le sondage précité de juillet 95, Rabin se trouve à un carrefour : il devra, soit poursuivre le processus à marche forcée ; soit, comme le lui conseille le Président Weizmann, exiger des mesures drastiques contre la terreur et conditionner les avancées du processus aux progrès sécuritaires (voir Oslo II). Les prochaines élections vont se jouer entre :

– ceux qui souhaitent marquer un temps d’arrêt : Rabin lui-même (!), sur incitation du Président Ezer Weizmann,

– et les « jusqu’au boutistes » du processus : dont Shimon Peres, au sein du gouvernement et l’aile dirigeante du Meretz (13 députés sur 120), qui veulent l’accélérer. Le Premier Ministre assiste à ce funeste meeting pour la Paix du 04/11, afin de rassurer ces électeurs de l’ultra- gauche. Leur vote est utile, avec celui des Arabes israéliens. Il s’affiche en compagnie d’Aviv Guefen (neveu de Moshe Dayan), un jeune chanteur excentrique, qui l’a moqué comme « alcoolique », dans l’une de ses œuvres. Les artistes présents attirent du monde.

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L’opération de communication du 4 novembre 95 est prévue à Tel Aviv, parce que Rabin est discrédité à Jérusalem, la capitale. Elle consiste à renverser la tendance, après la manifestation-monstre de la droite, place Sion, le 5 octobre. Celle-ci était motivée par la découverte des termes, maintenus secrets, de l’accord de Taba ou Oslo II, signé à Washington, le 28 septembre 1995.

Il est censé faire cesser toute vague de terreur. Les Arabes s’engagent formellement à reconnaître l’existence d’Israël. Arafat promet de faire annuler 28 des 33 articles de la Charte de l’OLP, appelant à une « Palestine du Jourdain jusqu’à la Mer », deux mois après la réunion du Conseil National Palestinien, composé de 82 membres, aux pouvoirs législatif et exécutif. Cette révision restera lettre morte.

L’ensemble du territoire est divisé en 3 zones : A) Comprenant les 7 villes principales de Cisjordanie : Naplouse-Sichem, Tulkarem, Kalkiya, Ramallah et Béthléem, sous contrôle palestinien exclusif, en plus de Jéricho et Gaza, autonomes depuis le 4 mai 1994. B) La quasi-totalité des 450 villages arabes. Ces deux zones représentent 90% de la population de Cisjordanie pour 30% de la surface totale. La zone C correspond essentiellement à la Vallée du Jourdain et aux principales grandes implantations et bases militaires. Les 50 000 hommes armés d’Arafat prennent le plein contrôle des villes, contenant certains sites bibliques, et assurent la police dans les villages, où Israël garde une compétence anti-terroriste conjointe.

Les négociations sur le statut final sont prévues pour le 5 mai suivant. Toutes les villes seront évacuées par Tsahal, excepté Hébron, relevant d’un statut spécifique, devant encore être négocié (en 1997). Les grands points de controverse, dont Jérusalem, la question des réfugiés et des frontières définitives, sont renvoyés à un stade ultérieur d’avancée négociatrice.

En 2019, l’AP ne reconnaît pas encore le droit à l’existence d’Israël, Etat Juif. C’est, du reste, l’un des changements majeurs de la politique américaine, lors du voyage d’Obama, dans la région, en mars 2013 : demander aux Palestiniens et, à travers eux, aux autres Arabes, d’accepter l’Etat d’Israël. La Charte de l’OLP, bien que certains points soient, pratiquement, tombés en désuétude, n’a toujours pas été remaniée, malgré les promesses d’Arafat à Bill Clinton (Wye River, 1998). Les questions ultimes n’ont pu trouver accord, en juillet 2000, ni à Taba, pas plus en suivant la « feuille de route » contresignée par Sharon, en 2003, ni en novembre 2007, sous Olmert-Livni, où la reconnaissance mutuelle était encore une des causes fondamentales d’un nouvel échec. Reste donc l’autonomie concédée, dans cet accord sur le contrôle des territoires, telle qu’au moment de la mort de Rabin. En ce sens, malgré la déconvenue et l’idolâtrie dont il fait l’objet, l’homme a atteint, et à quel prix, son objectif.

