La bande de Gaza se trouve-t-elle dans une situation de crise humanitaire, comme le laisse suggérer certains médias depuis plusieurs semaines ?

Il ne fait aucun doute que la vie, dans cette zone contrôlée par le Hamas depuis plus de 10 ans, est difficile au quotidien pour la population civile. Il est évident aussi que le Hamas s’est avéré incapable de gérer ce territoire et c’est une des raisons pour lesquelles il a signé l’accord de réconciliation avec l’Autorité palestinienne, en lui transférant les responsabilités administratives et financières.

Le Hamas n’a pas payé les salaires des fonctionnaires depuis des mois, n’a pas réglé les factures d’eau et d’électricité, qui transitent par l’Autorité palestinienne, à l’Etat d’Israël. Jusqu’à présent Israël a fait preuve d’une grande souplesse sur cette question et n’a pas coupé le courant, ni l’acheminement de denrées alimentaires de base.

On a quand même du mal à comprendre ce que veut dire le terme de crise humanitaire lorsque l’on sait que l’on construit à Gaza en ce moment trois centres commerciaux, que chaque jour 400 camions livrent de la marchandise aux différents check points, et que les étals sur les marchés sont loin d’être vides.

Le chômage à Gaza atteint les 40%, mais de fait malheureusement ce chiffre n’est pas plus élevé que celui d’autres Etats de la région. L’attitude d’Israël a toujours consisté à épargner la population gazaouite, avec laquelle il n’est pas en conflit, mais surtout afin d’éviter l’exploitation cynique de la détresse humaine par le Hamas pour utiliser ce désespoir comme détonateur de la violence.

Les avis au sein des services de sécurité et du gouvernement israéliens sont partagés sur le potentiel d’explosivité de la situation actuelle. Par ailleurs Israël doit tenir compte de ses alliés objectifs actuels, et notamment l’Egypte qui applique un blocus total sur la bande de Gaza et considère que le Hamas favorise l’action des mouvements djihadistes dans le Sinaï.

Le général Al Sissi estime même que la politique d’Israël vis-à-vis du Hamas n’est pas assez dure. Dans la coalition qui se forme aujourd’hui contre l’Iran, entre Israël et les pays arabes dits modérés, la bande de Gaza est un enjeu symbolique, car c’est à ce jour un territoire géré par une organisation proche des Frères musulmans, avec lesquels il n’y a pas d’alliance possible.

L’Iran a essayé de s’immiscer dans l’accord de réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, mais l’Egypte a immédiatement mis Abou Mazen face à ses responsabilités. Les risques d’embrasement existent toujours au Proche-Orient, mais on l’a vu après la déclaration de Trump sur Jérusalem, la capacité des Palestiniens à relancer un conflit dans une région déjà exsangue reste limitée.

Le cabinet israélien doit néanmoins envisager tous les cas de figure et se préparer à toutes les éventualités. Dans le climat actuel et l’état des relations avec Abou Mazen, il est difficile d’établir un partenariat a minima avec l’Autorité palestinienne afin d’aider les populations civiles, abandonnées à leur sort par ceux qui sont censés en avoir la responsabilité.

L’aide internationale est la plupart du temps détournée par les dirigeants du Hamas pour être investie dans la construction de tunnels ou de missiles. Dans une société normale, la colère populaire se tournerait vers les dirigeants, qui résident dans des villas des quartiers privilégiés et roulent dans des 4X4 achetés en Israël, mais dans une dictature les tyrans s’efforcent de retourner cette souffrance contre un ennemi étranger. Israël le sait et devra agir en conséquence.

Michaël Bar-Zvi  Kaf guimel be Chevat 5778

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