Judée Samarie : la proposition inappropriée de Bezalel Smotrich

 

Le 7 septembre 2017, le Vice Président de la Knesset Bezalel Smotrich a présenté les bases de son « plan décisif pour l’Etat d’Israël » visant à parvenir à une souveraineté juive définitive sur l’ensemble de la terre d’Israël : renonciation au principe de coexistence de deux Etats juifs et palestiniens, démantèlement de l’Autorité palestinienne, annexion de la Judée Samarie et réinstallation des populations palestiniennes dans des pays susceptibles de leur offrir des opportunités politiques.

 

Un tel processus semble inapproprié : il est inutile et entraînera immanquablement les foudres de la communauté internationale.Sa thèse a été développée dans un essai de philosophie politique publié par « hashiolach » : il y répartit la population arabe de Judée Samarie entre ceux qui sont disposés à « renoncer à leurs aspirations nationales pour se réconcilier avec la souveraineté juive et ceux qui ne le sont pas ». Les palestiniens tentés de lutter contre la souveraineté juive se verraient opposer une action coercitive majeure qui les en empêcherait, alors que « ceux qui renoncent à leurs revendications nationales recevront une aide pour émigrer dans l’un des nombreux pays où les Arabes réalisent leurs ambitions nationales ou à toute autre destination dans le monde ».

 

A la suite de sa conférence organisée le 12 septembre 2017, il a reçu les félicitations et les encouragements Benjamin Netanyahou : « nous aménageons la terre et nous la gérons : dans les montagnes, dans les vallées, en Galilée, dans le Negev, mais aussi en Judée et Samarie ». Le premier Ministre a motivé sa position par le lien entre le peuple juif et sa terre : « Parce que c’est notre terre, la patrie du peuple juif. Le seul terrain promis à nos ancêtres. On nous a donné le droit de s’installer ici ».Pour autant, la thèse de Smotrich repose sur une double crainte : géographique et démographique.

 

Pour lui, il faut nécessairement organiser un déplacement des populations non juives pour assurer une viabilité du concept « d’Etat nation du peuple juif ». A défaut, le concept serait insoutenable géographiquement et démographiquement. Sa méthode n’est pas pour autant appropriée d’autant qu’il suffit de mettre en œuvre le projet de Loi adopté en mai 2017 sur la reconnaissance d’Israël comme Etat Nation du Peuple juif.

 

Il convient, en effet, de distinguer souveraineté, nationalité et importance d’une population sur un territoire. Si les Chinois deviennent majoritaires dans le 13ème arrondissement de Paris, le sud de Paris ne passera pas, pour autant, sous souveraineté chinoise. De même, les français qui vivent à New York ne perdent pas leur nationalité d’origine, lorsqu’ils résident à Manhattan. Il est, en fait, surprenant de la part de Smotrich de réclamer des palestiniens qu’ils renoncent à leur revendications nationales alors que l’Etat juif n’a toujours pas mis en place de nationalité, c’est-à-dire de lien juridique entre les membres du peuple juif et leur Etat.

 

Une fois encore, la solution suppose d’instituer une nationalité en Israël : les prérogatives qui y sont attachées seront réservées aux seuls nationaux.

En ce sens, la proposition de Smotrich est donc éminemment maladroite en ce qu’elle suppose la mise en œuvre d’opérations qui sont, non seulement impossibles à réaliser, et qui, de surcroît,  risqueraient de délégitimer l’Etat juif. Il faut donc raison garder, et utiliser les outils juridiques qui se trouvent dans l’arsenal des règles démocratiques, pour parvenir au résultat.En hébreu, le mot « nation » se dit « Ouma » (comme en arabe d’ailleurs ou le mot « ouma » exprime également la communauté des croyants musulmans). De même, le mot « National » (qu’il s’agisse du nom ou de l’adjectif) se dit « leum » ou « léumi » alors que le mot « nationalité » se dit « leumyoute ».

 

Si donc Israël veut définitivement incarner « l’Etat nation du peuple juif », il se doit d’instituer une « nationalité » réservée aux seuls nationaux, c’est à dire aux Juifs qui disposeront du droit d’être électeurs ou éligibles aux élections nationales.  Lorsque tel sera le cas, il ne sera plus nécessaire d’organiser le déplacement des populations non juives, puisque, non nationales, elles ne présenteront pas le moindre danger, faute de pouvoir se présenter à la Knesset ou aux autres fonctions électives nationales ni de voter pour des candidats qui ne seraient pas des nationaux d’Israël.