A la Knesset, le débat est houleux : on est passé d’une cession de 13 à 30% de la sécurité de ces territoires, dont pratiquement toutes les zones et villes d’où proviennent les kamikazes : Jénine est, par exemple, surnommée « la capitale des suicidaires », par les Palestiniens eux-mêmes. L’accord est voté à 61/59 voix, grâce au renfort des 5 votes des partis arabes. Toute l’opposition descend dans la rue, pour exiger des élections anticipées ou un vote populaire par référendum sur des questions cruciales.

Pour faire face, le Parti travailliste a posé ses « lignes rouges » : le Premier Ministre affirme qu’au prochain attentat terroriste, il dira « stop ! ». Il exige d’Arafat qu’il se montre, enfin, actif en matière de « contre-terrorisme ». A ses proches, il déclare : « si cela fonctionne, nous remporterons les élections ; sinon, nous serons battus ».

Certains ministres, sceptiques sur le résultat électoral, pensent que le processus de paix doit avoir atteint un point de non-retour, par une politique du fait accompli. On en trouve des signes dans le passage en force de l’accord de Taba et la levée de boucliers qu’il provoque.

En contrepartie, il faut convaincre l’électorat du centre-gauche inquiet. L’érosion de popularité vient, en effet, de là, non des convaincus des deux bords. Le programme électoral de Rabin ne satisfait pas, pour autant, les amis du correspondant permanent de Fr2 : Hussein Agha mentionne que ces « lignes rouges », « plateforme de la campagne travailliste », imposent une limite aux intérêts palestiniens. Yasser Arafat rejette toutes les propositions qui s’y rapportent.

1) Les deux écueils d’une nomination politique à la sécurité

La thèse, soutenue par C. Enderlin, de la possible conspiration à droite échoue, principalement, sur l’écueil de la réalité du pouvoir : ses leviers, dont le renseignement intérieur, sont entre les mains du gouvernement, pas entre celles d’une opposition revancharde. Selon U. Dan, Itzhak Rabin est aussi la victime de ses choix sécuritaires aléatoires :

Jacob Perry, chef du Shin Bet, le service intérieur, est le pivot de la politique d’I. Rabin, en matière de sécurité. Il l’a parfaitement informé des risques, depuis octobre 94 : il lui parle de « résistance active au processus de paix, dans la population juive » (non dans tel et tel secteur). Il brosse, un an avant les faits, le profil du « loup solitaire ».

On prend des mesures exceptionnelles, dont l’achat d’une Cadillac blindée à 500 000 $, le renfort de la brigade de surveillance, on exige du Premier ministre qu’il revête un gilet pare-balles, dont il méprisera toujours le port, lui, l’ancien du Palmach, héros de 1967. La sécurité empêche le Premier Ministre d’entrer à Hébron dans sa voiture blindée, et l’oblige à monter dans un van renforcé. Selon l’aveu d’un officier de ces services : « C’est extrêmement dangereux de menacer la foi profonde et la raison de vivre de tout individu. Nous créerons une situation potentiellement explosive, si nous les acculons ».

En bombardant son remplaçant Carmi Guilon à la tête du Shin Bet, sur conseil de Jacob « Pinocchio » Perry, Rabin procède à une nomination politique. Guilon a fait sa thèse sur le terrorisme juif et assuré sa promotion dans l’entourage du Premier Ministre. Il se veut le spécialiste de cette opposition intérieure, dont il a assimilé la forme de pensée, alors qu’il est considéré comme moins compétent que d’autres (comme Guideon Ezra-futur adjoint au Ministre de l’Intérieur, sous Barak-) pour ce poste, dans sa connaissance des voisins.

Le service est complètement démotivé. 12 démissions de haut-rang suivent immédiatement l’annonce de cette désignation. Guilon délègue à un mystérieux « E » la gestion du service « extrémistes juifs ». Cet ancien adjoint de son prédécesseur s’est assuré une publicité interne calamiteuse en s’impliquant dans une affaire adultérine et de plainte contre le mari, d’où son prestige ne se sort pas grandi.

