Le Hezbollah revient au Liban : là d’où le prochain conflit risque d’éclater

Après avoir perdu des milliers (au moins 2.000) de ses combattants en Irak et en Syrie, l’organisation chiite renforce sa présence dans les villages le long de la frontière israélienne, sans se laisser dissuader par les hauts murs construits par les forces du Génie militaire Israélien. « Par une décision dans un coup de tête, ses miliciens pourraient nous disposer ou lancer un engin explosif, tirer un obus contre un véhicule de patrouille », déclare le Commandant de bataillon. 

 

Le Hezbollah revient à la frontière du Liban doté d’une grande confiance en soi et d’une expérience opérationnelle confirmée, juste à temps pour le début d’une nouvelle année qui pourrait comporter un tournant violent contre Israël.

L’échange de coups oratoires et de mises en garde mutuelles de cette semaine, qui a commencé par l’inhabituel éditorial du porte-parole de Tsahal, le Général de Brigade Ronen Manelis dans les médias libanais et arabes, qui s’est poursuivi par les mises en garde sévères du ministre de la Défense, ne seront probablement pas ressentis sur les chemins de randonnée et les ruisseaux abondants et spectaculaires, dans la semaine à venir, alors que les touristes israéliens visitent la zone bordant le Liban et que les fermiers travaillent aux champs sur le bras de terre de Galilée, juste près de la barrière de sécurité.

Mais, au-delà de ce tableau pastoral, il y a certains points à partir duquel le Hezbollah pourrait décider de poser ses propres lignes rouges dans l’année à venir.

 (Photo: Yoav Zitun)

(Photo: Yoav Zitun)

 

Il ne s’agit pas seulement des usines d’armement (missiles) que l’Iran est intéressé à construire au Liban afin de convertir les roquettes de l’organisation en missiles guidés de précision. Le Hezbollah revient au Liban en sang et meurtri, après avoir perdu des milliers de ses combattants en Irak et en Syrie, mais ce n’est pas en soi, nécessairement une bonne nouvelle pour Israël : l’organisation chiite n’est pas contente, à cause des fortifications et des hauts murs bâtis par les forces du Génie sur certaines portions de la frontière.

Ces murs peuvent irriter le Hezbollah et suggérer une réplique concrète, soit par l’intermédiaire d’émissaires – en d’autres termes, des terroristes d’une filiale du Hezbollah, mais sans en revendiquer directement la responsabilité – soit par des tirs sonores de roquettes, de la part de membres de l’organisation.

Les officiers de Tsahal insistent sur le fait que ces murs, principalement près des communautés adjacentes de la frontière, comme Metula, sont bel et bien construits sur le territoire israélien. Le Hezbollah n’est pas d’accord, dans certains cas, revendiquant des parcelles. Il y a des dizaines de points qui sont autant de pommes de discorde, le long de la frontière, qui devraient encore être éclaircis depuis la fin de la Seconde Guerre du Liban.

 (Photo: Yoav Zitun)

(Photo: Yoav Zitun)

 

Occasionnellement , les représentants israéliens rencontrent les représentants de l’armée libanaise, dans le cadre de discussions avec la médiation de la FINUL, destinées à résoudre ces désaccords, qui ne resteront pas nécessairement sur la table de négociation. Il est tout à fait possible qu’un incident concret, à propos d’un petit morceau de terre controversé ou de l’installation continue du système de fortification, le long de la frontière, déclenche la prochaine guerre au nord.

« Metula est encerclé par 270 degrés de territoire libanais, dont l’essentiel de la topographie est sous contrôle », m’a dit le Lieutenant-Colonel Elad Efrati, qui commande un bataillon gardant la zone, alors que nous nous tenions à dix mètres d’une route libanaise reliant deux villages. « Par une décision sur un coup de tête, ils pourraient nous balancer un engin explosif ou tirer sur un véhicule de patrouille, ou même arriver de « zones mortes » (hors contrôle, angles morts) sur un véhicule tout terrain, depuis les wadis proches entre les chaînes de montagnes ».

