Flynn, acteur central contre l’Iran, démissionne juste au moment où Netanyahu arrive à Washington

Michael Flynn

Le Lt. General Michael Flynn au Capitole, au cours de la cérémonie d’investiture du Président Trump, le 20 janvier 2017. (Saul Loeb/Pool/Getty Images)

L’entente Trump-Poutine contre l’Iran devra attendre le prochain Conseiller

La démission brutale de Michael Flynn du poste de Conseiller à la Sécurité Nationale, lundi 13 février au soir, est un revers dévastateur pour la politique étrangère et la stratégie globale de Donald Trump, moins d’un mois à peine après son entrée à la Maison Blanche. Flynn, en effet, était l’architecte et la force motrice des plans du Président en vue d’une étroite coopération avec le Président russe Vladimir Poutine. Il a dû démissionner pour avoir désinformé le Vice-Président Mike Pence – et très vraisemblablement Trump, du même coup- quant au contenu de ses conversations avec l’Ambassadeur russe avant même l’investiture de Trump.

Bien que ce soit le Lieutenant-Général à la retraite Keith Kellogg qui assure l’intérim, en tant que Conseiller à la Sécurité Nationale, la Maison Blanche doit, d’urgence, envisager son remplacement permanent avec quelqu’un ayant suffisamment d’envergure pour chausser les bottes de 7 lieues de Flynn. Le nom de l’ancien chef de la CIA, le général David Petraeus a, bien entendu, refait surface, mais ses propres indiscrétions autour de certains secrets d’Etat continuent de lui porter ombrage. Le Vice-Amiral Robert Hardward, ancien Navy SEAL, apparaît être un candidat sérieux, mais d’autres noms sortiront probablement bientôt du chapeau.

Même avant de devoir choisir son prochain Conseiller à la Sécurité Nationale, Trump aura besoin de se déterminer pour savoir comment procéder dans les étapes qu’il doit prévoir d’une politique de détente avec Poutine, dont les détails les plus sensibles étaient contrôlés personnellement et confidentiellement par Mike Flynn, en tant que pièce maîtresse de la politique étrangère de la nouvelle Administration.

Ses contacts avec Moscou étaient scrutés avec défiance et très critiqués, autant par les amis que les adversaires du Président, avant comme après l’élection de novembre. Cette orientation était défendue âprement et vaillamment tant par Trump lui-même, Mike Pence que par Flynn. Cependant, ni le Président, ni le Vice-Président ne peuvent exactement dire ce que Flynn a fait miroiter aux Russes et vers quel contenu d’accords il les a orientés. Par conséquent, il sera requis de son successeur qu’il démarre la reconstruction des relations entre Washington et Moscou à partir de rien.

Plus grave que cela, la crise de confiance entre les espions américains, les services de renseignements et cette Administration semble bien entamée. Un journal en vue parle même de la « révolte des espions contre Trump », ce qui est particulièrement délicat, dans le contexte global dans lequel le monde se trouve et le besoin de trouver un décisionnaire déterminé et sûr de son fait, face à lui.

Selon le site d’information, L’Observer et l’un de ses reporters-spécialistes, John Schindler, la Communauté du renseignement « est taraudée par des questions de fond concernant les compétences les plus élémentaires » dont dispose réellement l’équipe réunie par le Président américain Donald Trump. A le lire, les services de renseignements américains n’ont aucune confiance dans la Maison Blanche.

Si on doit s’appuyer sur son article, la communauté des renseignements » dit « avoir des raisons suffisantes de préoccupations ». Ainsi, depuis les trois semaines qui se sont écoulées après son investiture, le Président Trump s’est affronté de manière répétée au monde des espions américains,  » en se moquant d’eux et en tournant en dérision le travail qu’ils réalisent », alors que son Conseiller personnel à la Sécurité, le Général Mike Flynn démontrait clairement sa préférence pour les théories de la conspiration, plutôt que pour les faits vérifiés par les renseignements.

Avant même cet épisode, Flynn s’était fait limogé du poste de Directeur des Renseignements  militaires pour des problèmes similaires « d’incompétence managériale et de faibles capacités de discernement« .