Le meurtre de Rabin correspond au fiasco retentissant d’une stratégie qui se crispe sur cette zone de danger bien réel, mais où le sens des évènements échappe à ses observateurs, probables auto-intoxiqués d’un « dérapage » :

Un indicateur (« shtinker », en yiddish) plus qu’ambigu approche le tueur. Avishaï Raviv, nom de code « Champagne » (nom de code que la légende voudrait attribuer par ordinateur, mais choisi par des officiers-traitants), suggère à Igal Amir que Rabin mérite le qualificatif de « Din Rodef » , selon Eytan Ojalbo, devant la Commission Shamgar. Amir va plus loin et affirme, devant deux jeunes filles, que le Premier Ministre « n’est pas un être humain ». Les deux hommes sont « inséparables ». Façon de dire que Raviv colle aux talons d’Amir.

Le journaliste Amnon Abramowitz révèle au public l’identité trouble d’Avishaï Raviv, peu de temps après le meurtre d’I. Rabin. Selon Nahum Barnéa, du Yediot Aharonoth, le 6 novembre 1995, – reporter de centre-gauche parmi les plus influents d’Israël – Raviv a été recruté depuis 1987. Issu d’une famille travailliste, dès son adolescence rebelle, il est fasciné par le Rabbin Kahane (fondateur du Kach). Etudiant, il devient très vite un orateur de ce Mouvement favorable à l’expulsion des Arabes. Son recrutement s’effectue, vraisemblablement, parce qu’il veut défendre son pays, par d’autres voies, après une blessure durant son service dans l’unité d’infanterie Guivati. Il est serré de très près par un panel de 12 officiers traitants, qui lui offrent un train de vie sans aucune commune mesure avec sa vie d’étudiant.

L’accord Jéricho-Gaza (mai 1994) lui permet de donner sa pleine mesure d’incitateur. La ville symbolise l’entrée des Hébreux en Terre Promise, lorsque la sonnerie des trompettes a coïncidé (selon les sismologues) avec le miracle d’un tremblement de terre, dû au réveil de la faille afro-syrienne. Pour Raviv, à la tête d’associations étudiantes de droite extrême, à l’Université Bar-Ilan, c’est un « blasphème contre D. lui-même ». Il commence ses campagnes outrancières d’affichage sur le campus, s’arrange pour garder secret leur financement et se fait convoquer par la direction, recevant jusqu’à un « dernier avertissement ».

Ce n’est pas un informateur ordinaire, mais un « provocateur ». Selon des images prises par des jeunes filles, durant une manifestation contre le redéploiement dans les territoires, et présentées à la Commission, Y. Amir confie à Raviv son projet de « tuer Rabin ». L’indicateur le tance : « Tu ne fais tout le temps que parler! Prouve-nous que tu es un homme ! ». Comment ne pas parler « d’incitation » dont nous recherchions vainement les traces ?

2) Les Affiches de la honte à la Une, sur tous les écrans

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Plus troublant, « sans la permission des services », Raviv est le fondateur, en 1992, du fameux groupuscule Eyal, qui agite des pancartes de Rabin en nazi. L’enquête révèle que l’informateur a, lui-même, fait réaliser le photomontage de ces portraits par deux jeunes mineurs. Lors de la perquisition à leur domicile, on en trouve d’autres, avec le Premier Ministre armé, tirant sur un Juif à kippa.

Elles sont distribuées, devant des caméras de télévision, par 12 de ses comparses, au cours de la manifestation du Square Sion (5 oct.). L’une d’entre elles tombe entre les mains de l’ancien cofondateur d’Eyal, David Hazan, évincé par l’indic. Il déchire l’affichette qu’il « n’a pas aimée du tout ». Hors de question, pour lui, d’assimiler Rabin, le libérateur de Jérusalem, à un « nazi ».

Le maître du groupe revient avec d’autres membres, qui le rouent de coups. Hazan s’en plaint à la police présente. Il est, manu militari, renvoyé dans ses cordes : « on a d’autres chats à fouetter » (lesquels ?). Pourtant, ces images outrageantes vont circuler sur les écrans durant un mois et, être reprises, jusqu’à aujourd’hui, pour « expliquer l’atmosphère » incitative et diaboliser la droite. Elles sont clairement mises en évidence, dans le documentaire primé de Dror Moreh : « The Gatekeepers » (2013), sans explications d’une provenance, connues du public israélien, qui devraient leur être assorties.

