Hachem attend de nous que nous amorcions un retour sur nous-mêmes mais pas seulement !

Dans ce cantique de Haazinou,  Moïse s’adresse à nous. Il y a une grande différence entre ce cantique et celui de la Mer Rouge où Moïse a chanté et ses paroles furent reprises en chœur par un peuple tout nouveau-né  plein de reconnaissance envers son Créateur et plein de reconnaissance envers D.

Ce poème où Moïse prend les cieux à témoin est une perspective à lui seul : on y voit retracé le passé lointain et proche du peuple juif, son présent mais aussi son avenir avec toutes les peines qui attendent ce peuple, cette collectivité qui tout entière doit réagir et se corriger pour que D. revienne retrouver Son peuple. Moïse admoneste cette assemblée qui ne semble pas se préoccuper de son avenir.

Le peuple a reçu l’ordre de recopier la Torah mais aussi et surtout  de l’étudier et de l’enseigner. De l’approfondir et de la découvrir sans cesse à chaque mot et à chaque lettre. De l’aimer et de chercher les secrets qu’elle renferme. Moïse va partir. Il va mourir et rejoindre ses pères alors qu’il a passé un peu plus de 40 ans à guider et défendre ce peuple.

Le verset 7 attire notre attention : l’homme est appelé à se placer sur l’échelle du temps de manière à pouvoir se référer au passé pour en tirer des leçons et aussi se faire guider par les plus  anciens : « זכור ימות עולם בינו שנות דור ודור, שאל אביך ויגדך זקניך ויאמרו לך.. »

Moïse entend par là que chaque membre du peuple doit se sentir partie intégrante du passé du peuple car tout ce qui a fait l’histoire est le fait d’une collectivité entière et l’homme ne doit nullement s’en désolidariser. Par ce biais, l’homme pourratirer une leçon des erreurs du passé et éviter de retomber dans les mêmes ornières et de cette manière, il est possible de comprendre par quel moyen l’on peut se rapprocher de D.

Lorsque le peuple faute, son retour vers son créateur est une démarche individuelle incluse dans l’effort collectif. Ainsi  provoquera-t-il le retour de la Shekhina auprès du peuple.

Moïse lance un appel poignant au peuple avant de « rejoindre ses pères ». Pour ce faire, il désire prendre pour témoins « les cieux » et la terre, c’est-à-dire le cosmos tout entier. Il veut insister pour que le Peuple tout entier se rapproche de la Torah. Que le peuple fasse teshouva. La teshouva réclamée peut se faire même si l’individu n’a pas commis de faute.  Il faut qu’il éprouve le désir ardent de faire revenir la Shekhina parmi les hommes.

Dans le service effectué par les Cohanim, nous pourrons voir de quelle façon la Majesté Divine va être ramenée ici-bas, sur terre depuis le « septième ciel ».

Après avoir pratiqué la cérémonie d’imposition des mains sur les taureaux qui vont être sacrifiés en rachat des fautes des grands prêtres et des familles des grands prêtres, après avoir tiré au sort entre les deux boucs : celui qui sera sacrifié pour racheter tous les péchés de tout Israël et le bouc émissaire qui sera précipité d’une montagne dans le désert de Judée et après avoir aussi imposé ses mains sur le bouc sacrifié pour y confesser tous les péchés d’Israël, le sang sera aspergé sur l’autel selon le cérémonial donné : le cohen asperge l’autel d’une goutte de sang vers le haut. Tout se passe alors comme s’il tendait la main vers le Saint béni soit IL pour L’accompagner à descendre marche après marche, degré après degré ou ciel après ciel les sept cieux qui Le séparent de nous.

C’est ainsi que cela est décrit d’ailleurs dans le « seder ‘haâvoda » lu pendant le moussaf de Kippour : un, un et un (une goutte pour un ciel); un et deux (une goutte et on arrive au deuxième ciel), un et trois (une goutte et on arrive au troisième ciel) et ainsi de suite jusqu’au septième degré depuis le Haut, puis, le cérémonial  pour raccompagner la Majesté Divine de la terre jusqu’au septième ciel se trouvera à la fin de l’office de la Néîla de Kippour.

A ce propos, il est à souligner un comportement que beaucoup adoptent : dès après la sonnerie du shofar, beaucoup de fidèles plient leur talith et s’en vont car,  ils pensent que le son du cor ayant retenti tout est terminé or, il s’agit d’une erreur grave : il reste à « raccompagner » la Majesté Divine vers le « septième ciel » c’est-à-dire qu’au moyen du verset-profession de foi suivant : ה’ הוא האלוקים L’Éternel est notre D (Ado-nay ‘hou ‘haElo-‘him) répété sept fois, nous raccompagnons l’Éternel vers Son trône.

Ainsi, tout se passe comme si, après avoir accueilli un invité de marque qui nous honore de sa présence, tout-à-coup, nous nous levons et l’abandonnons. Tout cela pour vite aller boire et manger quelque chose. Et, si nous restions à la synagogue encore dix ou quinze minutes après avoir jeûné déjà 25 heures que se passera-t-il ?

Se restaurer est-il plus important que de dire au revoir à l’invité de marque ?

Nos fautes ne sont pardonnées que grâce à Yom Kippour, ne montrons pas notre désir si matériel en partant de la synagogue un peu trop tôt. Ne montrons pas notre impatience à notre D qui nous pardonne alors que l’homme désobéit constamment.

Au chapitre XXXII des versets 44 à 47 nous relevons six fois le mot כל ou provenant de la racine כל.  Le mot כל est composé des initiales כ de כתבו et de ל provenant du verbe  « enseigner »  ללמד….. Et, ce que le texte veut nous faire comprendre c’est que si nous n’écrivons pas la Torah et si nous ne l’enseignons pas (allusion à la Torah écrite et à la Torah orale), alors, nous risquons de nous trouver dans la position que décrit le verset 47 : כי לא דבר ריק הוא מכם כי הוא חייכםcar –cette Torah – n’est pas une chose vide elle est votre existence.

C’est-à-dire que, lorsqu’il nous est conseillé de choisir la vie c’est-à-dire la Torah, nous considérons que par notre choix/action/modus vivendi d’après la Torah, en l’écrivant et en l’enseignant nous donnons son plein sens non seulement à la Torah mais à la vie elle-même.

En consacrant un peu de temps à l’étude et un peu de notre temps à nous rapprocher de D, nous nous éloignons de la faute et, nous participons activement à la finalité de l’homme juif.

Caroline Elisheva REBOUH

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