Ce n’est, malheureusement, pas tout, selon ce site internet : une autre preuve de la tension croissante entre la Maison Blanche et la Communauté américaine des Renseignements concerne un nouveau rapport, selon lequel l’Agence Centrale des Renseignements (CIA) a refusé à Rob Townley, un ancien officier des Renseignements de la Marine, pourtant choisi (par Trump) pour diriger le Bureau Africain du Conseil National de la Sécurité, qu’il puisse prendre connaissance des Informations Sensibles Compartimentées ( SCI). Ce refus a, selon ce qu’on rapporte, été approuvé par Mike Pompeo, le nouveau Directeur de la CIA, pourtant sélectionné par Trump en personne.

De plus, les espions américains n’ont jamais apprécié l’attitude apathique de Trump, à l’heure du « Daily Brief », la synthèse quotidienne, qui est le plus sensible de tous les documents produits par la communauté des renseignements du pays. Selon le site internet the Observer, certains de ces documents ont ét » évacués de cette façon (nonchalance) « mais il subsiste des inquiétudes omniprésentes que le Président ne prête tout simplement pas d’attention aux renseignements » qu’on lui présente.

A la lumière de tout cela, et du fait des inquiétudes sur la capacité de la Maison Blanche à garder les secrets, certaines des agences de renseignements américaines ont commencé à faire de la rétention sur certaines informations des renseignements et à ne pas les transmettre au Bureau Ovale. Durant des décennies, l’Agence Nationale de Sécurité (NSA) a préparé des rapports spéciaux, destinés uniquement à être lus par les yeux du Président, et qui comportent des renseignements de la plus haute sensibilité. Cependant, selon l’Observer, au cours de ces trois dernières semaines, la NSA a cessé de le faire.

Comme tient à le souligner l’Observer, dissimuler une telle information à la Maison Blanche peut prendre un tour très significatif, puisque la NSA fournit 80% des renseignements à valeur décisionnelle du gouvernement américain. Selon l’auteur de l’article, la communauté des renseignements s’approchera de l’Administration Trump avec prudence et inquiétude, jusqu’à ce que son équipe « clarifie son étrange relation avec le Kremlin, et commence à travailler sérieusement sur sa rigueur professionnelle ».

Confirmant ce point de vue, Wikileaks d’Assange prétend que Flynn a été poussé à la démission par une campagne de déstabilisation conjointe de ce monde des espions américains et de la presse démocrate

Alors que le départ de Flynn génère le chaos au sein de l’Administration Trump, dans un premier temps, cela a tout l’air d’une véritable catastrophe pour le Moyen-Orient, parce qu’un objectif central du partenariat américano-russe envisagé, et qu’il a façonné comme un modèle pour d’autres régions devait commencer par briser les ailes de l’Iran et rabrouer son nouveau statut régional en tant que première puissance du Moyen-Orient conférée par Barack Obama.

Seul Flynn était au courant des arrangements conclus avec le Roi Salman d’Arabie à Riyad, le Roi Abdallah de Jordanie à Amman, le Président Poutine à Moscou, Recep Tayyip Erdogan à Ankara, Abdel-Fatteh El-Sisis au Caire et le Premier Ministre Binyamin Natanyahu à Jérusalem.

Certains des premiers résultats de cette ligne commençaient-ils à porter leurs fruits, le jour même où il a démissionné, alors que les groupes rebelles syriens, mélangés à des groupes islamistes, mais conduits par des officiers infiltrés des forces spéciales jordaniennes, ont attaqué des positions syriennes dans la ville de Deraa au sud? L’opération viserait à éloigner les forces du gouvernement syrien et leurs alliés iraniens et du Hezbollah des terres en bordure des frontières jordaniennes et israéliennes.

Au Caire, également, le Président du Liban Michel Aoun et son hôte, El-Sissi abordaient un plan visant à contrer, grâce à l’appui de l’armée égyptienne et des forces du Golfe, l’influence du Hezbollah en Syrie et au Liban.

Mercredi 15 février, el Premier Ministre Binyamin Netanyahu doit rendre visite à la Maison Blanche pour sa première rencontre avec Trump depuis qu’il est devenu Président des Etats-Unis. Il était également prévu qu’ils discutent des opérations américaines contre le Hezbollah et le rôle qu’Israël jouerait dans ce grand jeu.