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« The Gateskeepers », documentaire ultra-primé, où d’anciens responsables du Shin Bet, dont Guilon, acceptent de lever une partie seulement du voile…

Selon Nizan Chen, un reporter de la Télévision, c’est encore Raviv qui l’incite à tourner la caméra vers ces affichettes, de façon à ce qu’elles n’échappent à personne. Lors du procès, un policier, Yehuda Zeidov, voulant le contredire, déclare : « Chen a l’imagination fertile ! ». Le Juge Shamgar se fâche tout rouge : « La parole de Chen est-elle moins crédible que celle de Raviv ? ». Aryeh Amir, chef de la police, prétend que l’enquête était complexe et qu’il a fallu « 1 mois » pour remonter la filière.

Ce photomontage diabolique renforce Ygal Amir dans sa volonté de tuer et banalise le geste, autant que la Shoah elle-même. Un homme du nom de Michaël Halévi, un mois avant l’évènement, dit avoir entendu une conversation dans des toilettes publiques, au sujet des résolutions, du « petit yéménite » (sic.) et téléphone aussitôt au Shin Bet. Le signalement correspond au futur assassin. Amir n’est ni questionné, ni soupçonné. L’hypothèse la plus probable est que le service le considère contrôlé par son homme infiltré.

Ce groupe Eyal a, également, chanté les louanges du meurtrier du Tombeau des Patriarches, Baruch Goldstein, en 1994. Il a permis au discours politique dominant de faire la complète équivalence entre ce genre « d’activisme » violent et le Hamas. En réalité, Raviv, qui disposait de trois domiciliations, occupait l’appartement juste au-dessus de celui du médecin serial-killer. A cette occasion, il déclare, fidèle à son rôle : « Le meurtre est la seule solution pour sauver le pays. Suivons l’exemple de Goldstein ! ».

Incitation des plus claires, sauf pour qui ne veut rien entendre. Eyal et le Kach demandent à être filmés à l’entraînement, masqués, armes au poing, prêts à agir. Ils passent dans une émission TV, en septembre 1995, sans jamais être inquiétés. Raviv revendique des crimes contre des Palestiniens, dont on s’aperçoit, peu de temps après, qu’ils ont été commis par des criminels arabes, pour motifs crapuleux, et non politiques. Il va toujours plus loin dans le culot (Houtzpah), organisant des protestations sous les fenêtres du chef du Shin Bet, dont le nom est, alors, tenu secret. Il réunit quelques adeptes, sous le balcon d’Itzhak et Léah Rabin, en leur promettant le même sort qu’à « Mussolini et sa maîtresse ». Jamais un Premier Ministre n’a été traité de la sorte.

De 1992 au fatidique 4 novembre 1995, et, malgré les « libertés » qu’il prend, il est, néanmoins, appointé par les services, sur le denier du contribuable : pour mener ce type d’opération illégale, les services ont besoin d’en référer à l’autorisation… du procureur de l’Etat, Dorit Beinish ou/et du Procureur Général : Michaël Ben Yaïr . Pour Nahum Barnéa, le Premier Ministre est le Chef Suprême du Shin Bet. Il peut donc, difficilement, ne pas avoir su qui était le chef d’Eyal. Mais, on le persuade que « tout est en ordre » (Hakol Beseder)…

On s’est, en France, interrogé sur la manipulation de « l’épouvantail » du Front National, par François Mitterrand, dans les années 1980, pour « casser l’image de la Droite » républicaine, ou sur le « match truqué », pour la télé, entre B. Tapie et J.M. Le Pen . Le parallèle, dans un contexte plus dangereux, serait simple à établir. Ygal Amir a, aussi, pour livre de chevet, « Chacal », de F. Forsyth, qui relate la tentative d’assassinat contre De Gaulle, le 22 août 1962, au Petit-Clamart (non loin de l’hôpital Percy, dernière demeure d’Arafat), financée par l’OAS.

