Pompée (1) fit de la Judée une province romaine, il s’empara de la forteresse de la Montagne du Temple de Jérusalem,  le jour de Kippour.

Il pénétra dans le Saint des Saints qu’il trouva vide et constata qu’il n’y avait :« Pas le moindre Dieu en effigie là-dedans. La place est vide, point de mystère. »

L’intelligence politique de César, qui accorda une pleine liberté de culte à tous les Juifs à travers l’empire romain, opèra une réconciliation temporaire.

En -37 Hérode, nommé roi de Judée par le Sénat, devint rapidement un tyran barbare.

Originaire de la région d’Idumée où les habitants avaient été convertis de force, Hérode opprima le peuple, l’aristocratie judéenne et sa propre famille, mais c’était aussi un grand bâtisseur.

Sous son règne, Jérusalem devint une ville magnifique.

Après la mort de César, Hérode fit édifier dans la Ville Haute un grand palais fortifié et reconstruire le Temple dont la construction lui parut trop modeste.

Le Temple rebâti n’avait plus rien de commun avec le modeste édifice qui l’a précédé. Pour l’agrandir, le roi modifia le relief.

Ainsi, une esplanade plus vaste fut aménagée, elle était à tous, étrangers compris mais l’entrée dans l’enceinte sacrée n’était permise qu’aux Juifs. L’édifice fut maintenu rebâti en marbre blanc rehaussé d’or et neuf de ses portes furent revêtues d’or et d’argent aux frais de riches fidèles.

Dans l’édifice lui-même, la tripartition du Temple de Salomon fut maintenue. Du Temple lui-même, il restait un morceau de l’enceinte appelé le Mur des Lamentations par les chrétiens. Les Juifs l’appellaient simplement le mur occidental ou Kotel.

Les sources juives sont élogieuses à propos des projets qui firent émerger une Jérusalem nouvelle dont la seule rivale en Orient était Alexandrie. Ainsi pouvait-on lire dans le Talmud :

« Qui n’a pas vu l’édifice d’Hérode, n’a pas vue de bel édifice de toute sa vie. »[2]

Flavius Josèphe considérait que les travaux du roi Hérode sur le Mont du Temple constituaient la plus importante réalisation architecturale de son temps.

Plus de 10 000 ouvriers ont participé aux travaux mais la majorité des prêtres s’opposa à ce qu’on touche au Temple.

Les débuts du christianisme à Jérusalem

Capitale du judaïsme antique, Jérusalem allait devenir la mère des premières églises chrétiennes, à une époque de fermentation religieuse et de lutte contre les Romains.

Au moment des grandes fêtes juives, une foule immense montait vers Jérusalem, le procurateur romain, un haut fonctionnaire, s’y rendait en personne avec une garnison renforcée.

Dans un contexte explosif apparut un juif de Galilée nommé Jésus (3) qui arriva à Jérusalem en 33, monté sur un ânon, selon la prophétie de Zacharie, la présence dans cette foule de zélotes, de sicaires, de patriotes exaltés, presque tous Galiléens, augmentait d’autant la tension.

Il chassa les vendeurs du Temple, y annonça la destruction de Jérusalem et son remplacement par un autre Temple (son corps), y institua l’Eucharistie au cours de la Cène.

Il était accompagné d’un nombre de disciples, pour y célébrer le Seder, le repas célébré le premier soir de la fête de pâques, la fin de l’esclavage des Hébreux en Egypte.

Après quoi il se rendit au pied du mont des Oliviers, et c’est là qu’il fut arrêté.

On le mena devant le procureur romain, Ponce Pilate (26-36), et il fut le même soir, condamné à être crucifié sur le Golgotha. C’était un châtiment romain très souvent utilisé par la justice impériale Les Apôtres quittèrent Jérusalem afin de prêcher à travers le monde.

Après la mort de Jésus, ses disciples, convaincus qu’il reviendrait sur terre sous la forme du Messie, créèrent à Jérusalem leur propre communauté. Les judéo-chrétiens, les premiers adeptes, n’étaient qu’une petite secte parmi bien d’autres qui foisonnaient à Jérusalem à l’époque romaine.

Les Actes des Apôtres en décrivaient la vie. Les premiers adeptes formaient les groupes de judéo-chrétiens.

Progressivement, des groupes de fidèles formèrent une assemblée (Eglise ou Ekklésia en grec) d’abord à Jérusalem où était régulièrement commémorée la Passion.

