Garder le silence est le maître mot
Les unités des forces spéciales de Tsahal peuvent bien mener leurs missions sous les radars, leur réputation n’en est pas moins légendaire • Israël Hayom offre un aperçu exclusif du fonctionnement interne des unités responsables de centaines d’opérations audacieuses et clandestines.
Commandos navals lors d’un exercice de descente en rappel |
Photo: Ziv Koren
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Les opérations de renseignement sont les secrets les mieux gardés, en Israël. Leurs détails restent clandestins, parfois pendant des années et parfois pour toujours. C’est ainsi que fonctionnent tous les appareils de défense, et les Forces de défense israéliennes ne divergent pas des autres sur ce point.
Si l’information donne le pouvoir, qui est le postulat qui oriente toute l’ère numérique, les fuites d’information représentent une perte de puissance et peuvent coûter des vies humaines. C’est pourquoi le secret entourant de telles opérations de renseignement – à l’intérieur et à l’extérieur de l’armée – est si farouchement protégé.
C’est aussi la nature des opérations secrètes menées à proximité des frontières israéliennes, et d’autant plus en territoire ennemi. C’est pourquoi le monde des opérations spéciales est inaccessible, non seulement au grand public, mais aussi à beaucoup d’autres appartenant pourtant à l’appareil de défense.
L’agence de renseignement du Mossad et l’agence de sécurité du Shin Bet gardent les activités opérationnelles classées secrètes en ne révélant jamais que ce que les autres unités ont concrètement besoin de savoir dans l’organisation de leurs opérations ; l’Unité de lutte contre le terrorisme de la police opère séparément des autres unités au sein des forces de sécurité, et seuls quelques-uns sont au courant des secrets que recèlent les forces spéciales de l’armée.
Les informations sur les opérations secrètes ou les unités des forces spéciales ne deviennent généralement publiques que lorsque quelque chose va de travers et qu’une opération tourne mal ou entraîne des pertes. Les histoires qui ont été de réels succès restent clandestines et, pour la plupart, passent inaperçues auprès du public.
C’est pourquoi le rare aperçu donné aux lecteurs d’Israël Hayom sur le fonctionnement interne de ces unités est un événement tellement inhabituel. Aucun journaliste, et encore moins photographe, n’a jamais eu un tel accès aux plus hautes unités de reconnaissance et de commando de l’armée israélienne. Convaincre les officiers et les soldats d’endosser le rôle de la vedette n’est pas une mince affaire, car la plupart d’entre eux se sentent plus à l’aise face à un agent ennemi que lorsqu’ils rencontrent un journaliste.
De plus, beaucoup d’entre eux croient que non seulement l’exposition aux médias va à l’encontre de leur formation, mais qu’elle pourrait potentiellement les compromettre sur le plan opérationnel.
On pourrait soutenir que la désignation «unité spéciale» a subi une érosion ces dernières années, car il semble qu’on l’ait attribuée beaucoup plus fréquemment que par le passé, mais l’armée israélienne ne compte que quatre unités d’élite : Sayeret Matkal, son unité des forces spéciales ; Shaldag (« martin-pêcheur »), l’unité de commando de l’armée de l’air israélienne; le Shayetet 13 des commandos navals; et l’Unité 669, qui effectue des missions de recherche, de sauvetage et d’extraction héliportées.
Alors que les trois premières sont des unités de combat, cette dernière est une unité spécialisée, dont les troupes subissent une formation professionnelle unique. Contrairement aux commandos, les troupes de l’unité 669 ne mènent pas de raids et ne s’engagent pas directement contre les combattants ennemis. Ils viennent, cependant, à la rescousse – pour effectuer n’importe quel sauvetage, n’importe où, n’importe quand, y compris sous le feu en territoire ennemi.
Le Fer de lance
Les origines du Sayeret Matkal remontent à 1954 et à la création de l’unité 101, la première unité des forces spéciales de l’armée israélienne. Sayeret Matkal s’apparente à la Delta Force de l’armée américaine et à la force des SAS de l’armée britannique, sur laquelle elle a pris modèle. L’aura qui entoure le Sayeret Matkal n’est rien moins que légendaire, et si le peu que le public connaît de ses opérations a un rapport avec ses rares échecs, en réalité, l’histoire de l’unité commando d’élite des forces terrestres est marquée par de nombreux succès.