Devant la détérioration des sondages, semble se mettre, peu à peu, au point, une politique toxique, où « tous les coups sont permis ». Certains, avec l’assentiment de Rabin, auraient pris une décision téméraire. A partir de septembre-octobre 1995 (d’où le reportage TV sur les groupuscules prêts à l’action), il s’agirait de créer des « incidents exploitables », par des actes de violence verbale et physique. C’est l’opération que Uri Dan appelle « la grande arnaque », qui se solde par cette impression d’affichettes de 30 sur 40 cm, ou le tabassage d’Hazan. L’acharnement à discréditer ses adversaires politiques et à démontrer leurs intentions néfastes joue un rôle déterminant dans le meurtre d’Itzhak Rabin. Il reste, néanmoins, indépendant de son occurrence, et pour cause, puisque l’agitateur ne cerne pas d’assez près le tueur.

Bien que la plupart des indices et faits probants, recoupant cette logique infernale, soient disponibles depuis l’enquête de 1996, tant la presse française (dans la phase inaugurale du « Rêve Brisé ») que certains responsables de la sécurité intérieure israélienne continuent de réciter un mythe accusateur, qui va à l’encontre des faits troublants établis.

Le grand public est, ainsi, empêché de tirer toutes les leçons d’un tel enchaînement menant au scénario du pire et de chercher ailleurs les causes de « l’échec du processus de paix », au profit d’une explication magique ou sanctifiée. L’amertume se crispe contre des personnalités politiques, sommées de se « racheter » : Netanyahou, Sharon. Par un habile glissement narratif, qui signe le refus de toute complexité, leur ligne conservatrice, non dénuée d’offres partielles (Hébron 1996, Wye River 1998, la Bande de Gaza 2005…) est, automatiquement assimilée à « l’extrême-droite sioniste-religieuse » qui paralyse toute avancée. Quelques années plus tard, chez les esprits les moins pacifistes et les plus réducteurs, à force d’amalgames successifs, l’ensemble des Juifs est dépeint en des traits grotesques de spoliateurs, faiseurs de guerre « colonialiste » et d’ennemi de l’humanité.

L’indicateur invite Amir à participer à une contre-manifestation, devant la tribune, ce soir du 4 novembre. Mais « le petit yéménite » prend la direction inverse, vers la zone de parcage des véhicules officiels et constate qu’elle est nettement moins surveillée… Raviv ne sera auditionné qu’en… 2000, avec des reports jusqu’en fin septembre de l’année suivante. Il prétend, avec conviction, n’avoir fait que son travail et n’avoir pas prévu que le contrôle des évènements lui glisserait des mains. Le pire est que cela reste tout-à-fait plausible.

3) Versions contradictoires

S’agissait-il d’empêcher que soit mis un frein au processus d’Oslo, en cas de changement de gouvernement ? Plusieurs hypothèses, jamais élucidées, font frémir :

-la perspective d’un attentat -prévu pour être- « manqué », maîtrisé in extremis par la protection des personnalités, aurait-elle remonté la côte de la victime, « échappant de justesse » à un crime odieux contre la première institution ? C’est la piste de la logique d’enchaînement, ou « escalade d’engagement », que défend Uri Dan.

– Raviv, très bien noté par ses supérieurs, croyait tout savoir d’Amir et de ses intentions. Il aurait péché par excès de confiance en soi et vanité, ses officiers, par défaut d’évaluation. Selon ce scénario, il aurait suffi de laisser la bride sur le cou d’Amir, pour l’étrangler au moment opportun. La tentative, de préférence, au milieu d’une foule nombreuse, aurait eu un impact mondial. Le chef de l’Etat aurait dévoilé l’existence d’un vaste complot et aurait disposé des mois suivants pour flétrir la « complicité objective » du Likoud.