Deux chefs s’en dégagèrent : Pierre et Jacques, le frère de Jésus. Progressivement, la nouvelle Eglise allait s’étendre aux non-Juifs, ce qui posa la question de la validité de la loi juive issue de la Torah.
Une assemblée tenue en 48 à Jérusalem trancha la question en dispensant les non-Juifs de devoir appliquer la Loi juive.

Selon Claude Duvernoy

« Durant une quarantaine d’années, ses premières années, la communauté des disciples du Christ ne représentait nullement une église faisant face à la synagogue ; mais bien au contraire constituait une secte juive au sein de cette synagogue, étroitement rattachée, elle aussi, aux prières et au culte dans le Temple de Jérusalem. (4)

Dans sa fameuse épître aux Romains, au onzième chapitre, Paul reconnaissait que l’histoire du salut était désormais partagée en deux périodes : la première sous le signe des nations écoutant « la bonne nouvelle », et la seconde sous le signe d’Israël réintégré chez lui. L’apôtre des Gentils, évoqua le salut de tout Israël, en citant Isaïe (II : 6) :

« Et ainsi tout Israël sera sauvé selon qu’il est écrit :
De Sion viendra le Libérateur Il ôtera le péché du milieu de Jacob… »

Les disciples quittèrent Jérusalem et vinrent prêcher à travers le monde. Cependant une église primitive se forma, on y trouva et on y vénèra aussi des souvenirs de la Vierge Marie, des Saints, Etienne et Jacques qui y ont été martyrisés. (A suivre)

Dossier réalisé par Jforum

[1]  Pompée le Grand est un général et homme d’État romain (-106 à – 48).Il fut marié cinq fois et épousa notamment Julia, la fille de Jules César.
[2]  On peut lire dans Le traité de Soucca : « Qui n’a pas vu Jérusalem dans sa splendeur, n’a jamais vu une ville splendide », dans Le traité de Kiddouchin on lit : « L’univers a été doté de dix mesures de beauté : neuf ont été attribuées à Jérusalem et une seule pour le reste de l’univers », selon l’ouvrage Aboth de Rabbi Nathan 28, « Il n’y a pas de beauté comme Jérusalem. »
[3]  Christ vient du mot grec Christos qui signifie Messie
(4) Claude Duvernoy, Le sionisme de Dieu, Centre de diffusion Suisse 1976.

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Photini Mitrou

Vous parlez de judéo-chrétiens. L’appellation est fausse. Historiquement elle n’a jamais existée.
On ne sait pas comment les premiers « judéo-chrétiens » s’appelaient entre eux avant que le terme de « chrétiens » ne soit retenu à un pré-concile. Faute d’information, on a pris l’habitude de les appeler les nazaréens mais je crois que ces primo-chrétiens n’avaient pas besoin d’appellation pour se reconnaître entre eux et suivre les enseignements de leur maître.
Le judéo-christianisme est un concept né après les seconde guerre mondiale. L’instigateur en est probablement Jules (?) Isaac, père du récit national français avec Albert (?) Malet.
Après la guerre, Isaac avait eu beaucoup de contacts avec le pape pour préparer le concile de Vatican II et pour définir la place du judaïsme dans le christianisme. Ce n’est qu’à ce moment qu’a été initié ce néologisme qui, aujourd’hui, est devenu une évidence mais dépourvue de toute historicité.
Aujourd’hui, le mot christianisme on le fait systématiquement précéder par le mot judéo alors qu’il s’agit d’un néologisme.
Pour moi, il n’est pas nécessaire quand je parle du christianisme de le faire précéder par le préfixe judéo.
Les Evangiles sont clairs et il n’y a aucune usurpation ou volonté de masquer la vérite. Jésus est juif, il parlait en araméen et ne connaissait ni le latin, ni le grec, les apôtres sont juifs et, dans l’histoire dont il est question) nous sommes dans un monde juif sous occupation romaine. Tout cela est clair et la surenchère n’est pas nécessaire. Ou bien alors, il faudrait qu’on nous explique le non dit de cette forme.