Contrairement à la plupart des autres unités, les opérations de Sayeret Matkal ne sont jamais improvisées, mais ne sont effectuées qu’à la suite d’une planification méticuleuse basée sur une collecte de renseignements approfondie. La reconnaissance est également l’un de ses principaux objectifs et, selon les médias étrangers, elle prévoit également des mesures – dont certaines sont développées exclusivement pour son usage – qui aident les différentes branches du renseignement militaire à recueillir l’information dont elles ont besoin.
Les missions nécessitent parfois des semaines de préparation et chaque détail et toute éventualité sont comptabilisés et expérimentés via des simulations. Lorsque l’unité se prépare à une mission particulièrement complexe, ses simulations sont scrutées par l’échelon supérieur et, parfois, par l’échelon politique. Le lieutenant-colonel qui commande Sayeret Matkal rencontre aussi fréquemment le ministre de la Défense et le Premier ministre – un témoignage de la sensibilité du travail effectué par l’unité.
L’entraînement des commandos est vaste, mais l’unité ne participe pas aux activités opérationnelles de routine. Sayeret Matkal, dont les opérations sont généralement menées à l’arrière de l’ennemi, n’est appelé que lorsque l’ensemble des compétences de ses troupes est requis ou en temps de guerre. Par exemple, il a été appelé lors de l’Opération Bordure Protectrice en 2014, pour passer au peigne fin le tunnel de la terreur utilisé par le Hamas pour enlever les restes du Lieutenant de la Brigade Givati Hadar Goldin.
Contrairement aux commandos de l’air et aux commandos navals, Sayeret Matkal n’est pas une force de frappe. La qualité de ses troupes lui permet de mener à bien n’importe quelle mission, mais ses véritables prouesses résident dans ses capacités de contre-terrorisme, et on lui attribue des opérations antiterroristes de renommée mondiale, telles que l’opération Entebbe en 1976 ; l’Opération Isotope en 1972, mieux connue sous le nom de crise des otages du vol 571 de la Sabena ; et la crise des otages du Savoy Hotel de 1975.
Alors qu’au cours de ces dernières années, l’Unité de lutte contre le terrorisme de la police a pris le devant de la scène, personne ne doute que Sayeret Matkal sera toujours présent aux avant-postes et personne ne doute qu’il continuera à consolider son statut emblématique.
Frappe furtive
Shaldag, l’unité de commando de l’IAF (armée de l’air), a été fondée en 1974 et fonctionne d’une manière similaire à celle des équipes de contrôle de combat des forces aériennes américaines.
L’unité a l’histoire qui reste la plus modeste parmi les forces d’élite de Tsahal, et même si elle ne jouit pas de la même aura héroïque que Sayeret Matkal, les troupes du Shaldag sont très occupées en temps de paix et doublement en temps de guerre. Officiellement désignée comme «l’unité de reconnaissance et de frappe des forces aériennes d’Israël», ses troupes sont impliquées dans presque toutes les campagnes ou guerres militaires.
Les troupes du Shaldag ont effectué plus de missions que toutes les unités des forces spéciales combinées pendant la Seconde Guerre du Liban en 2006, mais une seule a gagné en notoriété : c’était au cours d’un raid sur un hôpital de la ville de Baalbek utilisé par le groupe terroriste Hezbollah.
Les objectifs précis du raid restent classifiés top secret, mais on pense qu’il a mis les troupes en danger inutilement et sans but réel. Les échelons les plus élevés de l’armée et de la politique ont été vertement critiqués, car il semblait qu’ils cherchaient à marquer à tout prix des points grâce aux réalisations opérationnelles audacieuses pour atténuer les échecs globaux de la guerre.