– Le Ministre de la Santé de l’époque, le Dr. Efraïm Sneh, fils d’un des fondateurs de la Haganah, maintient sa version : on a extrait trois balles du corps de Rabin. Or, l’une des trois balles tirées par Amir a touché un garde du Corps. Restent deux. Selon Alex Peleg, expert balistique, la « troisième balle » dans le corps du Premier ministre renforce la version d’un tir différent, jamais élucidé…

– Face à sa dégringolade dans les sondages, une collusion d’intérêts transnationaux s’est-elle résolue à envisager le pire : qu’il aurait pu être « plus utile mort que vivant » ? Sacrifier une « pièce » sur l’échiquier aurait pu assurer la réussite d’un retrait plus massif auquel personne n’oserait plus s’opposer…

M. Harsagor, homme de gauche et professeur d’histoire, pense que « quelqu’un a voulu que ce scénario aille jusqu’au bout. Il y a quelque chose de très scabreux ». Moshé Feiglin, de la droite du Likoud, pense de même. On risque bien, ici, de prêter le flanc à la « théorie de la conspiration». Néanmoins, les éléments inducteurs proviennent des deux failles de l’enquête : l’existence du provocateur qui perd sa filature et la thèse ministérielle de la « troisième balle »…

Selon Uri Dan et bien d’autres, il n’y a pas eu de complot, à proprement parler. Le pseudonyme de l’informateur (« Champagne ») ferait simplement référence aux « bulles » d’incitation qu’il aurait eu mission de faire monter en pression.

– La plus vraisemblable resterait, tout simplement, qu’Ygal Amir, découvrant qu’il était manipulé, que Raviv est bien un « shtinker », a délibérément choisi de tromper les plus folles spéculations de coulisse. Très tôt, Raviv lui a demandé de le prendre en photo, au prétexte de lui fournir des papiers ou une carte de presse pour approcher sa cible. Le futur assassin n’en a jamais vu la couleur. Par déductions successives, il a rompu avec celui qui croyait contrôler ses moindres faits et gestes… Il échappe calmement à toute surveillance, d’autant plus lâche qu’on pense que tout est sous contrôle, et s’approprie la mission qu’il croit conférée par D.ieu.

Le piège, et la « faute » , comme dans le cas de Mohamed Merah – si l’on en croit, Manuels Valls, Yves Bonnet, ancien responsable de la DST et Albert Chennouf, père d’un militaire assassiné- proviennent de l’imprévisibilité de ce type de profil et d’une méfiance qui surclasse les anticipations du correspondant. Dans les deux cas, remontent à la surface des intrigues et suites de dysfonctionnements, impliquant un service et le soupçon porté sur un informateur, chargé d’infiltrer, qu’il se métamorphose en « loup solitaire » ou qu’il ait l’instrumentalisation d’un tiers pour consigne. Seule, la valeur stratégique des cibles change le déroulement de l’histoire. L’observateur extérieur (que se revendique être le journaliste) est condamné à osciller entre l’une ou l’autre des versions, selon ses propres inclinations, au bénéfice du doute, jusqu’à ce que toute la lumière soit faite.

En 1996, Yossi Sarid, responsable du Comité de la Knesset sur le Renseignement, et Eliyakim Rubinstein , nouveau Procureur Général, font pression sur le Juge Shamgar, afin qu’il stoppe son investigation, concernant Raviv. C. Enderlin signale l’action de S. Peres lui-même en ce sens. L’opposition de droite ne joue aucun rôle dans cet avortement de l’enquête.

La Commission a pris effet le 19 novembre 1995 et dû soumettre ses conclusions, le 28 mars 1996 (avant les élections). Pourquoi l’empêcher d’aller plus loin ? Une partie, seulement du document sera communiquée au public. Toute celle concernant Avishaï Raviv et son travail demeure (semi-) confidentielle, laissant courir les rumeurs les plus folles. On ne fait donc que souligner des parts d’ombre dans la complexité de ce qui restera, longtemps, un secret d’Etat, faute de preuves étayées, notamment par le journaliste français, qui répercute la version officielle, abandonnée durant l’investigation, avec effets de loupe sur la culpabilité supposée de la droite et de mitigation sur la situation sécuritaire anxiogène.