‘Des dizaines de terroristes du Hezbollah présents dans chaque village’

Les forces armées libanaises patrouillent dans la zone de temps en temps, à bord de véhicules qui sont à peine marqués (comme engins militaires) et la FINUL observe la situation d’au-dessus, du côté libanais. Entre les deux, le Hezbollah dissimule ses activistes secrets. Ils nous observent tous, certains prennent des films et surveillent,d’autres notant des points précis sur des carnets. Les postes d’observation de la Division de Galilée font des heures supplémentaires, également. Le regard investigateur des femmes soldats présentes dans les salles de commandement et de contrôle ne se focalise pas seulement sur la ligne de contact visible, mais traverse en profondeur le territoire.

 

Tank barrel overlooking the Lebanese side (Photo: Yoav Zitun)

Un canon supervisant le côté libanais de la frontière  (Photo: Yoav Zitun)

 

Les soldats utilisent le système multi-capteurs innovant, qui couvre de vastes zones. Un jour,ces soldats pourraient bien avoir à détecter des combattants du Hezbollah, une force « Radwan » (Commandos spéciaux du Hezbollah) complète, rampant à travers la frontière, armés jusqu’aux dents et s’infiltrant dans une communauté ou un poste proche, pour commettre une série de meurtres brutaux, prendre des oages, se barricader à l’intérieur et, plus important, planter le drapeau jaune de l’organisation chiite sur le territoire israélien et communiquer autour de cette réussite provisoire.

Un jour prochain, on pourrait aisément voir, de là, le légendaire Château du Beaufort. La vue nous renvoie à des piodes différentes. Entre le poste de Tsahal et les habitations de Metula, un Merkava Mark IV améliore sa position. L’état d’alerte permanent, ici, est si élevé et les soldats préparés à un appel à tout moment, que le tank armé est prêt à prendre position face aux deux villages libanais et attaquer toute menace en moins de quelques minutes.

Certaines des cibles sont déjà emmagasinées dans les banques de cibles des forces. Les patrouilles de sécurité de Tsahal arrivent instantanément en Jeeps, dès réception de n’importe quelle alarme dans la zone de la barrière ou après avoir été informé d’un incident en cours, comme des désordres à petite échelle qui se déroulent occasionnellement près de la barrière.

Hezbollah supporters on the border (Photo: AFP)

Partisans du Hezbollah à la frontière (Photo: AFP)

 

 

Uniquement dans le secteur de Metula, il y a 12 points points de contestation qui  sont occasionnellement renseignés par le Hezbollah.

« Les djihadistes du Hezbollah tentent d’établir des postes près de la frontière, visibles ou dissimulés », fait remarquer le Lieutenant-Colonel Efrati. « Cela peut même être une simple cabine pour voir le panorama. Il y a des dizaines d’agents du Hezbollah dans chaque village, ici. Nous en détectons les traits du visage et sommes capables de les identifier un par un ».

Le commandant de bataillon et son lieutenant sont les seuls membres du bataillon à avoir combattu lors de la Seconde Guerre du Liban (il y a 12 ans bientôt). Pour le reste de l’équipe de commandement et des combattants, qui ont tous rejoint Tsahal après l’été 2006, cette guerre-là reste éloignée dans leur mémoire. La semaine qui se termine a sonné le rappel de la probabilité d’une guerre prochaine au nord qui vient de les rattraper 12 ans plus tard.

Yoav Zitun |Publié le :  02.01.18 , 12:06
Adaptation : Marc Brzustowski

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wari

non,tout en restant fort et en le faisant savoir
evitons un guerre qui va nous couter cher en vies et en destruction
pour nos freres israeliens; les barbares chiites desirent la mort!
mais si elle devait avoir lieu ,Tsahal doit la mener comme une guerre
de destruction totale,et non comme une guerre de neutralisation