Dans les heures à venir, Trump devra décider s’il continue à aller de l’avant dans ces initiatives en l’absence de Flynn et de sa connaissance minutieuse des mécanismes qui permettent de les faire avancer, ou s’il les suspend jusqu’à ce que son successeur soit en place et qu’il ait pu prendre le temps nécessaire à une étude approfondie des dossiers et de leurs tenants et aboutissants compliqués. En même temps, un conseiller différent à la Sécurité Nationale de la Maison Blanche devrait avoir une vision et des plans différents de ceux laissés par son prédécesseur…

JForum avec agences dont DEBKAfile  Analyse Exclusive 14 février 2017, 2:44 PM (IDT), Observer

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WASHINGTON (JTA) — Michael Flynn, le Conseiller à la Sécurité Nationale qui apparaissait comme un acteur centtal, dans la stratégie iranienne du Président Donald Trump, a démissionné juste au moment où le Premier Ministre israélien Binyamin Netanyahu arrivait pour son premier sommet à la Maison Blanche avec Trump.

Flynn a quitté ses fonctions, lundi dans la soirée, après avoir reconnu avoir trompé d’autres responsables de l’Administration, dont le Vice-Président Mike Pence, au sujet d’un appel téléphonique qu’il a entretenu avec l’ambassadeur russe Sergey I. Kislyak en décembre, avant même que Trump n’assume son mandat au Bureau Ovale.

Flynn avait, jusque-là démenti avoir discuté avec l’Ambassadeur des sanctions que l’Administration Obama venait juste d’imposer à la Russie pour ses présumées ingérences dans le cadre de la campagne des élections américaines. Des rapports parus cette semaine démontrent par la transcription de ces appels recueillie par les services de renseignements américains que ces sanctions ont bien été au centre des discussions et lundi soir, le Washington Post a confirmé la centralité des sanctions dans ces échanges. 

Les responsables de la sécurité, des renseignements et de l’ordre craignaient que Flynn puisse faire l’objet d chantage russe, dans la façon dont il a tenté de tromper tout le monde à propos de cet appel.

« Malheureusement, à cause du rythme rapide des événements, j’ai, par inadvertance, tenu le Vice-Président élu et d’autres membres de l’Administration à l’écart, en leur offrant une information incomplète, concernant mes appels téléphoniques avec l’Ambassadeur russe », Flynn a-til dû finir par avouer. « J’ai sincèrement présenté mes excuses au Président et au Vice-Président, et ils ont accepté mes excuses ».

Le timing de la démission de Flynn est tout à fait inopportun pour Netanyahu, qui venait d’atterrir à Washington lundi soir pour sa première rencontre avec Trump en tant que Président, qui devrait se dérouler mercredi.

Un sujet brûlant de l’agenda de ce sommet concerne la façon de se confronter à l’Iran, étant donnée la structure de l’accord obtenu en 2015 entre l’Iran et la Communauté Internationale au sujet de l’assouplissement des sanctions commerciales contre une réduction ou une marche arrière dans le développement du programme nucléaire de l’Iran.

Des responsables de haut-rang s’étaient déjà entretenus avec Flynn sur la stratégie iranienne et c’était Flynn qui,le 3 février, dans une déclaration tout-à-fait officielle, avait averti l’Iran de sa « mise en demeure » à la suite du test de son missile balistique à capacité nucléaire.

Netanyahu et Trump détestent, l’un comme l’autre, l’accord iranien, mais on pense improbable qu’ils choisissent de le détruire purement et simplement. Des personnalités majeures de l’entourage de Trump ont plutôt appleé à un renforcement plus strict de l’accord.

14 février 2017 12:04am

jta.org

Adaptation : Marc Brzustowski

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patrick Nathan Muntz

Ce bouleversement semble commencer à cause de la démission de Flynn. On aimerait savoir si c’est l’intéressé qui a décidé de partir (et c’est une victoire de ceux qui refusaient ou trouvaient dangereux d’annuler les quelques bonnes choses qu’Obama avait construites) ou s’il y fut contraint par la perte de confiance des gens de la maison blanche, le président et le vice-président inclus.

Je suis curieux de savoir comment réagit Trump face aux critiques serrées des institutions de renseignement américaines (car il y a même rétention d’informations pour la sécurité du pays face au « je-m’en-foutisme du président).

Même curiosité pour les liens Natanyahou-Trump. Celui-ci attend un nouveau responsable… et ne s’engage plus ou bien, il ralentit seulement ce qui était prévu par avant son intronisation du 20 janvier 2017.