J’ai découvert Marseille en septembre 1956. Nous étions, ma famille et moi même à cette époque peu demandeur envers les institutions juives mais à l’approche de Yom Kippour (15 septembre 1956), mon père a pris soin de réserver deux places à la synagogue de la rue Breteuil.

La grande synagogue Breteuil était le seul grand lieu de rassemblement de la ville et cependant la communauté juive était diverse dans sa composition.

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On comptait à ce moment environ 5000 juifs à Marseille. 0n y trouvait des Provençaux de longue date, d’autres étaient plus particulièrement originaires  du Comtat Venaissin (Avignon, Carpentras, Cavaillon, l’Isle sur Sorgues, appelées les quatre saintes communautés).

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Le cimetière juif de Carpentras permet de comprendre tout un pan de l’histoire du Comtat venaissin

Il y avait aussi une forte communauté d’origine turque et salonicienne, des personnes d’Afrique du Nord, pas encore appelées Pieds Noirs.

A côté des ces diverses communautés sépharades vivait une communauté ashkénaze formés principalement de gens venus d’Allemagne, de Pologne et de Russie. Turcs et Ashkénazes n’avaient de synagogue permanente et organisaient au moment des fêtes, des offices dans des salles du bâtiment consistorial.

Je me souviens du rabbin de la communauté ashkénaze, le Rabbin Scwarzfuchs. Il y avait aussi deux petites synagogues indépendantes, peu connues.

L’une, ashkénaze, était située rues des Convalescents et avait un rabbin répondant au nom de Liberman, et l’autre se trouvait au Bd. Cassini, au domicile du rabbin Jacob Sebbag. Ce dernier travaillait à l’Agence Juive et a plus tard fondé la synagogue de la rue Saint Férréol : Nevé Itshak.

Aujourd’hui nous ne voyons dans la communauté que peu de personnes portant les noms typiques des communautés du Comtat Venaissin comme par exemple : Mossé, Valabrègue, Vidal Naquet , peut être aussi Crémieux, Carcassonne.

Le dernier rabbin de Carpentras, avant la Seconde Guerre mondiale portait le nom de « Mossé ». Il y avait aussi dans le haut de la rue Saint Ferréol un opticien du nom de Mossé. Actuellement, à Marseille, il y a une famille Montel qui a continuellement eu un engagement communautaire sans faille

Le Consistoire

Comme c’est le cas depuis Napoléon 1er, la communauté de Marseille était gérée par un consistoire qui était présidé par M. Philippe Boneff.

Le consistoire avait en charge le corps rabbinique, la Grande Synagogue, la cachrout  et le cimetière Saint Pierre. Il éditait un journal communautaire mensuel : «  RENAISSANCE ». L’administration consistoriale était beaucoup plus réduite qu’actuellement. Il n’y avait que trois salariés : un directeur, une secrétaire et un comptable. Les bureaux étaient attenants à la loge actuelle du Chamache.

Le bureau du Grand Rabbin se situait au rez de chaussée de l’aile gauche (quand on fait face à la synagogue) du bâtiment. Avant Monsieur Boneff, le consistoire a été présidé par M. Fédia CASSIN, originaire de Bayonne et qui était le frère de M. René Cassin, juriste de renommée mondiale, rédacteur de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme,  résistant de la première heure à Londres, Président du Conseil d’Etat pendant de nombreuses années et enfin Prix Nobel de la Paix. Engagé sur le plan communautaire, il a été aussi Président de l’Alliance Israélite Universelle.

J’ai pendant longtemps observé que le Hékhal de la synagogue Breteuil était orné d’un rideau rouge dédié à la mémoire de M. Fédia CASSIN.

Le corps rabbinique consistorial

La communauté se trouvait depuis 1929 sous l’autorité du Grand Rabbin Israël Salzer.
Le premier ministre officiant était  le Rabbin Joseph Tayar et le second ministre officiant était le Rabbin Simon Marciano.