rachel

Au tout début, les chrétiens étaient une petite secte juive comme vous le dites mais il y a eu entre autres, un tournant important au Concile de Nicée (Iznik en Turquie de nos jours) pour les Eglises d’Orient en 325 après JC, quand l’Empereur romain Constantin, un fin récupérateur politique, a interdit aux judéo-chrétiens de célébrer les fêtes juives : il ne fallait plus, pour prendre un exemple porteur, que ces judéo-chrétiens célèbrent et la sortie d’Egypte, Pessah, et la résurrection du Christ, la Pâque chrétienne, et tout ceci parce que les pagano-chrétiens (grecs, romains, byzantins, constantinopolitains, etc) étaient devenus tellement nombreux qu’ils dictaient leurs lois.
Il y a des similitudes politico-religieuses à faire avec la France (et l’Europe) d’aujourd’hui : si l’Islam politique gagne dans deux décennies et notamment si des Présidents musulmans remportent les Présidentielles grâce aux voix des islamo-français et des islamo-gauchistes qui ne sont pas forcément musulmans mais qui sont islamophiles et que ces Présidents restent au pouvoir indéfiniment en changeant la Constitution en ne limitant plus, par exemple, le nombre de mandats présidentiels (deux actuellement), petit à petit, les pratiques religieuses des christiano-français seront ou cachées, ou interdites et quant aux judéo-français, ils seront poussés à partir.
Le livre de Houellebecq bien que ce soit avant tout un roman, est prémonitoire dans la démarche : c’est juste le moment de bascule d’un pays aux racines chrétiennes vers un pays au profil islamique qui est inconnu.

PS : On va encore commenter mon commentaire négativement mais ce sont bien les italiens qui sont les descendants des romains, romains qui ont assassiné Jésus, donc ce sont eux qui auraient dû être haï et non les juifs, pourtant, il y a eu 19 SIECLES d’antijudaïsme remplacé par son corollaire, l’antisémitisme, quand le religieux a eu moins de place dans les sociétés occidentales chrétiennes et quand des anthropologues de la fin du XIXème et du début du XXème siècle ont commencé à racialiser les humains. Cet antijudaïsme suivi par l’antisémitisme est LA PIRE ET LA PLUS GRANDE INJUSTICE de toute l’Histoire de l’Humanité et dans son degré le plus barbare, elle a conduit à la Shoah. C’est pour cette raison que le combat de ma vie, hormis celui pour ma famille, est la survie à tout prix, même à n’importe quel prix, du peuple juif.

Daniel

Je trouve votre texte plus acceptable que le texte présenté par Joël.
En effet, je ne crois pas un seul instant à cette histoire d’un Yeoshua qui à partir de Jérusalem, répand la bonne parole qui retentit (surtout à cette époque ..) jusqu’à Rome.
Je pense plutôt à un médecin d’origine Israélite nommé Shaul de Tarce, très héllénisant, fils à papa qui entend parler depuis Tarce, de cette nouvelle secte de Juifs, peut être influencé par les prêches d’un de ces nombreux prédicateurs qui ont élu domicile à Jérusalem, qui reprennent les fondamentaux de la Thora tout en plaçant l’homme au coeur du débat spirituel, aspect qui s’était complètement effiloché depuis quelques décennies à Jérusalem et dans les différentes communautés Israélites du bassin Méditerranéen.
Belle aubaine pour ce médecin philosophe qui se sent inspirer pour prendre en main cette nouvelle secte. Et pour bien la mettre en valeur, il va à Rome, histoire de toucher les législateurs de ses discours.
Il débat jusque dans les latrines, il se constitue un tissu relationnel assez important, il intervient en avocat de ces premiers adeptes de cette secte de « nouveaux Juifs ».
Puis Shaul devenu Paul, va jusqu’à organiser le premier synode et déclare aux Romains qu’il ne s’agit plus d’une secte de « Nouveaux Juifs » mais d’adeptes d’une nouvelle croyance monothéiste. Le projet fonctionne et prend de l’ampleur à tel point que Paul déclare être le 13ème apôtre.
A mon avis, il est le seul a savoir écrire et envoie ses « épîtres » pour être lus en public. Les autres « apôtres » sont des gens d’extractions modestes et je doute fort qu’à part leurs prêches, ils aient écrit quoique ce soit.
A ce jour, par une seule trace prouvant l’existence de ce « Sauveur », n’a été mis à jour par les archéologues dont les missions chrétienne fouillent depuis près de deux siècles.
Le premier Evangile reconnu par l’Eglise, apparaît vers la fin du troisième siècle. Les Apôtres originels étaient décédés depuis longtemps.