Par Marc Brzustowski (extrait de : Medias, Djihad, Antisémitisme, les liaisons dangereuses)

 

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Élie de Paris

La part de responsabilité de la gauche dans l’assassinat de Rabin z’l est au moins la même que celle de la droite. Appuyer sur la gâchette d’un flingue pour tuer le Premier ministre est un geste ultradramatique qui relève, dans l’esprit malgré tout fragile*, d’un double sacrifice ( tuer et être soi-même abattu) motivé par la certitude qu’il ne reste plus que cette extrémité pour changer le cour de l’histoire.
Qui peut imaginer ce qui s’est passé dans la caboche du tireur, quand il vit, à sa merci, celui qu’il voyait comme le destructeur d’Ysraël, et une foule qui l’acclame (!) accompagné d’un chanteur transsexuel (Dana international), comme si la porte de l’enfer était entrouverte…
Le fait est que le cour de l’histoire a réellement été changé. Et a provoqué une immense division en Ysraël…
La division n’est jamais positive.
Sont-ce les convulsions attendues/redoutées…?
Ou bien du nanan pour les adeptes du complotisme ?
.
* jamais n’a été mis en doute l’intégrité mentale de Y. Amir…

Charles Kamoun

NON! Nous n’oublierons jamais le meurtre de dizaines de juifs de l’Altalena par la gauche israélienne, commandité par Ben Gurion et EXECUTE PAR RABIN.

Calimero

Uri Dan, avec son livre « Crime d’Etat » démontre bien que l’assassinat d’Itzhak Rabin a été orchestré par les autorités de gauche en place et indirectement par Itzhak Rabin lui-même. Le Shin Bet où Itzhak Rabin était le chef suprême a infiltré un indique-provocateur au sein du groupuscule estudiantine d’extrême droite Eyal où l’indicateur-provocateur devient le chef, Avishaï Raviv, qui manipulait Igal Amir depuis au moins un an avant l’assassinat. L’enquête et le procès sur cet assassinat ne sont pas crédibles, il s’agit d’une parodie d’enquête et de procès. Les responsables du Shin Bet et leur indicateur-provocateur et complice de l’assassinat n’ont jamais été inquiétés à ce jour.

Jg

La société oligarchique de GOCHE ,tient l économie en main ,et les médias sont leur porte paroles .
Quant à la droite ,c est le peuple besogneux et mise à l écart ,moque ,qui subit les prix élevés toujours maintenus par cette oligarchie qui vote majoritairement a GOCHE.

Charles

Il serait temps dans cette affaire que la gauche israélienne s’excuse pour le meurtre de dizaines de juifs sous le commandement même de Rabin … rappelez vous l’Altalena, que la gauche israélienne et ses suppôts médiatiques essaient de nous faire oublier.

Aaron le Rachid

Chercher un électron libre, un peu faible, le manipuler pendant plus d’un an (Raviv en sait quelque chose, manipulateur gôchiste envoyé par qui, d’après vous ?) le meurtre de Rabin ne ressemble pas à la culture de la droite, de la gauche sûrement.
mais quand la police, les juges (de l’époque où le pouvoir était à gauche) ne veulent pas voir, ils ne voient pas.
La gauche a perdu le pouvoir, mais les grands commis de l’état sont restés … à gauche.

C. Hamon

La gauche est antidémocratique, revancharde, teigneuse, malsaine et surtout des plus meurtrière.

Aucune critique n’est possible lorsqu’il s’agit d’un gouvernement de gauche.

Par contre ça fuse de tous les cotés lorsqu’il s’agit de « ridiculiser » Donald TRUMP et de critiquer Benjamin NETANYAHOU. La mauvaise foi domine, surtout quand il faut discréditer la droite au pouvoir.

Disraeli

Merci de nous donner cet exposé clair et non partisan.
Depuis cet assassinat a été crée le mythe de « l’héritage de Rabin » dont on se demande en quoi il consiste précisement.

stevenl

Like the democrats, they have NOTING to offer but « semer la zizanie »!

Ephraïm

La gauche en Israël est aussi pervertie que dans les autres pays et n’accepteront jamais d’avoir perdu le pouvoir démocratiquement , pour eux , le peuple qui a voté en masse à droite est ignare et primitif , il faut donc changer le peuple ! et c’est ce qu’elle essaie de faire par l’intermédiaire de tous les médias gauchistes mais à leur rage et stupéfaction , le peuple n’avale pas leurs couleuvres ! c’est ce qui s’est produit avec la victoire de Trump aux USA et c’est ce qui va se passer en Europe !