 

Par ailleurs, Israël devra reconnaître la véritable nature des ressortissants qu’il appelle « arabe israéliens » : il s’agit en réalité des « palestiniens d’Israël » qui pourront, dans l’exercice de leurs prérogatives nationales, se rattacher soit à « l’Etat palestinien de Gaza » ou à « l’Etat palestinien de Cisjordanie » (implanté sur les zones A et B de Cisjordanie, 40% de ce territoire) pour se présenter à leurs élections nationales ou pour élire leurs représentants au sein de l’assemblé palestinienne.Tout comme c’est le cas dans les pays démocratiques, Israël comprendra en son sein : les nationaux (les Juifs), les non nationaux en situation régulière (notamment les palestiniens d’Israël mais aussi les migrants non juifs installés dans le pays) et les non nationaux en situation irrégulière, passibles d’expulsion.

 

Israël pourra alors (comme c’est le cas dans l’ensemble des pays démocratiques),  définir « les intérêts supérieurs de la Nation juive » dont la violation entraînera l’emprisonnement et l’expulsion des intéressés du pays.Pour ce qu’il en est de la Judée Samarie, le principe de l’annexion n’apparaît pas en soit impossible à réaliser, mais doit être limitée à la zone « C » (soit 60 % du territoire) sur lequel Israël dispose (en vertu des accords israélo palestiniens) de la plénitude des prérogatives civiles, administratives et militaires. Aussi, la population palestinienne (résiduelle sur ce territoire) disposera de titres de séjour (comme ce sera le cas pour l’ensemble des non nationaux en Israël) et pourra exercer ses droits nationaux à Gaza ou dans la zone A ou B de Cisjordanie.

 

Une fois encore, c’est l’institution d’une « nationalité » en Israël qui protégera la souveraineté du peuple juif sur l’Etat d’Israël tout en permettant aux palestiniens d’exercer leur prérogatives nationales en votant dans les territoires sur lesquels ils exercent une souveraineté effective.

 

Naturellement, en cas de renonciation définitive à la lutte armée, il sera possible de leur offrir une continuité territoriale pour faciliter leur déplacement à l’intérieur des zones A et B, qui seront réunies.

 

Ainsi, et contrairement à ce que propose Besalel Smotrich, il n’est pas nécessaire de demander aux palestiniens de renoncer à leurs aspirations nationales alors qu’elles  pourront s’exercer à Gaza ou sur les zone A et B de Cisjordanie.

 

Inversement, et s’agissant des prérogatives locales, la thèse de Besalel Smotrich est tout à fait adaptée : « les Arabes de Judée et de Samarie pourront mener leur vie quotidienne dans la liberté et la paix, sauf pour ce qu’il en est du vote à la Knesset » (ils pourront participer aux élections locales).

 

Bien évidemment, les juifs de diaspora pourront opter pour la nationalité israélienne, deviendront des nationaux israéliens, et seront rattachés à la terre d’Israël. Israël respectera alors sa vocation et réalisera les prévisions prophétiques, sans se voir reprocher la mise en place d’un Etat d’apartheid.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

8 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
serge027

Il y a d’ailleurs dans la stratégie des arabes de Palestine l’idée évidente de remplacement de l’État juif en priorité et ils font tout pour se SUBSTITUER peu à peu à celui-ci en adhérant aux instances internationales alors même que leur état et leur territoire ne sont pas encore définis. Et bien sûr d’en faire expulser Israël (voir la FIFA, l’UNESCO..etc). La deuxième étape dont ils ne parlent bien sûr pas encore sera d’éliminer la Jordanie et de reconstituer la GRANDE PALESTINE du Mandat. Vous n’y croyez pas? Regardez leur drapeau et comparez le à celui de la Jordanie: c’est EXACTEMENT le même à un détail près (une étoile) qu’ils feront sauter en même temps qu’ils élimineront les Hachémites (comme ceux-ci furent éliminés en Irak par l’assassinat du Roi mis en place par la Grande Bretagne)