Ce dernier a rejoint la synagogue Breteuil en 1956. Il était auparavant rabbin à Mostaganem. De plus il assumait la charge de mohel et peut être était-il le seul à cette époque. Le Chamach, Monsieur Germon, veillait au bon ordre des offices, avec sa tenue napoléonienne : redingote noire et bicorne ornée sur le coté d’une cocarde tricolore.

En plus de cette équipe il y avait certainement d’autres rabbins à Marseille et de ce qui précède

Il y avait au moins ceux qui sont cités et d’autres, que je n’ai pas connu, dans les rangs d’une immigration qui commençait en provenance du Maroc, d’Algérie et de Tunisie.

 

La cacherout

Au début de 1956 il n’y avait qu’un point d’approvisionnement en viande cacher : la boucherie Descotes, rue de la République. Cette boucherie était mixte : cachère d’un côté du magasin et non cachère de l’autre.

Son caractère cachère était signalé très visiblement sur le store rouge qui protégeait la vitrine du soleil. On y voyait un Maguen David doré. Puis, cette même année, un boucher, M. Elie Dayan a ouvert une boucherie uniquement caher rue de la Glace sous l’enseigne » Provence  Cacher ».

On y trouvait la viande et les quelques produits d’épicerie sous contrôle rabbinique et il y en avait peu. Le seul vin cacher était le «  Bénattar » fabriqué par une famille de viticulteurs d’Algérie. Cette marque a été la seule disponible pendant longtemps. La  variété que nous voyons actuellement dans les supermarchés n’a commencé à apparaître que vers les années  70. Cette boucherie est vite devenue un centre communautaire autant qu’un commerce.

J’ai connu une famille d’Algérie, nouvellement installée à Marseille, qui ne mangeait pas du tout cacher, mais qui est devenue cliente de cette boucherie dans le but de rencontrer des personnes de même origine, nouvellement installées et donc en recherche de points de repères.

Il y avait aussi un restaurant cacher, 46 rue Puvis de Chavannes (peintre français ; 1824-1898). C’est une rue perpendiculaire à la rue d’Aix. Il était tenu par Mme Frant. Son époux a été arrêté dans une rafle effectuée un chabat dans la synagogue de la rue des Convalescents. Il a ensuite été déporté et n’est jamais revenu.

Son petit fils, Sylvain FRANT, qui devait accompagner son grand père, a été épargné par un rhume bienvenu qui l’a retenu à la maison. Cela s’est passé le samedi 6 mars 1943 ; 29 Adar 1 5703. (A suivre)                                                                                                                     

Bernard REBOUH Z’l

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Témoignage de son épouse Annie Rebouh (2015)

 

Un homme dévoué à sa communauté: « Mon époux était très actif au niveau de la communauté. Même pendant l’ouverture de son cabinet d’expert comptable, il menait toutes ses activités de front et, quand il se faisait aider par des étudiants, il tenait à les payer chaque semaine, ayant toujours le souci de n’exploiter ni de blesser personne.

Donc, au niveau communautaire, avec Marcel Zerbib, le Rabbin Asseraf et sa sœur Caroline Rebbouh, mon mari s’occupait de la synagogue de la Rose, qui se trouvait alors chemin de la Sartan, dans le 13ème arrt. Il collaborait aussi à l’écriture d’articles dans les journaux communautaires, notamment Lev Haïr et Haboné. » source

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Leray

On appellera qu’à Marseille en 1962, les dockers CGT balançaient les cadres des pieds noirs à la mer….juifs et chrétiens compris…et que 20 pour cent de leurs affaires ont été volées ensuite.C’est ce qui m’est arrivé avec la famille….Pour beaucoup de Français d’Algérie qui ont commu l’exode maritime, cette blessure ne guérira jamais vu la qualité de l’accuei….

LACHKAR Norbert

C’ETAIT TOUT A FAIT MON EPOQUE,NOUS SOMMES ARRIVES EN 1956 A MARSEILLE,J’AVAIS 14 ANS.