La spirale des manifestations bascule en affrontements armés et en grève générale. Au moins 21 civils et 1 policier tués

Les cinq premiers jours de manifestations anti-gouvernementales en Iran ont basculé en échanges de coups de feu. Une grève générale doit avoir lieu ce mardi 02 janvier 2018.

Le régime de Téhéran s’est trouvé décontenancé dimanche soir, quand des manifestations à travers le pays ont déferlé sur des bases du Basij (le bras armé intérieur des Gardiens de la révolution) et y ont mis le feu. Ces faits n’ont été dévoilés que lundi 1er janvier, quand la télévision d’Etat a révélé que « les forces de sécurité avaient repoussé des tentatives de manifestants armés de s’emparer de commissariats de plice et de bases militaires ».

Il n’a pas été révélé qu’un policier et au moins 12 civils avaient été tués, 3 autres policiers atteints par des armes à feu, dans ces protestations qui se sont étendues à tout le pays. Dans lanuit de lundi à mardi, on relève également 9 morts dans des troubles nocturnes dans la région d’Ispahan (TV d’Etat)Ce qui porte le bilan à au moins 21 tués connus à cette heure. L’Etat parle de 450 arrestations réalisées jusqu’à présent.

Durant un temps, le régime s’est abstenu de réprimer durement le mouvement de protestation parce qu’il s’attendait à ce qu’il s’essouffle de lui-même. Ce calcul se fondait sur trois considérations :

  1. Les manifestations de masse que claironnaient les médias internationaux ne se sont jamais concrétisées. Les rassemblements, bien que s’étant propagés largement à des centaines de petites villes, ne sont jamais très étoffés. La plupart n’excèdent quelques centaines, qu’on peut chiffrer à 500 au plus.
  2. Les manifestants sont majoritairement issus de la classe ouvrière, des rangs des agriculteurs ou des chômeurs. L’intelligentsia quqi a donné le pouvoir à la rue lors des soulèvements de 2009 et les « bazaaris » de Téhéran  (les commerçants de la plus haute classe moyenne qui s’étaient déjà largement tenus à l’écart en 2009). Les étudiants également restent à distance, excepté pour de petits rassemblements à l’université de Téhéran.A l’Université de Téhéran
  3. Ce mouvement semble ne pas avoir de leaders ni de tacticiens orchestrant ses flux et reflux. On s’attendait même à ce qu’une fermeture partielle des réseaux sociaux puisse étouffer ce mouvement dans l’œuf.

Quoiqu’il en soit, dimanche, bien qu’on mnque d’indices pour détecter une main agissante qui guideraient ces explosions de colère, les responsables de Téhéran ont commencé à sentir que ce ne serait pas entièrement spontané et qu’un ou plusieurs tireurs de ficelles pourraient être à l’oeuvre. On en trouve des indications dans deux évolutions :

L’une d’elles est la grève générale nationale annoncée pour mardi et aussi, pour la première fois, dimanche soir, le fait que des petites bandes de manifestants aient dégainé des pistolets et commencé à tirer sur les forces des Basijis. C’est alors que ces forces ont eu l’autorisation, pour la première fois, depuis le début des manifestations, de répliquer en position d’auto-défense.

Si la télévision d’Etat reconnaît 12 morts du côté des manifestants, nos sources en Iran estiment que le nombre de pertes humaines va probablement augmenter,alors que la semaine débute, puisque le régime islamique est contraint d’essayer de briser la grève nationale avant qu’elle ne paralyse le pays.

On doit maintenant étudier plus en profondeur l’anatomie de ce nouveau mouvement de protestations iraniennes pour évaluer ses répercussions exactes dans la région (notamment pour les mouvements kurdes à l’intérieur du pays et au-delà des frontières). Comment ces mouvements de foule sont aussi susceptibles de coïncider avec certaines attentes des services de renseignements occidentaux et arabes, pour lesquels ils représentent une « divine surprise », comme dirait Nasrallah, à un moment où Téhéran cherche à renchérir ses expéditions extérieures, à travers l’Irak et la Syrie, afin d’étendre son « hégémonie »…

Téhéran : les forces de sécurité repoussent des assauts armés de postes de police et de l’armée

La télévision d’Etat iranienne diffuse, lundi, des reportages montrant que les forces de sécurité ont repoussé des tentatives de manifestants armés, dimanche soir, qui voulaient s’emparer de commissariats de police et de bases militaires. Au mois 12 manifestants ont été tués, dans les rassemblements, à travers tout le pays, depuis jeudi. Alors que les manifestations ont continué toute la nuit, la police a fini par disperser un rassemblement au Square Engheleb par des tirs de gaz lacrymogène et des canons à eau.

Iran: un policier tué par les tirs d’un manifestant, 3 autres blessés

An image grab taken from a handout video released by Iran’s Mehr News agency reportedly shows a group of men pushing traffic barriers in a street in Tehran on December 30, 2017
Handout (MEHR NEWS/AFP)

Un manifestant iranien a ouvert le feu lundi tuant un policier et en blessant trois autres dans la ville de Najafabad au centre du pays, indiquent les autorités de la République islamique.

Par ailleurs, des petits groupes de manifestants, dont certains scandaient des slogans antirégime, se sont rassemblés lundi soir dans un quartier du centre de Téhéran sous forte présence policière, selon des images de médias locaux en ligne et des réseaux sociaux.

Au cinquième jour d’un mouvement de protestations contre les difficultés économiques et le pouvoir, l’agence Fars, proche des conservateurs, a notamment diffusé la vidéo d’un taxi jaune en feu qu’une personne munie d’un extincteur essayait d’éteindre.