Cela n’enlève rien aux dizaines d’opérations réussies que les troupes ont menées pendant la campagne. Le Shaldag fut la première unité à entrer au Liban au cours du premier jour de combat et fut la dernière à partir quand la guerre fut terminée. Il en va de même pour toutes les autres grandes campagnes militaires des dernières décennies, de l’Opération Rendre des Comptes (1993) et l’Opération Raisins de la Colère (1996) au Sud Liban aux opérations Plomb Durci (2008), Pilier de Défense (2012) et Bordure Protectrice (2014) dans la bande de Gaza.
En tant qu’unité des forces spéciales, Shaldag a l’avantage d’être un «guichet unique», ce qui lui permet de gérer toutes les étapes de la mission, depuis la collecte de renseignements, la planification opérationnelle jusqu’à l’exécution, en passant par le soutien logistique et opérationnel. l’IAF, les forces aériennes, ça peut aller n’importe où, n’importe quand.
L’unité a été créée à la suite de la guerre de Yom Kippour de 1973, en tant que moyen pour les Forces Aériennes israéliennes de renforcer leurs capacités de collecte de renseignements. Les médias étrangers affirment que le principal objectif de Shaldag est de fournir un appui terrestre à la force aérienne, principalement en marquant les cibles avant les frappes aériennes.
Mais les capacités avancées de l’unité expliquent pourquoi ses troupes participent à des opérations plus ordinaires qui ne font généralement pas partie des missions régulières des forces spéciales, telles que les raids en Judée-Samarie ou le dépistage des tunnels terroristes à la frontière entre Israël et Gaza.
Comme l’armée de l’air a été chargée de couvrir les menaces stratégiques auxquelles Israël est confronté, l’avenir du Shaldag est assuré, et l’armée de l’air a forcément besoin de son unité des forces spéciales sur le terrain.
Il faut se méfier de l’eau qui dort
La marine israélienne a plusieurs formations de combat, mais une seule est considérée comme l’unité supérieure du corps d’armée.
Shayetet 13 a été formé en 1949 et se spécialise dans les incursions à terre depuis la mer, le contre-terrorisme, le sabotage, la collecte de renseignement maritime, le sauvetage d’otages maritimes et l’embarquement. En tant que tels, les commandos navals sont formés pour l’action maritime, aérienne et terrestre et ont pris part à presque toutes les guerres d’Israël. Un ancien commandant des commandos navals a dit, une fois, qu’il n’y avait pas de rivage ennemi, proche ou lointain, que les combattants de l’unité n’avaient pas visités. L’éthique de Shayetet 13 est simple – ne laisser aucune trace derrière soi. Ils sont fiers d’être invisibles et inaudibles, et si, par hasard, quelque chose est abandonné par inadvertance, ils reviennent et le reprennent.
Les escapades de Shayetet 13 remontent au Palmach, la force de combat d’élite de la Haganah, l’organisation paramilitaire clandestine de la communauté juive pendant le mandat britannique de Palestine. Il est également considéré comme l’unité la plus dure de toute l’armée, car les défis physiques auxquels elle est confrontée sont les plus éprouvants. Le résultat compose une unité polyvalente dont les troupes manient une multitude de compétences, et dont certaines sont exclusivement les leurs.
Au fil des années, certaines opérations se sont révélées plus fructueuses que d’autres : l’interception du Karine A en 2002, transportant 50 tonnes d’armes, y compris des roquettes à courte portée, des missiles antichars et des explosifs à Gaza, a été un succès retentissant. Le Mavi Marmara à Gaza, bien que couronné de succès, a été assombri par le fait que cela impliquait des victimes civiles et que les dommages qu’il causait à l’image internationale d’Israël étaient très graves.
Parallèlement à leurs opérations clandestines, les commandos navals assument également le gros du travail, principalement en Judée et en Samarie. Lorsque la Seconde Intifada a éclaté, les commandos navals ont été les premiers à se déployer, enregistrant plus d’heures opérationnelles sur terre qu’en mer, et leur contribution à la répression du terrorisme a été inestimable.