serge027

Toutes ces élucubrations n’ont aucun sens! En fait il faut revenir aux fondamentaux. Toute la géopolitique du Proche Orient vient du dépeçage de l’Empire Ottoman après la première guerre mondiale par les puissances impérialistes France et Grande Bretagne. Confiée à la Grande Bretagne le mandat sur la Palestine se devait d’y créer un État Juif. Première anicroche 80% du territoire du Mandat fut enlevé pour donner satisfaction à la famille Hachémite écartée du trône d’Arabie au profit des Saoud, surement plus souples avec les anglais qui y flairaient le pétrole. Donc un ÉTAT ARABE de Palestine existe déjà c’est la Jordanie. Que l’autre rive du Jourdain soit 20% du territoire palestinien soit dévolu à un État juif paraissait naturel sauf que le Mufti allié des allemand allait provoquer des émeutes dans les années 30, apeurer la Grande Bretagne qui sentait la guerre venir et provoquer l’idée farfelue de diviser à nouveau ce qui devait revenir en INTÉGRALITÉ aux juifs! Il n’y a pas la place sur ces 20% exiguë de créer DEUX ÉTATS dont l’arabe n’aurait pour seul raison d’être que de détruire et prendre la place de l’État croupion juif! Dans ce jeux de « chaises musicales » il y a deux chaises et 3 joueurs: les juifs, les arabes et la famille Hachémite. Il faut éliminer un des joueurs. La solution vient d’évidence à l’esprit: les Hachémites sont de trop! Les arabes en Jordanie sur la rive est du Jourdain qui pourra s’appeler Palestine si cela leur fait plaisir, les juifs en Israël sur la rive Ouest. Les arabes d’Israël pourront s’autodéterminer et choisir leur nationalité tout en restant là où ils habitent. S’ils choisissent la nationalité palestinienne ils seront comme des allemands qui vivent en Hongrie ou des algériens qui vivent en France.
Bien sûr l’OLP et consort ne veut pas de cette solution et pour eux le joueur de trop c’est le Juif.

Ratfucker

Est-ce vous auriez l’idée originale et intelligente de vous intéresser à ce que pensent les Arabes palestiniens ? Je crois que, comme les gauchistes bornés (excusez le pléonasme), vous poursuivez votre raisonnement en circuit fermé en prenant les rêves pour des réalités. Si vous daignez consulter le site du Palestinian Center for Policy and Survey Research (PSR), qui procède à une évaluation continue de l’opinion palestinienne, et publie annuellement les résultats http://www.pcpsr.org/en/node/664
vous verrez qu’en 2016, 46% des gazaouis et 29% des résidents arabes de Judée Samarie souhaitaient émigrer à l’étranger, chiffres en progression constante.
Les yaqua et fautqu’on géostratégiques de café du commerce dont nous abreuve ce savant article, qui ne dit rien sur les institutions chargées de mettre en œuvre ce vaste programme pseudo juridique, et qui ne tient aucun compte de ce que veulent les gens- ne peuvent mener qu’à une solution militaire dont vous n’avez aucune idée de la faisabilité ni du coût humain.
A la place du juridisme bureaucratique à base de décrets qui ne seront jamais votés ni signés, il serait beaucoup plus simple et moins coûteux d’encourager DISCRETEMENT cette émigration (bon an mal an, 20,000 sujets d’Abbas partent déjà sur la pointe des pieds faire fortune en vendant de kebabs à Chicago ou Santiago du Chili). Le rôle d’encadrer, de faciliter sur le plan administratif et de financer cette migration économique revient de droit à l’Agence Juive, qui possède une expérience remarquable dans l’autre sens, mais depuis la fin des grandes alyas, puisque la moitié du peuple juif habite maintenant Israël, tourne à vide avec un personnel pléthorique

Ixiane

Excellent l’article : j’ai toujours avancé cette idée bien que je ne sois pas concernée ( malheureusement, , n’étant pas juive ) Les dits palestiniens musulmans peuvent très bien vivre en ISRAEL (JUDEE SAMARIE) s’ils acceptent de respecter la loi Israélienne et non celle d’Allah … Mais ils seront résidents et non nationaux sauf quelques exceptions qui demanderont à être israéliens à part entière : ce qui signifie , aimer et défendre son pays !!!

madeleine

Vous vivez sur quelle planète ? Les arabo-musulmans vivant en France respectent-ils la loi française ? Vous êtes au courant des milliers de voitures brûlées ? des zones de non-droit ? Vous pensez vraiment que les imposteurs « palestiniens » peuvent aimer et défendre Israël ? Etre naïve à ce point ? c’est inoui !

Soliloque

je trouve votre article très judicieux en même temps que juridique, il va sans dire; par la définition juridique de la nationalité, Israël peut ainsi établir sa sécurité sans se voir attribuer les adjectifs d’agresseur et pays d’apartheid.
Actuellement, on a effectivement l’impression qu’Israël peut être attaqué de partout, de la part de n’importe qui, sans pouvoir opposer de bouclier incontesté ou incontestable. Chaque pays peut y aller de son mot et toute défense opposée par Israël ne peut être entendue.
La zone C appartient incontestablement à Israël mais tous les pays la lui contestent, et surtout les « palestiniens » qui n’y ont en réalité aucun droit

Johan

il n est pas sur que vousayez raison cette these est prafaitement defendable