« Un fauteur de troubles a mis le feu à la voiture avant de s’enfuir immédiatement », selon l’agence Mehr.

Des protestataires s’étaient déjà rassemblés samedi et dimanche soirs dans un quartier du centre de Téhéran pour scander des slogans contre le pouvoir.

Le ministre des Renseignements a quant à lui annoncé dans un communiqué diffusé par l’agence Isna que « des perturbateurs et des éléments qui provoquaient les troubles ont été identifiés et un certain nombre d’entre eux arrêtés ».

« Les autres sont poursuivis et il y aura bientôt une action ferme (menée) contre eux », selon ce communiqué.

La police a également annoncé l’arrestation de « quatre personnes qui avaient insulté le drapeau sacré de la République islamique d’Iran » en le brûlant, a rapporté un site internet de la télévision d’Etat.

Les manifestations ont débuté jeudi à Machhad (nord-est), la deuxième ville du pays, pour se propager à travers le pays.

La photo de cette femme brandissant son voile devient l’un des symboles des manifestations contre le gouvernement en Iran

IMAGE Le pays est agité depuis jeudi par des manifestations contre le gouvernement du président Hassan Rohani. Pour protester contre le régime, des femmes ôtent leur voile en public…

 

 La photo de cette jeune femme iranienne brandissant son voile en pleine rue devient un symbole des manifestations.

La photo de cette jeune femme iranienne brandissant son voile en pleine rue devient un symbole des manifestations. — Twitter

Un symbole. Depuis le 28 décembre en Iran, les protestations antigouvernementales se multiplient à travers tout le pays. Les manifestants dénoncent le gouvernement du président Hassan Rohani jugé incapable de répondre aux difficultés économiques. Le régime est également largement remis en cause et notamment par des femmes, dont certaines veulent être libres de porter le voile ou non. Malgré les sanctions encourues, quelques-unes osent ôter leur hijab en public.

>> A lire aussi : VIDEO. Iran : «Les régimes oppresseurs ne peuvent perdurer à jamais» selon Trump

L’une d’entre elle a été photographiée en pleine rue, immobile, avec son foulard blanc au bout d’un bâton en signe de protestation contre le régime mollahs. L’image très forte a été largement relayée sur les réseaux. Il se pourrait qu’elle devienne l’un des symboles forts de ces manifestations qui ont déjà fait deux morts par balles  dans la ville de Doroud.

Une seconde photo de femme iranienne retirant son voile a été largement partagée, provocant également l’admiration des internautes pour son courage.

Elle est belle, elle savoure sa liberté, elle savoure de ne plus porter ce voile obligatoire, elle savoure d’être une femme libre. Merci les guerrières, le combat continue et on va le gagner ensemble 💪 

La loi sur le port du voile en Iran, pourrait cependant légèrement s’assouplir. Mercredi dernier le chef de la police de Téhéran Hossein Rahimi a déclaré que « ceux qui ne respectent pas les codes islamiques  ne seront plus placés en centres de détention et n’auront pas de casier judiciaire ».  La police iranienne dit vouloir privilégier l’éducation au châtiment. Cependant, M. Rahimi n’a pas spécifié à quels codes islamiques il faisait référence ni quand ses nouvelles règles ont été introduites. Le port du voile reste obligatoire en Iran pour les femmes, qu’elles soient iraniennes ou étrangères et quelle que soit leur confession, depuis la révolution islamique de 1979

 

Marie De Fournas

 — 

20minutes.fr

 

Tehran: Security forces repel armed takeover of police and army posts

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Chb

les Iraniens, peut-être islamisés (de moins en moins), mais arabes…allez donc leur dire qu’ils le sont !
Arabes se déclinant en violentS, on peut donc tranquillement renvoyer dos à dos le régime et ses contestataires en moralisant un peu sur la violence, en versant un soupir sur les morts, en égratignant un peu les dirigeants mais en regrettaNt le statut quo.
Il y a tout de même des violences légitimes. On ne combat pas certains régimes tyranniques avec des sit in.
Je ne sais pas si ça va jouer spécifiquement sur les relations chiites/sunnites, je crois que l’irruption de couches populaires en colère qui ont bouffé de la théocratie qui plus est corrompue depuis des années pourrait aller beaucoup plus loin que ça. Encore faudrait-il qu’elles trouvent des débouchés politiques viables si du moins elles Ne s’essoufflent pas avant.
Il est certain qu’on peut se demander qui mène la danse des actions les plus radicales, qui c’est qu’est derrière…L’auteur de l’article répond à la question autant qu’ il la pose. Mais ce n’est pas uniqUement le peuple et ce ne peut être uniquement des manipulateurs. Sans même parler de manipulation, quelles sont les forces dans le coup, ne serait-ce qu’ au niveau iranien ? Quelles sont les avant garde et les alliances existantes ou possibles ?

Jean

L heure du soulèvent populaire d une nation Perse opprimée est entrain de sonner le peuple n en peux plus …les mollah Ét leur clique serônt balayés
Mais comme les arabes ne font jamais rién sans violence çe sera facteur de conflit interieur teur de bien des morts
Erdogan sera en soutiens de Mollah mais il se peux aussi que L empire ottoman ait lui aussi des convulsions et que Erdogan bascule peux etre au bout d une corde
Le monde arabe est crellement sauvage ses dirigeants impitoyables reigne Ét à travers la terreur Qu ils distillent aux peuples en les O primants 2018 Année de nouveaux sloulemvents Ét peux etre de nouveaux conflits arabo-chites ca promets …..