Un tel palmarès opérationnel aussi solide, cependant, ne peut être produit qu’au prix fort et l’unité n’est pas indemne de pertes. L’unité a subi l’une des pertes les plus dévastatrices de son histoire en 1997, lorsque 11 commandos et un combattant auxiliaire (médecin) ont été tués quand un raid au Liban a mal tourné, sans doute à cause d’une fuite émanant d’un drone, que le Hezbollah était parvenu à interpréter par avance pour préparer des embuscades.
L’avenir de Shayetet 13 est également garanti, pour la simple raison qu’il est irremplaçable.
L’attention accrue portée par Tsahal sur la «campagne entre les deux guerres» – un terme qui englobe une foule d’efforts militaires et de renseignement secrets et de faible intensité pour empêcher les entités ennemies de devenir plus fortes – et la nécessité d’opérer dans des arènes plus éloignées. toutes les opérations spéciales, tout cela assure que les commandos navals seront appelés à jouer un rôle secret de tout premier plan, dans les années à venir.
Voler à la rescousse
En 1972, deux avions de combat Phantom sont entrés en collision au large des côtes israéliennes. Trois membres d’équipage ont survécu mais le quatrième s’est noyé et son corps n’a jamais été retrouvé. La commission d’enquête établie à la suite de l’incident recommanda la création d’une unité spécialisée dans le sauvetage des aviateurs qui devaient s’éjecter, ce qui donna naissance à l’unité 669.
Depuis sa création, l’unité a sauvé des milliers d’Israéliens, dont la majorité sont des civils, et on lui attribue des dizaines de sauvetages opérationnels.
Mais l’unité n’a, malheureusement, pas été impliquée dans l’un des incidents les plus douloureux de l’histoire de l’IAF (armée de l’air): l’attaque en 1986 d’un avion Phantom par des terroristes d’Amal pendant son opération au-dessus de Sidon, au Liban. Le pilote Yishai Aviram et le navigateur Ron Arad se sont éjectés, mais pendant qu’Aviram blessé a pu être extrait de la scène de crash, Arad était emmené en captivité, pour ne plus jamais être ni revu ni entendu.
L’unité 669 est la seule unité des forces spéciales à inclure des femmes. Alors qu’aucune des membres féminins de l’unité ne sert dans des rôles de combat, il n’est pas impensable qu’une femme- médecin se retrouve dans un lieu secret au Moyen-Orient, dans le cadre d’une mission de sauvetage montée au milieu de la nuit.
Pour le plus grand bien
La formation et le service prolongés permettent aux membres de toutes les unités d’élite de Tsahal de s’engager dans des projets de sensibilisation communautaires qui impliquent à la fois des militaires en service régulier et des réservistes.
Les anciens de Sayeret Matkal, par exemple, ont enregistré plus de 20 000 heures de bénévolat en 2017, avec une moyenne de cinq heures hebdomadaires pour chacune d’entre elles, organisée par l’association des anciens combattants de l’unité.
Les unités de commandos de l’Armée de l’Air et de la marine participent également, les anciens participant à quelque 130 heures de bénévolat par an.
D’anciens commandos de Sayeret Matkal ont récemment commencé à prendre d’assaut le monde de la diplomatie publique (Hasbara), pour contrer les dégâts causés par divers groupes anti-Israéliens dans le monde entier. Les anciens combattants du Shaldag, quant à eux, sont fiers d’encadrer de nouvelles recrues dans l’armée.
Cette activité permet aux forces spéciales de continuer à jouer un rôle de leadership dans la vie civile, mais tout comme sous l’uniforme, ici aussi, garder le silence est le maître-mot. Cela fait partie de l’éthique de contribuer au pays et à la société sans demander éloges, fanfare ou bénéfices secondaires.
Adaptation : Marc Brzustowski.co.il
Qu’Hachem les protège, nous ne pourrons jamais les remercier suffisamment pour notre protection !
Ils sont une armée de défense, n’oublions jamais, qu’elle armée peut se targuer d’en dire autant ?
Les autres armées sont des armées d’attaque !
Que nous soyons comme des épines dans leurs ( pour ceux qui veulent nous éliminer) yeux !
Force et Honneur aux soldats d’élite de TSAHAL ; Sachons que leur principale arme est leur force d’âme face à l’ennemi.
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